[Fanfiction] La vie de Peter - En Cours!-

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Vilgrav-Klaus

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12 octobre 2010, 20:06
J'ai eu envie de m'essayer un peu à l'écriture, et j'ai produit un début de texte sur Peter du conseil des Quatre. C'est mon premier écrit de ce type, aussi soyez indulgents, mais surtout, faites-moi part de mes erreurs, que je puisse m'améliorer.
Voici les 9 premiers chapitres. Les chapitres 10 à 13 sont sur la page 2, le chapitre 14 et la suite sur la page 3 du topic.
J'espère qu'ils vous plairont suffisamment pour que vous en lisiez plus que la première et la dernière ligne.


Avant propos
Le Maître
Ce texte est une fiction ayant pour sujet la vie supposée de Peter, maître du conseil des quatre, champion émérite, et ennemi de la team Rocket. J’ai décidé de voir son existence comme elle est décrite dans les jeux, et non comme dans le manga. Peter sera donc un personnage positif.
Je vais bien sûr devoir prendre des distances et des libertés avec les faits réels des jeux, les personnages et les lieux. Cependant, j’espère que cela vous plaira.

Partie 1 : Enfance

Chapitre 1 : Cri de Noarfang

La nuit allait bientôt tomber, enveloppant de ténèbres la ville montagnarde et reculée d’Ebenelle. Une teinte ocre colorait les nuages surplombant le soleil couchant. Le chant des Hoothoots allait bientôt se faire entendre. C’était ici le meilleur moyen de savoir quand rentrer chez soi.
Le temps ne semblait pas suivre un cours normal à Ebenelle, et souvent ses habitants devaient se fier aux indices de la nature plus qu’à leur intuition. En effet, même à l’heure la plus tardive de la nuit, une clarté pâle enveloppait la montagne. Elle semblait provenir de toutes les directions, de la caverne de glace à l’est, dont les reflets bleutés teintaient d’une allure fantomatique et irréelle les herbes avoisinantes, à l’antre du dragon au nord, dont les pierres rougies se reflétaient sur le lac, lui donnant le soir une coloration sanglante.

Si elle était claire, la nuit à Ebenelle n’était pas sûre. Souvent, les groupes d’Ursaring agressifs partant en chasse traversait le pont du sud, et rôdaient dans la ville.
Les habitants d’Ebenelle avaient tous pris cette habitude de rentrer chez eux et de s’enfermer dès que les chants des Hoothoots étaient remplacés par ceux plus graves et inquiétants de leurs cousins Noarfangs.
Ainsi, quand les ténèbres fantastiques commencèrent à envelopper la petite ville, plus personne n’occupait les rues. Ebenelle semblait abandonnée.
Seul un vieillard contemplait le lac, appuyé contre un rocher aux couleurs incandescentes de l’antre du dragon.

Malgré son âge avancé, toute sa personne dégageait une impression de force, de puissance et de maîtrise. Ses muscles encore saillants gonflaient sa tenue traditionnelle usée par l’âge.
Une barbe encore sombre mangeait son visage, durcissant ses traits.
Son regard plein de sagesse semblait contempler des temps révolus au travers des eaux du lac,  mais des reflets étranges semblaient le traverser, signe peut-être d’une ancienne violence, ou d’épreuves à venir.
Pensif, il caressait une étrange sphère posée dans sa main.
Cette sphère était une pokéball. La première qu’il ait possédée, et l’une des premières à avoir été créée. Il y avait déjà longtemps que le pokémon qui l’occupait avait disparu. Le visage du vénérable s’assombrit. Le souvenir de son ancien partenaire lui nouait le cœur.
Pourquoi avait-il fallu que cela se passe ainsi ? N’y avait-il pas d’autre alternative ?
Quand ces criminels avaient attaqués la ville pour la piller et prendre possession de l’antre du dragon, pourquoi n’avait-il pas été assez fort pour les repousser ? Pourquoi Dracolosse avait refusé de lui obéir ?
Pourquoi avaient-ils tiré sur l’innocent dragon?
Le vieil homme sentit alors son existence entière peser sur ses épaules. S’il avait été plus jeune, il aurait pleuré. Mais il y avait longtemps que plus aucune larme ne l’avait soulagé.
Il gardait la pokéball comme un souvenir, seule preuve de l’existence de son compagnon.
Mais elle ne soulageait pas sa peine.

-Père, vous n’êtes pas rentré ?
La voix provenait de l’autre rive.
Le vieillard leva les yeux sur son fils. S’était un homme élégant, ayant hérité de la force de son père, et d’une partie de sa sagesse. Ses cheveux étaient d’un rouge vif, et se redressaient d’une manière improbable. Il était le champion de l’arène d’Ebenelle, tout comme son père l’avait été avant lui. Sur son dos flottait une cape sombre, rendant sa silhouette presque inquiétante. Par tous, il était considéré comme l’un des dresseurs les plus compétents, presque aussi fort que les dresseurs de la ligue pokémon.
Tout comme les autres champions d’Ebenelle avant lui, il était spécialiste des dragons, ce qui lui valait un grand respect de la part des autres dresseurs, l’entrainement de telles créatures étant d’une grande difficulté.
- Père ! Les Ursarings sont nombreux ces temps cis, vous devez le savoir ! Il n’est pas raisonnable de rester ici. Vous feriez mieux de rentrer !
- Lance, ils ne viendront pas jusqu’ici. L’antre leur fait peur. Mais vient, il faut que nous discutions. Une chose me soucie. Je suis heureux de pouvoir te parler seul à seul.
Lance considéra son père une seconde, puis lança dans l’eau une pokéball. Une vague d’énergie lumineuse illumina le lac, s’allongea, et, se stabilisa trois mètres au dessus des eaux.
-   Leviator, raccorde les deux rives, dit calmement lance au gigantesque dragon émergeant de l’eau.
La créature étendit son cou vers son maître, qui sauta lestement sur son dos. Puis il nagea jusqu’à l’entrée de l’antre. Lance se réceptionna aux pieds se son père, qui avait observé la scène sans le moindre mouvement. Le Leviator brilla à nouveau, et, sur un signe de Lance, réintégra sa pokéball.
-   Qu’y a-t-il, père ?
-   C’est à propos de ta fille, Lance. Sandra… quelque chose ne va pas, en elle.
-   Que voulez-vous dire ?
Les traits de Lance s’étaient durcis à ces paroles. Ses enfants étaient ce à quoi il tenait le plus, et le fait que son propre père puisse lui tenir de tels propos le surprenait, et l’inquiétait.
-   Elle s’absente de plus en plus, elle s’éloigne souvent d’Ebenelle. Tu n’as peut-être pas le temps de t’en occuper avec l’arène, mais il faut que tu gardes un œil sur elle. Les alentours ne sont pas sûrs, et elle n’est pas de taille à lutter avec ce qui rôde la nuit. Les Ursaring ne sont pas la seule menace.
-   Vous repensez encore à la tragédie d’il y a vingt ans... Sandra est prudente, ne vous en faîtes pas pour elle. De plus, les accidents du passé ne peuvent plus avoir lieu, désormais. Les criminels ont été vaincus.
-   Lance, Sandra ne sait pas ce qui pèse sur ces montagnes ! Rappelle-toi qu’on ne peut sortir sans souffrance de cette ville. Ceux qui y entrent y restent, et ceux qui la quittent ne reviennent pas. Il faut une grande force pour approcher cette ville,  et au moins autant pour en sortir. Elle n’a pas assez d’entrainement. Et elle est trop jeune.
-   Mais Draco est déjà fort !
-   Tu sais aussi bien que moi que la maîtrise d’un dragon demande bien plus de temps qu’elle n’a pu en consacrer à Draco. Il ne lui obéira peut-être pas le moment voulu. Écoute mes conseils. Il faut que tu fasses attention à ce qu’elle ne sorte pas de la ville avant d’être prête. Demain, envoie-la dans l’antre, je lui parlerai. Ah, et embrasse Peter de ma part.
-   Si vous le souhaitez, père. Le regard de Lance avait perdu toute sympathie. Il ferait ce que son père lui demandait, mais il le désapprouvait…
Le vieillard s’approcha de son fils, et mit la main sur son épaule. Puis il rentra dans l’antre rougeoyant.
-   Bonsoir, Père.
Le champion d’arène tourna les talons, et quelques secondes plus tard, fut de retour sur l’autre rive. Le cri sombre des Noarfangs lui semblait plus grave encore qu’à l’accoutumée.


Chapitre 2 : Chant de Roucool/La voix des airs

Les rayons matinaux filtraient à travers les volets de la chambre. C’était une petite chambre d’enfant, avec quelques meubles de bois noir massif, le seul que l’on pouvait trouver à Ebenelle. Un garçon dormait dans le lit qui occupait la plus grande partie de la pièce.
Peter ouvrit les yeux. Le chant des Roucools résonnait paisiblement sur la ville s’éveillant. Comme chaque matin, Peter regardait par la fenêtre, observant la rivière qui traversait la ville, prenant sa source bien plus en amont, dans les lointaines montagnes Sinjoh. Elle coulait avec force, et les faibles Magicarpes peinaient terriblement pour la remonter, faisant à la surface de pathétiques remous. Le soleil était déjà bien visible à l’est, se levant juste à côté de l’écrasant mont Argenté occupant l’horizon. Peter porta son regard sur la caverne de glace, qu’il pouvait juste entrevoir depuis sa chambre. Quelques Roucools volaient ça et là, se posant près des habitations à la recherche d’une graine ou de restes abandonnés.
Peter inspira l’air frais matinal, et se prépara à descendre saluer son père, quand il entendit celui-ci appeler sa sœur.
-   Sandra ? Descends, s’il te plait ! Grand-père veut te voir.
Peter sortit de sa chambre, et jeta un œil dans celui de sa sœur. Elle était vide.
-   Elle n’est pas là, Père.
-   Peter ? Peux-tu dire à…  Comment-ça elle n’est pas là ? Lance monta les escaliers, et regarda à son tour dans la chambre de sa fille.
-   Où est-elle allée ? Elle te l’a dit ? Elle devrait nous prévenir avant de sortir.
-   Elle est peut-être allée entraîner Draco contre les Ratattacs… En tout cas, elle l’a pris avec elle.
En effet, le présentoir de pokéball de sa sœur était vide.
Lance regarda soucieusement la chambre vide, puis se tourna vers son fils.
-   Peter, prévient-moi quand elle revient, je vais devoir retourner m’occuper de l’arène.
-   Oui, Père. A propos,  j’ai entendu dire que Pierre allait venir !  Vous savez, le fils du maître de Hoenn, le champion Rochard. Grand père m’a dit que son père était intéressé par l’antre du dragon, et qu’il allait venir la visiter avec Pierre. Je ne l’ai pas vu depuis longtemps.
-   Tu pourras aller le voir, si tu veux, mais occupe toi d’abord de tes leçons de dressage. Si tu veux avoir un jour ton pokémon, il faut apprendre. Et n’oublie pas pour Sandra.
Peter regarda son père s’en aller dans un bruissement de sa cape. Il tourna ensuite un regard dégoûté vers sa table de travail, sur laquelle reposait le Manuel de Dressage, et l’Encyclopédie Pokémon du Professeur Chen. Les deux ouvrages étaient mortellement ennuyeux, et ne proposaient aucune manière pratique de s’entraîner. Cependant, Peter savait que c’était un mal nécessaire… qu’il n’était cependant pas près à affronter le ventre vide !
Il descendit prendre son petit déjeuner.


Alors qu’il commençait à s’assoupir sur ses leçons, on frappa à la porte. Peter descendit ouvrir, ennuyé d’être tiré de sa rêverie, mais soulagé de pouvoir prendre ses distances avec les soporifiques devoirs qui l’attendaient.
-   Salut Peter !
Un garçon se tenait derrière la porte. Il avait à peu près la même taille que Peter, mais là où les cheveux de Peter étaient du même rouge flamboyant que ceux de son père, ceux du garçon étaient d’un gris luisant, tirant sur le bleu.
-   Pierre ! Tu es déjà arrivé ?
Les deux garçons se serrèrent la main en riant.
- Ca faisait longtemps, vieux ! Tu ne t’ennuies pas trop, à Ebenelle ? J’ai fait un tour à Doublonville le mois dernier, et je peux te dire que tu serais tombé raide ! C’est une ville gigantesque ! Quand je pense que tu n’es jamais sorti de ce village…
- Ne te moque pas ! Ce n’est pas donné à tous d’avoir un pokémon volant et un père voyageur à disposition ! Et puis ici, on a quand même les dragons et la caverne…
- Tu parles ! On ne peut pas entrer dans la caverne, et tu n’a jamais vu les dragons, à part Leviator et Draco. Et puis mon père aussi, il a un Leviator.
- Bon, plutôt que de me chambrer, tu viens faire un tour ? J’ai besoin d’un prétexte pour m’éloigner du passionnant Prof Chen.
Pierre le regarda d’un air étonné.
-   Oui, une idée de mon père. « Pas de pokémon tant que tu ne les connais pas ! »
Pierre sourit, l’air amusé.
-   Bon, alors on met les bouts ? J’ai un truc à te montrer. On peut aller de l’autre côté du pont, n’est-ce pas ?
-   Si on ne s’aventure pas trop loin, ça va, répondit Peter, piqué par la curiosité.
-   Bon, ben, allons-y ! J’ai jusqu’à ce soir, après on doit rentrer à Hoenn.


