Hack'n'Trash : Les émulateurs
Depuis le lancement du Hack'n'Trash, nous avons fini par aborder les bases de presque chacun des domaines. Dernièrement, nous avons même parlé de quelque chose d'assez technique, le ROM-Hacking 3DS. Mais ce matin encore, dans votre lycée piteux ou mythique, un gamin se vante de pouvoir jouer à Pokémon sur son iFion. Et vous ne savez toujours pas par quel moyen cette magie opère. Alors je me dois de vous répondre. Ce trouduc utilise un émulateur.
Qu'est-ce qu'un émulateur ? Pourquoi ça existe ? Ce sont ces questions auxquelles je vais tenter de répondre dans cette nouvelle édition. Pour toi, public.
Pour éviter la définition barbante, imaginons que tu racontes une histoire à des potes. C'est l'histoire d'un type... et tu te mets dans la peau du personnage pour faire comprendre l'histoire aux autres mongoles. Tu fais la comédie, tu es un comédien, un acteur, tu fais semblant, tu imites. Un émulateur, c'est comme un comédien, mais en informatique. Il reproduit le fonctionnement d'un système quelconque sur un autre.
Bon après, vu que tu n'es pas la personne, tu ne peux pas l'imiter à la perfection. Ça vaut aussi pour les émulateurs. On ne peut pas faire un émulateur pour une machine plus puissante que celle sur laquelle on veut l'émuler. Impossible de jouer à la PSP sur une Game Boy...
Selon les spécialistes, si nous restons dans le domaine du jeu vidéo, il existe trois types d'émulateurs : les émulateurs de micrologiciel, les émulateurs logiciels et les émulateurs complets.
Les émulateurs de micrologiciel ne sont pas très répandus, et plus souvent utilisés par les producteurs de consoles. Leur but est de transposer le fonctionnement d'une console dans une autre. Ça sert principalement à des fins de rétrocompatibilité, comme jouer à la PSX sur PS2, ou la GameBoy Color sur GameBoy Advance.
Les émulateurs complets sont encore plus rares. On reprend la totalité des fonctionnalités d'une console sur une autre. Sony utilise ce genre d'émulateur sur la PS Vita, pour émuler la PSP. Mais on peut aussi trouver des consoles uniquement conçues pour jouer à des jeux de consoles anciennes. C'est le cas de la RetroN 5, par exemple.
Et puis il y a les émulateurs logiciels. Ce sont les plus connus, les plus répandus et les plus populaires. Ils servent à adapter informatiquement le fonctionnement d'une console pour jouer aux jeux d'une autre. On trouve ces émulateurs depuis la fin des années 80, et des lois ont été votées très tôt aux États-Unis pour délimiter l'aspect légal de ces programmes, après de multiples procès. On trouve aujourd'hui des centaines d'émulateurs de ce genre, pour émuler presque n'importe quelle console sur n'importe quel autre système compatible.
Pourquoi faire des émulateurs ?
Il y a plusieurs raisons. Déjà, il y a les fous furieux de la recherche, qui n'ont pas pu s'empêcher de tenter de comprendre le fin fond des roulements des machines. Alors à chaque nouvelle console, ils se penchent dessus, démontent, et essayent de trouver un moyen pour savoir comment ça marche. Pour s'assurer qu'ils ont compris, ils programment un émulateur à partir de leurs recherches, et tentent de jouer à un jeu commercial. Si ça marche, ils sont contents, et sinon ils continuent de fouiller.
Ensuite, rappelez-vous de mon article sur les linkers. L'une des raisons qui avaient poussé des gens à créer ces cartouches était l'arrivée de la notion de licence sur console. Alors en plus des linkers, il faut considérer les émulateurs comme un bon outil de développement de jeux amateurs pour console. Rares sont les émulateurs qui représentent à 100% une console, mais on s'en rapproche de jour en jour, donc c'est un moyen correct de commencer. On peut aussi s'en servir dans le cadre du ROM-Hacking.
Aujourd'hui, les émulateurs font aussi partie du marché des éditeurs. La Virtual Console chez Nintendo, les PS1 et PS2 Classics pour Sony, que nous réserve Microsoft ?
