La Chronique de la Compagnie des Dingues

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Phénix

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05 décembre 2011, 20:56
Puisqu'en ce moment, on me parle beaucoup de fanfics et autres, autant poster une fanfic ... qui ne concerne pas du tout Pokémon, mais s'implante plutôt en Terre de Fangh. Il s'agit au passage de mon plus grand inachevé, ça fait près d'un an que je suis en panne d'idée pour terminer cette chose. En tout cas, autant vous en faire profiter, ça me permettra peut-être d'obtenir les avis et critiques nécessaires pour enfin débloquer l'inspiration pour terminer cette chimère fantasque de mon esprit.
En attendant, amusez-vous bien.

Prologue
Prologue

Extrait du Carnet de Voyage de Fumseck
« Au fil des années, j'ai longtemps arpenté les routes et les sentiers de la Terre de Fangh afin de parfaire mon art de combat avec deux haches et en apprendre un peu plus sur ce monde, histoire de faire découvrir à mon peuple de nouvelles choses et de gagner ma propre place dans l'histoire des nains. A la base, je n'avais fait que partir sur les routes suite à une mésaventure que je vous conterais plus tard, mais au final, ce voyage se transforma en une véritable quête dans laquelle on peut dire que les nains ont joué un grand rôle. Suite à une série d'évènements, j'avais fini par former avec quatre autres personnes une compagnie d'aventuriers, un peu bizarre aux yeux du monde mais ce n'était pas vraiment un souci car en général, ceux qui se moquaient de nous, l'autre bourrin du groupe et moi finissions par lui pourrir la tronche à coups de sabre et de hache, ce qui était la plupart du temps suffisant pour inciter nos autres détracteurs à nous ficher la paix. Nous voyagions donc à travers la Terre de Fangh pour diverses missions en apparence ordinaires, comme des récupérations d'objets, des nettoyages ethniques pour employer une version correcte pour l'extermination d'orques et gobelins, des escortes de marchands dans des zones ou même de véritables enquêtes dans certaines villes. Mais tout ça, sur le fond, c'était objectivement de la franche rigolade à côté de ce qu'on nous proposa un jour : la mission qui allait nous faire entrer dans la cour des grands. Et c'est justement suite à cette mission que nous avons choisi le nom de notre compagnie, celui auxquels seraient associés tous nos exploits. Laissez-moi donc vous raconter l'histoire de la compagnie des dingues. »

Chapitre 1
Chapitre 1 : rendez-vous inattendu à Mliuej
Où on arrive et on réunit en prison

L'art de la coordination dans une compagnie dépend de plusieurs facteurs tels que les affinités existantes entre les membres d'une compagnie et surtout la composition de l'équipe, parce qu'en général c'est l'association des talents des membres qui va faire leur système relationnel. Dans cette logique, les compagnies se forment donc sur des critères destinées à coordonner efficacement les équipes tels que le métier, la race ou même l'origine sociale et la religion. L'exception la plus courante à ce principe de formation de compagnie est le rendez-vous auquel différentes personnes ne se connaissant pas doivent se rendre sur ordre du commanditaire, aussi nous n'en parlerons pas parce que ce n'est pas vraiment ce qui s'est passé ici.

Mliuej. La cité naine ayant basé sa puissance sur la production et la vente de bière à travers la Terre de Fangh, ce qui a fait apparaître dans les mémoires un des stéréotypes les plus connus sur les Nains, stéréotype que les Nains ne cherchent pas vraiment à combattre puisque ça leur fait de la publicité gratuite pour leur activité. A la base exclusivement composée de Nains, la ville s'est peu à peu ouverte à l'extérieur et on retrouve diverses races qui se côtoient dans la ville, puisque ça fait marcher les affaires. Ainsi, plusieurs tavernes sont apparues afin de satisfaire le maximum de clientèle : taverne avec chaises basses pour les Nains, taverne résistante pour les ivrognes aimant se battre après une bonne cuite, taverne sombre pour mettre en place des complots et surtout la taverne par excellence, celle pour les missions d'aventuriers.

La Taverne du Clou Rouillé était une taverne relativement calme, la clientèle ayant un minimum d'éducation et le barman ayant l'habitude de couper efficacement sa bière avec de l'eau afin de prolonger les stocks, augmenter ses profits et surtout maintenir les clients suffisamment sobres pour qu'ils aient envie de continuer à consommer. Contrairement à la taverne de base, il n'y avait pas de scène pour faire entrer divers artistes, ça ne servait à rien et ça coûtait cher. Il y avait cependant un étage qui faisait office d'auberge à condition que l'on y réserve sa chambre à l'avance, car elles étaient réputées bien entretenues. Chez les Nains, la réception des invités qui payaient en règle leur addition était de rigueur, même si la plupart des gens informés savent que l'arnaque est également une tradition chez les Nains, puisque leur attirance pour les métaux les pousse à en extorquer un maximum aux autres. Bien sûr, ce n'est pas comme à Waldorg où tout est fait pour puiser un maximum d'or aux contribuables, mais là la politique monétaire est bien encadrée. Les Nains ne prendraient pas le risque que la valeur des métaux se dévalue suite à une arrivée en masse sur le marché, ça plomberait leur commerce et diminuerait les stocks appartenant aux Nains, ce qui serait vécu comme un drame national car en six millénaires d'exploitation, jamais un seul entrepôt minier nain n'avait connu de revue à la baisse des stocks.

C'est à cette taverne qu'arriva un nain guerrier appelé Fumseck. Il avait passé une bonne partie de sa vie dans les mines de Jambfer à faire marcher l'exploitation familiale mais il avait fini par prendre la route sur un malentendu familial. Au niveau physique, il se démarquait de la moyenne des nains puisqu'il possédait des jambes assez musclées, ce qui surprend en général, une barbe brune bien taillée de façon à s'arrêter au niveau du nombril, deux bras robustes et des yeux marron clair qui donnaient l'impression que le gars n'était pas vraiment amateur. Pour le reste, il se trimballait un casque en fer de facture correcte, un plastron de protection efficace qui avait fait ses preuves (enfin, c'est que le marchand qui lui avait vendu disait), des bottes en cuir quasiment neuves, puisqu'il devait en changer régulièrement à cause de l'usure et des gantelets en cuir destinés à protéger des poignets en cas de souci. Mais surtout on le remarquait à ses deux haches qu'il gardait en permanence derrière son dos, ce qui inquiétait la plupart des passants vu qu'en général les nains guerriers présentant une forme d' ambidextrie étaient connus pour ne pas faire de scrupule à utiliser leurs talents pour se débarrasser d'un problème quelconque. Dès qu'il arriva, il alla commander un tonnelet de bière et un terrine au gibier au patron puis se cala à une table suffisamment éclairée pour permettre une réflexion tranquille et la lecture de son manuel Maîtriser son ambidextrie, un ouvrage pour les guerriers qui se transmettait de père en fils dans sa famille jusqu'à ce qu'il se barre avec au moment de son départ. De son point de vue, il était mieux entre ses mains puisque ses frères étaient trop idiots pour comprendre que sortir dehors pour extorquer de l'or aux autres était plus facile que la mine, l'exploitation minière dépendant de la qualité et de la taille des filons alors que l'aventure était un business continu et rentable pour tout le monde quand on savait se renseigner.

Une heure plus tard, une dizaine de joyeux fêtards se ramena à la taverne avec l'intention de vider le stock de bière, ce qui agaça le nain puisqu'il préférait rester au calme, puis un second voyageur inattendu.
C'était un barbare plutôt étrange, il n'avait pas beaucoup de charisme, mais semblait néanmoins se déplacer assez vite, même pour un barbare. Pour son apparence, il était évidemment blond comme 90% des barbares, mais avait des yeux vert clair, ainsi qu'une musculature davantage destinée à la souplesse qu'à la force brute, ce qui prouvait qu'il avait passé beaucoup de temps au contact de la civilisation, sinon il restait comme tous les membres de sa tribu un gros bourrin sans cervelle. De plus, il semblait assez perspicace et parfois en le regardant dans les yeux, on se surprenait à penser qu'il avait développé son propre système de philosophie de vie. Au niveau de son équipement, il possédait une veste en toile légère, un pantalon en cuir d'auroch ainsi qu'une paire de bottes dissimulant à peu près son odeur. Enfin, il présentait un sabre bien aiguisé attaché à une ceinture de métal, et le sac à dos qu'il portait semblait disposer d'un matériel suffisant pour voyager tranquillement. Autant dire que ce n'était pas une petite frappe. Il alla également se commander un bon repas auprès du tavernier puis alla s'asseoir à la table de Jethenix puisque les joyeux drilles à côté n'étaient visiblement pas de bonne compagnie, d'autant plus que la débauche était quelque chose qui énervait pas mal de monde dans le bar. Quelques minutes passèrent puis le barbare se décida à engager la conversation.
« - Salut. Tu es nouveau ici?
- Pas vraiment, ça fait quelques temps que je traîne à Mliuej pour le travail.
- Quel genre de boulot?
- Protection et récupération, c'est assez calé et ça paye bien. Tu t'appelles comment?
- Dumlor. Et toi?
- Fumseck. Tu travailles dans quoi toi?
- J'ai pas vraiment de boulot . Disons que je travaille à mon compte. Parfois pour d'autres personnes, mais pas souvent.
- C'est-à-dire?
- Récupération d'objets précieux pour vente.
- Je vois. Ça paye bien?
- Oui, je m'en sors comme je peux.
Pendant qu'ils discutaient de leurs activités respectives, la consommation aux autres tables avait subitement augmenté, les clients prétextant que ce n'était pas de la bière efficace. Ils étaient beaucoup trop sous l'effet de l'alcool pour s'apercevoir qu'elle était coupée. En fait, leur comportement se rapprochait plus de la beuverie pure que la consommation de bière.
- Franchement, ces gars-là sont des gros abrutis, reprit Fumseck en parlant de ceux-ci. Chez nous les Nains, peut-être qu'on consomme beaucoup de bière mais pas comme ça, c'est plus pour la bonne ambiance et les relations sociales, pas de l'ingurgitation pure sans raison.
- Oui, c'est vrai que c'est con. Après, ils savent plus profiter.
- Là, je suis parfaitement d'accord. De toute façon, ça se voit que ce sont des grosses barriques dont on devrait se débarrasser en vitesse.
Cette dernière phrase n'échappa pas à l'un des ivrognes qui se ramena à la table des deux compères en titubant.
- Ehhhh, toi, qu'est-ce tu dis sur nous, enfoiré de nain? On boit donc on cause pas de blem, nabot, donc nous insulte pas.
- De quoi tu viens de me traiter là? S'énerva Fumseck, dont la voix venait de monter d'un cran, ce qui n'échappa à personne dans la taverne. Vous faites tous chier à boire comme des porcs, ce qui emmerde tout le monde, et en plus tu te permets de m'insulter. Pour qui tu te prends?
Cette tentative de moralisation fut applaudi par une partie de l'assistance, vu que la plupart des clients sobres de la taverne était sur la même longueur d'onde, le reste se foutant un peu de ce qui se passait.
- Ah, mais t'es vraiment un gros abruti d'enflure, toi. Tu fais quatre têtes de moins que moi et tu te permets de me faire la morale, gamin avec barbe fausse?
Là, il venait de dépasser solennellement la frontière entre « je vais finir par te taper » et « je vais te pourrir ta gueule, connard » chez les Nains. Au moment où il finissait son insulte, le barman eut le réflexe de verrouiller la caisse et de saisir une masse parce qu'il sentait que le vase débordait à flots. Chez les Nains, il existait six points dont le dépassement conduisait systématiquement à une grosse baston et dire à un nain qu'il portait une fausse barbe était l'un de ces points. Le deuxième point qui avait été dépassé par la même occasion était le fait que l'ivrogne se soit pris pour supérieur parce qu'il était plus grand. Autant dire que le situation était grave.
- Messieurs, arriva le barman avec sa massue, il serait temps de se calmer et en vitesse. J'ai pas envie d'être indexé sur les tavernes à baston de Mliuej.
- Mais de quoi tu te la ramènes, abruti de barman? Tu sers à rien ici et en plus, tu sers de la bière de merde donc retourne à ton comptoir à deux balles et fais pas chier pendant que je m'explique à ce con.
Là, c'était le troisième et le quatrième point qui venaient d'être franchis : la remise en cause de la fonction du barman et le refus d'accorder une quelconque qualité à la bière servie, d'autant plus qu'on était dans la ville de la bière. Là, la situation était suffisamment chaude pour qu'on puisse commencer à fondre du plomb sans forge. Le barman lança alors à Fumseck le regard entendu qui disait « éclate-moi cet abruti, je te déclarerai pas à la garde si tu le défonces ».
- Alors, tu fais moins le malin maintenant que je t'ai cassé en deux? L'apostropha l'ivrogne. De toute façon, ça m'étonne pas que tu sois comme ça vu que t'as un commerce de bouseux et t'es un pauvre lâche.
Et hop, jackpot ! Les deux derniers points avaient été passés : la remise en cause du talent commercial du tavernier et l'insulte directe à l'honneur d'un nain. Là, il était cuit.
- De quoi tu m'as traité, enflure de fiente de troll sodomisé? »