Les deux amis se dirigèrent vers le pont du sud en discutant. Dès qu’il furent hors de vue des habitations, Pierre tira son ami par l’épaule et lui indiqua un abri entre les rochers qui bordaient une petite grotte. Il fouilla dans son sac à dos, et en sortit un objet, qu’il mit sous le nez de Peter, qui écarquilla les yeux de surprise.
-   Une pokéball ! Où as-tu eu ça ?
-   C’est la mienne ! Et j’ai capturé un Pokémon !
-   QUOI ?
Sur ces mots, Pierre lança la pokéball en l’air, qui rayonna pour former une étrange forme flottante.  Elle se précisa peu à peu, révélant un étrange être bleu métallisé, long comme un bras humain, se terminant par un grand œil rouge. Pierre regardait fièrement son ami.
-   Je te présente Terhal !
-   Cette chose est un Pokémon ?
-   Eh ! Comment peux-tu dire ça ! C’est évident ! Il est puissant, e en plus il est magnifique !
-   Mouais… On ne dirait pas.
-   Moque-toi ! Tiens, allons dans les hautes herbes, je suis sûr qu’il peut battre sans difficulté un Ratattac !
-   On parie qu’il se fait écrabouiller !
Ils coururent vers les hautes herbes, suivis du Terhal, impassible.
Ils marchèrent quelques secondes, à l’affut. Un bruissement se fit entendre, et un Ratattac sauta hors de l’herbe, tentant de les mordre de ses incisives acérées.
Ils bondirent en arrière, Pierre se tourna vers le Terhal.
-Terhal, attaque Ratattac !
Utilisant son corps comme un bélier, Terhal chargea de toute sa masse le Ratattac, et l’envoya violemment buter contre des rochers. Le pokémon se redressa péniblement, et  assena un terrible coup d’incisives au Terhal… qui ne fut pas même éraflé. Il chargea à nouveau, et écrasa le Ratattac, qui s’effondra, K.O. Pierre fanfaronna.
-   Tu vois, je te l’avais dit, qu’il n’aurait aucun problème !
-   Je dois reconnaître que ça a été rapide.
Pierre s’apprêtait à faire revenir Terhal dans sa pokéball, quand un bruit sourd se fit entendre. Le sol trembla légèrement.
-   Qu’est-ce que… ?
-   Là, regarde les rochers ! Peter pointait du doigt la paroi heurtée par le Ratattac. Un rocher se dessinait nettement parmi les autres. Il bougea. Et roula.
-   Qu’est-ce que ?
Le rocher rebondit sur le sol, et atterrit aux pieds des deux garçons. Devant eux se tenait un imposant Gravalanch, monstre de pierre presque indestructible.
-   Oh. Je crois qu’on a un problème.
-   Terhal, charge-le avant qu’il n’attaque !
-   Tu es fou ? C’est un Gravalanch ! 
-   Et alors ? Il va voir de quoi on est capable.
Terhal chargea à nouveau, avec une violence extrême, et… rebondit rudement contre l’un des quatre bras du Gravalanch.  Ce dernier sauta, et s’écrasa sur Terhal, commençant à le marteler de puissants coups de ses poings de pierre.
-   Vite, fais le revenir !
-   Terhal, non ! Allez, vire-le de là!
Mais le petit pokémon d’acier ne pouvait pas lutter, et le Gravalanch empêchait Pierre de récupérer son pokémon. L’armure de Terhal commençait à se fendiller sous l’assaut, quand le Gravalanch stoppa ses coups. Il se mit à luire étrangement, le sol trembla violemment, des débris de pierre s’élevèrent, et se greffèrent à son corps.
Un flash de lumière illumina les herbes. Quand le rayonnement s’affaiblit, le Gravalanch avait disparu. A sa place se tenait un géant sombre, un terrible Grolem. Il s’éleva dans les airs, tourna sur lui-même, et fondit sur le Terhal blessé au sol. Pierre et Peter étaient tétanisés.
Soudain, une lumière plus violente encore que les précédentes illumina les lieux, frappant le Grolem de plein fouet. Une silhouette fine se dessina, et d’un geste puissant, elle envoya le Grolem s’abattre contre la montagne.
Sous leurs yeux se tenaient, resplendissant et magnifique, un pokémon bleu à l’allure serpentine.
-   Draco, attaque encore !
A ces ordres, le pokémon chargea la montagne d’où émergeait Grolem, et cracha un autre rayon lumineux, dévastant sur son passage végétation et rocailles. La Draco-rage heurta le Grolem, le jetant à terre. Le géant roula sur le côté pour se relever, mais retomba, trop blessé par l’onde de choc.
Le Draco s’apprêtait à le toucher d’une ultime onde de choc, quand la voix qui l’avait commandé se fit entendre à nouveau !
-   Abri, vite ! Vous deux, derrière lui !
Le pokémon aux airs de serpent créa immédiatement un mur d’énergie devant lui. Sans hésiter une seconde, Peter saisit Pierre par le bras, celui-ci, toujours sous le choc de la défaite de son Terhal, demeurant figé. Ils ne tardèrent pas à comprendre la raison pour laquelle on leur commandait de s’abriter. Le Grolem s’était un peu redressé, et semblait parcouru de spasmes. Il explosa.
La déflagration anéantit tout ce qui se trouvait aux alentours, des herbes aux roches, creusant même dans la rivière proche, désintégrant les Magicarpes malheureux qui nageaient par là, pulvérisant le Ratattac déjà affaibli. Quand la poussière retomba, il ne restait rien du Grolem. Il ne restait plus rien. Au milieu du terrain dévasté, le mur d’énergie s’effondra. Derrière, le Draco, Peter et Pierre étaient saufs.
-   Terhal ! Hurla Pierre. Il se précipita dans les décombres à la recherche de son pokémon, suivi de près par Peter.
-   Avec une attaque comme ça, il n’a pas pu s’en sortir ! Je t’avait dit qu’il ne fallait pas essayer !
-   Ne dit pas ça ! Il ne peut pas avoir été…
-   Détruit ? Non, il est en vie.
 La voix quoi avait prononcé ces mots venait de derrière eux. Plus exactement, d’au dessus d’eux. Un élégant Airmure planait au dessus du Draco.
L’oiseau d’acier se posa près d’eux. Une adolescente à l’étrange longue chevelure bleue, enveloppée dans une cape de même couleur, en descendit. Elle tenait entre ses bras le Terhal épuisé. Pierre et Peter la regardaient, ébahis.
- Sandra !


Chapitre 3 : Vol au dessus d’un nid d’Airmure

En effet, la sœur de Peter se tenait devant eux. Elle les toisait d’un air hautain, fière de sa victoire. Elle fit un geste en direction de ses Pokémons, qui rentrèrent dans leur pokéball.
Si elle n’adressa pas un regard à Pierre, elle imprima tout le mépris possible dans celui qu’elle lança à son frère.
-   Peter, tu n’as rien à faire ici. Tu n’as pas le moindre talent, et en plus tu n’a pas de pokémon. Tu ne pensais tout de même pas qu’un Terhal à peine entraîné pourrait vaincre quoi que ce soit ici ? Père a raison de te forcer à étudier. Tu es bien loin d’être capable de te débrouiller… Allez faire soigner cette loque avant qu’elle ne meure au centre pokémon. Et rentre à la maison, Peter.
Sur ces mots, elle lâcha le Terhal, qui, à bout de force, ne parvint plus à léviter et s’écrasa sur le sol.
Pierre s’emporta, bouscula la jeune dresseuse, et courut vers son Terhal effondré. Il s’assura qu’il était encore conscient, puis le fit rentrer dans sa pokéball.
Peter déglutit.
-   Merci pour l’aide, Sandra. On ne s’en serait pas tiré… On va rentrer, mais Père veut te voir. Il te cherchait ce matin, mais tu étais déjà partie.
Une expression fugitive de surprise traversa les yeux de la sœur de Peter, puis son visage se radoucit.
-   Bon, allez-y, je vais le voir directement avec Airmure.
 Elle ressortit sa pokéball, aux couleurs étranges. Celle-ci n’était pas rouge comme à l’accoutumée, mais jaune ornée de bandes noires. Il s’agissait d’un modèle très performant réservé à la capture de pokémons puissants, une Hyperball. Elles étaient coûteuses.
Sandra lança la ball en l’air, et l’imposant oiseau d’airain en sortit. Il poussa un cri strident qui n’évoquait en rien le chant d’un oiseau, et se planta devant sa dresseuse, attendant les ordres, docile et calme.
-   Sandra, comment as-tu eu cet Airmure ?  Ils sont rares, même ici !
Sa sœur se rembrunit un instant, puis retrouva son air hautain.
-   Je l’ai capturé, évidemment ! Je m’entrainai avec Draco, il y a quelques jours, quand il nous a attaqués. Nous l’avons vaincu, et, plutôt que de l’achever comme je faisais avec les Rattatacs et les Gravalanchs, je l’ai capturé.
-   C’est père qui t’a offert l’Hyperball ?
-   Non, je l’ai trouvée dans la grotte là-bas. Un dresseur l’aura perdue, sans doute ! Je n’allai quand-même pas la laisser sur place. Et puis, qu’est-ce que ça peut te faire ? Bon, dépêche-toi d’aller au centre !
Elle montrait vaguement une ouverture dans la montagne, non loin de l’éboulement causé par le choc du Grolem. Dès qu’elle eut fini de parler, elle grimpa sur le dos d’Airmure, lui indiqua le pont d’Ebenelle, et ils s’envolèrent, soulevant un nuage de poussière.

Pierre se mit alors à courir à son tour vers le pont du sud, suivi toujours par Peter. Quelques minutes plus tard, ils arrivèrent devant le centre pokémon. C’était un bâtiment moderne et laid, dont le toit rouge vif contrastait avec les bâtisses de bois noir de la ville. Mais ni Pierre ni Peter ne se préoccupèrent de l’apparence des lieux. Ils coururent dans la salle vide jusqu’au guichet, derrière lequel se tenait une infirmière en blouse. Pierre posa précipitamment sur la table la pokéball de Terhal. Il regardait l’infirmière d’un air suppliant.
-   Infirmière, mon Terhal est blessé, soignez-le, s’il vous plaît !
-   Aucun problème. Laisse ta pokéball sur ce support, nous allons le soigner sous peu. Va t’asseoir là-bas pendant que nous nous en occupons.
Elle s’interrompit en voyant Peter.
- Oh, Bonjour ! Tu es le fils de Lance, n’est-ce pas ? En tout cas, tu lui ressemble beaucoup.
Peter, qui était resté en retrait, regarda l’infirmière d’un air surpris.
-   C’est moi, oui.
-   Tu pourras remettre ça à ton père ? Il l’a déposé ici, mais comme il n’est pas repassé…
Elle tendit une pokéball au garçon.
-   Il ne faut pas essayer de l’ouvrir, elle dispose d’un mécanisme spécial. Si on ne le connaît pas, on risque de l’abîmer...
Elle prit en suite la ball contenant Terhal, et la mit sur le système de soins. Elle leur fit signe de patienter.
Les deux amis allèrent s’asseoir dans un coin de la pièce. Peter considérait la ball avec curiosité, Pierre demeurait pensif. Les quelques minutes qu’ils passèrent dans le centre leur permit de se détendre après les événements qui venaient d’avoir lieu.
- Heureusement que ta sœur passait par là ! Sinon, je ne vois pas comment on s’en serait sortis… Terhal n’aurait sans doute pas tenu.
 - Oui. Il faudra qu’on soit plus prudents à l’avenir… Et que tu entraines plus ce pokémon. Je t’avais dit quand même, qu’il était trop faible.
- Arrête, tu étais toi aussi partant, mais contrairement à moi tu savais qu’il ya avait des pokémons plus puissants que des Ratattacs ici !
- Je n’y pensais plus… Tu sais, je n’ai presque jamais mis les pieds en dehors de la ville.
Mais bon, l’important c’est qu’on s’en soit sortis ! Quand j’aurai un pokémon aussi, on pourra vraiment s’amuser.
Pierre le regarda en souriant
-   Tu insinues que tu te débrouilleras mieux ?
-   Sans doute !
-   On verra ça !
Peter répondit à ce sourire en riant. Les deux amis apaisés par ces vantardises mutuelles retrouvèrent leur bonne humeur, confortée encore par le retour de l’infirmière avec un Terhal en parfaite santé.
-   Voilà. Votre pokémon est complètement guéri. Essayez d’éviter qu’il se blesse encore, ça pourrait être plus grave la prochaine fois.
-   Merci beaucoup, Infirmière !
Pierre prit le Terhal dans ses bras, caressa quelques secondes son corps d’acier, puis le fit rentrer dans la pokéball. Peter leva les yeux vers lui, et lui indiqua la sortie.
-   Bon, maintenant, il faut que j’aille porter la ball à mon père.
Les deux garçons sortirent précipitamment du centre, et filèrent vers l’arène de la ville. Ils entrèrent en coup de vent. Les lumières de l’arène étaient éteintes, et les habituels lance-flammes coupés. Lance ne devait pas avoir eu de match depuis un moment, aussi Peter ne s’attendait à voir personne, et s’apprêtait à repartir vers sa maison, pensant que son père y serait.

Mais il vit une silhouette dans la pénombre, au fond de l’arène. Il l’appela.
-   Père ! J’ai la pokéball du centre ! Sandra n’est pas venue ?
La silhouette ne répondit pas. Pensant que son père était plongé dans une méditation profonde, mettant à profit les leçons du doyen, son grand-père, Peter traversa l’arène en sautant de blocs en blocs. Pierre, qui ne connaissait pas le chemin, cru bon de rester à l’entrée, de peur de trébucher dans la pénombre, et de s’écraser dans les profondeurs de l’arène, habituellement remplies de lave en fusion.
-   Père ? C’est moi, Peter. Vous méditez ?
Peter toucha le dos de la silhouette. A sa grande surprise, la personne qui se tourna vers lui n’était pas son père, mais le doyen! Son visage luisait, couvert de larmes, ruisselant sur sa barbe. Il désignait une masse informe étendue devant lui.
-   Peter…
-   Grand-père ? Que…
C’est alors que Peter se rendit compte de ce qu’il avait sous les yeux. Lance gisait, le thorax transpercé, lacéré, les débris de sa cape flottant sur ses blessures béantes. Des pokéballs vides étaient éparpillés autour de lui. Son visage aux traits tirés par la douleur était déjà recouvert par son propre sang. Il avait cessé de vivre.