Évidemment, il reste le sujet des jeux commerciaux. Vous êtes en mesure d'y jouer sur émulateur, si l'émulateur est compatible d'une part, et si vous avez acquis le jeu légalement (acheter si tu comprends pas, boulet) avant d'en faire une copie numérique d'autre part. C'est la même chose qu'avec les linkers.
C'est tout ? C'est un peu naze...
Non, ce n'est pas tout. Il y a des choses qu'on peut faire sur émulateur qu'on ne peut pas faire sur console. En voilà quelques exemples.
Est-ce que tu t'es demandé si on pouvait jouer à Pokémon Or en ligne, avec n'importe quel clampin du monde ? C'est possible.
Est-ce que tu veux enregistrer ta partie de MediEvil et l'envoyer sur YouTube ? C'est possible.
Est-ce que tu aurais espéré un jour pouvoir jouer à Crisis Core en Full HD à 60 FPS ? C'est possible.
Est-ce que tu as toujours rêvé de jouer à Super Mario 64 avec des graphismes bien lisses sur grand écran ? C'est possible.
Est-ce que tu souhaites expérimenter la 3D sur Pokémon Battle Revolution ? C'est bientôt possible.
Tu as un Oculus Rift et tu veux tester Wind Waker sous un autre angle ? Regarde !
Je passe sur les sujets classiques comme pouvoir tricher, exporter ses sauvegardes ou encore accélérer le jeu, qui sont des fonctionnalités quasi indispensables. Alors ça y est, tu es convaincu ? Si ce n'est pas le cas, c'est sûrement que tu as les moyens d'avoir les consoles de ton choix... ou pas.
Wanna play ?
De nos jours, les émulateurs sont de plus en plus accessibles. Autant pour les utilisateurs que pour les développeurs. Des plates-formes intuitives vous permettent d'installer et utiliser un émulateur sans trop d'effort, à l'image de RomStation qui vient de nos contrées. Et le programme des plus (ou moins) populaires est ouvert aux chercheurs pour faire avancer la science.
Je peux jouer à Pokémon Rubis Oméga sur PC ?
Non, pas encore. Malgré l'avancée rapide des émulateurs 3DS, et plus particulièrement de Citra, il n'est pas possible de jouer à la plupart des jeux de la console sur PC. Quelques rares élus sont partiellement jouables, comme Zelda OoT 3D ou plus récemment Super Monkey Ball 3D.
La 3DS n'est sortie que depuis 4 ans, et l'avancée des émulateurs est déjà remarquable. Voire même inédite. Après seulement une année de développement intensif, on peut lancer des jeux 3DS sur PC. En face, vous avez la PSP qui vient tout juste de voir un émulateur stable et complet se concrétiser, après 10 ans, alors que la Vita est sortie. Ou pire encore, la XBOX première du nom qui n'a toujours pas d'émulateur, pour 14 ans d’existence. Faites-moi confiance, vous aurez un émulateur 3DS stable bien avant d'autres qu'on croirait plus probables. Mais comptez environ un an et demi, si ça progresse à la même allure.
Et foilà.
Vous pourrez vous faire une idée de la multitude d'émulateurs qu'on peut trouver pour jouer à Pokémon sur des supports communs en allant voir notre bibliothèque d'émulateurs. Évidemment, il existe d'autres possibilités, que vous n'imaginez peut-être pas. Mais je laisse votre curiosité décider de la suite.
Voilà pour cette introduction aux émulateurs. J'espère qu'elle aura éclairé la Lanturn des moins informés. Si un complément est nécessaire, cela pourrait faire l'objet d'une prochaine édition. C'est d'ailleurs l'occasion parfaite de vous rappeler que vous pouvez voter pour le sujet du prochain article dans les commentaires, jusqu'au 31 mai. Peut-être qu'il serait temps d'attaquer des trucs plus Pokémonesques ? Ou de continuer le tutoriel de création de codes ? À vous de voir !
Sources : Zophar, GameHacking, PS3Maven, Hyperkin, GBATemp, Dolphin-Emu, PPSSPP