Maintenant que les hostilités étaient définitivement lancées, autant vous prévenir que la Taverne du Clou Rouillé allait perdre pendant quelques minutes sa réputation d'auberge-taverne tranquille et calme et où les clients ne posaient pas de soucis. Le barman par pur réflexe leva sa massue pour asséner un coup direct sur la tempe de l'ivrogne en face de lui, ce qui l'envoya rapidement valdinguer à l'autre bout de la salle afin d'y passer une bonne sieste instantanée, servie par la maison. A ce moment-là, en voyant leur pote battre son record de vol plané, ses neuf autres camarades furent pendant un moment tenté d'applaudir mais en fait, ils avaient percuté plus tôt que prévu qu'ils allaient également avoir des problèmes à rester plantés ici. Ils décidèrent donc de se lever et de prendre ce qui leur passait sous la main pour se défendre, chaises, couteaux, chopes de bière et écuelles entre autres. Or, il se trouvait qu'en même temps, le nain et le barbare se trouvaient sur la même longueur d'onde : la baston. Et comme ils n'étaient pas bourrés, ils sortirent en vitesse leurs armes et se jetèrent dans le tas comme de gros bourrins. La suite fut indescriptible, tant c'était le chaos dans la taverne et qu'on entendait régulièrement des cris de douleurs venant des ivrognes. Cinq minutes, les gardes du poste du secteur rappliquèrent pour arrêter le problème mais la seule chose qu'ils arrêtèrent fut le silence planant dans la salle, après que le nain et le barbare eurent intégralement maravés les gueules des ivrognes. Autant vous dire qu'ils se sentaient bizarres et qu'ils pointèrent instinctivement leurs hallebardes en direction du duo, sentant bien que ce n'étaient pas des rigolos de dernière catégorie. Cependant, histoire de rester dans la procédure, le sargent à la tête de l'unité décida de procéder à la traditionnelle  récolte de témoignages pour comprendre les faits :
- « Bon, qu'est-ce qui s'est passé ici? Gueula le sargent. Je croyais que cette taverne était censé avoir une réputation assez calme.
- C'est à cause de cette bande de connards par terre, expliqua le nain. Ils ont insulté l'honneur nain en prétendant que la bière de Mliuej était foireuse et que le barman avait reçu une formation merdique.
- Bon, là, je reconnais que c'est grave. Vous confirmez ça, les autres?
La plupart des clients encore debout acquiescèrent rapidement cette version des faits.
Apparemment, vous avez l'air sincères. Sur ce, je suis obligé d'appliquer le règlement de la ville qui dit que toute personne ayant été impliqué directement dans une bagarre doit être mise sous les verrous pendant 3 jours, seulement 1 s'il a été prouvé que les belligérants étaient en état d'attaque légitime, ce qui a l'air être le cas. Veuillez donc me suivre et vous n'aurez pas de problème.
- En résumé, on vient de laver la dignité des nains, et vous nous mettez en taule? C'est ça votre logique?
- Sincèrement navré, c'est la nouvelle convention qu'on a du adoptés à cause de l'augmentation des bagarres. Sur ce, vous ne devriez pas avoir de souci. Donc, suivez-nous sans faire d'histoire. »
Pendant un moment, Fumseck eut envie de continuer de se battre mais il pensa au fait qu'affronter une bande d'ivrognes était de la pure rigolade, ce qui est vraiment le cas, à comparer d'une dizaine de gardes sobres, armés et entraînés. D'autant plus que leurs lances étaient directement pointées sur eux et qu'ils avaient l'air stressés, donc un coup dangereux pouvait vite partir. Mieux valait se replier de son point de vue. Du côté du barbare, la volonté de continuer à se battre était beaucoup plus présente, mais il s'aperçut au bout d'un moment que son compère hésitait un peu et montrait des signes de fatigue, ce qui ne l'arrangeait pas tellement. La décision finale fut donc de se rendre.

L'escorte jusqu'au poste de garde de Mliuej se déroula sans encombre, l'histoire des faits de la taverne s'étant assez rapidement répandus dans le quartier et les passants n'ayant donc pas d'animosité particulière envers la garde et ses prisonniers temporaires. En revanche, au moment où ils arrivèrent à l'intérieur du siège de la garde de Mliuej, c'était le bordel complet. De partout fusaient divers cris et plaintes, des demandes de libération immédiates venant de parents en colère, des soûlards qui refusaient éperdument d'être mis dans une cellule, des geôliers et des gestionnaires nains qui ne s'y retrouvaient plus au milieu de tous ces problèmes. L'arrivée de dix gardes et de deux nouveaux prisonniers n'arrangeait donc strictement rien. Cependant, le sargent avait l'air d'être un habitué à ce genre de problème et décida de placer lui-même les deux compères dans la cellule destinée aux rétentions sur 24 heures, qui se trouvait au fond du couloir des cellules individuelles.

C'est une pièce assez spacieuse, mais pas trop quand même, on était dans une prison, avec cinq matelas usés servant accessoirement de lits et une table avec quelques chaises au centre de la pièce, ce qui prouvait que les gens mis dans cette pièce étaient relativement innocents et donc peu dangereux, aussi leur assurait donc une certaine forme d'hospitalité. Les murs étaient en granite d'une teinte claire et semblaient avoir été nettoyés récemment, et les barreaux de la fenêtre quasiment neufs. Enfin, la porte était solide et cerclée de fer, ce qui lui assurait une grande solidité. La pièce était enfin assez calme, même si le granite n'empêchait pas vraiment les prisonniers sur longue durée de gueuler à plein poumon pour faire chier le monde.

Fumseck et Dumlor furent donc laissés ici par les gardes et la première dont ils s'aperçurent, c'est qu'il y avait trois autres personnes avec eux dans la pièce.
Le premier individu était un humain de taille moyenne, avec des cheveux roux et des yeux bleus foncés, qui semblait avoir été affaibli à cause de diverses maladies. Il portait sur lui une cape de base, un bâton bizarre et une robe de couleur noire, ainsi qu'un pantalon, une chemise, des chaussures et des gants de qualité correcte : l'attirail convenable pour le voyage de base. Cependant, il semblait émaner une étrange sensation de lui, du type « je suis peut-être affaibli mais je peux vous faire pire », qui filtrait de son regard assez vif et perçant, faits pour analyser les moindres détails d'une situation. Enfin, son front plissé montrait qu'il savait se servir de son intelligence de manière efficace.

Le second était à l'opposé : c'était un représentant de la race des elfes, aux cheveux blonds et longs, de petite taille pour son espèce, qui avait également des yeux verts foncés et semblait en permanence dans les vapes. Il était allongé sur l'un des matelas et affichait une expression désintéressée, comme si tout changement dans la pièce lui passait à des kilomètres au-dessus du nez. Il portait sur lui une robe de couleur grise, ainsi qu'un pantalon en tissu étrange, une chemise ordinaire ainsi que des gants et des chaussures prévues pour le confort intérieur. Enfin, c'est que l'on pensait quand on voyait l'apparence extérieure de ces accessoires, parce que celle-ci était à la limite entre l'étrange et l'absurde. Enfin, il avait un bâton en bois posé à côté de lui.

Enfin, le troisième sortait un peu des sentiers battus : c'était un individu dont on ne saurait dire précisément si c'était un elfe ou un humain, avec ses yeux clairs, sa chevelure châtain claire et épaisse et ses oreilles ovales. Il s'était calé dans un coin afin de réfléchir à diverses choses, comme sa prochaine destination ou son futur plan de progression. Il portait sur lui un ensemble vestimentaire correct de couleur foncée, et ne semblait pas avoir de style esthétique particulier au contraire de ses autres compagnons de cellule. Cependant, ses mains assez fines laissaient deviner qu'il possédait une certaine forme de dextérité. Ce type sortait donc de l'ordinaire à sa manière.

- Bordel de merde, commença le guerrier en rogne, mais pourquoi on se retrouve enfermés ici alors qu'on est innocents? Ces gardes sont vraiment des abrutis finis avec leurs règlements débiles.
- Ça ne te dérangerait pas de te taire ou du moins d'éviter de parler pour dire ce que tout le monde sait? L'interpella l'elfe. Il y en a ici qui aimeraient rester au calme.
Dernier propos qui fut approuvé par les deux autres occupants inconnus de la cellule.
- T'es qui pour me dire ça?
- Aurelias Eillerandil, haut-elfe prêtre de Dlul, appelé communément Aure Eiller parmi mes confrères, lâcha l'elfe dans un long bâillement.
- Franchement, c'est vraiment un nom débile.
- En même temps, cette bande de feignasses passe son temps à dormir, alors ils prennent rarement le temps de réfléchir à ce genre de truc, intervint le second.
- Et toi, tu es qui?
- Dralnu Lakiar, sorcier de Tzinntch de niveau apprenti...
Bon, ça va, on a compris, le stoppa Dumlor. C'est un peu évident que t'es un débutant sinon tu ne seras pas en taule. Sinon, l'elfe, ça ne te dérange pas de te faire traiter de feignasse comme ça par ce type?
- Vu que le nom donné aux apôtres de Dlul est les Feignasses, pas vraiment non. En plus, ces hyperactifs de Tzinntch passent leur temps à insulter les autres cultes au lieu de se reposer, ce qui nuit à leur santé de mon point de vue.
- En même temps, c'est pas vraiment la classe de rester à rien faire toute la journée, répondit Fumseck. Comment tu veux gagner des niveaux si tu restes planté au même endroit pendant des jours?
- Tu vois, quand on est un haut-elfe, on n'a pas la même notion du temps donc si je n'ai pas pris d'expérience cette année, il m'en reste encore des centaines d'autres pour cela. Et puis, c'est vraiment fatigant de se battre pour ça.
- En résumé, tu pourrais avoir un potentiel de malade et tu ne t'en sers pas? C'est quoi cette logique débile?
- Laisse tomber, le prévint le demi-elfe. Personne n'a jamais suivi la moindre logique dans ses pensées, en admettant qu'il y ait une logique.
- Et toi, tu es qui?
- Kaïnto, ranger venant de Glargh.
- Et tu viens de quelle espèce?
- Eh bien, est-ce que tu arriverais à deviner, maître nain?
- Pas vraiment, non.
- Dans ce cas, ce n'est pas un problème.
- Et c'est toi qui dis que l'autre a une logique bizarre... Enfin bref, vous vous êtes retrouvés ici pour quelle raison?
- Dans mon cas et celui du sorcier, commença l'elfe, c'est à cause d'un débat théorique sur nos convictions qui a failli devenir dangereux pour la population, donc les gardes nous ont placés ici pour éviter des ennuis.
- En plus, les gardes ont bien compris que ce débat était purement ennuyeux...
- Ce qui était bien mon objectif, si le débat devient ennuyeux, c'est que Dlul intervient donc j'ai raison.
- Oui, mais je t'ai déjà expliqué que...
- Vos gueules! Les coupa Kaïnto. Il y en a marre de vos débats stériles, l'approche théorique ne sert à rien ici, seule la différence pratique vous départagera.
- Si tu veux, je peux directement mettre en pratique ma Compression des Gonades sur toi pour m'avoir insulté.
- Et toi, demanda le barbare à Kaïnto, tu t'es retrouvé ici pour quelle raison?
- Euh, pour faire simple, j'ai en train de marcher quand un ivrogne a commencé à me chercher des noises. Les gardes ont donc décidé de me mettre ici par précaution.
- Je sais pas pourquoi, intervint le nain, mais je suis sûr que tu veux nous cacher la véritable raison.
- Mais je ne mentais pas, c'est ce qui s'est vraiment passé.
- C'est cela, oui. Bon, en attendant, on est toujours coincés ici comme des rats et je n'ai pas l'intention de m'éterniser ici.
- Ben, commença le barbare, ils n'ont pas dit qu'ils nous libèreraient demain?
- Ah ah ah, mort de rire ! Et s'ils se prennent une bonne cuite ce soir, comment tu veux qu'ils se souviennent qu'on est censés rester qu'un seul jour? Je vous rappelle qu'on est dans la ville de la bière les gars, et dans la ville de la bière, on picole, c'est logique. Enfin, sachant que vous n'êtes pas des nains, je vous passe cet instant d'ignorance.
- Attends, tu plaisantes? L'interrogea Dralnu. On va quand même bénéficier d'un séjour prolongé ici?
- Malheureusement, si, lâcha le nain. C'est pour ça que je comptais vous proposer un plan pour sortir d'ici.
- Et qu'est-ce qui te fait croire qu'on va écouter tes ordres? L'interpella Aure.
- Bien, je vais faire très simple : est-ce quelqu'un d'autre que moi a une idée à proposer?
Cette question fut bizarrement suivie d'un silence de mort, car sur le fond personne n'avait pris le temps de réfléchir à un quelconque plan d'évasion.
- Donc, reprit Fumseck d'un ton autoritaire, puisque je suis le seul à avoir un plan valable à vous proposer, voici mon idée... »

Chapitre 2
Chapitre 2 : une évasion trop stéréotypée (pour marcher correctement)
Où l'on s'évade et on présente

Après avoir préalablement vérifié qu'aucun garde ou prisonnier d'une autre cellule n'écoutait leur conversation, car ils ont tendance à provoquer des accrocs importants dans les plans, Fumseck se retourna en direction de ses quatre compagnons de cellule pour leur expliquer son plan :
- « Bon, ce que je vais vous dire va peut-être être long mais si vous m'écoutez bien et que vous ne faites que ce que vous devez faire, tout se passera bien.
- J'aime pas les plans compliqués, ça sert à rien, répondit Dumlor.
- En plus, c'est fatigant à écouter, renchérit Aurelias.
- Mais merde, pourquoi faut-il qu'il y ait simultanément un flemmard et un ignorant différents dans mes calculs?
- Tu sais, lui répondit Dralnu, en matière d'effort, que ce soit intellectuel pour le barbare ou physique pour les prêtres de Dlul, faut jamais trop en demander, ça ne sert à rien.
Cette dernière réplique fit directement mouche sur les deux concernés et ils se pointèrent aussitôt pour écouter le nain.
- Donc voici mon plan : tout d'abord, on va attendre que les gardes soient suffisamment bourrés, histoire qu'ils ne puissent pas réagir assez vite. Depuis que la nuit tombe dans une heure, il faudra donc attendre trois heures à partir de maintenant pour qu'ils aient ingurgités suffisamment d'alcool.
- Vachement évolué, ton plan qui consiste à attendre.
- Ensuite, reprit Fumseck avec une petite note de colère dans sa voix, le barbare va ouvrir la porte, de manière discrète si possible.
- Tu demandes ça à un barbare?!!
- J'ai des compétences en crochetage, au cas où tu ne serais pas au courant.
- Ah bon...
- Après ça, on fonce à travers le couloir pour atteindre l'entrée de la salle, où on en profitera pour récupérer nos armes, ainsi que quelques provisions pour la route, après avoir assommé les gardes.
- Et où se trouve leur réserve de nourriture?
- On s'en fout, on aura du temps pour chercher vu que les gardes seront assommés. Ensuite, on devra sortir du poste de garde et le ranger nous dirigera jusqu'à l'auberge la plus proche, parce que j'avais envie de dormir moi. Voilà, vous avez bien compris ce que j'avais dit.
- C'est ça que tu appelles un plan long? Demanda Dralnu.
- J'avais dit que ça serait peut-être long, mais pas forcément très long. D'autres questions?
- Sachant que tu es un nain, pourquoi tu ne nous guides pas toi dans cette ville naine? Demanda Kaïnto.
- Aux dernières nouvelles, c'est toi le ranger dans le coin donc tu es censé avoir les compétences de repérage requises. Autre chose?
- On est vraiment obligés de courir? Demanda le haut-elfe.
- Si tu ne veux pas être mis de nouveau en taule au lieu de dormir dans un vrai lit, tu ferais mieux de te bouger un peu. Tu n'as rien à demander le mage?
- Moi et le prêtre on sert à quoi dans ton plan?
- Servez-vous de vos pouvoirs pour vous débarrasser plus efficacement des gardes, qu'est-ce que tu veux que je te dise. Et toi le barbare?
- On a le droit de maraver les gardes?
- Bien sûr, mais ne perds pas trop de temps non plus. Bon, est-ce que mon plan vous convient?
- Oui, acquiescèrent plus ou moins malgré eux les occupants de la salle.
- Bien, alors c'est parti, on applique. »

Au bout de quelques heures, le pronostic de Fumseck concernant les gardes se révéla exact, puisqu'on pouvait entendre dans la cellule divers grognements caractéristiques des personnes en état d'ivresse. Le barbare décida donc de se pointer vers la porte avec l'intention de l'ouvrir mais il semblait qu'elle ne puisse pas être ouverte que de l'intérieur, ce qui fit douter les autres sur les compétences de Dumlor, jusqu'à ce qu'il arrive on ne sait comment à enlever les gonds retenant la porte sans faire du bruit et à la déposer sur le mur de manière discrète, ce qui épata tout le monde et fit tomber pendant un moment quelques stéréotypes concernant le peuple barbare, même si ça n'allait évidemment pas durer longtemps, et même pour être précis, vingt-trois secondes, c'est-à-dire le temps qu'il avait fallu au barbare pour traverser entièrement le couloir et aller tabasser à mains nues les gardes ivres morts. Le nain décida également de se joindre à la fête et en profita pour casser le dos de quelques gardes affalés sur leur chaise. Naturellement, les trois autres furent d'accord pour ne pas s'embêter et laisser les deux bourrins se défouler un peu, comme ça ils économisaient un peu d'énergie pour la suite.