Chapitre 4 : Ternes, pâles ténèbres

Au plus profond de la caverne glacée se tenait une silhouette, transie de froid, comme écrasée par les rochers givrés qui l’entouraient. Cette silhouette attendait. Autour d’elle le sol uniformément gelé reflétait la lumière de l’extérieur pourtant lointain, laissant sur les murs une pâle lueur bleutée. Une brume fantomatique planait dans l’air, empêchant de discerner distinctement les lieux.
La silhouette, immobile, fixait un point de ce néant de froid, vague et distant. Apparurent bientôt deux ombres des profondeurs de la grotte. Des hommes approchaient. Dès qu’ils furent suffisamment proche de la silhouette, ils lui firent signe de venir avec eux. Celle-ci se leva, et alla rejoindre les deux personnages enveloppés dans la brume. Ces deux ombres vivantes étaient jeunes. La plus petite d’entre elles était un homme d’une vingtaine d’années, qui en paraissait déjà le double, ses cheveux étaient coupés courts, avec élégance. Il était vêtu d’un long manteau noir, qui devait le protéger bien plus du froid que son compère. L’autre était grand et élancé, déjà plus âgé sans doute, mais en paraissait bien moins que le premier. Les reflets bleutés de la grotte mettaient en valeur ses traits fins mais acérés, et donnaient une étrange teinte à ses cheveux rouges. Il était vêtu d’un  manteau lui aussi, mais plus fin et près du corps que l’autre, d’une teinte d’un pourpre profond.
Les trois personnages s’éloignèrent dans la pénombre, silencieusement.
Ils ne prirent la parole qu’à la sortie de la grotte, dans une clairière écrasée par les montagnes environnantes.
Ce fut l’homme au manteau noir qui prit l’initiative. Il n’adressa pas un regard à celui qu’ils étaient venus chercher, et gardait ses yeux dans le lointain.
-   Maximilien, dit il à l’homme aux cheveux rouges, la situation à Ebenelle va bientôt devenir grave. Nous n’aurions pas du revenir. Ce qui s’y est passé va causer de graves troubles, là bas. Il ne faudrait pas que nous soyons mêlés à cela.
L’homme aux cheveux rouges s’arrêta, et se retourna pour répondre. Son visage était dépourvu de toute expression.
-   Nous avons fait ce que nous devions. Nous aurons besoin de toutes les forces possibles, dans les temps à venir. Elle nous sera utile, elle a déjà fait ses preuves. Il suffira de disparaître quelques temps. N’est-ce pas, Sandra ?
Il s’était tourné vers la troisième personne, qui n’était autre que la sœur de Peter, le visage et le regard vide, vêtue d’une cape sombre et d’une tenue noire renforcée. Elle ne répondit rien, se contentant de détourner les yeux.
-   Tu as toujours les pokéballs ? Elles nous seront très précieuses.
Sandra leur indiqua les six sphères qu’elle portait attachées à sa ceinture.
-   Bien. Il est temps de partir.
Sur ces mots, ils lancèrent tout trois des Hyperballs dans les airs. Trois Airmures en sortirent, leurs crissements métalliques suraigus raisonnant dans l’enclave. Chacun d’eux monta sur l’un des oiseaux d’acier, qui prit son envol, disparaissant dans les cieux colorés du soir.

Peter était resté immobile. Il ne savait pas depuis combien de temps. Pour lui, le temps lui même n’avait plus cours. Il ne voyait plus rien, ne ressentait plus rien que sa peine profonde. Il ne comprenait pas. Il n’avait pas réagi quand son grand père l’avait emporté dans ses bras pour le ramener chez lui. Il n’avait pas réagi quand Pierre avait couru vers lui, inquiet. Il n’avait pas réagi quand on l’avait allongé sur son lit d’ébène.
Il ne réagissait plus. Quand il reprit conscience de son existence quelques heures plus tard, il était comme emprisonné dans une torpeur atroce, de douleur et de tristesse.
Quand les flammes avaient pris sur la bûcher de bois noir sur lequel reposait son père pour ses derniers instants, il était ailleurs, loin au fond de lui-même. Quand son ami venait le visiter pour voir s’il allait mieux, il ne pouvait que ressentir vaguement sa présence, les images qu’il voyait n’avaient plus de sens.
Cet état dura une semaine. Puis, peu à peu, son esprit se calma, acceptant tout en la découvrant la dure réalité. Son père était mort. Ou plutôt, on l’avait tué.
Un matin, son grand-père vint le chercher chez-lui. Ils marchèrent vers le lac, qu’ils traversèrent sur un pont de planches qui avait été posé par le doyen. Ils marchaient sans parler.
Peter ne savait pas pourquoi son grand-père comptait le faire entrer. L’antre du dragon était réservée aux plus méritants des dresseurs, et il n’en était même pas un. Ils pénétrèrent dans la grotte.
Un grand lac souterrain en remplissait une grande partie. Le temple du dragon, la demeure du doyen, s’élevait sur les eaux dans les profondeurs de l’antre. Ils marchèrent sur un pont de pierre abîmé et ancien, qui reliait l’entrée à la demeure. Le lac était agité par un courant puissant, dû à une rivière intérieure.
Ils entrèrent dans le temple, une bâtisse austère d’un style traditionnel. L’intérieur était décoré de symboles rappelant le passé d’éleveurs de dragons de la ville.
-   Peter, il va falloir régler quelques problèmes, ici. Assieds-toi.
Le doyen prit place en face de son petit fils, à même le sol.
- Depuis ce qui est arrivé à ton père, la cité est dans le désarroi. Sans sa protection, elle risque de devenir un danger pour elle-même. Je ne suis plus à même de remplir la tâche de champion, je suis bien trop âgé. Tu es toi-même trop jeune. Seule ta sœur en est capable. Il va falloir retrouver Sandra. Personne d’autre que toi ne le peut, ici. Je ne sais pas ce qui lui est arrivé, mais si elle a pu aller quelque part, c’est forcément là où les dragons sont forts. Son lien avec Draco est plus important que je ne le croyais, et elle ira sans doute là ou celui-ci sera heureux, bien que je ne sache pas clairement quelles ont été ses motivations.
Il faudra donc que tu te rendes à Hoenn, il existe là bas une cité des dragons ancestrale. J’ai discuté avec le champion Rochard. Pierre a beaucoup voyagé et connaît bien la région. Il est d’accord pour t’accompagner.
-   Mais comment voulez-vous que je quitte la ville ? Je n’en suis jamais sorti, et dès les premières routes, nous avons été attaqués par un pokémon bien plus puissant que son Terhal !
-   Te souviens-tu de la pokéball que tu es allé chercher au centre pokémon ? Celle de ton père. Tous ses pokémons ont été emportés par son assassin, il ne reste plus que celui-ci, qui aurait aussi été volée. Cette pokéball t’était destinée, je le sais.
En prononçant ces paroles, le doyen avait sorti la sphère rouge de son manteau, et la tendit à Peter. Celui-ci considérait la ball avec surprise. Il la prit dans sa main, et se contenta de la regarder. Si les circonstances avaient été autres, nul doute qu’il aurait été enthousiaste. Mais  la blessure était trop récente encore. Il constata que le verrou du système de sécurité de la ball était levé.
Peter appuya alors sur le bouton central. Une lumière jaillit, se condensa puis s’allongea au sol : le pokémon qui apparut sous ses yeux ressemblait beaucoup au Draco de sa sœur, quoique plus petit.
-   Minidraco. Il est né d’un œuf de mon propre Dracolosse, qui, pour une raison que j’ignore, n’a éclot que récemment, peu après ta naissance. Il est à toi, maintenant. Avec un peu d’entraînement, il te sera d’une grande aide pour ton voyage.
Le serpent gris fixait son jeune maître du regard. Peter s’agenouilla, et étendit la main calmement vers le Minidraco. Celui-ci s’écarta prudemment, puis finalement laissa Peter poser la main sur son front, au milieu duquel luisait une gemme. Peter posa alors la pokéball, et regarda son Grand-père.
-   J’irai à Hoenn, je rechercherai Sandra, et je la ramènerai. Je partirai dès que Pierre sera prêt lui aussi. En attendant, j’entrainerai Minidraco.
Il sourit à son grand-père, lui montrant qu’il était prêt. Le vieil homme lui rendit son sourire. Au milieu des ténèbres, luisait enfin une lueur d’espoir qu’il pensait depuis longtemps éteinte.

Chapitre 5 : Souffle ardent des glaces éternelles

Dès le lendemain de sa rencontre avec Minidraco, Peter s’était empressé de commencer à s’entraîner. Du moins, à essayer de s’entraîner. La force des pokémons alentours gênaient considérablement sa progression, le forçant à s’attaquer encore et encore aux Roucools de passage. Pendant les deux premières heures de sa chasse, Minidraco n’en toucha aucun. Les minoiseaux, rapides et agiles, évitaient sans difficulté les coups de queue et les morsures du serpent. Puis, Peter rusa, lança une pierre près de Minidraco, qui la récupéra pour la projeter d’un coup de queue vers un Roucool perché dans un ébénier. Celui-ci, se croyant hors de portée, ne réagit même pas quand la pierre le heurta, l’assomma et le fit choir de sa branche.
Plus ils s’entrainaient, plus leur efficacité était grande, et, à la fin de la journée, les buissons étaient vides de leurs oiseaux, qui, soit envolés soit assommés échappaient maintenant aux cailloux de Minidraco.

 Alors qu’ils s’apprêtaient à rentrer, ils entendirent tout proche d’eux le hululement caractéristique d’un Hoothoot. Peter s’arrêta sur place, chercha autour de lui une pierre, la lança à Minidraco, dont le regard fixait la branche d’arbre sur laquelle se tenait le hibou. A la grande surprise de son dresseur, Minidraco cracha un long rayon de lumière bleue en direction de l’arbre, carbonisant le feuillage et projetant le Hoothoot dans les airs, desquels il retomba, vaincu sans résistance. Le dragon venait d’effectuer un dracochoc de faible ampleur, mais tout à fait inimaginable pour un pokémon si récemment formé à l’art du combat!
Peter était encore sous le coup de cette surprise quand il entendit son grand-père s’approcher de lui.
-   Bravo, Peter. Tu as réussi à déclencher les pouvoirs héréditaires de ton pokémon.
-   Des pouvoirs héréditaires ?
-   N’oublies pas que Minidraco est l’enfant de mon pokémon, qui dans ses derniers instants avait acquis une grande puissance. Ce n’est pas surprenant qu’avec un peu d’effort, ton pokémon retrouve le talent de Dracolosse. Mais tu te débrouilles bien, je suis surpris que cette manifestation soit si rapide.
Peter regarda son grand-père, qui s’était approché de Minidraco. Il posait sa main sur la tête du serpent-dragon, le caressant doucement. Il se retourna vers son petit fils. On entendait au loin les cris de Hoothoots se faire plus nombreux, le ciel avait sa teinte irréelle. Bientôt, toute animation allait disparaître de la ville.
-   Peter, ce pokémon sera un jour très puissant. Je suis sûr qu’à son image, tu seras toi aussi un dresseur d’exception. Je suis certain que toi et lui serez un jour champions d’arène.
Le doyen se tourna vers la grotte des glaces, dont l’ouverture commençait à faire reluire le sol alentour d’une teinte bleutée.
-   Nous allons tenter quelque chose, Peter. Viens.
Le vieil homme et son petit-fils se rendirent calmement vers l’ouverture gelée, suivis de prêt par Minidraco. Ils pénétrèrent dans la grotte, accueillis dès leur entrée par un souffle glacial,  de ceux qui figent le sang dans les artères, terrifiant, pétrifiant. Peter hésitait, comme retenu par cette brise incisive. Le doyen s’arrêta quelques pas plus loin, et sorti de la poche de sa tenue une flute. Elle était en verre translucide, d’une forme étrange. Quand il souffla dedans, une étrange mélodie, qui ressemblait au chant d’un oiseau, emplit la caverne givrée.
A la fin de son air, il rangea calmement la flute dans son vêtement. Peter ne comprenait pas ce qu’il avait sous les yeux, et cherchait vaguement une transformation de l’environnement. Quand il en arriva à la conclusion que la flute n’avait rien de spécial, il vit au sol une ombre furtive glisser calmement sur la glace. Le doyen fit signe à Peter de s’avancer. Quand il fut plus proche, il reconnut dans la silhouette un Marcacrin de bonne taille. Celui-ci se dirigeait vers eux. La flute était un appât.
- D’accord. Minidraco, avance-toi vers Marcacrin, mais reste hors de portée de ses attaques !
Le dragon serpenta sur la glace, s’approchant de l’étrange boule de poils beiges presque aveugle qu’était Marcacrin.
- Attaque-le, maintenant !
Minidraco se projeta vers son adversaire, et le frappa de plein fouet de sa queue, le faisant déraper sur la glace. Le pokémon se ressaisit, et répliqua en chargeant Minidraco, qui ne put esquiver l’attaque, glissant à son tour vers les parois de la caverne. L’air passablement énervé, le pokémon des glaces chargea à nouveau le serpent encore étourdi, qui ne put que se laisser aller sur le côté, évitant in extremis le coup de son adversaire, qui ne put s’arrêter à temps pour la paroi de glace, qu’il percuta violemment. Il resta sonné, ce qui donna le temps à Minidraco de s’approcher, et d’enserrer son corps avec sa queue fine. Immobilisé, le Marcacrin essayait furieusement de se dégager, mais l’emprise du dragon était forte. Bientôt, il cessa de lutter. Minidraco relâcha alors rapidement la pression, pour achever son adversaire fourbu d’un coup de queue. Il cloua le Marcacrin sur le sol, le laissant hors de combat.
-   Super, Minidraco ! Tu l’as eu !
Peter courait vers son pokémon, veillant cependant à ne pas tomber sur la glace glissante. Minidraco était exténué par la lutte avec son adversaire, mais semblait heureux de sa victoire.
Le doyen qui les observait partageait le même contentement. Quand ils quittèrent la grotte, le premier cri de Noarfang retentit. Ils furent prompts à rejoindre leur demeure, le doyen traversant le lac en direction de l’antre, Peter pressant le pas vers la maison vide qui l’attendait. Il avait préféré être seul que de venir vivre dans l’antre, ou que son grand-père vienne chez lui. Conscient que ses voyages le pousseraient à l’autonomie, il préférait s’habituer à se débrouiller seul. Il prépara un repas frugal, qu’il partagea avec son pokémon, qui semblait l’apprécier au plus haut-point, trop affamé sans doute par sa journée de labeur pour faire la fine bouche. Peter se coucha de bonne heure. Une autre journée d’entrainement l’attendait.