Une fois les gardes neutralisés, le groupe en profita pour procéder à une fouille complète du bâtiment, ce qui permit au barbare de se récupérer un meilleur sabre, n'ayant pas du tout hésité à piocher dans la réserve d'armes du poste de garde, et au nain de changer entièrement sa tenue de protection de combat et de trouver deux nouvelles haches de qualité à la place de ses anciennes. Comme quoi, l'alcool est bien un fléau à l'origine des problèmes des acheteurs mais aussi des vendeurs d'armes.

Ainsi équipés, le groupe sortit du poste de garde et ce fut au tour de Kaïnto le ranger d'entrer en scène et devinez quoi, il s'est complètement foiré dans son repérage, ce qui a contraint le groupe à déambuler pendant une bonne heure à travers les rues sombres de Mliuej. Et comme les compétences du ranger se révélaient être plus que critiquables en territoire nain, ce fut le nain qui se chargea efficacement d'amener le groupe dans une bonne auberge de Mliuej, l'auberge du Sanglier moqueur. A l'entrée de l'établissement, certains émirent des doutes sur la validité du lieu choisi par le nain mais une fois à l'intérieur, c'était plutôt calme. Un barman restait à son comptoir et remplissait également la fonction de veilleur de nuit, les chaises étaient assez bien ordonnées et les tables venaient d'être épongées de leurs traces de vomissures par la serveuse qui venait juste de s'éclipser dans une chambre. Un feu brûlait encore dans l'âtre et on pouvait voir quelques joueurs de cartes qui profitaient de l'ambiance détendue pour faire une partie de belote pépitée, un jeu de cartes assez spécial où l'on donnait quatre cartes à chaque joueur et dont l'objectif était de deviner la composition du jeu adverse et en cas de succès, le gagnant raflait la mise du joueur berné. Et comme il s'agissait d'un jeu nain, tous les moyens étaient bons pour s'arranger afin de gagner, vu que l'or était en jeu.

- « Ben finalement, engagea le nain, vous voyez que j'ai de bonnes compétences pour diriger un groupe. Je devais peut-être me charger de la gestion des affaires nous concernant.
- Eh, répliqua Dralnu, qu'est-ce qui te fait croire qu'on va rester ensemble?
- Simple, pour commencer, c'est la seule auberge encore ouverte de la ville donc tu n'as pas d'autre endroit pour aller dormir ce soir. Ensuite, je pensais sincèrement qu'on était suffisamment coordonnés pour former une compagnie efficace. Enfin, ça ne vous intéresse pas un peu, l'aventure? Bon, dans tous les cas, je vous dis bonne nuit, parce que j'ai envie d'aller dormir. »

Sur cette dernière parole, le guerrier se détacha du groupe et s'en alla voir le barman avec l'intention de louer une chambre pour la nuit. Pendant quelques minutes, il y eut quelques négociations, comme le veut la tradition naine, mais au final, Jethenix parvint à obtenir une chambre correcte avec petit-déjeuner le lendemain pour la somme de cinq pièces d'or, soit une réduction de près de 18% par rapport au tarif en vigueur habituellement. Et au bout d'un moment, le reste suivit, étant également fatigué et n'ayant pas l'énergie requise ni la volonté de rester plantés là toute la nuit.

Maintenant que nous avons un petit intervalle de pause dans l'histoire, vu que la nuit est tombée et qu'il n'y a aucun intérêt à décrire le sommeil de cinq personnes dormant dans des chambres séparées ( ben oui, vous vous attendiez à quoi? ), autant vous faire une présentation plus approfondie des personnages, notamment au niveau de leur histoire et de leur psychologie.

Tout d'abord, commençons par notre premier personnage introduit dans l'histoire : Fumseck  Amederoc. Comme nous l'avions déjà révélé, il s'agit d'un nain natif de la ville minière de Jambfer dont la famille s'était naturellement spécialisée dans l'exploitation minière. A l'âge de 10 ans, un médecin psychologue nain avait procédé à une analyse complète en règle, car c'était à cet âge que les nains étaient sujets à leurs poussées de croissance les plus fortes, chose relative en fonction des espèces, ce qui pouvait provoquer également des changements psychologiques. Ce fut suite à une erreur d'interprétation des propos de Fumseck lors de son entretien avec le médecin que celui-ci parvint à la conclusion qu'il pourrait avoir quelques penchants à oublier sa nature de nain, notamment au niveau éthique et social. Cela poussa ainsi sa famille à lui chanter le refrain connu des chansons naines « Nous sommes les nains sous la montagne/ On creuse le jour, on boit la nuit/ Et on n'aime pas ceux de la surface » chaque jour jusqu'à l'âge de trente ans, âge auquel on jugeait que les nains étaient prêts à s'émanciper socialement. Ce fut à ce moment-là que Jethenix k s'aperçut que dans le fond on ne lui avait essentiellement chanté cette chanson que dans le but de le faire chier. Et en réponse à cela, il décida de se lancer dans une carrière de guerrier, histoire de remettre en cause les préceptes familiaux. Ainsi, pendant cinq ans, il prit une formation auprès d'un maître d'armes nain dans la maîtrise de la hache et dans l'assimilation d'un certain nombre de principes de conduite qui constituèrent pour Jethenix son code d'honneur. Mais comme sa famille était vivement opposée à ce qu'il quitte les mines, bien décidée à garder son objet de moquerie, après la fin de sa formation et la remise de sa première hache de combat, ils décidèrent de monter un guet-apens destiné à l'humilier sous la couverture d'une réunion familiale destinée à fêter la fin de ses études. On ne saura jamais si c'était par fierté ou par instinct, mais Fumseck décida de se présenter en armes pour le rendez-vous pour illustrer sa nouvelle condition sociale, ce qui lui sauva largement la mise à l'issue d'une gigantesque bagarre dans la galerie familiale. Au final, sa formation et sa résistance aux coups lui permit de s'en sortir et en guise de trophée, il décida de repartir avec une seconde hache de combat qui se transmettait dans la famille ainsi qu'avec le Grand Livre de la Botte secrète, un ouvrage hérité d'un lointain ancêtre qui restait dans un coin puisque personne ne s'y intéressait, le maniement de la pioche et la conduite du chariot étant les seules choses valables que les membres actuels de la famille jugeaient utiles de retenir. Il décida donc ensuite de partir sur les routes en quête de gloire et de fortune afin de prouver à sa famille qu'il était parfaitement possible de réussir dans un autre domaine que l'extraction minière. Ce fut donc dans ce contexte qu'il arriva dans la Taverne du Clou Rouillé afin d'y trouver du travail.

De son côté, Dumlor était un barbare venant évidemment des plaines de Kwzprtt mais autant préciser pour les insultes ou pour ceux qui auraient oublier la bonne orthographe. Pour ceux qui s'intéressent éventuellement à son lignage, on peut simplement vous dire qu'il est issu des Cardiacs, pas la peine de s'enfoncer dans les détails, ça ne serait qu'inutile. Dès son plus âge, il s'est démarqué du reste par une excellente souplesse ainsi qu'une vitesse d'action importante. Le problème, c'est que son clan l'a rapidement mis à l'écart parce que soit on avait déjà ce genre de compétences dans sa tribu, soit elles ne servaient à rien dans les situations habituelles. Et la logique barbare voulait qu'on ne puisse survivre que grâce à son activité, comme la chasse ou le combat. Mais comme il était systématiquement mis à l'écart, ça posait problème. Notre barbare avait donc fini par arriver à la logique du type « les autres ne veulent rien te donner, eh bien va te servir tout seul ». Sauf que le vol n'était pas du tout une activité bien considérée dans le clan, même quand les raisons qui conduisaient à voler étaient issues des conséquences directes des actions du clan. Dumlor fut donc invité, vers l'âge de 15 ans, à coups de pierres et de massue, à aller chercher de quoi survivre ailleurs, ce qui le fit atterrir dans la ville de Glargh, la grande cité de la Terre de Fangh. Et dès le début, il apprécia ce nouveau monde où on pouvait facilement de la nourriture et des armes pour peu qu'on se donne la peine de chercher. Sauf qu'il y ait quelques règles à apprendre et qu'au bout d'un moment, le barbare se retrouva de nouveau mis de côté, ce qui commença sérieusement à l'énerver. Ce fut un soir au détour d'une ruelle, alors qu'il voulait dérober de l'or à un passant pour se payer un peu de nourriture, qu'il rencontra pour la première fois un vieil homme qui, simple coïncidence, était un ancien voleur professionnel, concept qui intrigua au début le barbare ( ben oui, chez les barbares, le crime n'est pas du tout une profession ). Cependant, le vieillard se montra à peu près conciliant envers ce nomade des steppes dont on voyait clairement qu'il était perdu dans un monde nouveau pour lui. Il décida donc de l'emmener chez lui afin de lui enseigner ce qu'il savait, histoire que son savoir ne s'envole pas après sa mort. Il passa donc près de sept années à former le barbare et à lui donner un minimum d'éducation et comme il était plus intelligent, même s'il ne saurait jamais lire, il parvint néanmoins à acquérir un langage bien plus évolué que les autres barbares et à retenir facilement la formation pratique du métier de voleur, le côté théorique et éthique étant inutile à aborder puisqu'il avait déjà assimilé par lui-même les principes de la profession. A l'âge de 22 ans, Dumlor était donc prêt à arpenter la Terre de Fangh afin d'y mener une vie correcte, après avoir subtilisé au maître de quoi s'équiper et un sabre à un main pour se défendre, ce qui constituait le dernier examen pour vérifier si l'enseignement avait été assimilé. Cependant, la ville de Glargh était encore trop vaste pour un voleur de son niveau, et il se dirigea donc vers le nord afin d'y mener une vie plus tranquille. C'est donc dans ce contexte qu'il arriva dans la ville de Mliuej et se dirigea vers une auberge dont un contact de son ancien maître qu'il avait pu voir lui conseilla. En Terre de Fangh, la vie des voleurs et plus généralement des métiers du monde souterrain était essentiellement basée sur les relations que vous aviez avec les autres membres de la profession, les carrières individuelles étant rarement encouragées à moins de disposer de  talents exceptionnels. C'est ainsi qu'il se rendit à la Taverne du Clou Rouillé.

Ensuite, autant aborder l'histoire du mystérieux Dralnu Lakiar. C'était un individu originaire de la ville de Noghall, qui se trouvait près de l'intersection entre la forêt de Groinsale et le Lac Aspousser. Il s'était peu à peu près révélé plus intelligent, notamment lorsqu'il s'aperçut du profond ennui qu'il y avait à passer dans sa vie dans cette ville, à l'instar d'autres personnes, dont le fils du notable local, un entrepreneur spécialisé dans la fabrication de hachoirs à jambon, que l'on n'avait pas encore revu dans les parages. Sauf qu'il avait une excellente résistance aux maladies, ce qui augmentait grandement son espérance de vie, et qu'il ne voulait pas passer cette longue vie à s'ennuyer ferme. Et un jour, pendant qu'il lisait dans la librairie locale, il tomba dans un ouvrage expliquant l'art de la magie et décida de s'y initier, histoire de s'amuser un peu. Et au bout de quelques temps, il se décida à mettre au point son propre sortilège, qui consistait en une masse d'énergie assemblée sous la forme d'un fouet destiné à infliger des dégâts directement à l'adversaire. Une version plus agressive de la dislocation d'Arkoss en quelque sorte. Sauf que la dislocation d'Arkoss est un sort destiné aux mages de niveau quatre minimum, alors quand on est même pas niveau un, on n'est pas censés se risquer à ce genre de choses. Donc, le jour où il décida à mettre en pratique son sortilège, ce fut une authentique catastrophe puisque le sort absorba une quantité trop importante d'énergie et réduisit en miettes le siège local de la CDD ( Centre de Désintoxication à la Destinologie, centre très peu connu en Terre de Fangh, car 95% des destinologues fanghiens sont trop fous pour pouvoir être soignés ). Évidemment, tout le monde était remonté contre lui, mais le destin fit qu'un sorcier de Tzinntch avait assisté à la scène et avait rapidement que ce jeune avait du potentiel. Alors, au moment où les villageois s'apprêtent à le lapider avec les débris du centre, il se ramena et proposa de l'emmener afin d'en faire quelque chose d'utile « puisqu'il avait déjà reçu une bonne formation en magie », requête à laquelle les villageois accédèrent, trop heureux de se débarrasser d'un danger public en perspective.
Il ramena donc Dralnu au Sanctuaire Magnifique de Tzinntch à Glargh en expliquant à ses supérieurs ce qu'il avait vu, et le jeune se retrouva ainsi embarqué dans une longue formation à la magie noire de Tzinntch, dont le côté obscur et destructeur l'avait directement fasciné, et autant dire que sa résistance physique l'avait beaucoup aidé durant son apprentissage. Et finalement, au bout de cinq ans, Dralnu Lakiar était devenu un mage de Tzinntch digne de ce nom et on l'autorisa à voyager afin de répandre la gloire de Tzinntch à travers la Terre de Fangh ( et à rapporter un maximum d'or au culte par la même occasion ). C'est en se rendant à la ville naine de Mliuej qu'il tomba sur un haut-elfe prêtre de Dlul qui prêchait la parole de son dieu, et par réflexe il intervint pour réduire l'argumentation et la bonne parole de son adversaire à l'état de charpie. Et comme la population était sérieusement agacée par leur débat, la garde finit par intervenir et les emmena tous les deux dans la prison de Mliuej, histoire de les calmer.

A l'exact opposé de ce mage dérangé, vous avez Aurelias Eillerandil, l'autre pratiquant des arcanes de notre histoire. Il appartient à la race des hauts-elfes et a actuellement plus de trois cents années passées en Terre de Fangh. Il est issu de l'une des familles aristocratiques elfiques de Fquiepou, l'une des grandes villes de l'est de la Terre de Fangh, la deuxième après Waldorg, même si à côté de celle-ci, elle ne tient pas vraiment la comparaison en terme de taille et de puissance. Au cours de ses deux cents premières années d'existence, il a passé son temps à étudier tous les thèmes possibles, la philosophie, les mathématiques, le commerce, les métaux, l'alchimie, la magie et la théologie. Enfin bref, il a passé au peigne fin tous les ouvrages dont disposait la bibliothèque familiale et dispose d'une bonne base de connaissance sur tous les sujets possibles. Cependant, lorsqu'il parvint au bout de sa formation, il s'aperçut qu'il n'avait plus rien d'intéressant à faire chez lui et donc qu'il s'ennuyait ferme. Ce fut lors de l'un des passages en ville qu'il tomba sur un temple dédié à un dieu qui n'était présent dans aucun des livres de sa bibliothèque : Dlul. En entrant à l'intérieur, il tomba alors sur une haut-elfe d'une autre famille de Fquiepou  prêtresse de Dlul qui était endormie dans un fauteuil, ce qui surprit le haut-elfe car il s'attendait à ce que les cultistes réagissent face à l'arrivée d'un potentiel nouveau membre. La conversation qu'il eut avec la prêtresse altéra définitivement ses convictions et sa façon de voir les choses : il cherchait à apprendre un maximum mais elle lui avouait qu'on ne pouvait savoir tout parce que les choses évoluaient; il pensait qu'il se devait de s'investir dans des tâches mais que c'était une chose vaine car l'incomplet permanent était une caractéristique de ce monde ; enfin, il pensait que l'activité était un moteur de ce monde mais elle lui répondit que l'ennui était à la source de toute activité et qu'on ne pouvait éternellement échapper à l'ennui. Un ébranlement de ses convictions accompagné d'une émotion bizarre qu'il ressentait en voyant la haute-elfe mais qu'il ne connaissait pas fit qu'il décida de s'engager dans le culte de Dlul, qui était le seigneur du sommeil et de l'ennui. Il passa donc près d'un siècle à apprendre les bases du culte de Dlul et à peaufiner sa philosophie, en prenant son temps parce qu'il en avait devant lui, et à maîtriser l'énergie karmique ainsi que les prodiges de Dlul. Et puis, il s'aperçut également que sur le fond il aimait bien la prêtresse, qui s'appelait Alinéa Rité et que se mettre à son service serait sa manière de lui rendre hommage ( petite note pour les lecteurs avides d'un certain genre de détails : on est chez les cultistes de Dlul, pas de Lafoune ). Donc, une fois qu'elle eut jugée qu'il avait une formation de prêtre de Dlul suffisante, elle décida de l'envoyer dans la ville de Mliuej où les gens souillaient régulièrement leurs lits avec de l'alcool en vomissant, ce qui était une faute grave aux yeux de Dlul et qu'il fallait enrayer : la mission était donc d'enseigner aux gens à ne pas vomir au lit mais autre part, parce que ça insultait Dlul. Ce fut en arrivant dans la ville qu'il eut l'occasion de tester sa force d'argumentation puisqu'il venait de tomber sur un cultiste de Tzinntch qui remettait en cause les préceptes de Dlul. Malheureusement, le débat s'allongea et la garde locale décida de le mettre en prison pour vingt-quatre heures avec l'autre mage pour trouble de l'ordre public.

Enfin, concernant l'histoire de Kaïnto Shinra, on peut vous dire qu'elle n'était pas vraiment ordinaire. C'était un demi-elfe, avec parent humain ex-prêtresse de Lafoune ( quand je dis ex-prêtresse, c'est qu'au bout d'un moment et passé un certain âge, les prêtres de Lafoune ne servent plus à grand chose ) et elfe sylvain qui avait subi les conséquences d'une mauvaise plaisanterie d'un touriste, qui avait décidé de se marrer en lui indiquant la direction d'un temple de Lafoune alors qu'il cherchait un vendeur d'arcs. La suite se passera de commentaires par commodité et si vous voulez des détails, allez vous informer par vous-même autre part. Toujours était-il que suite à leur liaison, la prêtresse reçut un congé d'un an pour avoir réussi quelque chose qui ne se produisait que très rarement, et au bout de neuf mois, le résultat de tout ça était ce cher Kaïnto. Elle décida donc de confier le nouveau-né à un orphelinat car elle ne tenait pas vraiment à ce que ses « collègues de travail » sachent qu'elle avait pu tomber enceinte sur un seul accouplement avec un elfe, ce qui aurait été très mauvais pour elle ( note à part : imaginez un peu si les prêtresses de Lafoune pouvaient toutes facilement tomber enceintes, ils tomberaient rapidement à court de personnel. ) Heureusement pour lui, il était né à Waldorg et comme sa mère avait payé suffisamment cher de façon à ce que son secret soit bien gardé, il vécut dans un bon milieu et ne se fit pas vraiment de complexe vis-à-vis de ses origines, jusqu'à ce qu'on lui en parle, mais ça c'est un détail à part. Toujours est-il qu'il disposait d'un excellent sens de réflexion et d'orientation en temps normal, ce qui lui permit d'acquérir une formation de ranger, ce qui est normalement risqué quand on a certaines origines mais qui n'en pose pas quand on a envie de s'émanciper. Au bout de quelques temps, il finit par devenir suffisamment informé pour pouvoir se débrouiller tout seul et décida de partir sur les routes pour voyager et se prouver qu'on pouvait être un demi-elfe et réussir quand même dans la vie. Cependant, lorsqu'il arriva à Mliuej, il tomba par hasard sur son père qui avait sombré dans l'alcool depuis qu'il avait été déshonoré suite à son aventure à la prêtresse et lorsqu'il reconnut Kaïnto comme étant son fils, grâce à une tache de naissance en forme de goutte d'eau qui se trouvait sur son avant-bras, son sang ne fit qu'un tour et il tenta de se venger lui-même en se débarrassant du produit de son malheur. Et avant que ça ne tourne au drame, le patron appela la garde de Mliuej et celle-ci décida de le placer dans la prison temporairement pour l'éloigner de ce type et lui sauver la vie tant qu'à faire. Notez au passage qu'à Mliuej, les ivrognes ne sont arrêtés car ils font marcher le commerce.

Au bout de deux heures, la plupart des occupants de l'auberge étaient bien endormis à l'exception de Fumseck, qui pensait au fond de lui que son plan avait trop bien marché et qu'il se posait quelques questions, et de Aurelias qui en avait profité pour lire un peu son Manuel des Prodiges des Novices de Dlul. Et finalement, trois heures plus tard, vers deux heures du matin, les soupçons de Fumseck se confirmèrent lorsqu'il entendit des bruits sur la porte de l'auberge depuis sa fenêtre et qu'en regardant sur celle-ci, il vit qu'une troupe de gardes passablement énervée et présentant quelques marques dues à leur tabassage par Fumseck et Dumlor se présentait à la porte de l'auberge. Il fallait donc intervenir rapidement. Il se remit en tenue de combat en vitesse, récupéra sa bourse et ses affaires et décida de réveiller tout le monde sinon ils risquaient d'avoir des ennuis :
- « Réveil général, gueula-t-il. La garde est à l'entrée de l'auberge. Bougez-vous! »
Deux minutes plus tard, Dralnu, Aurelias et Dumlor étaient déjà prêts et répondaient présents à l'appel tandis que Kaïnto était encore au pays des rêves.
- « Bon, on fait quoi de l'autre? Demanda le barbare.
- On va le réveiller nous-même et on le bouge un peu sinon on est dans les ennuis jusqu'au coup. »
Cette dernière proposition fut approuvée à l'unanimité et le barbare ne prit pas la peine de frapper avant d'entrer dans la chambre de Kaïnto, qui fut surpris dans une position de sommeil un peu étrange que même Aurelias ne connaissait pas, si vous voyez la situation, et on força à s'habiller et à récupérer son matériel en le forçant à s'activer comme on le pouvait. Autant vous dire que la situation était grotesque, mais dans ce genre de contexte, l'embarras n'était pas vraiment un souci parce qu'il y avait plus important sur le feu. Dès que tout le monde fut prêt, le groupe dirigé de nouveau par le nain descendit en vitesse au rez-de-chaussée et s'aperçurent que le veilleur de nuit en avait profité pour prendre une bonne cuite tandis que les gardes toujours à l'extérieur commençaient à s'impatienter. Fort heureusement, Fumseck savait que la plupart des taverniers nains avait l'habitude de creuser une galerie en-dessous de leur lieu de travail pour pouvoir faire passer diverses choses en contre-bande, vu que ça permettait d'éviter les soucis de quotas et les diverses taxes, et espérait que l'aubergiste du Sanglier Moqueur ne ferait pas exception à la règle. Ce qui ne fut évidemment pas le cas puisque le poivrot était trop bourré pour avoir pris la peine de cacher sa trappe qui se trouvait près de lui derrière le comptoir. Le barbare prit donc une initiative efficace et plaça une bonne beigne dans la tête du veilleur qui ne resta plus éveillé bien longtemps, après que Dumlor ait finalement décidé d'en rajouter une couche. Fumseck en profita naturellement pour prendre la caisse qui était un peu lourde à cause du pouvoir de l'or contenu dedans mais qui était scellée par un cadenas, ce qui ne le dérangea pas tellement sur le coup. Kaïnto décida de passer devant vu qu'il disposait d'une excellente vue de part son côté elfique, élan qui ne fut contesté par personne et Aurelias décida de clore la marche pour éviter de ralentir le groupe. Enfin, Fumseck décida de verrouiller la trappe et Dralnu fit fondre le verrou après une boule de feu bien dosée. Maintenant, ils étaient piégés comme des rats dans le souterrain du Sanglier Moqueur mais ils étaient libres et c'était toujours mieux que d'être en prison.

Maintenant qu'ils étaient hors d'atteinte, ils décidèrent de faire le point sur leur situation et de réfléchir à la suite de ce qu'ils allaient faire :
- « Bon, ben, déjà on a eu de la chance que la théorie de Fumseck ait été exacte et qu'il y ait bien eu une trappe secrète dans cette taverne, commença Kaïnto. Sauf que maintenant, on est bloqués parce que la trappe est verrouillée.
- Pas vraiment, répondit le nain. Ce tunnel doit être normalement un simple maillon d'un réseau donc on aura toujours une autre sortie.
- Sauf que les gardes doivent également savoir, intervint Aurelias. Ce sont aussi des nains après tout. Donc, il leur suffira de placer des gardes à chaque sortie importante de ce réseau et ils nous mettront facilement la main dessus. Donc, monsieur l'expert en réseau souterrain, on fait quoi?
- Il reste toujours l'ancienne mine de Mliuej mais c'est risqué.
- Risqué? Se hérissa Kaïnto. Comment ça?
- Avant que je t'explique, réfléchis un minimum. Tu ne trouverais pas étrange qu'une mine chez les nains présentant encore du minerai ne soit plus exploitée sans aucune raison?
- Bon, s'échauffa Dumlor. On va arrêter les devinettes et se mettre à table direct, donc, qu'est-ce que tu sais le nain?
- Une invasion d'orques, répondit-il simplement. Il y a quelques mois, une armée d'orques a tenté d'attaquer Mliuej et les survivants ont été repoussés dans ces galeries, donc on risque de tomber sur eux.
- Bizarre, fit Dralnu suspicieusement, je n'ai pas du tout entendu parler de ça.
- Normal, on avait quelques problèmes d'argent à Mliuej donc on n'a pas fait appel à des renforts d'autres espèces et on a gardé ça pour nous, donc personne d'autre que les nains est au courant.
- Alors, pourquoi tu nous en parles? S'étonna le haut-elfe. Ce n'était pas censé rester secret?
- Maintenant que l'argent est revenu à Mliuej, ce n'est plus un souci pour nous que ça soit révélé ou pas.
- Donc, si je suis bien, résuma Kaïnto, il y a des dizaines d'orques qui traînent dans ce réseau de galeries et tu nous as quand même attiré ici?! Non, mais tu es stupide ou quoi?
- Et d'un, on n'avait pas tellement d'autre option. Et de deux, je n'ai jamais dit qu'ils étaient partout, ils doivent plutôt être concentrés à un seul endroit. Et de trois, qui t'a permis de me traiter d'imbécile alors qu'on t'a sauvé de la garde en te bougeant un peu, face de truite?
- Bon, on ne va pas commencer à s'engueuler sinon, on est mal barrés. Pour revenir à un sujet sérieux, pour sortir d'ici, on fait comment? Est-ce que tu as au moins un plan pour sortir d'ici?
- Déjà, faudrait que tu nous éclaires un peu avec ta magie, comme ça les explications vont aller plus vite. »
Le mage noir accepta donc de s'exécuter rapidement.
- « Bon, pour faire simple, plus on s'enfonce dans cette mine, plus les parois de granite qui nous entourent seront foncées, à cause de la concentration plus importante de minerai. Donc, en se dirigeant vers des couleurs de plus en plus claires, on atterrira forcément sur une sortie à l'air libre.
- C'est aussi simple que ça?
- Je suis guerrier, moi, pas géologue. Pour tous les détails techniques, je ne les connais pas et je me porte très bien sans.
- Non, mais je veux dire : connaissant la réputation des nains, je m'attendais à quelque chose de plus complexe concernant l'organisation des mines, vu la manière dont vous gérez les creusements de tunnels.
- Bon, d'accord, je vais te servir l'explication sur le système d'organisation des mines si tu y tiens tellement...
- Non mais en fait... tenta de l'arrêter Kaïnto.
-Bon, pour commencer, lors du creusement de la mine, on fait un conduit principal qui sert à remonter tout ce qu'on creuse. Puis on inscrit sur la paroi des graduations destinées à indiquer la profondeur à laquelle on se trouve. Ensuite, on creuse les quatre ailes cardinales vers le fond du conduit principal, afin de créer un cadre tridimensionnel de repérage pour le creusement...
- Bon, ça va, on a compris.
Mais malheureusement pour les quatre autres, le nain descendant d'une famille de mineurs était déjà lancé dans son exposé.
- Donc, dès qu'on a fini de consolider les quatre ailes cardinales, on les gradue également pour repérer l'écart que l'on a vis-à-vis du conduit, ce qui permet de définir les trois mesures du cadre : profondeur, largeur et longueur. Et enfin, lorsque les bases de la mine sont prêtes, chaque nain doit réaliser ce qu'on appelle un pari de détection de fortune.
Un pari de détection de fortune? S'étonna le mage.
Oui, ou PDF dans notre jargon. Il s'agit de réaliser de faire des pronostics sur la quantité de minerai dans une zone. Par exemple, dans la zone nord-est, chacun pariera qu'il y aura tant de pierres précieuses, tant de granit, tant de klokolium, sachant qu'on doit donner les proportions pour chacune des dix roches et métaux les plus répandus de la Terre de Fangh. Une fois les pronostics, on creuse le tunnel sur un cube de un mètre et on regarde la composition de ce qui est extrait, et celui qui est le plus proche du résultat gagne le droit d'exploiter le secteur. Enfin, pour le codage des secteurs, selon le code A00-B11-CCCC en vigueur depuis le troisième décret de la convention des mineurs des Montages du Nord, A00 désigne l'aile cardinale dont on est parti (pour la lettre) et 00 à quel niveau la galerie a été commencée, B11 désigne la même chose à l'échelle de la galerie mais donnant sur la sous-galerie et CCCC les quatre lettres désignant le code correspondant au clan détenant les droits d'exploitation sur la galerie, cette série de lettres étant répertorié sur le Registre des Mineurs de Clans, ou RMC dans le jargon technique. C'est bon, vous avez tout compris?
Les membres du groupe lui servirent en guise de réponse un regard chargé de fer fondu qui disait « rajoute-en rien qu'un milligramme et on t' explose ». Ce qui fut interprété par Fumseck comme une preuve de compréhension.
- Bon, maintenant que tu as fini ton exposé, on pourrait y aller? Demanda Aurelias. Je n'ai pas envie de m'attarder ici. »
Propos qui fut approuvé par l'ensemble du groupe.
L'équipe ainsi formée guidée par le nain commença donc son périple souterrain, sans se douter que la garde avait discrètement écouté leur conversation et avait déjà commencé à mettre en place un dispositif à la sortie des galeries.
« Modifié: 05 décembre 2011, 21:18 par Phénix »