Il passa ainsi une semaine, s’entrainant lui-même tout en supervisant de loin le progrès de son pokémon. Il avait choisi de ne pas l’entrainer comme les autres dresseurs, lui imposant un progrès, commandant chacun des mouvements de son pokémon. Pour lui, il était important que Minidraco développe son propre talent, comme il tentait d’améliorer le sien. S’il était très attentif aux progrès de son dragon, il s’efforçait de ne pas intervenir dans les combats. Ainsi, par cette situation de confiance et d’effort réciproque, ils furent tout deux très proches. Chacun était conscient des limites de l’autre, dresseur et pokémon se voyaient sur un pied d’égalité. Le fait que Peter n’avait pas récupéré sa pokéball y contribuait de même. Ils s’entrainaient ensemble, équitablement, ayant chacun des qualités à faire valoir. Ils progressaient vite, Minidraco comprenant rapidement par l’expérience lesquelles de ses techniques étaient les plus utiles face à ses adversaires, Peter acquérant rapidement la condition nécessaire à son voyage, et engrangeant par l’observation des connaissances utiles. Minidraco développa son talent héréditaire à un point déjà surprenant au vu du peu de temps qu’ils avaient passé ensemble à s’entrainer. Et bien que, quand Pierre arriva enfin à Ebenelle, ils étaient encore fort débutants, ils étaient conscients d’avoir établi une base sur leur confiance mutuelle, qui leur serait indispensable.
 
Ce fut à dos d’un magnifique Rapasdepic que Pierre et son père arrivèrent dans la petite ville. Le doyen et son petit-fils, accompagné de Minidraco, guettaient l’arrivée de l’oiseau depuis la place de la ville.  Le champion Rochard se posa à quelques mètres d’eux, les grandes ailes de l’oiseau soulevant un nuage de poussière. Son fils et lui portaient des tenues de dresseur de Hoenn, résistantes et peu salissantes, aux couleurs de la ligue de la région. Peter lui avait revêtu d’anciens vêtements de son père, et passé une cape rouges sur ses épaules. Ainsi vêtu, il ressemblait parfaitement à Lance, ce qui troublait le doyen, tout comme le père de Pierre.
Celui-ci n’avait d’yeux que pour le Minidraco aux côtés de Peter. Il sauta cependant à terre, salua le doyen, et courut vers son ami. Ils se serrèrent vigoureusement la main.
-   Tu es prêt, Peter ? On va pouvoir commencer à voyager ! On va retrouver ta sœur, et mettre la main sur ceux qui on fait ça à ton père. J’en suis sûr !
-   Oui, nous le ferons. C’est la seule chose que je veux. On va y arriver. Merci d’avoir accepté de m’aider.
-   Penses-tu ! Qu’allai-je faire en sachant que tu allais vivre de grandes choses ? Je ne vais pas te laisser me voler la vedette !
Sur ces mots il avait encore tourné la tête vers le Minidraco, qui les considérait d’un air curieux, plein d’intelligence.
-   C’est ton pokémon ?
-   Oui. Il est superbe, n’est-ce pas ?
-   Pourquoi il n’est pas dans sa pokéball ? Il ne veut pas y entrer ? J’ai entendu dire que ça arrivait parfois à certains dresseurs.
-   Non. J’ai juste pensé que ce n’était pas nécessaire… C’est mieux de tout faire ensemble, en tout cas pour l’entrainement.
Pierre regarda son ami d’un air de défi.
-   On a une demi-heure avant de partir. Que penses-tu de faire un match pour voir si ta méthode est si bien que tu le dit ?
Peter se tourna vers Minidraco. Celui-ci, qui semblait avoir compris, regardait Pierre avec détermination.
-Ok pour le duel !
- Bon, alors Terhal, au combat !
Sur ces mots, Pierre lança sa pokéball en l’air, d’où jaillit le pokémon d’acier.
-   Bon, on va voir ce que tu sais faire ! Terhal, bélier ! Écrase Minidraco !
-   Bonne chance, Minidraco.
Pierre considéra Peter avec surprise. D’un geste leste, le dragon esquiva le projectile vivant qui chargeait dans sa direction. Derrière lui, Terhal avait pulvérisé le sol en s’y écrasant. Il lévitait comme-ci de rien était. Sa puissance s’était accrue depuis le combat avec Grolem.
-   Terhal, charge encore, coupe-lui la route !
Peter regardait Minidraco esquiver les attaques violentes de son adversaire, confiant. Il repéra alors une faille dans l’attaque de Terhal, et presque simultanément, sans  qu’il fasse quoi que ce soit, Minidraco exploita cette faille, virevoltant sur lui-même après une autre esquive, pour tirer un dracochoc sur Le Terhal juste avant qu’il ne touche le sol, le faisant donner contre les rocailles avec encore plus de violence. Le pokémon d’acier fut plus long à léviter à nouveau, mais son corps ne présentait aucun signe visible du choc de l’attaque.
-   Terhal, augmente ta vitesse, il ne pourra pas éviter, cette fois !
En effet, Minidraco ne put éviter le choc. Mais il n’avait même pas essayé. Il avait tiré un autre dracochoc, visant l’œil du Terhal. Celui-ci, enfin atteint, dévia de sa trajectoire, mais percuta latéralement Minidraco. Peter avait chancelé lui aussi sous le choc. Mais il gardait son attitude confiante, bien que plus sérieuse.
Minidraco se redressa péniblement, tout comme Terhal, lévitant difficilement, atteint à la « tête ».
-   Bon, d’accord. Terhal, Choc Mental !
Le pokémon d’acier rayonnait étrangement, l’air devint pesant. Minidraco était comme agité de spasmes, qui parcouraient son corps tout entier.
-   Continues, tu l’as !
Peter, finalement inquiet, regardait son pokémon se tordre de douleur, atteint d’un mal invisible. Il prit enfin la parole.
-   Courage, Minidraco…
Il se plaça dans le champ de vision de son pokémon, et laissa tomber à ses pieds une petite pierre.  Minidraco vit son geste, et, comme s’il venait de reprendre conscience de lui-même, il cessa de bouger. On voyait encore Terhal luire. Son attaque n’était pas terminée, mais Minidraco avait compris que seule sa lutte contre le choc le blessait. S’il était toujours bloqué, il ne s’affaiblissait plus. Il semblait réfléchir. Pierre était extrêmement surpris.
-   Que fait-il ? il abandonne ?
-   Chut. Regarde, tu verras par toi-même.
Au prix d’un nouvel effort douloureux, Minidraco était parvenu a orienter sa tête vers le ciel. Soudain, il décocha un dracochoc, souffrant un choc proportionnel à son mouvement, qui l’épuisa entièrement.
-   Désolé, Peter, mais je crois que tu as perdu…
-   Regarde.
Des cieux tombait une masse sombre. Un Roucool carbonisé en vol. Il s’effondra juste devant Terhal, qui le frappa de plein fouet de son choc mental… mais ne put maintenir son contrôle sur Minidraco. Quand Pierre s’en rendit compte, son pokémon était déjà face à un dracochoc qui allait le percuter sans aucune chance d’esquive. Terhal fut propulsé dans les airs, touché encore au centre de son œil rouge. Quand il percuta les rochers, Pierre était encore sous le coup de la surprise. Ce n’était pas le cas de Minidraco, qui, rassemblant ses dernières forces, heurta Terhal au milieu des décombres, le frappant dans son œil blessé d’un coup de la gemme de son front. Terhal était aveuglé, hors de combat. L’état de Minidraco n’était pas meilleur, mais il était encore conscient.
Peter avait gagné.

Chapitre 6 : Mauvaises fréquentations

De mémoire humaine, l'air de Safrania avait toujours été vicié. Un air lourd, qui donnait à la métropole de Kanto une teinte perpétuellement maussade. Seuls quelques rares Tadmorvs osaient y nidifier, peu dérangés par la pollution et les bruits désagréables de la gare. Les habitants de la ville n'avaient jamais été heureux d'y être. Mais par la force des choses, et parce que le travail ne manquait pas dans la « Cité d'Or », telle qu'elle se faisait nommer avant, ceux qui y naissaient y restaient.
Parfois, un grand bâtiment volait aux passants le peu de ciel encore visible malgré la brume éternelle qui recouvrait la ville. C'est au sommet de l'un d'eux que se posèrent les trois Airmures d'acier, fatigués par la route et la charge de leurs dresseurs. Le jeune homme au manteau noir, suivi de son compère et de Sandra, pénétra dans le building par une porte du toit. Ils descendirent un escalier obscur, et débouchèrent sur un corridor étroit et mal éclairé. Deux hommes à la mine peu avenante, en uniforme noir, les y attendaient. Ils se mirent au garde à vous, et saluèrent l'étrange homme au manteau, qui semblait être leur chef.

      -     Boss, heureux de vous revoir !
Nous avons prévenu le commandant de votre arrivée. Elle vous attend. Le Major est lui aussi en route, il sera là sous peu.
- Avez-vous des nouvelles d'Hircine ?
- Non, Boss. Il n'est pas encore revenu de sa mission aux Îles Écume.
L'air passablement surpris et ennuyé, celui que l'on venait de nommer le Boss fit signe aux deux gardes de s'écarter. Maximilien et Sandra lui emboîtèrent le pas.  Ils entrèrent tous trois dans un bureau spacieux et éclairé. Devant eux se tenait le commandant Morgane.
- Boss, ravie de vous savoir de retour à Safrania.
Sandra eut un mouvement de recul. La voix ne venait pas de la jeune femme en face d'eux, vêtue elle aussi d'un uniforme noir. Elle l'entendait de toutes les directions. L'air aussi semblait plus oppressant, comme dans un songe. Elle se sentit défaillir. Une force invisible la faisait ployer, comprimait sa poitrine, l'étouffait. Elle perdait ses forces. Soumise à une volonté plus forte que la sienne, elle mit un genou à terre, cherchait péniblement sa respiration.  Le commandant Morgane la regardait d'un air amusé.
- Il semblerait que votre nouvelle recrue ne soit pas habituée à la sereine ambiance de notre ville !
- Laissez, Morgane, il faut qu'elle ait toute sa tête pour les heures à venir. Vous aurez d'autres occasions de faire preuve de vos compétence.
A ces mots, l'étreinte impalpable qui meurtrissait Sandra disparut. Elle prit sa respiration avec force, le regard encore vague. Le commandant Morgane paraissait déçu de devoir ainsi écourter sa distraction. Elle remit en place l'une de ses longues mèches de cheveux, un petit sourire dédaigneux aux lèvres.
- Hello Boss !
Une voix tonitruante avait retenti derrière eux. Sandra encore courbée leva les yeux sur le nouvel arrivant. C'était une montagne de muscles, un géant imposant en tenue militaire. Il tendit la main à Sandra, pour l'aider à se relever.
- Major Robert Bolt. On m'appelle Bob, ici. J'espère que le commandant ne vous a pas lessivée, ce serait impoli de notre part de vous accueillir ainsi. Bienvenue dans la Rocket.
- On n'attendait plus que vous, Major. Maximilien, je sais que tu as à faire, je t'appellerai quand nous serons plus avancés. Va voir à Cramois'île avec le professeur, il doit avoir des informations sur ton fameux orbe. C'est le seul volcan à Kanto, si il doit y avoir des choses à trouver, c'est là bas que tu les auras. Tu peux utiliser l'un de nos commandos si c'est nécessaire.
- Merci, Giovanni.
Il lança un regard aux autres , et, après un rapide salut général de la main,  quitta la pièce.