Phénix

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05 décembre 2011, 21:04
En fait, il y a vraiment une limite au nombre de caractères par posts, d'où le fait que je doive fractionner tout ceci.

Chapitre 3
Chapitre 3 : la bataille de Mliuej
Où l'on assiste à un sacré foutoir

L'équipe avança donc pendant près d'une heure à travers les différentes galeries du
réseau, ponctuées par divers commentaires de Fumseck du genre « sacré gisement de
klokolium ici » ou « ça, c'est le gisement creusé par cet enfoiré de Ragdil », commentaires
qui n'intéressaient évidemment personne puisqu'ils ne se souciaient pas vraiment de
détails sur un endroit où ils ne voulaient pas revenir. Et finalement, après avoir un peu
marché, ils finirent par aboutir à la galerie que Fumseck identifia comme étant le couloir
principal de la mine du secteur. Ce fut également à ce moment-là qu'ils s'aperçurent que
la garde était postée à l'entrée de la galerie et donc qu'ils étaient bloqués à l'intérieur.
–« Bon, déclara Fumseck, on dirait que les ennuis commencent pour de bon cette fois. On
va devoir se battre sérieusement. Donc il nous faut un plan.
–Et tu nous proposes quoi cette fois? Demanda Dralnu.
–Ben, il faudrait que le prêtre ou toi vous mettiez hors service les gardes à l'entrée le
temps qu'on puisse se retrouver en situation de combat rapprochée pour les éclater.
Ensuite, on verra. C'est aussi bête que ça. Enfin, en admettant que vous réussissiez votre
sort, évidemment.
–Ça sous-entendait quoi, ça? S'énerva Dralnu.
–Qu'il y a toujours une chance que ton sort échoue mais que si tu es compétent, on ne
devrait pas avoir de problème. Tu as quoi comme sortilège en réserve d'intéressant?
–Ben, il y a la boule de feu majeure qui permettrait d'en finir rapidement...
–Trop de chances qu'elle nous touche également, l'arrêta le prêtre. On est dans une
galerie ici.
–Ensuite, vous avez la lumière de Wismal qui pourrait les éblouir...
–Ce serait malin si l'on indiquait notre position à tous les gardes de la ville, se moqua le
ranger.
–Ah, j'ai trouvé : je vais leur balancer un éclair en chaîne. Ça va permettre de les mettre
hors combat à coup sûr. Écartez-vous.

Dralnu s'écarta du groupe de cinq mètres, histoire de pouvoir se concentrer. Dix secondes
passèrent ainsi durant lesquelles les autres se posèrent quelques questions sur les
compétences du mage mais au bout d'un moment, il se déplaça d'une dizaine de pas dans
la galerie pour apercevoir les gardes et cria :
–Tagh him zapeliah!
Ce fut finalement un échec, comme on s'y attendait, mais pas vraiment dans le sens où on
s'y attendait. Le mage de Tzinntch avait visiblement trop concentré d'énergie astrale du
sortilège et la portée de celui-ci fut énormément augmentée, ce qui ne servait à rien ici à
part à garantir que les gardes soient touchés. Du côté des dégâts, ce fut en revanche très
réussi que les gardes furent mis directement hors combat, ne pouvant résister à la perte
de conscience due à une perte très importante de leur capital d'énergie en un seul coup.
En général, si l'on se lançait dans une carrière de mage de Tzinntch, c'était justement pour
ce côté destructeur de la magie.

Maintenant que les gardes étaient dans l'incapacité de faire quoi que ce soit, les deux
bourrins attitrés de l'équipe sprintèrent dans la galerie avec l'intention ouverte de prendre
une part de l'expérience des gardes parce que laisser tout aux magiciens, ce n'était pas
du tout dans leurs habitudes. Les six gardes passèrent donc cinq minutes infernales au
bout desquelles l'archange débonnaire affilié à la section « gardes morts dans l'exercice
de leur fonction » leur accueillit avec le formulaire en usage et la phrase habituelle « vous
aviez des points de destin? ». Après, le reste du groupe arriva, et l'on procéda à la fouille
des cadavres des gardes, à commencer par le nain qui en profita pour subtiliser près de
15 pièces d'or. De leur côté, les autres ne trouvèrent que deux dagues de qualité et trois
casques en métal qui étaient encore en bon état. Après, l'idée générale qui restait dans la
tête du groupe, c'était de quitter cette ville, une loi naine disant que la garde naine de
Mliuej n'avait pas le droit d'effectuer des arrestations hors de l'atteinte lorsqu'un autre nain
était dans l'équipe. Il s'agissait d'une loi débile que les nains avaient inventé uniquement
pour échapper à certaines lois n'étant pas issues de leurs textes, en particulier celles de la
CDD, quand ils en avaient l'occasion. Le truc à retenir concernant la justice chez les nains,
c'est que seul un nain avait le droit de prononcer un jugement contre un autre nain, les
autres espèces n'étant pas habilitées à cela. C'est d'ailleurs en partie pour cette raison
que les insultes venant d'autres espèces ne faisaient aucun effet sur les nains, l'habitude y
faisant également.


Le groupe passa donc une bonne heure à déambuler à travers les rues de Mliuej, jusqu'à
ce qu'ils arrivent aux portes nord de Mliuej, qui étaient également gardées par deux nains
de service. Le magicien voulut de nouveau intervenir et utilisa la célèbre Gifle de Namzar
pour neutraliser les gardes. Sauf que ce fut de nouveau l'échec, et même critique, puisque
le sort se retourna contre son utilisateur, ce qui fit faire à Dralnu un excellent vol plané audessus
de la porte, sous les yeux des deux gardes et des quatre restés au sol qui étaient
tout simplement pliés de rire par l'incompétence de leur magicien. Au final, celui-ci passa
la porte et s'étala comme un boulet par terre. L'expression « tomber plus bas que terre »
était née en Terre de Fangh pour qualifier ce genre de situation grotesque. De leur côté,
les autres se plièrent volontiers à la méthode habituelle, c'est-à-dire bastonner les gardes
puis ouvrir manuellement la porte. Méthode qui porta une fois ses fruits au sein de cette
équipe. Les deux costauds de l'équipe se chargèrent ensuite d'ouvrir en grand les portes
pour s'échapper de la ville.

Sauf qu'à ce moment-là, ils se rendirent que les portes avaient été fermées dans le but de
stopper une invasion d'orques qui s'étaient pointées à l'entrée de la ville. Les gardes à
l'entrée avaient été postés pour prévenir les autres nains au cas où les orques arriveraient
par les tunnels, du moins ce fut la conclusion à laquelle arriva Aurelias, conclusion qui fut
suivie d'un « oh, merde, c'est pas vrai, dites-nous qu'on rêve » prononcée par l'ensemble
du groupe.
–« Bon, on fait quoi maintenant? Demanda Kaïnto.
–Déjà, Dumlor va aller chercher le magicien et ensuite, on referme les portes parce que
sinon, ça va barder, et pas que pour nous. »
Le barbare plaça donc une pointe de vitesse dont il pourrait parler avec fierté quelques
années, puisqu'il parvint à ramener en trente-quatre secondes le magicien. Mais
maintenant il s'agissait de refermer en vitesse avant que les orques n'arrivent, parce
qu'elles avaient évidemment décidé de sauter sur l'occasion pour commencer leur assaut.
Ce fut à ce moment-là que Fumseck dut prendre sur son honneur de guerrier pour sonner
l'alerte et appeler des renforts pour refermer la porte.
–« A L'AIDE, gueula Fumseck. LES ORQUES TENTENT D'OUVRIR LA PORTE ET ONT
ASSOMME LA GARDE. VENEZ NOUS AIDER. »
Le barbare et le nain avaient quasiment refermé quand ils sentirent un poids énorme
s'abattre sur la porte : les ennemis étaient déjà arrivées. Il s'agissait donc maintenant
d'une épreuve de force pour tenir jusqu'à ce que quelqu'un d'autre arrive,et on peut dire
qu'on a eu de la chance que les deux combattants rapprochés soient également de gros
teigneux, parce que sinon ils n'auraient jamais eu la volonté de tenir. Au bout de quelques
minutes, le ranger et le prêtre revinrent avec une dizaine de nains costauds qui parvinrent
à refermer la porte et à placer une poutre en bois pour bloquer la porte. L'attaque des
peaux-vertes était momentanément bloquée. Le destin fit également que les renforts
provenaient de la garde de Mliuej et que le chef de celle-ci était également présent.
–« Je pourrais savoir ce qui se passe? Demanda-t-il. Et vous cinq, vous n'êtes pas censés
rester en prison?
–Ben, s'expliqua Fumseck, on voulait sortir parce qu'on sentait qu'il se passait quelque
chose donc on a voulu sortir pour aider mais la garde a commencé à nous courser donc
on a essayé de se barrer de la ville et voilà où on en arrive. Au fait, sincèrement désolé
pour les gardes qu'on a tué mais ils nous ont cherché.
Cette dernière phrase n'était évidemment pas du tout bienvenue mais le chef décida qu'on
les élèverait au rang de « gardes d'honneur tombés au combat », ce qui réglait un certain
nombre de problèmes, dont certains pas forcément évidents comme l'oubli d'augmentation
de rémunération de ces gardes depuis plusieurs mois, simultanément.
–Bon, je veux bien vous croire mais pour vous acquitter de la dette que vous avez à
présent auprès de nous, vous allez devoir nous filer un coup de main et vous battre.
–J'en étais sûr, se plaint Fumseck. Donc, on fait quoi?
–Ben, vous allez remplacer les six gardes que vous avez tué en vous occupant de la
surveillance des souterrains et en nous prévenant en cas de souci.
–Ok, ça marche, décida Fumseck à l'insu de tout le groupe.
–Je te vois venir vieux, t'as l'intention de te barrer par les souterrains. Ben, désolé de
casser ton plan, mais ils sont remplis d'orques donc vous n'arriverez jamais à passer.
Donc, écoutez-nous et faites ce qu'on vous dit, et vous serez libres dès que tout ça sera
fini.
–Et il y aura rémunération? Demanda Dralnu.
–On verra ça plus tard. Tâchez pour l'instant de faire ce qu'on vous a demandé, ce sera
déjà bien. »


Le groupe reprit donc en vitesse le chemin dont elles venaient, ce qui la reconduit à
l'entrée des galeries. Pendant un moment, ils étaient tentés de les emprunter pour sortir
de la ville, sauf que des dizaines d'orques commençaient à sortir des tunnels. Et là, il n'y a
évidemment que deux options : soit on appelle des renforts et on se barre, soit on fonce
dans le tas et on défonce tout ce qui remonte à vue.
–« Bon, déclara Fumseck, on va faire simple : ceux qui veulent s'enfuir ou appeler la garde
se bougent, ceux qui veulent la baston restent ici et se préparent. Faites vos choix en
vitesse, merci.
–Mais qui serait assez stupide pour rester ici? Lança un ranger moqueur.
–Ceux qui ont assez de cran pour retenir les ennemis ici le temps que les renforts arrivent,
enfoiré. Donc, vous décidez quoi?
–Moi, dit Kaïnto, je vais chercher les renforts, on ne tiendra jamais à cinq.
–Et vous autres?
–Moi, je reste, déclara solennellement Dumlor. La lâcheté ne servirait à rien ici.
–Et moi de même, enchaîna Dralnu. Gagner de l'expérience nous serait sans aucun doute
très utile ici.
–Et pour conclure, termina Aurelias, je reste ici pour vous soigner, parce qu'il y aura
forcément des blessures.
–Bien, au moins, on est fixés : le ranger détale comme un lapin et nous quatre on reste
pour contenir l'assaut et gagner de l'expérience.
–Ne dis pas que je détale, ça sous-entend que je fuis...
–Ce qui est effectivement le cas.
–Oui, mais après, je reviendrai avec le reste de la garde disponible pour vous aider.
–C'est cela oui. Bon, bouge-toi sinon on t'empêchera définitivement de bouger si on te
retrouve.
–Bon, ça va, je reviendrai. »
Sur cette dernière parole, Kaïnto décida de taper le sprint de sa vie pour aller réunir des
renforts sur le front des galeries.

Du côté de Aurelias, Dumlor, Dralnu et Fumseck, en revanche, c'était nettement plus
problématique puisqu'il fallait retenir le plus longtemps possible une armée d'orques en
marche alors qu'ils n'étaient que quatre.
–« Bon, ça m'énerve de devoir l'admettre, grogna Fumseck, mais cette fois on va vraiment
avoir besoin de la magie si on veut tenir.
–Donc, tu proposes quoi? Demanda le mage noir.
–Ben, il y a trois options : soit on fait s'effondrer l'entrée des galeries principales, soit on
les éblouit, sachant que les orques sont sensibles à la lumière, ça devrait significativement
les ralentir. Enfin, dernière option : tu balances encore ton sort de tout à l'heure et on
essaie après d'en tuer un maximum.
–Provoquer un effondrement des galeries? Répéta un Aurelias effaré. Et avec quoi?
–Ben, il n'y a pas un sortilège basé sur les ondes de chocs. La terre dans ces galeries est
particulièrement friable et les consolidations ne sont plus entretenues depuis des années,
donc si on balance une onde de choc suffisamment puissante, ça devrait les faire
s'effondrer.
–Euh, les interrompit Dumlor, pendant qu'on parle, eux ils sont en train de remonter donc
bougez-vous.
–Bon, poussez-vous, leur ordonna le mage de Tzinntch, je vais retenter la Gifle de
Namzar.
–C'est le sortilège qui permet de passer par-dessus les portes? Pouffa Fumseck.
–Entre autres, grommela Dralnu, mais c'est surtout un sortilège basé sur une onde de
choc destructrice donc ça va être utile ici. Donc, laissez-moi faire.
Le magicien se concentra pendant quelques secondes puis décida de lancer son
incantation :
–Taloma akvo zodimi!
Et une fois de plus, on eut un problème de sortilège lié au dosage d'énergie astrale car
cette fois, l'onde de choc générée par le sortilège fut beaucoup plus puissante que ce qui
était nécessaire, ce qui provoqua un effondrement complet des galeries qui obligea
l'équipe à se barrer en vitesse.
–Courrez! Hurla Fumseck. »


La suite fut on ne peut plus désordonnée. Partout, on entendait des craquements, des
éboulements et des glissements de terrain intérieurs, on aurait pu avoir l'impression que la
planète avait décidé d'ouvrir grand la bouche et de dévorer tout ce qu'elle avait sur son
passage, un spectacle autrement terrifiant. Malheureusement pour eux, les orques étaient
restés piégés dans le conduit et prenaient à présent très cher pour leur grade, puisque
leur attaque était maintenant stoppée. Près de 90% de l'avant-garde avait été tuée,
environ 50% des forces principales et l'arrière-garde ne dénombrait que quelques pertes
dues à des imprudents qui avaient voulu aller voir ce qu'il se passait. Comme quoi, même
chez les orques, la curiosité est un vilain défaut. Au final, Dame Nature emporta avec elle
près de cinq cents ennemis et l'équipe ne reçut au final que 10% de l'expérience générée
pour « avoir provoqué l'inévitable ». Ben oui, on ne peut pas tout avoir dans la vie, il faut
savoir faire des concessions sur certaines choses pour en avoir d'autres. En tout cas, ces
5% représentaient quand même une sacrée part de gâteau, pour des aventuriers de
niveau 1, même s'il n'y avait pas encore de quoi gagner un niveau. Finalement, au bout de
quelques minutes, Kaïnto tint sa parole et se ramena avec une dizaine de gardes armés
en renfort, ce qui n'était pas grand chose d'un point de vue militaire mais c'était tout à fait
suffisant pour observer le désastre qui s'offrait à leurs yeux.

–« Mais … mais … mais qu'est-ce que vous avez fait? Demanda un garde stupéfait.
–Ben, commença le mage, on a provoqué un éboulement pour les stopper vu qu'ils étaient
trop nombreux et...
–Mais comment on va faire pour exploiter la mine maintenant que l'accès est bloqué? Le
coupa le nain toujours sous le choc.
–Eh oh, le coupa l'elfe, elle n'est pas encore exploitable, il en reste encore un paquet
d'orques dans les souterrains.
–Et en plus, une partie des orques est encore en vie?!! Mais c'est pas vrai, dites-moi que
ce n'est qu'un simple cauchemar et que je vais bientôt me réveiller. On vous avait
simplement demandé de les stopper, bon sang.
–Et c'est ce qu'on a fait, répliqua Fumseck. Les sous-entendus de votre chef nous
laissaient clairement carte blanche sur la méthode à utiliser pour les arrêter.
–Ah bon, et il vous a dit quoi?
–« Remplacer les gardes en vous occupant de la surveillance des galeries et en nous
prévenant en cas de souci ». Donc, on a envoyé Kaïnto pour vous prévenir, et nous autres
on est restés ici pour contenir l'assaut, parce que s'il n'y a personne ici, les orques
pouvaient rapidement entrer dans la ville et je vous laisse imaginer le désastre que ça
aurait pu causer.
Sur ce dernier point, le sargent en faction ne put qu'approuver le raisonnement, la sécurité
des civils passant avant le reste dans le code de conduite des gardes.
–Bon, ça passe pour cette fois, j'admets que la situation était critique. A votre avis, il en
reste beaucoup d'orques dans les galeries?
–Environ la moitié, je dirais.
–Bien, allez chercher le chef, et demandez-lui de ramener le service des cuves à graisse
avec lui.
–Le service des cuves à graisse?
–Ben oui, les cuves à graisse de Mliuej, vous ne connaissez pas? Toute la partie de la
production de la bière qui est invendable pour diverses raisons est utilisée pour créer un
mélange spécial appelé le volcan mobile, ou de la graisse incendiaire si vous préférez, vu
qu'une seule étincelle suffit à lui faire prendre feu. Donc, on va ramener les cuves ici et on
va les déverser dans le conduit, puis on va y mettre le feu, ce qui nous permettra
d'éliminer le reste de l'armée ennemie.
–Euh, vous avez bien dit que la bière non-vendue était utilisée pour préparer de la
graisse? S'étonna Kaïnto. Vous vous y prenez comment?
–Tout ce que je peux vous dire, c'est que les gars du service des cuves à graisse sont de
gros tarés, donc je ne veux même pas imaginer le procédé, histoire de conserver ma
santé mentale ( laissez-moi effectuer quelques recherches et la technique naine sera
éventuellement publiée plus tard et autre part). Donc, allez-y, s'il vous plaît.
–Ok, ça marche.
Le groupe passa de nouveau une bonne heure à déambuler à travers les rues de Mliuej,
jusqu'à ce qu'ils finissent par trouver le chef de la garde qui avait pris le commandement
d'une opération visant à consolider la porte est car elle présentait diverses fissures,
notamment au niveau des gonds.
–« Qu'est-ce que vous foutez là? Cria-t-il. Je croyais vous avoir dit de ...
–C'est le sargent que vous nous avez envoyés en renfort, le coupa Fumseck. Il nous a
demandé de faire venir les cuves à graisse pour les déverser dans les galeries afin
d'éliminer l'attaque ennemie là-bas.
–Les cuves à graisse? C'est de l'artillerie lourde, ça.
–C'est le but.
–Bon ben ok, je vais voir ce que je peux faire. Les autres, vous avez terminé? Hurla-t-il
aux ouvriers travaillant sur la porte.
–Ça devrait tenir chef.
–Ok, mission terminée. Maintenant, on va aux cuves à graisse. On doit les amener sur le
front nord pour les déverser dans les galeries.
–Mais patron, ça risque pas de …
–Tu iras expliquer ça au sargent Kross. En attendant, on y va.
–Ok, patron.
–Ça risque de quoi en fait? Demanda un Aurelias suspicieux.
–Bof, ce n'est qu'une vieille légende concernant la fondation de Mliuej, et si elle est vraie,
on aura fait d'une pierre deux coups. Donc, pas de souci à se faire, les rassura le chef. Du
moins, il essayait de se montrer rassurant parce qu'au fond, sa formation ne le laissait
négliger aucun risque, et surtout pas la catégorie de risque « risques liées à l'histoire ou
aux légendes », parce qu'il n'y a souvent rien de prévu pour ce type de situation.


Le groupe composé à présent d'une trentaine d'individus, dont vingt-cinq nains dans la
force de l'âge et qui en plus connaissaient bien la ville, ce qui n'engendrait pas de perte de
temps due aux recherches en ville. Ainsi, après seulement deux heures et trente minutes,
les cuves à graisse de Mliuej étaient déjà en position pour être déversées dans le conduit,
et ce malgré diverses disputes durant le trajet due à la présence d'un elfe dans le groupe
mais là, point de mystère, il fallait s'y attendre.


–« Donc, on applique la procédure habituelle pour l'utilisation des cuves à graisse.
–Mais, chef, vous êtes sûrs que ça ne va pas LE réveiller?
–Je t'ai déjà dit d'aller te référer au sargent Kross, c'est lui qui a eu cette idée foireuse de
déverser ces cuves.
–Mais vous parlez de quoi à la fin? S'énerva Kaïnto.
–Je vous ai déjà expliqué que ce n'était qu'une légende liée à l'histoire de Mliuej.
–Alors, pourquoi vos hommes sont si terrifiés par une simple légende?
–Parce que personne n'a jamais été fichu de la démentir, répondit le chef.
–En fait, expliqua l'un des gardes, c'est parce que tous ceux qu'on a envoyé pour démentir
l'histoire ne sont pas revenus, ce qui n'a fait qu'accroître la véracité de l'histoire.
–En résumé, il y a quoi là-dedans?
–Vous verrez par vous-même.
–Vous savez que vous êtes chiants à faire vos petits secrets comme ça?
–C'est dans notre habitude, on est des nains, le secret est chez nous une seconde nature.
Bon, messieurs, commencez l'opération. »


Les ouvriers se mirent au boulot en positionnant les chariots géants transportant les cuves
de façon à ce qu'elles se déversent directement dans les galeries lorsqu'on les
déverserait, ce qui ne fut pas vraiment facile que l'entrée était en partie recouverte par des
gravats et que ça empêchait les chariots de tenir en équilibre. Concernant ces fûts de
graisse incendiaire, ils étaient de taille impressionnante, sachant qu'ils faisaient près de
cinq mètres de hauteur et trois de diamètre, soit une capacité de contenance de près de
trente-cinq mètres cube, et franchement, ils étaient remplis à bord. Ce qui était encore
plus impressionnant, c'est qu'avec les chariots, il suffisait de seulement quatre nains pour
le pousser, ce qui n'était théoriquement pas normal vu qu'un être de petite taille n'est pas
censé posséder autant de force, mais avec des chariots bien construits et des roues bien
graissées, on pouvait finalement aboutir à quelque chose dans la pratique. Et simple détail
destiné à briser quelques stéréotypes : la moyenne des nains a une force supérieure à la
moyenne des humains, ce qui prouve que la force ne dépend pas directement de la taille.
Évidemment, certains diront que ce n'est qu'une moyenne mais cependant, c'est un fait.
Une fois que le dispositif fut mis en place, le sargent Kross demanda à des ouvriers de
préparer les mèches destinés à l'allumage de la graisse. Dralnu proposa d'enflammer la
graisse par magie lorsqu'elle serait déversée, mais le sargent pensait que la magie était
risquée ici car un problème de dosage était vite venu, problème qui était, simple
coïncidence, particulièrement récurrent chez notre mage de Tzinntch. De son côté, le
prêtre de Dlul était de proposer des moyens logistiques pour un déversement optimal de la
graisse contenue dans les barils mais il arrivait trop tard vu que des calculs avaient déjà
été effectués quant à ce point de l'opération.

Et pendant ce temps, les survivants orques de l'éboulement avaient eu le temps de
coordonner de manière efficace ( en fait, il s'agissait de reconstituer la formation de base
en version diminuée ) leur armée. Cependant, quelques éclaireurs avaient pu apercevoir
les nains qui effectuaient leur montage dehors et vinrent donc avertir leur chef, ce qui
déclencha aussitôt un débat sur la technique à adopter. Au bout d'une bonne heure de
brouhaha stupide, les chefs de meute terminèrent le débat à coups de massue et
décidèrent qu'il valait mieux descendre dans les souterrains pour minimiser les pertes, et
ce malgré le dragon des cavernes qui se terrait au fond des galeries. Car oui, ce qui
inquiétait énormément les gardes de Mliuej, c'était la légende selon laquelle un dragon
des cavernes s'était caché au fond des galeries afin de prendre le contrôle de la mine,
chose que les nains ne tolérèrent pas jusqu'à ce qu'ils finissent par escompter des pertes
trop importantes pour un résultat proche du zéro absolu. Résultat : le dragon avait fini par
prendre définitivement possession des lieux et les nains avaient été contraints à renoncer
à l'exploitation de la mine. Le risque ici, c'était que la graisse incendiaire coule jusqu'à la
caverne du dragon et que celui-ci s'énerve, ce qui était suffisant pour lui donner la volonté
et la force nécessaire pour remonter jusqu'à la surface où ils feraient sans doute un
carnage parmi les civils. Bien sûr, il y avait la montagne qui le bloquait partiellement, mais
comme il était prouvé grâce à l'onde de choc que la roche était particulièrement friable, ça
ne lui poserait pas de problème de creuser la montagne pour remonter. Enfin, comme
cette légende remontait à plus de cinq cents ans, le dragon devait avoir suffisamment gros
pour briser toute la roche sans problème.
Cependant, le sargent Kross se montra relativement têtu sur cette affaire en expliquant
que le risque que les orques remontent si on ne faisait rien était de l'ordre de la certitude,
ce qui fut admis par l'ensemble du groupe. Une fois que tout fut prêt, le sargent ordonna le
déversement des cuves. Le chef fut indigné qu'on lui vole ainsi le contrôle de l'opération
mais il lui rappela qu'on avait dit que c'était son idée donc qu'il se devait d'assumer les
responsabilités. Il s'agissait donc d'un transfert de responsabilités auquel le chef de la
garde se plia volontiers pour préserver sa carrière et surtout son poste.