C'était une sensation si étrange que de voler sur le dos d'un pokémon. L'air s'écoulait à chaque battement d'aile de Rapasdepic, fouettant le visage de Peter. Agrippé aux plumes du dos de l'oiseau, avec un reste de la crainte de tomber qu'il avait eu au décollage, il profitait du paysage qui s'étendait  des centaines de mètres plus bas. Il y avait près d'une heure que sa ville natale n'était plus visible à l'horizon. Devant lui, le père de Pierre guidait le grand pokémon avec précision. Pierre lui même s'était assoupi.
- Nous allons faire tout le trajet jusqu'à Algatia à dos de Pokémon ?
- Non, bien sûr. Nous nous rendons juste à Doublonville, où nous prendrons le train pour Safrania. De Safrania nous irons à Carmin sur Mer, de Carmin à Poivressel par le Ferry, et de Poivressel à Algatia par un express, en passant par Pacifiville. Vous aurez le temps de vous entraîner en chemin, et une fois là bas, nous pourrons commencer les recherches. Je ne pourrais pas vous aider longtemps, je dois m'occuper de mon arène. Mais je veillerais à ce que vous soyez capables de vous défendre. Je ne peux pas vous laisser partir seuls sans être convenablement aguerris. Ceux qui ont fait ça à ton père ne sont pas des petites frappes. Lance était un dresseur d'exception.
- Il faut aussi retrouver Sandra... Je me demande ce qui a pu lui arriver. Vous croyez qu'ils l'ont tuée, elle aussi ?
- Je ne sais pas. J'espère que non.
Peter s'absorba dans une rêverie profonde. Minidraco, roulé dans la cape de son dresseur, sommeillait paisiblement.
Ils se posèrent à Doublonville dans la soirée.
C'était une grande ville très animée et colorée. Son casino et sa gigantesque tour de radio en faisaient un des hauts lieux de tout Johto. Peter était émerveillé devant tant de lumière et d'agitation,  très surpris aussi de ne pas entendre les habituels ululements de Hoothoots de la soirée.
- Ça doit te changer beaucoup de Ebenelle, pas vrai ?
- Tu n'imagines même pas, Pierre ! Tout ce béton partout, c'est vraiment comme dans les films ! Par contre, l'air y est moins bon, malgré la mer...
- C'est une grande ville. J'y suis déjà allé une ou deux fois avec Papa, quand il était invité à une émission radio...
Le père de Pierre se tourna vers eux.
- On approche de la gare de Doublonville. J'espère qu'ils acceptent les pokémons dans le train, sinon il va falloir que tu ranges Minidraco dans sa pokéball...
- Mais ! Je n'en ai même pas !
- Et aussi, j'espère que tu vas t'habituer rapidement à l'air de la ville, celui de Safrania où nous allons est pestilentiel à côté de celui-ci.
La gare était un grand bâtiment de briques et de verre, à quelques pas de la tour radio. Il ya avait foule. De nombreux voyageurs de tous les coins de la région, et même d'autres contrées plus lointaines venaient exprès pour le casino, le centre commercial géant, ou encore pour assister aux rencontres sportives du dôme tout proche.
Peter et Pierre pressèrent le pas à la suite du champion de Hoenn, qui louvoyait entre les touristes pour atteindre le guichet et prendre les billets.
Quelques minutes plus tard, ils entraient dans le train pour Safrania.
- Bon, écoutez-moi, vous deux. Il y a deux heures d'ici à Safrania. Il y a une salle spéciale pour les dresseurs dans ce train. Vous pouvez aller vous y entraîner avec vos pokémons. Je suis heureux qu'ils ne dépassent pas la taille critique autorisée, ainsi vous pouvez commencer à vous préparer sans perdre de temps.
- D'accord, on y va !
- Je serais au centre du bord, il faut que j'aille donner un remontant à Rapasdepic.
Ils se séparèrent. Après avoir traversé quelques rames, ils entrèrent dans la salle d'entraînement.
Il y avait déjà deux dresseurs en train de discuter, leur combat terminé.
- Bon, Minidraco, on va pouvoir commencer à travailler !
Le serpent-dragon descendit de la cape de son maître, dans laquelle il était encore enroulé. Il paraissait heureux de cet instant d'exercice. Pierre lança sa pokéball en l'air.
      -Terhal, en avant !
Le pokémon d'acier bleuté jaillit dans un éclair lumineux.
- On remet ça, Peter ?
- Et que diriez vous de nous affronter, nous ?
Les deux dresseurs de la salle s'étaient tournés comme un seul homme, à la vue du pokémon de Pierre.
Marcus et Dominique, dresseurs. Nous vous défions !
- Qu'en dis tu, Peter ?
- On y vas !
Nous sommes Pierre et Peter, dresseurs nous aussi !
Les deux autres saisirent les pokéballs à leur ceinture.
- Combien de pokémons ?
- Nous n'en avons que deux.
- Et bien deux, alors !
Ils prirent place chacun d'un côté de l'arène.
- Roucoups, vas-y, fit calmement celui qui son compère Dominique.
Un magnifique oiseau, les plumes brillantes et propres, jaillit de la première pokéball. Le Roucoups avait une belle crête rouge vif, qui le différenciait de son état primitif de Roocool, avec sa taille plus imposante. Pour ce que Peter en savait de ses livres, c'était un pokémon très efficace en vol, capable de tirer parti du moindre souffle d'air, et très tenace.
De la seconde pokéball  ne jaillit qu'une fumée noirâtre tirant sur le  violet, qui vint s'amasser au niveau du sol. Elle répandait autour d'elle un odeur caractéristique de gasoil.
Pierre parassait surpris.
- Qu'est-ce que c'est que ce pokémon ?
- Tu n'a jamais vu de type spectre, hein ? L'interpella le dresseur qui avait appelé le brouillard informe. Marcus, le combat va être vite fini !
- Nous verrons bien, Dom.
Peter leva les yeux.
- Minidraco, bonne chance. Méfie toi du spectrum, les pokémons fantômes sont de vraies plaies ! J'ai lu qu'ils étaient très difficiles à atteindre avec de simples attaques. Il va falloir que tu ruses. Occupe-toi en priorité du Roucoups !
- Bon, on peut commencer ?
- Allons-y ! Terhal, charge-moi ce tas de gaz ! Bélier !
- Roucoups, envoles toi, attaque le serpent.
- Spectrum, ténèbres !
De concert, les quatre pokémons se mirent en mouvement. Le gracieux Roucoups s'éleva, et plongea sur Minidraco a grande vitesse. Celui-ci esquiva de justesse le missile emplumé, qui rasa le sol et reprit de l'altitude. De son côté, Terhal atteignait sa cible de plein fouet... Et la traversa sans lui faire de dégât. Terhal alla buter contre un des murs de l'arène, sur lequel il rebondit brutalement. Le nuage de gaz se condensait et prenait peu à peu une forme distincte. Une main rougeoyante s'était formée.
Minidraco pivota lestement, et, à la deuxième charge du Roucoups, déchaîna une vague d'énergie bleutée qui fit s'écraser le digne pigeon sur le sol, à moitié carbonisé.
- Roucoups, Atterrissage ! Puis tornade ! Je veux ce Minidraco cloué au plafond !
- Terhal ! Qu'est-ce qui t'arrive ? Ressaisis-toi !

Le pokémon de Pierre lévitait sans cohérence, donnant dans les murs ou le plafond, avec brutalité. Son corps luisait de manière anormale. Le spectrum finalement entièrement condensé arborait un sourire mauvais. Le Roucoups régénérait son plumage roussi à vue d'oeil, tandis que Minidraco rassemblait ses forces pour une deuxième attaque.
Soudain, Terhal s'effondra dans un vacarme métallique.
- K.O. annonça Dominique avec fierté. Les pokémons de type psy ne valent vraiment rien.
- Quoi ?! Pas déjà !
- Tu n'as qu'à voir par toi même.
Abasourdi, Pierre rappela son pokémon.
- Tu es tout seul, Peter...
- Ça se corse.
En effet, le Roucoups rétabli avait entrepris de provoquer des courants d'air circulaires en volant dans la pièce. Minidraco suivait ses mouvements des yeux avec attention.
- C'est une attaque tornade, Minidraco ! Ne te laisses pas encercler !
Le dragon opina du chef. Mais il ne sembla plus s'intéresser à l'oiseau tournoyant au dessus de lui. Dans son dos, Spectrum s'était approché.
- Attaque Léchouille !
Une chape de gaz sortit de la bouche du fantôme, qui entoura Minidraco en quelques instants. Ils sembla foudroyé, et roula sur le sol. En hauteur, l'air tourbillonnait de plus en plus vite.
- C'est le moment, Roucoups !  Achève-le !
La tornade descendit au sol, et fonça sur Minidraco. Peter, inquiet, serrait les poings.
- Attention...
Minidraco regarda alors la tornade. Ses yeux et son joyau frontal brillaient. Une vaque d'énergie émana de son corps. Et un flash rapide parcourut la pièce à l'instant ou la tornade allait le toucher. Quand la luminosité décrut, l'arène était saccagée. La tornade désormais géante était entourée de tous les objets de la pièce, qui tournoyaient en tous sens. Au dessus d'elle se tenait Minidraco, entouré d'une lumière étrange.
- Un ouragan ! Cria Marcus, sous le choc, aussi surpris que Roucoups du retournement de situation.
Et le vent libéra sa force. Roucoups fut balayé par sa tornade doublée de l'ouragan de Minidraco. Il fut projeté sur un mur, où les objets de la pièce vinrent le rejoindre. Quelques secondes plus tard, il regagnait la ball de son dresseur.
- Désormais, c'est du un contre un, conclut Dominique. Ne t'inquiètes pas, Marcus, il ne peut rien contre Spectrum.
- Bravo Minidraco, tu l'as eu ! Peter triomphait. Plus qu'un !
- Il est temps de mettre un terme au combat. Spectrum, Griffe Ombre !
Minidraco n'eut pas même le temps de se retourner. La main de ténèbres de Spectrum lacéra l'air, et atteint le dragon en travers du corps. Gravement touché, il s'effondra sur le sol.
- Fini. Ton pokémon est KO. Nous avons gagné. Marcus poussa un soupir de soulagement, tandis que Dominique affichait un sourir fier, alors qu'il rappelait son pokémon.
Peter regardait Minidraco au sol, incredule. Il se précipita alors vers lui. Le serpent respirait faiblement.
Minidraco... Il faut t'emmener au centre !
Marcus s'approcha de lui, et lui tendit une bouteille violette.
- Attends une seconde. Voilà une potion. C'est mieux que rien en attendant, ça soignera le gros de sa blessure. Vous n'êtes pas de mauvais combattants, mais il est clair que vous manquez d'expérience. Il vous faut plus de pokémon, pour espérer gagner des matchs. Je ne crois pas me tromper en disant que c'est l'un de vos premiers, non ?
- C'est vrai. Nous ne nous étions jamais mesuré à des dresseurs sérieux.
Minidraco, ayant absorbé difficilement le contenu de la potion, sombrait dans un état de sommeil comateux. Pierre fit signe à Peter.
- On ne devrais pas traîner pour aller rejoindre mon père au centre. Nos pokémons doivent être soignés !
- Tu as raison, j'arrive. Nous reviendrons quand nos pokémons seront d'attaque !
- Vous feriez mieux de les laisser se reposer, ils en ont besoin. Et vous aussi. Il vous reste une heure de trajet, inutile de vous épuiser.
Marcus et Dom leur firent un signe de la main alors qu'ils quittaient le wagon arène.

Chapitre 7 : L'aube noire

Quand le train s'arrêta en gare de Safrania, le soleil se couchait. Une teinte ocre couvrait le ciel obscurci par quelques nuages bas. Mais une telle teinte n'arrivait pas jusqu'aux yeux des habitants de la ville, soit masquée par le fog, sois par les grands buildings sans âme de la ville. Peter regardait rêveusement par la fenêtre s'étaler sous ses yeux ce paysage urbain. Minidraco dormait à ses côtés. Ce fut le père de Pierre qui les tira de leur rêverie pour les presser vers la sortie, où l'air stagnant et malsain de la Cité d'Or les attendait. La rue était vivement éclairée par les lampadaires, vomissant une lumière crue, sans l'habituel tamisage, que les autorités de la ville n'avait pas jugé bon de changer, vu que les citoyens s'en accommodaient. Pour une ville de cette taille, les rues était étrangement calmes et vides. Rien à voir avec l'exubérance de Doublonville qu'ils venaient de quitter.
Les trois dresseurs se dépêchèrent jusqu'à leur hôtel. Le père de Pierre prit deux chambres, et confia la clef de l'une d'elle à son fils. Ils se séparèrent. Peter et Pierre suivirent un groom qui les amena jusqu'à leur chambre. Elle était simple et propre, suffisante pour la seule nuit qu'ils devaient y passer. Les deux lits constituaient le seul mobilier. La petite fenêtre donnait sur les toits de la ville.
- Et bien, pour une première journée, c'était peu reposant ! Fit Pierre en s’asseyant sur son lit.
- Comme tu dis ! Le combat contre les deux dresseurs du train n'était pas évident !
- Mouais, ce Spectrum était un vrai cauchemar. Ni Terhal, ni Minidraco n'ont été de taille...
- Mais par contre, Minidraco a quand même écrasé le Roucoups ! Peter caressait machinalement la tête de Minidraco, qui regardait en toutes directions avec attention.
- Ton père ne s'est pas moqué de nous. L'ambiance de cette ville est vraiment mauvaise. Vivement demain que l'on s'en aille !
- Je me demande ce qui fait qu'une ville qui était si jolie devienne ce trou puant... Dans les vieux livres, il est dit que c'était une ville somptueuse. Tout le monde voulait y aller. C'est peut-être ça qui a causé son déclin.
Peter s'étendit sur son lit.
- Je ne sais pas. Toujours est-il que je serais content quand on sera loin de cet endroit. Même Minidraco n'est pas très à l'aise.
- Eh, j'ai une question, Peter ! Tu sais ce que sont les types psys ? Tu as lu pas mal de livres sur les pokémons, alors... C'est le dresseur du train, Dominique, il a dit que les types psys ne valaient rien...
- Il parlait de Terhal. Les types psys sont des pokémons qui ont développé leurs facultés mentales au point de pouvoir interagir avec leur environnement par le biais de leur pensée. Ils sont normalement très intelligents. Ils sont aussi capable de manipuler des énergies imperceptibles, les ondes psys. C'est pour cela qu'on les appelle comme ça.
- Merci prof pokémon ! Ton père n'avait pas tort de te faire étudier, c'est pour ça que tu m'as battu : tu en sais plus que moi ! Alors le choc mental que j'avais utilisé, c'est une attaque psy ?
- Oui.
Pierre avait récupéré sa pokéball, et en fit sortir Terhal. Le pokémon, vexé de ses deux défaites consécutives, semblait bouder : son œil rougeoyait peu.
"Hey, Terhal, ne m'en veut pas trop. Ce type était trop fort... Même Minidraco a été battu."
Le dragon serpentait tranquillement vers la fenêtre, sans trop prêter attention à son compère massif, qui lui le guettait avec insistance, passablement envieux de son talent, sans doute atteint dans son orgueil.
Il lévita à son tour vers la fenêtre, curieux de l'aspect nocturne de la ville.
- Bon, Peter, avant que tu ne t'endormes, on pourrait peut-être dîner ? On n'a rien avalé depuis le casse croûte sur Rapasdepic.
- Et encore, j'en ai fait tomber la moitié.
Ils entamèrent un sandwich qu'ils avaient emporté avant de quitter Ebenelle.
- Tu sais, je t'admire, Peter. Malgré ce qui est arrivé à Lance et à ta sœur, tu restes calme et maître de toi. Ce ne doit pas être facile.
- C'est parce que j'ai un but. Quand ce ne seras plus le cas, j'aurais le temps de penser à être triste.
Leur repas terminé, ils regardaient à leur tour la nuit d'encre qui planait au dessus de la ville. Le brouillard ne laissait apercevoir ni la lune ni les étoiles, et il ne tombait sur les bâtiments que des reflets de l'ignoble éclairage urbain de Safrania. Mais, si ce paysage n'était beau, il avait par contre un aspect fascinant, hypnotique.
Les deux jeunes dresseurs étaient tout à leurs pensées quand Terhal chut sur le sol sans crier gare, provoquant un véritable vacarme.
- Terhal ! Qu'est-ce qui t'arrive ?
Le pokémon rayonnait, projetant autour de lui une pâleur mauve. L'air autour de lui se distordait. Un bruit étrange s'élevait. De toute évidence, quel que chose d'anormal était en train d'arriver à Terhal. Les deux amis ne savaient que faire. Pierre voulu faire un mouvement en direction de son pokémon, mais une espèce de mur invisible l'empêchait de l'atteindre. Peter s'exclama:
- On dirait une onde psy!
- Qu'est-ce qu'on peut faire? Terhal, qu'est-ce qui t'arrive?
Le corps du Pokémon luisait de plus en plus intensément.
La porte de la chambre s'ouvrit en coup de vent. Le père de Pierre fit irruption dans la pièce, saisit la pokéball de son fils, et rappela Terhal.
- Papa ? Qu'est-ce qui c'est passé ?
- On dirait que j'arrive à point nommé, dit le champion en posant la pokéball sur le lit. Vous n'êtes pas blessés? C'est la ville. Il a été remarqué que les pokémons psys ne pouvaient pas avoir un comportement normal dans Safrania. Quelque chose les perturbe beaucoup, mais on ne sait pas quoi. Je ne pensais pas que Terhal serait lui aussi atteint d'une de ces crises... Sinon je t'aurais conseillé de ne pas le sortir de sa ball. Ne le ressors pas tant qu'on ne sera pas partis, il pourrait devenir agressif. Je pensais que les autorités safranes avaient trouvé une solution à ce problème, mais il semble que non. Ils ont eu des ennuis graves, il y a une vingtaine d'années, ici. Un puissant pokémon psy a tué tout un quartier avec l'une de ses attaques. On n'a jamais compris ce qui avait été la cause de ce drame. Toujours est-il que les pokémons psys ont un comportement très imprévisible ici. Je m'en veux de ne pas avoir été plus prudent. Heureusement, je suis arrivé à temps. Ne faîtes rien d'imprudent, ce soir.
Bon, les enfants, la journée de demain sera longue. Il faut vous reposer.
Bonne nuit !
Le père de Pierre quitta la pièce.
- C'est quand même incroyable ! L'air de cette ville est vraiment malsain ! fit remarquer Peter, encore sous le coup de la scène qui venait d'avoir lieu sous ses yeux. Pierre regardait par la fenêtre, sa pokéball dans la main.
- Eh, regarde dehors ! Tu vois, sur l'immeuble ? On dirait un Airmure. Il y a quelqu'un monté dessus .
- A cette heure, s'envoler ? Mais on n'y vois pas à deux pas !
- Peut-être que ce type ne veut pas être vu...