Le déversement en lui-même se déroula sans problème puisque les calculs effectués
quant à l'angle requis pour un déversement optimal furent exacts dans la pratique. Le
mélange visqueux s'engouffra donc sans trop de résistance dans les galeries et plusieurs
éclaireurs orques furent tués par noyade dans la graisse, ainsi qu'une partie de la nouvelle
avant-garde qui ne put courir assez vite à cause de la fatigue. Mais dans l'ensemble, et
c'était ça le plus important pour les orques, c'est qu'une grande partie d'entre eux avait
réussi à résister à la vague de graisse en s'accrochant aux parois. Précaution inutile et
stupide puisque quelques secondes après l'envoi de la graisse, les artificiers nains
envoyèrent les flammes, et on eut une véritable rôtisserie de gobelins dans l'ensemble, ce
qui élimina 80% de l'armée orque et réduisit soudainement l'effectif à une centaine de
soldats, qui étaient grièvement blessés et sentaient particulièrement la chair brûlée. Ce qui
n'empêcha pas un incroyable rugissement de colère de provenir des souterrains.
–« Putain de merde, jura le sargent, on l'a réveillé.
–Ça serait bien que vous nous disiez ce que c'est comme créature maintenant, en profita
Kaïnto.
–Pour l'instant, on se barre. Repli général, gueula-t-il, on se sauve. »

Car oui, en général, lorsqu'on lui déverse quelques centaines de litres de graisse sur un
dragon des cavernes puis qu'on y met le feu, ça ne le réjouit pas spécialement, bien au
contraire car ça l'énerve et ça l'incite fortement à venir exterminer le coupable ainsi que
faire un bon carnage pour se défouler les nerfs. Et comme les dragons des cavernes sont
plutôt rares et que les exceptions à la règle de « je monte en surface pour tout détruire
lorsqu'on m'énerve » ont déjà été exterminées pour se faire de l'expérience facilement, ce
dragon ne fait donc pas exception (question de logique) et a donc décidé de remonter en
surface pour détruire le coupable et ce qu'il trouverait aux alentours, c'est-à-dire la ville de
Mliuej entre autres. La fuite de la garde et du groupe était donc partiellement justifiée, à
partir du moment où on prévoit un plan B pour repousser, voire se débarrasser, le dragon.

Ce qui n'était apparemment pas du tout le cas. Au bout de quelques minutes, le dragon
parvint donc à la surface et poussa un rugissement qui pouvait être clairement interprété
« je vais tous vous pourrir la gueule, bande d'enfoirés ». Le bon côté de la situation, c'est
que l'armée orque stationnée devant les portes sud avait également vu le dragon et qu'elle
avait interprété comme une attaque ultime des nains, et donc qu'ils devaient se barrer au
plus vite pour venir. L'armée orque se dispersa donc aussi vite qu'un elfe sylvain se
retrouvant face à un troll des collines, aussi vite que leurs possibilités physiques le leur
permettaient. Une partie du problème de la garde de Mliuej était donc réglé, mais si ce
n'était à présent qu'une infime partie du problème.

A présent, la garde de Mliuej devait tâcher de s'organiser pour combattre un dragon des
cavernes en furie. Oui, autant le dire, c'était une sorte d'oxymore car en général, on est
censés s'organiser avant d'affronter le dragon, pas pendant. C'était donc un authentique
bordel qui s'offrait en perspective aux yeux du groupe. Cependant, il y avait un détail, et
même deux, qui faisait que ça nous pouvait pas se passer comme dans une ville humaine,
c'est-à-dire où tente de survivre de son côté dans une anarchie totale. Le premier, c'était
qu'on était dans une ville de nains, et quand on sait ce qui se passe quand quelque chose
fait chier les nains, on se doute forcément que ça ne peut pas se passer comme chez les
humains. Le deuxième détail, c'est qu'on était dans la ville de la bière et donc que chaque
bâtiment contenait de l'alcool, ce qui en faisait un explosif potentiel. Alors, je vous laisse
imaginer comment ça va se terminer.

Pour ceux qui sont ou qui étaient en manque flagrant d'imagination au moment où ils
lisaient ce passage, voici ce qui s'est passé, histoire que tout le monde puisse admirer le
spectacle. Pour commencer, le dragon a tenté d'utiliser une vague de flammes pour
agrandir son passage, sauf que la brasserie Goulize se trouvait sur la trajectoire, ce qui
provoqua une explosion conséquente qui dévasta une partie de la ville et se ferait sentir
sur la production et la consommation en bière de la ville pendant quelques décades.
Cependant, il se trouvait que dès qu'on touchait directement à la bière ou sa production,
une partie de la conscience des nains s'éveillait et les incitait à aller voir ce qui se passait.
Plusieurs cinquantaines de nains se rendirent ainsi dans les rues avec l'intention de voir
d'où provenait l'explosion et lorsqu'ils virent le dragon qui était en train d'incendier et de
complètement détruire la brasserie Goulize, leur sang ne fit qu'un tour et ils rentrèrent
chez eux. Deux minutes plus tard, des centaines de nains armés et enragés étaient dans
les rues pour aller poutrer sauvagement le dragon, qui fut pendant surpris par ce
mouvement de masse et se demanda comment des êtres de si petite taille comptaient
l'affronter. Ses questions eurent très rapidement leurs réponses lorsqu'il vit les cottes de
maille, les haches de guerre à double tranchant, les canons et autres armes lourdes que
les nains trimbalaient avec eux. Et ça, c'est toujours un spectacle impressionnant et
d'autant plus que les utilisateurs des armes semblaient parfaitement les maîtriser malgré
les apparences, certains nains ayant oublié d'enlever leur bonnet de nuit pendant qu'ils se
préparaient à toute vitesse pour le combat.

L'armée de nains ainsi formée eut néanmoins le réflexe de se réunir autour de la personne
du chef de la garde de Mliuej, qui était théoriquement la personne la plus qualifiée pour ce
genre d'opérations.
–« Bon, vous allez bien écouter ce que je dis et comme ça, tout se passera bien. Déjà,
pour commencer, nous allons former trois unités distinctes : l'unité de protection des civils,
l'unité d'assaut et l'unité d'artillerie. La première rassemblera 5% des combattants
disponibles et se chargera de la protection de ceux qui ne participent pas aux combats, la
seconde sera composée de tous ceux qui savent se servir d'une hache et qui s'en sortent
en combat rapproché, c'est-à-dire ici près de 75% des guerriers. Enfin, les 20% restants
formeront l'unité d'artillerie qui gèrera l'utilisation des machines de guerre tels que les
canons ou encore la magie, sachant que nous n'avons qu'un seul magicien dans nos
rangs. La tactique est simple : on bloque le dragon, on le force à atterrir avec l'artillerie
puis on l'explose au combat rapproché : programme simple et efficace. Si tout se passe
bien, j'offre la tournée générale. Alors, est-ce que vous me suivez?
Le discours de guerre du chef de la garde fut suivi d'une vague de « HOURRA POUR LE
CHEF! VIVE LA BIERE! ON VA L'ECLATER CE DRAGON! , ce qui prouvait que la foule
était remontée à bloc pour ce combat, et plus encore à cause de la chaleur des flammes
crachées par le dragon.

Après quelques minutes de mise au point concernant quelques détails techniques comme
le point faible du dragon ou les droits sur la consommation de bière après le combat en
fonction du rôle dans la bataille, l'armée de nains partit à l'assaut dans une cacophonie de
cris de guerre et de cliquetis d'armure. Aussitôt, le dragon se retourna pour voir d'où
provenait le bruit, et lorsqu'il vit une armée de morceaux de métal se déplacer dans sa
direction ( ben oui, du point de vue du dragon, une armée de nains en armure donne cette
impression) et comme les dragons des cavernes sont assez intelligents, ils sont capables
de comprendre assez rapidement, en regardant la scène plus attentivement, que ce
déplacement peut se révéler une source d'ennuis potentiellement très dangereuse pour
eux. La solution adoptée fut alors de s'envoler et de cracher un puissant jet de flammes
sur l'armée en mouvement pour la stopper. Cependant, les nains avaient assez bien
anticipé ce point et c'est là que l'unité d'artillerie intervenait : pour empêcher le dragon de
s'envoler en utilisant les canons afin qu'il ne puisse pas effectuer son décollage, ce qui
empêcha par la même occasion de placer une attaque aérienne. Mais en général, dès que
les dragons commencent à accumuler des flammes dans leur ventre, ils sont obligés de
les expulser au bout d'un moment. Le fait de ne pas prendre la voie des airs n'empêcha
donc pas la bestiole de déclencher une dévastatrice vague incendiaire sur le groupe de
nains qui avait eu à peine le temps de se retrouver à portée pour un combat au corps à
corps. Et heureusement que six millénaires de tradition de forge ont permis aux nains
d'acquérir une excellente résistance à la chaleur, parce que sinon ils auraient tous été
grillés par les flammes. L'attaque ne fut évidemment pas sans dommage, car une bonne
partie de l'avant-garde fut gravement touchée puisqu'elle était directement au contact avec
les flammes, mais au moins près de 90% des nains de l'unité de combat étaient encore
disponibles pour se battre, et l'expression « être chauffé à bloc » prenait ici tout son sens.
Et le dragon en fit allègrement les frais, et les haches 1 main d'artisan nain n'étaient pas
prévenues pour retenir leur tranchant, surtout entre les mains d'une bande de nabots
énervés et pressés de se taper une bonne cuite à la bière après avoir tué l'origine de leurs
problèmes. Néanmoins, ce n'était pas qu'à cause de la capacité de cracher le feu que les
dragons se trouveraient dans les plus hautes places de la chaîne alimentaire, mais
également de leurs écailles qui leur fournissaient une excellente armure ainsi que leurs
griffes suffisamment aiguisées pour déchirer la chair sans résistance.

Ce fut alors un authentique carnage comme Khornettoh les aime bien, avec des lambeaux
de chair qui volent, des effusions de sang toutes les secondes et des hurlements de
douleur, le tout provenant aussi bien du dragon que des nains. Les coups de hache
volèrent, les griffes tranchèrent, les massues tombèrent et les mâchoires craquèrent.
Pendant quelques minutes, on aurait pu penser s'être retrouvés face à une scène
d'apocalypse... Tout ça pour dire qu'au final, après la mort d'un quart de l'unité d'assaut,
les nains parvinrent à se débarrasser du dragon, parce qu'à force de lui infliger des
blessures, celui-ci mourut à cause des diverses hémorragies. Ce fut alors une explosion
de joie chez le contingent de guerre, chacun se félicitant entre eux des coups qu'ils
avaient porté à la bête, contribuant ainsi au renouvellement du lien social entre les nains
de Mliuej, et ce d'une autre manière que part la cuite. Sur ce, pas la peine de se leurrer, la
tournée générale de bière promise par le chef de la garde vint bel et bien, après que les
nains furent rentrés au marché de la bière de la ville, où la salle fut complètement
réorganisée pour l'occasion avec des dizaines de tables et de tonneaux. Le chef prononça
alors le discours honorant la mémoire de ceux tombés au combat et qui n'auraient pas la
chance de venir boire ici, et on leur souhaita également le repos éternel au paradis des
nains, comme le voulait la tradition. Ce fut un peu long, mais comme il y avait une tournée
générale à la fin, ils étaient prêts à attendre un peu.

Et dès que la parlote fut finie, on était parti pour une véritable ruée sur les tonneaux de
bière, avec ses infiniment variées méthodes de percement des tonneaux, les concours de
quantité de bière avalée d'une seule gorgée ou encore, tenter de dépasser le record
absolu de dix pintes de bière avalées par la narine gauche détenu par le fameux Goltor
l'Intrépide. Autant vous dire que ça y allait en matière de consommation puisqu'à deux
reprises, des groupes de nains durent sortir pour aller chercher d'autres tonneaux, mais
personne ne se dévoua la troisième fois car la fête battait son plein et que personne
n'avait envie de partir. Cependant, du point de vue des cinq aventuriers, il était
naturellement venu la question de la rémunération pour contribution à l'effort de la guerre,
terme administratif pour payer la paye pour les participants à un conflit. En général, le fait
de la négocier peut être à double tranchant : soit votre interlocuteur est trop dans les
vapes pour vous refuser quoi que ce soit et dans ce cas-là, c'est un jeu d'enfant ; soit votre
interlocuteur a une excellente résistance aux effets indésirables de l'alcool et peut
s'énerver du fait que vous profitiez de son état pour lui extorquer de l'or. De part leur
culture et leur histoire, on peut sans hésiter classer les nains dans la seconde catégorie
mais lorsque vous êtes également un nain, vous savez que lorsqu'on paye de sa poche
deux tournées de bière à un confrère, il ne peut théoriquement rien vous refuser. Ce fut
justement l'option que Fumseck choisit pour entamer ses négociations, mais la tâche
n'était pas spécialement facile puisque le chef de la garde était déjà à moitié ivre. Pour
ceux qui se sentiraient éventuellement concernés par ce que je vais dire, sachez qu'en
Terre de Fangh, le recours à la faculté d'intelligence peut se révéler bien plus efficace que
le charisme, il est en effet toujours plus facile de berner un individu par la ruse plutôt que
par la séduction. Pour ce qui vous arrivera après, c'est à vous de voir.

Donc, après deux tournées de bière supplémentaires, Fumseck parvint à négocier pour
que toutes les plaintes contre le groupe soient annulées pour services rendus à la
communauté, ce qui pouvait laisser que notre nain était finalement fort sociable. Ce fut
malheureusement au niveau de la négociation du paiement que la discussion commença
à s'enflammer :


« Donc, pour le paiement, on dira officiellement 100 pièces d'or par personne du
groupe, sachant qu'on peut considérer que vous avez fait appel à des professionnels...

Ah non,pas du tout, mon vieux. Votre groupe n'est pas répertorié officiellement à la
Caisse des Donjons donc vous n'avez pas le statut de professionnels. Donc, ta
proposition de salaire, garde-la et mets-la là ou je pense, répondit le chef, en montrant
ostensiblement le postérieur de son interlocuteur.