Giovanni s'assit derrière son bureau, et fit signe a ses deux lieutenants et à Sandra de faire de même. Le fauteuil craqua sous la masse du Major, tandis que le Commandant Morgane ignora l'invitation et resta debout.
- Bon, écoutez-moi, vous trois. Les événements de Ebenelle ont pris un tour fâcheux. Le doyen a du prévenir les brigades, qui doivent rechercher le coupable. Il ne fait pas bon pour nous d'y être. Heureusement, grâce à Sandra, nous avons pu mettre la main sur les pokémons du champion. Merci pour ton aide, nos recherches vont beaucoup accélérer...
- Elle a du talent, la jeunette ! Dit de sa voix forte le Major. Et comment a-t-elle réussi ce tour de force ?
- C'est la fille du champion. C'est elle qui l'as tué.
Le Major en eut le souffle coupé. Morgane esquissa un sourire railleur. Sandra quand à elle détournait le regard, sous celui inquisiteur et perçant, et cependant vide de toute expression, de Giovanni.
- Et ben...
- Bon, ce sera tout, Major. J'ai des ordres pour vous. Vous allez transmettre ces balls au professeur Auguste. Il est au manoir de Cramois-île. Vous croiserez sans doute Maximilien. Ne vous faîtes pas remarquer. Le devenir de ces pokémons me concerne seul, je ne veux pas qu'il s'immisce dans mes affaires. C'est un homme en qui j'ai confiance pour son talent et son efficacité, mais trop intelligent pour ne pas avoir ses propres vues. Il ne doit pas savoir où sont ces balls, compris ! Il doit continuer à les croire ici, à Safrania.
- Reçu Boss. Le géant se leva, pris les deux pokéball que lui tendait Giovanni, et se dirigea vers la porte.
- Avant de partir, dit aux gardes de faire monter Persian.
- Ok, Boss. Il va être content de vous revoir.
La porte se referma derrière lui.
- Bon, Sandra, nous allons pouvoir parler sérieusement. Nous sommes ici au quartier général de la Team Rocket. Ce n'est pas un choix anodin. Safrania est une ville totalement livrée à elle même, et nous pouvons œuvrer en toute tranquillité. Mais ce n'est pas tout. La mauvaise réputation de la ville nous sert beaucoup. Ici, il n'est pas étrange de se trouver mal. Or, la ...particularité du commandant Morgane fait qu'elle ne peut pas passer inaperçue dans une ville normale. Et je ne peux pas me passer de son talent. Elle est ici pour former les nouvelles recrues. Je ne pense pas que tu aies besoin de beaucoup plus d’entraînement, mais tu apprendras beaucoup à son contact. C'est une dresseuse hors pair. Elle va s'occuper de toi pendant tout ton séjour ici, avant que tu ne sois envoyée sur le terrain pour différentes missions, quand tu seras assez aguerrie.
- Vous me l'avez déjà expliqué. Tout ce qui m'importe, c'est d'obtenir ce que je vous ai demandé.
- Tu trouveras ton pokémon, Sandra. Je te l'ai promis. Mais en attendant, tu dois honorer ce qu'il te reste de contrat. Je dois te dire que je suis déjà très satisfait des pokémons que tu nous as apporté. Je ne sais pas si il était absolument indispensable pour cela de tuer Lance...
- Il avait essayé de me raisonner. Il a compris ce que je voulais faire. Il était une menace. Il ne m'a pas laissé de choix.
Le sourire de Morgane s'élargit un peu plus. Sa voix retentit dans la tête de Sandra
- Enfin bref, désormais, si tu veux que nous t'aidions, il va falloir que tu nous aides nous !
- Je vous ai déjà dit que j'acceptais, répondit-elle sèchement en direction de Morgane.
- Et bien, comme l'a dit le Major, bienvenue dans la Rocket ! Tu devrais aller dormir, Sandra, le voyage a été long. Le commandant Morgane va t'accompagner dans tes appartements. Tu pardonneras leur simplicité, je l'espère, nous sommes à Safrania, pas à Rosalia.
- Merci de l'attention que vous avez. Bonsoir.
Elle se leva, et sortit, accompagnée de Morgane, qui fit un rapide salut en direction de Giovanni. Ce dernier resta seul un moment, quand un garde en uniforme entra, talonné par un splendide Persian, le pelage d'un beige clair et le rubis de la tête étincelant. Il poussa un miaulement satisfait en apercevant Giovanni, et se précipita sur ses genoux. Giovanni fit signe au sbire de s'en aller, et entrepris de câliner son Persian. Loin à l'ouest, un Noarfang commençait son chant.

Chapitre 8 : Nuisances
Les seuls pas de Sandra résonnaient sur les dalles du premier sous-sol du bâtiment safran. A ses côtés, l'étrange lieutenant de la team rocket, Morgane, se déplaçait sans un son. Sa présence iréelle n'était attestée que par son ombre se  projettant sur le sol, éclairée par les néons du plafond.
Mais elle aurait tout aussi bien pu ne pas être là.
Les deux jeunes femmes n'échangèrent pas une parole. A intervalles réguliers, Morgane ouvrait les portes vérouillées d'un geste de la main. Après quelques minutes, elles s'arrêtèrent dans un couloir faiblement illuminé, devant une porte numérotée 117. La voix de Morgane résonna alors dans la tête de Sandra.
- Voilà tes quartiers. Il y a tout ce dont tu peux avoir besoin dans cette chambre. Tu y trouveras quelques uniformes rocket pour remplacer tes propres vêtements. Désormais, tu ne seras autorisée à porter que ces tenues. Ton grade est celui d'admin rocket. Cela signifie que les sbires de la base et sur le terrain, ainsi que les officiers scientifiques suivront tes ordres, sauf contre indication de tes supérieurs hiérarchiques. Désormais, le Major Robert Bolt, le leader du quartier d'information Hircine Koga, le chef du département scientifique Henri Auguste et moi même sont tes supérieurs hiérarchiques directs. Nous sommes les seuls à décider de ton affectation, hormis le Boss, bien sûr. Les membres de nos unités personelles, à savoir les troupes de Choc, l'unité ninja Daito, le haut quartier de recherche rocket, l'Alpha, ainsi que la garde personelle du Boss, n'obéissent qu'à nos ordres directs, aussi il est inutile de tenter d'obtenir quoi que ce soit d'eux. Mais il y a peu de chances que tu rencontres un membre de ces unités, elles officient pour la plupart en dehors de Kanto, hormis quelques chercheurs et les favoris de la sécurité de Giovanni. Voici ta carte d'accès aux bâtiments, et ton galon d'admin rocket. Tu dépends spécialement de mon commandement, donc ce galon te marque comme affiliée à l'Alpha. Tu trouveras dans le couloir un plan des installations.
- Bien. Quels seront mes prochaines affectations?
- Patience. Il faudra d'abord tester tes capacités plus avant. Rendez-vous à 6h demain, deuxième sous-sol, salle d'entraînement.
- J'y serais.
Morgane esquissa un autre de ses sourires mauvais, et s'éloigna dans les profondeurs du QG rocket.
Sandra laissa échapper un soupir, et poussa la porte de ses appartements. La conversation mentale avec Morgane l'avait épuisée. Elle verouilla sa porte, et se laissa tomber sur le lit de la chambre.

L'aube safrane n'avait rien de plus attrayant que sa nuit. Une teinte sale couvrait les murs, tandis que la brume désagréable masquait les contours des bâtiments, donnant à la ville une apparence brouillonne, incomplète.
Passablement mal réveillés, Peter et Pierre avalaient péniblement le mauvais petit déjeûner de l'hotel. Minidraco, dans un état plus heureux, ayant profité des restes de sandwich de la veille, regardait vaguement en direction de la rue, cherchant quelque évènement intéressant qui manquerait à coup sûr d'arriver, dans la cité vide. Au loin, un train de marchandises quittait bruyamment la gare.
Parti très tôt le matin régler quelque affaire pressante, le père de Pierre avait laissé aux deux garçons une lettre, avec quelques suggestions pour tuer le temps de manière utile dans Safrania, en attendant le départ le soir même pour Carmin sur Mer. Aucun des trois ne tenait à s'éterniser dans la triste capitale de Kanto.

- Alors Pierre, dit Peter en baillant à s'en décrocher la machoîre, on fait quoi d'abord? La visite au dojo d'arts martiaux, ou les nouveaux produits pour dresseurs de la Sylphe?
- Je pense qu'on peut commencer par la Sylphe, il ne doit pas y avoir grand monde au dojo à cette heure.
- Comme tu veux.
Ils terminèrent tant bien que mal leur ersatz de repas matinal, et se mirent en route. Peter fit monter Minidraco sur son épaule, qui lova sa queue autour de son bras. Les lampadaires de la rue continuaient inutilement à jeter leur lumière crue même dans la clarté du jour.

- Bon, d'après le plan de mon père, les locaux de la Sylphe sont à quelques pas d'ici. Je pense quee l'on doit tourner à droite, là
- Je te suis.
Ils marchèrent ainsi quelques instants, et arrivèrent devant le fier et grand bâtiment de la Sylphe SARL.
- Et ben, ils ont les moyens...
- Comme tu dis! Regarde, il doit y avoir cinq gardes à l'entrée! Ils ne plaisantent pas avec la sécurité.
- Surtout qu'ils n'ont pas l'air commode.
Alors qu'ils se dririgeaient vers l'entrée du bâtiment, les cinq vigiles à la mine patibulaires les suivirent des yeux. L'un d'eux s'approcha.
- Les jeunes, vous ne pouvez pas visiter les locaux aujourd'hui. Il y a une réunion des dirigeants, et elle n'est pas ouverte au public. Merci de votre compréhension.
- Oh... Mince.
- Tss, on n'a plus qu'à aller au dojo.
Comme ils voyaient que le garde avait l'air très pressé de les voir partir, ils s'éloignèrent avec dilligence.
- Pff, ils ne sont pas super sympa, ici.
- Réunion tu parles!
- Qu'est-ce que tu veux dire?
- C'est de ce bâtiment que le Airmure a décollé, hier, Pierre. Je le reconnais, maintenant.
- Hein? Tu es sûr? Et alors, qu'est-ce que ça peut bien faire?
- Je suis certain qu'une entreprise dont les membres attendent la couverture de la nuit pour s'envoler, dont les locaux surveillée par cinq molosses doit avoir des raisons autrement plus importantes qu'une réunion de direction pour fermer. Le manque à gagner d'une journée de fermeture pour une entreprise pareille est énorme. Il doit y avoir quelque chose derrière
- Ecoute, c'est un peu rapide comme déductions, non? Et puis les safrans sont tous un peu tordus... Bon, il faut que l'on aille faire un tour au dojo, maintenant.

Peter aquiessa d'un signe de tête, visiblement pensif. Ils errèrent un certain temps dans les rues de la cité d'or, perdant et retrouvant leur chemin avec autant d'adresse. Ils arrivèrent enfin sur la place sur laquelle le dojo figurait sur le plan.

- Bon, on va pouvoir s'entraîner, maintenant!
- Je ne sais pas si c'est raisonable que Terhal sorte de sa pokéball, vu ce qui c'est passé hier...
- C'est vrai... Mais rien ne nous empêche d'assister aux combats des autres dresseurs du dojo. J'ai lu qu'ils étaient tous spécialistes des pokémons de type combat, et d'un assez bon niveau. En tout cas, on à rien à perdre!
- C'est sûr.
Alors qu'ils traversaient la route, une forme sombre attira l'oeil de Peter. A droite du dojo se tenait l'arène pokémon safrane. Une silhouette en uniforme noir, semblable à ceux des gardes de la sylphe, venait de quitter le bâtiment, suivie par trois autres, pareillement vêtues.

- Attends une seconde Pierre.
- Quoi, qu'est-ce qu'il y a?
 
Peter scrutait les quatre individus qui s'éloignaient de l'arène.

- Pierre, ce sont les même types que ceux de la Sylphe. Qu'est-ce qu'ils fabriquent dans l'arène?
- J'ai vu. Et alors? Ils doivent avoir leurs raisons. Moi, ce qui me surprends, c'est que la Sylphe engage des femmes pour faire le boulot de pitt bull à l'entrée. Regarde, elle a l'air à peine plus vieille que nous, celle là. De toute évidence, c'est elle qui commande, regarde les armoires à glace à côté, ils ont l'air de faire profil bas!
Peter scrutait la silhouette féminine avec attention, quand son coeur fit un bond dans sa poitrine.

- Sandra!
- Quoi?!

Chapitre 9: Le commandant Morgane
Sandra regardait l’asphalte safrane s’écouler devant ses yeux, fixement. Les deux sbires qui l’encadraient s’étaient contentés de la saluer de manière exagérément formelle, et n’avaient pas prononcé un seul mot depuis qu’ils s’étaient joints à elle. De toute évidence, la discipline de la Rocket était un élément à ne négliger sous aucun prétexte. Peu étonnant que de nombreux sbires tournent rapidement à l’ultraviolence dans des conditions aussi ternes. Mais le silence des deux voyous était pour Sandra particulièrement bienvenu. L’entrainement avec le commandant Morgane avait été particulièrement pénible et douloureux.
Morgane n’était pas juste une dresseuse compétente et une instructrice talentueuse. C’était une dangereuse maniaque et une sadique. Le combat, prétendument voué à tester les compétences de Sandra, n’avait été qu’une humiliation savamment orchestrée, une blessure à l’orgueil administrée avec lenteur. Sandra avait été autorisée à utiliser tous ses pokémons durant le match. Morgane n’en avait eu besoin que d’un seul. Pire, elle avait utilisé de bout en bout un Abra ridicule. Un pokémon psy de moins d’un mètre de haut qui passait l’essentiel de sa vie en sommeil paradoxal avait écrasé le fier Draco, l’endurant Airmure, le téméraire Hypocéan.

Pourtant, dès que Sandra avait passé le pas de la salle d’entrainement particulière de Morgane, elle avait su que le combat n’aurait rien d’ordinaire. La pièce était mal éclairée, mal ventilée, et il y planait une odeur rance. Sur le sol, des néons violets dessinaient les limites de l’arène. Morgane avait prit place sur une chaise à l’une des extrémités de l’arène.

« - Prends position, » avait-elle mentalement ordonné à Sandra.

 Le commandant avait revêtu une combinaison violette sombre, et complétait son apparence étrange en déroulant un fouet de cuir machinalement. Le fait qu’elle le fasse sans toucher directement le fouet était plus troublant encore. Mais de tels tours et tentative d’intimidation ne suffiraient pas pour troubler Sandra, du moins avait-elle tout d’abord pensé. 
Sandra, elle vêtue de sa nouvelle tenue d’admin rocket, prit à son tour place de l’autre côté du cercle de combat. Elle sentait dans sa tête la présence indiscrète et mauvaise de Morgane. Une empreinte désagréable, oppressante. La voix mentale se fit à nouveau entendre, presque railleuse. En face d’elle, le commandant arborait un demi-sourire, jouant encore avec le fouet lévitant.

« - Et bien, quand tu veux. »

Sandra avait décidé de couper court au jeu auquel se complaisait son nouveau supérieur hiérarchique. Elle mit la main à sa ceinture, et lança sa pokéball sur le terrain.

« -Draco, en avant. Je sais. »

Une fois de plus, La voix se faisait entendre ! Avant même que le Draco n’émerge effectivement de sa ball, le commandant avait prononcé les mots qu’elle s’apprêtait à dire elle-même. Télékynésiste, précognitive, télépathe… Morgane savait que ses dons étaient susceptibles de perturber, et cela devait faire partie de sa stratégie.

« - « A votre tour, maintenant ». C’est ce que vous vouliez dire ? Pourquoi tant de précipitation, admin Sandra ? Vous devriez vous adresser avec plus de mesure à votre supérieur. Si cela ne vous ennuie pas, vous garderez le silence pendant ce match. Je ferais moi-même vos paroles et les miennes. Cela évitera de perdre du temps. Contentez-vous d’agir. Ou plutôt, non, contentez-vous de penser. Quand à votre adversaire, le voici. »

Au moment où la voix de Morgane se tut, là où une fraction de seconde auparavant seul le néant faisait face à Draco, un pokémon  se tenait. Un Abra. Un minuscule Abra. Un ridicule Abra, probablement tout juste capable de lancer un flash pathétique ou de fuir comme il était arrivé, par téléportation. Sandra se sentait passablement agacée.

« -Je suis trop sûre de moi, selon vous, admin Sandra ? Vous voudriez vous moquer, si vous pouviez parler ? Voyons donc. Bon, comme vous le souhaitez, Draco, attaque souplesse ! »

Sandra voulut faire un mouvement de protestation, et lancer elle-même l’ordre à son pokémon. Mais elle en fut incapable. Elle était entièrement entravée. Morgane maitrisait chaque centimètre-cube de son corps, et occupait son esprit. Le match qui allait se jouer n’allait être qu’un jeu de marionnettes. Sa seule marge d’action était de penser à l’action que devait accomplir son pokémon, et espérer que le commandant railleur daigne le répercuter.
Mais, effectivement, Draco se précipita sur l’Abra immobile, prêt à lui assener un coup de toute la puissance de son grands corps serpantin. Mais le point que Draco fracassa était entre temps vide. Quelques millimètres hors de portée, abra se tenait, immobile encore. La voix de Morgane retentit à nouveau, fanfaronne.

« - Oui, l’attaque téléport, vous aviez deviné juste, admin Sandra. Mais ne vous inquiétez pas, je n’ai pas l’intention de fuir vos attaques. Laissez-moi néanmoins m’amuser un peu. Voyons, attaque Draco-rage, désormais ? Bien, Draco, utilise Draco-rage sur Abra. »

Le dragon, visiblement dérangé aussi de recevoir les ordres mentalement, et frustré par l’échec humiliant de l’attaque précédente, attaqua à nouveau avec violence, vomissant un déluge d’énergie en direction du Abra. L’arène sombre se retrouva en une seconde flamboyante et aveuglante. Mais le faisceau d’énergie s’effondra, s’affaiblit, comme tamisé, terminant en une pluie de lumière inoffensive sur Abra, toujours immobile. Dans la tête de Sandra, contrainte au silence, Morgane s’esclaffait.

« - Enfer, misère, un mur Lumière ! Comme vous avez raison de vous insurger ainsi, admin Sandra ! Estimez-vous heureuse que je vous empêche de parler. Si vous vous énerviez de vive voix contre un de vos supérieurs, il pourrait vous en coûter… Bon, assez joué. Vous voulez que Draco utilise hâte, c’est très bien. Peut-être qu’un peu de vitesse vous permettra de passer cette défense impénétrable. Draco, fais nous donc le plaisir d’utiliser hâte. »

Mais Draco n’eut pas même le temps de se mettre en position. Abra avait finalement bougé. Une fraction de seconde, sa silhouette était devenue indistincte. Son corps avait lui d’une aura du même violet que celui de la combinaison de sa maîtresse. L’instant suivant, le pokémon de Sandra était terrassé. Sa dresseuse, incapable de faire le moindre geste, ce sentait elle-même collapser en elle-même.

«- Que pensez-vous de cette attaque Psyko ? Terriblement rapide et efficace. Votre pauvre dragon a l’air mal en point. Oh, mais je constate que vous aussi, vous n’avez pas l’air au mieux de votre forme. Ne vous inquiétez pas tant, je ne vais pas achever votre brave bête. Un sbire va le conduire au centre de soins du bâtiment, ne vous en faîtes donc pas. Je comprends aussi votre surprise. Un Abra avec Psyko, qu’est-ce donc que cela ? »

Sur ces mots, un des sbires vint prendre la pokéball de Sandra posée au sol, et y fit rentrer le Draco gisant. Puis il quitta rapidement la salle, visiblement pressé de gagner un endroit moins malsain.
Le combat avait ensuite continué, mais Sandra avait d’ores et déjà compris que tout ce qu’elle pourrait faire serait sans aucun effet. Méthodiquement, Morgane entonnait son monologue, comme si elle jouait avec des poupées dont elle racontait l’histoire. L’Abra, sans aucun effort apparent, écrasa l’équipe de la jeune admin. Elle ne pouvait qu’observer, impuissante, incapable de mettre fin au match, incapable ne serait-ce que d’abandonner. A chaque fois qu’un de ses pokémons s’effondrait, elle sentait la présence de Morgane amplifier le sentiment de honte et d’impuissance qui la saisissait. Elle hurlait intérieurement, souffrait, mais sa supérieure faisait fi de son déchainement de rage et de frustration, saisissant au vol la moindre pensée qui pourrait passer pour un ordre d’attaque pour l’imposer à ses pokémons. Enfin, quand Hypocéan fut finalement emporté par un sbire, inconscient, elle sentit la poigne mentale de Morgane se relâcher. La seconde d’après, Sandra perdait à son tour connaissance. 
Elle était revenue à elle, adossée contre un des murs de l’arène lugubre. Comme si elle avait été maintenue la tête sous l’eau jusqu’au point de se noyer, elle prit violemment sa respiration, le corps parcouru de spasmes. Sa vision était encore floue, et elle eut besoin de quelques secondes supplémentaires pour reprendre conscience de ce qui l’entourait.
 Sous l’éclairage faiblard, Morgane était toujours assise sur sa chaise, jouant avec son fouet de cuir. La tant redoutée voix mentale se fit à nouveau entendre, pleine de mépris.

« - Bien, vous revoilà parmi nous. Je peux sentir toute la colère et le sentiment d’injustice qui vous saisit. Pour vous, ce match n’était pas fair, n’est-ce pas ? Ecoutez-bien ce que je vais vous dire. Malgré tout ce que vous pourrez faire pour cette organisation, il faut que vous compreniez clairement qu’ici, seules nos règles s’appliquent.
 Votre égo surdimensionné, à moins que vous ne deveniez vous-même instructrice, laissez-le de côté. Vous comprendrez bien vite pourquoi toute la division safrane est un modèle de discipline… Personne n’a envie d’envisager ce que serait un rappel à l’ordre de la dirigeante de l’Alpha… Croyez-moi, Koga et Bolt ont beau être craints eux aussi, ils seraient les premiers à se plier en quatre pour éviter que j’ai quoi que ce soit à leur reprocher. Vous saisissez? Ici, nous ne sommes pas fair. Seul le résultat compte. Je pense que c’est assez clair pour vous, vous avez tué votre père de sang-froid pour la simple raison que c’était plus pratique pour voler ses pokémons. Cela veut dire que vous avez typiquement l’esprit qu’il faut pour aller loin ici, et  cela est l’unique raison pour laquelle vous avez brûlé les étapes. Vos compétences de dresseur ne valent rien pour la rocket, si vous vous obligez à combattre loyalement. C’est ce que vous allez apprendre ici. Maintenant, trainez votre carcasse poussiéreuse jusqu’à vos quartiers. Vos pokémons ont été soignés. Votre mission prochaine est toute prête. Vous allez diriger l’équipe de surveillance de l’arène de Safrania. Attelez-y vous dès que vous tiendrez à nouveau sur vos jambes. Rompez, admin. Si vous en êtes capable… »

Avec un effort de volonté semblable plus à un instinct de survie qu’à une décision consciente, Sandra chancela jusqu’à la porte de la salle d’entrainement. Elle regagna ses quartiers dans un état entre le coma et la dépression nerveuse.

 Quelques heures de repos plus tard, dégouttée, elle était allée prendre son poste en tant que chef de la division de l’arène de Safrania. Un banal boulot de vigile à casquette pour sa première mission. Le commandant avait de toute évidence envie de lui faire comprendre la signification des galons au sein de la rocket, et de pousser l’humiliation à son paroxysme. En plus, il y avait ces deux sbires visiblement privés de cerveau qu’elle était censée superviser, mais qui se contentait de la suivre comme son ombre, la reluquant à qui mieux mieux en se croyant discrets. La lumière insistante des lampadaires de Safrania, qui, fidèles à eux-mêmes, n’étaient jamais éteints, semblait vouloir s’incruster de manière agressive sur la rétine de la jeune dresseuse. L’odeur fétide de la Cité d’or, son ambiance glauque, ses habitants sans substance… Tout semblait vouloir souligner et rehausser, amplifier la présence de la folle maîtresse du type psy qui en avait fait son antre. Sandra se sentait observée par chaque fissure dans les murs, chaque Nosferapti tapi sous les toits, dans le regard vitreux des sbires qui l’accompagnaient. Il était fort probable que Morgane soit effectivement en mesure de la surveiller à distance, tout en vaquant à d’autres occupations pour la rocket. Mais Sandra savait que cette impression pourtant justifiée ne provenait pas de sa supérieure, pour la bonne et unique raison que Morgane n’avait pas la moindre once d’intérêt pour les actions de la nouvelle admin, et qu’elle l’avait clairement compris.

L’arène qu’elle avait pour mission de surveiller était particulièrement moderne, mais également particulièrement laide. Elle jurait avec le vieux dojo traditionnel voisin, un des plus anciens bâtiments de la Cité d’or et l’un des seuls à ne pas avoir été rasé pour laisser place à un building sans âme. L’arène semblait vouloir se moquer, caricaturer le digne dojo d’entrainement, lui volant sa silhouette générale et la rabaissant par un flot de néons de mauvais goût. Sandra se sentait particulièrement à vif, presque prise de sympathie pour la vénérable bâtisse.
Elle avait encore trois bonnes heures de cette surveillance vide de sens à effectuer. Elle savait que l’arène pouvait parfaitement bien se passer de la moindre supervision, dans la mesure où le commandant Morgane pouvait à tout instant s’y téléporter, et même surveiller par télépathie ce qui s’y passait.
Mais la défaite encore toute récente la blessait plus que tout. Ses pokémons, qui avaient confiance en elle, avaient été balayés sans difficulté. Son orgueil était attaqué comme jamais auparavant. Les poings serrés le long de sa tenue noire d’admin, elle fixait l’asphalte safrane.

Quand soudain, elle entendit une voix familière l’appeler.

« - SANDRA ! »

Elle se retourna vivement, et, ébahie, vit son frère se précipiter dans sa direction, suivie du fils de Rochard, le champion de Hoenn. Les deux sbires roulèrent des épaules, prêts à s’interposer si les enfants s’approchaient de trop. D’un geste, Sandra leur fit signe de s’immobiliser. Son frère se mit à crier les questions qui lui brûlaient les lèvres.

«- Qu’est-ce que tu fais avec ces types ? Qui ils sont ? Qu’est ce qui est arrivé à Père ?! Sandra, tu vas bien ? Pourquoi tu es partie ? Grand-père disait que tu serais à Hoenn ! »

Peter semblait complètement désorienté, rien ne faisait sens. Il se contentait de débiter mécaniquement toutes les questions qui lui passaient par la tête, ne sachant que faire ensuite. Tétanisé par le regard froid de sa sœur qui semblait passer au travers de lui.

«- Rentre à la maison, Peter, tu n’as rien à faire ici. Ce que je fais ne te regarde pas. Ce qui concerne Père m’est complètement égal. »

Sur ses mots, Sandra tourna les talons, et se dirigea vers l’intérieur de l’arène.

« - Sbires, raccompagnez ces enfants à la gare de Safrania. Je les veux dans le prochain train pour Doublonville.

- Quoi ?! Mais qu’est-ce que tu racontes, Sandra ! Tu dois venir ! Père a été tué ! On a tous besoin de toi, là-bas ! »
Alors que les sbires s’approchaient des enfants, Sandra s’immobilisa. Sans se retourner, elle lança à son frère :
« - Imbécile. Je sais qu’il est mort. Je m’en fous, pour la bonne raison que je l’ai tué moi-même. Maintenant, tu as tes réponses, dégage. Inutile d’essayer de faire quoi que ce soit avec la brigade, Safrania est indépendante. J’espère pour toi et ton ami que je ne vous retrouverais plus sur mon chemin. Sbires, emmenez –les, maintenant. »
Impuissant, saisit au collet par l’un des gorilles en tenue noire qui accompagnait sa sœur, Peter vit la porte de l’arène se refermer derrière elle. Pierre lui se débattait du mieux qu’il pouvait, mais sans obtenir le moindre résultat. Les sbires les entrainaient sans difficulté loin de l’arène. Mais ils ne semblaient pas se diriger vers la gare de Safrania, mais plutôt à l’ombre glauque d’un building.
« Du calme, le mioche » grogna le sbire à Pierre qui tentait de lui envoyer des coups de pieds. « Si tu fais encore un geste qui me déplais, je te fais ligoter par mon Abo.  Ah, mais au fait, tu as un pokémon ! Tiens, je pense que tu n’en auras pas besoin à Doublonville…
-Ne touchez pas à Terhal ! »
L’autre sbire émit un sifflement.
« Whoa, un Terhal ! Comment un gamin peut avoir un Terhal ? Et toi, le rouquin, un minidraco de compagnie ? Ce n’est pas mal. Pourquoi il n’est pas dans sa ball ? Ce n’est pas grave, j’en ai une pour lui qui devrait parfaitement aller ! »
Mais Peter, encore sous le choc des paroles de sa sœur, n’eut pas la moindre réaction, alors que Minidraco, terrifié, voyait le sbire dégainer une Hyperball, goguenard.
« Elle est bien, la nouvelle admin. Elle nous laisse du menu-fretin, mais avec des pokémons de luxe. Eh, gamin, elle est bonne, ta sœur. Sauf qu’elle s’est fait défoncer par le commandant, ta sœur. Elle a du bol d’être admin, si elle était sbire, on serait déjà allé lui montrer les bons coins de Safrania, entre collègues. Mais t’es trop petit pour comprendre, gamin, non ? J’ai envie de jouer à Papa-Maman avec ta sœur, gamin. Et pas que moi. Tous les types de l’escouade veulent se la taper. Là, tu piges? Faut dire que c’est pas sérieux, une admin aussi jeune. »
  Peter restait encore complètement sans réaction.
« Eh ben, on dirait qu’il est surpris que sœurette ait crevé papa, le mioche » reprit l’autre garde, qui, lassé par les tentatives de se libérer de Pierre, avait effectivement chargé son Abo de l’immobiliser.
Le sbire lança alors son Hyberball.
 Mais elle explosa en vol. De surprise, les deux sbires se retournèrent d’un bloc, lâchant leurs victimes. Devant eux se tenait un Métalosse, énorme. A ses côtés, le Champion Rochard.
« - Merde, c’est qui, celui-là ?
 - Vous avez fait la plus grosse erreur de votre existence de vermine . Métalosse, utilise Psyko.
- Arbok, Grotadmorv, Go ! »
Les sbires n’eurent pas le temps de lancer leurs balls. L’onde Psy de Métalosse les avait touchés, eux. En un temps très court leur cerveau reçut une décharge incroyablement élevée, comparable à un brutal court-circuit. Ils s’effondrèrent comme des pantins.
Le regard plein de mépris pour les deux loques en tenue noire au sol, le Maître de Hoenn aida Pierre et Peter à se remettre sur pieds.
« - Ils ont de la chance que je n’aie pas laissé Métalosse les tuer, ces déchets… Mais je ne suis pas comme eux. Ils vont se réveiller avec l’âge mental d’un enfant de deux ans et demi, et je pense que c’est une punition juste. Bon, vous n’êtes pas blessés ? Et vos pokémons vont bien ? Peter, est-ce que ça va ? Peter ?»



« Modifié: 27 janvier 2013, 20:38 par Vilgrav-Klaus »

Max

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12 octobre 2010, 21:18
C'est pas trop mal j'aime bien...
Par contre j'ai que lu le chap 1 parce que c'est un beau pavé le 2 et je manque un peu de temps ce soir

Vilgrav-Klaus

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12 octobre 2010, 21:22
En fait, je suis plus intéressé par ce que tu n'as pas aimé. Je dois m'améliorer...
Merci d'avoir lu!

M2K

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13 octobre 2010, 10:23
J'aime beaucoup.

Mais Lance et Peter ne sont ils pas une seule et même personne ?

Un point négatif : trop prévisible concernant la seule péripétie du récit :/

Brounaus

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13 octobre 2010, 11:42
Super j'ai beaucoup aimer  :winner:

Vilgrav-Klaus

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13 octobre 2010, 13:05
Comme je l'ai dit, je m'attarde uniquement sur le personnage de jeux, mais ceux du jeu français. Comme le père de Peter n'était pas précisé, je l'ai inventé. J'ai choisi de lui donner le nom de Peter en anglais, mais ce sont bel et bien deux individus distincts.
C'est la seule péripétie pour l'instant, mais ce n'est pas fini! Je vais rédiger d'autres chapitres. Je m'efforcerais d'être moins prévisible...
Merci pour vos commentaires!

M2K

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13 octobre 2010, 13:06
Après relecture de mon commentaire, je tiens à préciser que "la seule péripétie du récit" n'est aucunement un sarcasme même si il peut être considéré comme tel =p

Vilgrav-Klaus

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13 octobre 2010, 13:28
Mais je ne le voyais pas comme un sarcasme! La teneur en péripétie n'est pas représentative de la qualité d'un texte. Mais je vais m'efforcer de faire en sorte que les suivantes soient moins prévisibles, merci du conseil.

M2K

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13 octobre 2010, 13:30
J'ai employé le mauvais mot, disons critique au lieu de sarcasme :)

Vilgrav-Klaus

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13 octobre 2010, 13:33
Ya pas de problème! :D Et je n'ai rien contre les critiques et les sarcasmes (l'hôpital ne va pas se foutre de la charité, tout de même!)

Brounaus

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14 octobre 2010, 11:56
Pas mal chapitre 3

M2K

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14 octobre 2010, 12:02
J'adore le style d'écriture, surtout la conclusion du dernier chapitre.

Ça m'a fait penser à l'un des derniers chapitres du tome 6 d'Harry Potter, lorsqu'en rentrant de la grotte, ils découvrent la marque des ténèbres au dessus d'une des tours du château, tu as exactement le même style de narration que JKRowling.

Brounaus

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14 octobre 2010, 12:04
Tu parles de Harry Potter et le Prince de Sang-Mélé ou les Reliques de la Mort ?

Retrosasu

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14 octobre 2010, 18:46
Tome 6 il a dit hein --

Vilgrav-Klaus

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14 octobre 2010, 18:55
tu as exactement le même style de narration que JKRowling.

Merci, ça fait plaisir. Je suis en train de rédiger le numéro 4. Mais je ne supporte pas les bouquins de Rowling, ils me tombent des mains inexorablement. Quelle fatalité! :domo:

Vilgrav-Klaus

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15 octobre 2010, 14:54
Chapitre 4 terminé et ajouté! J'espère qu'il vous plaira.

Brounaus

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15 octobre 2010, 15:18
Bravo pour le 4

Vilgrav-Klaus

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15 octobre 2010, 18:38
Merci! je commencerai le 5 demain, ou ce soir si j'ai le temps, et l'inspiration.

Vilgrav-Klaus

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16 octobre 2010, 21:02
Chapitre 5 disponible!

Brounaus

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22 octobre 2010, 12:39
Déja fini ?

iLyan

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22 octobre 2010, 14:16
Déja fini ?

quand on est "déter" on fait tous rapidement & facilement ...
bah lui il est "déter"

Vilgrav-Klaus

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17 février 2011, 15:30
Voilà le chapitre 6. Je suis désolé pour avoir tant traîné, mais je n'étais plus sur Trash depuis un moment. J'espère qu'il vous plaira (c'est un chapitre de transition assez mineur, donc pas de grand truc important dedans. )

Vilgrav-Klaus

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18 février 2011, 01:33
Et le 7 dans la foulée. J'ai édité le premier message.

-S@M-

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18 février 2011, 08:02
Continue, on a trop peu d'activité dans cette section ;)

Vilgrav-Klaus

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18 février 2011, 16:08
Je vais faire mon possible, mais je ne pense pas pouvoir faire de 8 cette semaine... Dès que possible, et si les deux chapitres que je viens de poster vous ont plu.

Chucky

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22 février 2011, 15:14
Très bon mais par pitié, mets des tirets et guillemets aux dialogues.

Vilgrav-Klaus

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27 février 2011, 00:38
C'est étrange... Mon traitement de texte me pose les guillemets et tirets, mais ils ne passent apparemment pas. Je vérifierai. Désolé pour le désagrément, j'y remédie.

EDIT: Je me suis penché sur le problème, et l'ai résolu. J'utilisais des tirets automatiques qui n'étaient pas retranscrits. Je les ai restitués. Les textes ont retrouvé leur sens. Je travaille sur le prochain chapitre, j'espère que vous aurez la patience.
« Modifié: 27 février 2011, 00:57 par Vilgrav-Klaus »

Castho

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20 avril 2011, 23:13
Parce qu'il sait pas écrire, dirait-on. :)

Tyranocif Rex

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21 avril 2011, 14:39
Parce qu'il sait pas écrire, dirait-on. :)

Ptain l'école c'est plus ce que c'était :(

Vilgrav-Klaus

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08 mai 2011, 23:32
Je fais une apparition fantomatique pour publier un petit huitième chapitre de ma fiction sur Peter. J'espère qu'elle vous plait encore, je suis navré de ne pas pouvoir fournir plus régulièrement et rapidement les épisodes, mais je manque un peu de temps et d'inspiration, en ce moment. Mais dès que j'en ai, je continue.
Ceci est un chapitre de transition, il ne se passe pas grand-chose, mais j'espère qu'il vous donnera envie de "voir" la suite.
Je suis toujours ouvert à toutes les suggestions, de style, de forme, de sujets dans le cadre pokémon.

Je ne vais pas faire d'autre texte sur les autres Champions/Maîtres pour le moment, car peu sont aussi intéressant que Peter, mais je ferais peut-être un petit écart sur Morgane, champion d'arène que j'apprécie beaucoup.
Excusez mes venues de plus en plus espacées sur le forum (si vous en avez quoi que ce soit à foutre), mais comme dit plus haut, je manque un peu de temps. Mais comme un bon méchant, je ne suis jamais parti pour longtemps.

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