En résumé, t'as rien foutu de toute la bataille et tu t'imagines repartir comme ça avec
tous les honneurs, espèce d'enfoiré flemmard?
Petite note utile lorsque vous voyagez chez les nains : traiter un fonctionnaire de flemmard
est une grave entorse aux règles de politesse, car c'est le genre de vérité qu'on doit
garder pour soi.
–Tu viens de dire quoi, le forçat? Répliqua le chef avec une once de colère dans sa voix.
Si je n'avais pas correctement géré l'assaut, on aurait eu des pertes civiles énormes.
–Sans vouloir te vexer, un gestionnaire avec seulement un an de formation et donc dix fois
moins payé fait aussi bien, voire mieux. Donc, ne te vante pas de ton sens de la gestion,
ça ferait honte à la profession de gestionnaire.
Deuxième note utile : lorsqu'on invoque l'honneur de toute une catégorie professionnelle
dans un argument chez les nains, il vaut mieux que l'argument soit crédible et très bien
structuré parce que dans le cas contraire, la profession pourra se sentir vexée et exercer
des représailles souvent sanglantes.
–Et alors, c'est le résultat qui compte. De toute façon, on a gagné.
–Au prix de la mort d'une bonne trentaine de nos guerriers. Donc, arrête de te comporter
comme si ta seule personne avait suffi à gagner.
–Ne me dis pas que tu vas nous en chier un sablier devant le monde parce que tu n'as
pas eu ta prime, hein schtroumpfette? Répondit le chef en s'arrangeant pour que tout le
monde dans la salle l'entende, ce qui provoqua un silence étrange, celui des personnes
qui attendent la réplique décisive venir.
–Tu m'appelle schtroumpfette alors que tu fais le peureux en restant comme une tapette à
l'arrière? Ricana grassement Fumseck, tout en gardant ses deux poings serrés par
réflexe. Laisse-moi rire.
Ici, à moins que vous soyez idiots, vous vous doutez bien que remettre en cause le
courage et la virilité d'un nain équivaut à le provoquer en combat singulier.
–Je viens d'avoir une hallucination ou tu me cherches, crétin?
–Les deux, face d'andouille. Tu as l'hallucination de te prendre pour quelqu'un d'important
et j'ai bien l'intention de récupérer ma prime de travail, y compris par la baston. »

Le chef de la garde, qui était connu dans la profession sous le pseudonyme de Goldil la
Castagne, et que l'on appellera désormais Goldil pour simplifier les choses, se leva alors
brusquement de sa chaise avec l'intention de coller une tarte à Fumseck pour lui remettre
les idées en place. Sauf que la différence entre un gars assis et un gars debout, c'est que
celui qui est assis doit effectuer un mouvement supplémentaire pour se lever, laissant un
laps de temps durant lequel celui qui est debout peut utiliser comme il l'entendait, et
Fumseck ne se gêna pour lui remettre un crochet du droit dans la tête, l'envoyant
valdinguer à travers les autres nains et en renversant quelques-uns au passage, comme
un jeu de quilles. Le combat était donc lancé. Ce fut alors une excellente bagarre qui se
déroula au centre du Marché aux Bières, offrant aux consommateurs un divertissement de
choix ainsi que l'occasion de faire quelques paris sur le vainqueur du combat, histoire de
gagner quelques pièces d'or. Comme les nains combattants ont souvent très têtus et ont
un sens de la fierté et de l'honneur particulièrement développé, le combat pouvait durer
assez longtemps. Cependant, contrairement au métier de garde qui consistait
essentiellement à rester passif et qui ne laissait que de rares instants à de véritables
combats, la formation de guerrier de Fumseck lui donna finalement l'avantage décisif et au
bout d'un moment, il parvint à mettre hors course Goldil en lui plaçant un coup précis au
niveau des cervicales, sonnant ainsi pendant quelques secondes le pauvre nain, qui fut
ensuite plaqué à terre par Fumseck. Vu qu'il était dans une situation désespérée, le chef
tenta tout ce qu'il pouvait pour se dégager, mais la poigne d'un nain qui tenait à recevoir
son honneur pouvait se révéler dangereuse et le pauvre futur ex-chef de la garde dépensa
ses dernières forces pour rien. Voyant que le combat s'était terminé avec la noblesse de
l'art nain, une série d'acclamations provint de la foule pour féliciter Fumseck de sa victoire,
tandis que diverses bourses circulaient en direction de ceux qui avaient parié
correctement.

–« Bien, reprit Fumseck maintenant qu'il avait bloqué le chef, j'espère pour toi que tu es
maintenant beaucoup plus compréhensif envers mon souhait de recevoir ma
rémunération, faute de quoi je veillerai à l'application de quelques-unes de nos traditions
qui pourraient te coûter bien plus cher que 100 pièces d'or par personne.
–Bon, ok, se soumit finalement le nain vaincu, j'admets ma défaite. Appelle un de mes
gardes et demande-lui de m'amener mon coffret de paiement. Mais par pitié, arrête de
t'appuyer autant sur mes épaules.
–Dès que j'aurai reçu mon argent, s'entêta Fumseck »

Quelques minutes plus tard, le groupe d'aventuriers s'attela avec Goldil à une table pour le
paiement. Le coffret du chef de la garde étant rempli de lingots de thritil, le compte était
assez facile à faire : un lingot par personne et l'affaire était réglée. Le chef signa ensuite
un bordereau attestant que cette récompense était due à un effort de guerre, ce qui faisait
qu'elle était non imposable par la Caisse des Donjons et supprimait donc tout un tracas
administratif conséquent. Goldil préféra ensuite s'en aller discrètement, il avait quelques
dettes avec des créanciers et ne voulait pas être surpris en étant dans la capacité de
payer quelqu'un, ça annoncerait sa mort sociale directement. Et après une tournée de
bière entre les aventuriers vint la discussion sur l'avenir du groupe :

– « Bon, engagea Fumseck, maintenant qu'on a terminé notre première affaire et que ça
rapporte déjà bien, donc on reste ensemble ou pas.
Une minute de silence complet entre les cinq suivit, jusqu'à ce que Dralnu continue la
conversation:

– Ben, c'est vrai que ça a plutôt bien marché pour une première aventure, donc ça me
conviendrait.
– De mon côté, enchaîna Aurelias à la surprise générale, je pense qu'on marche plutôt
bien en équipe, même si personne d'autre à part moi ne l'admettrait directement. Donc,
rester ensemble me semble intéressant. D'autant plus que vous aurez besoin d'un
guérisseur pour les combats. Donc, je suis aussi partant.
Fumseck se tourna ensuite vers le barbare, qu'il appréciait davantage que le reste du
groupe puisqu'il appréciait comme lui l'or et la baston.
– Tu nous suis? Demanda-t-il à Dumlor.
– Pourquoi pas? Du temps qu'on me laisse un peu de liberté en matière d'action, pas de
souci.
– Et pour finir, l'autre, tu vas faire quoi?
– L'autre a un nom, le sermonna Kaïnto.
– Je m'en fous, tout le monde voit de qui on parle donc ta réponse est?
– Ok, grommela-t-il, mais pas d'entourloupes.
– Naturellement, conclua Fumseck. Sur ce, comme on a l'air tous d'accord, je déclare la
création de notre compagnie. Je nous paye la tournée pour célébrer ça, termina-t-il en
se levant pour aller chercher des chopes de bière au comptoir. »

Extrait du Carnet de Voyage de Fumseck
« Ce fut ainsi lors de la bataille de Mliuej qu'émergea finalement une nouvelle compagnie
dans le paysage de la Terre de Fangh. Une équipe qui avait finalement été formée sur un
simple coup de hasard, mais qui était motivée pour l'aventure, et c'était ça le plus
important. Sept jours plus tard, nous avions arpenté les routes pour diverses missions
intéressantes, comme l'escorte d'un marchand de pierres précieuses humain qui avait le
mérite d'avoir l'oeil pour repérer les meilleures pierres. Au bout de ce petit voyage, nous
nous retrouvions dans la grande ville de Glargh où le marchand nous paya finalement
pour nos services d'escorte et on était à présent paumés dans un véritable labyrinthe
urbain, ce qui prouve que les humains n'ont pas le sens de l'urbanisme dans ce secteur de
la Terre de Fangh, contrairement à nous les nains. C'est aux alentours de ce moment que
je vais reprendre mon histoire. »

Chapitre 4
Chapitre 4 : une mission étrange
Où l'on s'engage pour une quête

La cité de Glargh traînait depuis plusieurs millénaires sa réputation d'être un labyrinthe aussi tortueux et dangereux que la Confession Réformée de Slanoush pour les personnes n'y vivant pas depuis quelque temps, ce qui faisait qu'il était très facile de s'y perdre. Et c'est face à cette situation que se retrouvèrent nos cinq aventuriers fraîchement arrivés et bien que le barbare y ait passé une importante partie de sa vie, il dut rapidement admettre qu'il se sentait aussi paumé que ses coéquipiers dans cette situation.
« Bon, commença Kaïnto, je ne sais pas comment vous allez  y prendre, mais moi je vais essayer de me trouver une librairie où on puisse acheter une carte, parce que sinon, on va se perdre en deux secondes.
Oui, sans doute, avoua le prêtre de Dlul, d'autant plus que même le barbare a oublié comment était agencée la ville.
J'ai pas tout zappé, le stoppa le barbare. Je sais que les grands magasins sont dans les grandes rues de la ville.
Les avenues, en résumé, conclua Dralnu.
Les quoi? Questionna le barbare.
Laisse tomber, ça ne servira à rien de retenir ça.
Donc, on y va, les invita Kaïnto. »

Le groupe passa donc deux bonnes heures à déambuler dans les grandes artères de Glargh jusqu'à ce qu'ils trouvent une librairie afin d'y acheter un Atlas de la Terre de Fangh pour Kaïnto, puisque c'était sa fonction de guider le groupe sur les chemins fanghiens. Après quelques minutes pour rechercher les informations suffisantes dans le livre sur la ville, le ranger finit par faire une proposition aux autres membres :
« Bon, je viens de lire la carte et je viens de localiser une auberge qui est réputée car beaucoup de personnes viennent y chercher des personnes pour des missions, si ça vous intéresse.
Quel genre de mission? Demanda le haut-elfe.
D'après le guide, les domaines sont assez variés et touchent quasiment toutes les catégories d'aventures répertoriées par la CDD : récupération d'objet, exploration de donjons, organisation de raid, livraison de pizza, assassinat, etc.
Et ce sont en général des missions bien payées? Demanda par réflexe le nain.
Qu'est-ce que tu veux que j'en sache? Répliqua Kaïnto. Ce n'est pas dans des bouquins qu'on trouve ce genre d'infos, c'est plutôt au moment des négociations pour le salaire qu'on s'en rend compte.
En résumé, on n'a aucune information sur la réputation de la taverne que tu nous proposes, c'est ça? S'énerva Fumseck.
Si ce n'était pas une bonne taverne, je ne pense qu'ils en parleraient dans ce livre, lança Aurelias.
Ah toi, on ne t'a rien demandé, rendors-toi... »
La discussion se prolongea quelques minutes, le temps que Dumlor et Dralnu s'énervent suffisamment pour menacer sérieusement Fumseck afin d'arrêter la conversation. Au final, le nain dut non sans rechigner se plier aux exigences du reste du groupe et accepter de se rendre de bon gré à la Taverne du Chapon Guerrier.
Après une petite heure, puisque le trajet était allongé en raison d'une circulation très dense dans la cité à cause de la grande cérémonie hivernale du temple de Crôm, où l'on assistait régulièrement à des bastons mémorables, le groupe parvint à la Taverne du Chapon Guerrier. Le nain se révélait toujours aussi pessimiste quant à la qualité des services proposés par cette auberge mais lorsqu'il aperçut sur l'écriteau des consommations disponibles que la bière était importée de Mliuej, ses craintes s'envolèrent comme par magie et il fut à peu près tranquillisé.

Pour la présentation des lieux, la Taverne du Chapon Guerrier avait été aménagée au fil des années dans le but de favoriser les rencontres entre offreurs et demandeurs de quête. L'ensemble y était dans l'ensemble calme et sereine, les tables étaient efficacement séparées de façon à ce qui se disait à une table ne puisse être entendu clairement depuis les autres tables, ce qui était une bonne garantie du secret professionnel. La qualité des tables et des chaises était bonne, et on pouvait constater qu'elles avaient renouvelées récemment, l'éclairage de la salle était tout à fait correct, le comptoir du barman donnait lieu vers la cuisine pour le service des clients, et une grande variété de boissons était proposée par la carte de la maison. Les murs du bâtiment étaient assez bien nettoyés et le granit semblait agencé pour tenir sur la durée, et enfin, la taverne avait également une fonction d'auberge puisqu'elle possédait deux étages destinés à l'accueil de clients. Enfin, le parquet de la salle d'accueil était fait en chêne. On pouvait donc en déduire que tout était fait de manière à ce que le client ressorte satisfait de la salle.

A leur entrée dans la salle, le groupe constata qu'il y avait beaucoup de clients, la taverne offrant pour la soirée un spectacle avec des musiciens dont le talent était à l'image de la variété de leur répertoire et qui était très renommé en Terre de Fangh. Le nain se pointa par habitude en tête du groupe, suivi de près par le mage de Tzinntch et le nomade des steppes, avec l'intention de réserver une table et de se commander une bière.
« Bonjour, tavernier, lança Fumseck avec le sourire réjoui de celui qui s'apprête à consommer.
Bonjour, maître nain, répliqua l'homme. Que puis-je faire pour vous?
J'aimerais réserver une table pour ma compagnie ainsi qu'un tonnelet de bière.
Pour moi aussi, enchaîna Dumlor.
Et pour moi de même, renchérit Dralnu.
De leur côté, Kaïnto et Aurelias prirent un pichet de vin aux épices pour deux, un produit autrement plus raffiné que la bière de leur point de vue.
Vous êtes là pour quoi, vous? Demanda le tavernier.
Pour avoir du boulot au possible, répondit Fumseck, mais surtout pour passer la nuit parce qu'on a beaucoup marché aujourd'hui.
Bien, je vous réserve la table sept , celle qui se trouve vers l'estrade là-bas. Comme ça, vous pourrez un peu profiter de la musique.
C'est très aimable à vous, le remercia Fumseck avec une politesse qui surprit ses compagnons de route. »
Un quart d'heure plus tard, le groupe était confortablement installé à sa table tandis que le public en bas était déchaîné alors que le groupe interprétait une superbe chanson qui narrait les évènements de la bataille de Zoug Amag Zlong. Après avoir consommé leurs boissons, le groupe décida de commander de la nourriture et tous admirent que les talents de l'équipe de cuisine étaient fort louables. Dans l'ensemble, on pouvait dire que la soirée se passait plutôt bien.
Pendant ce temps, un autre individu venait d'entrer dans la taverne et se présenta aussitôt auprès du tavernier:
« Bonjour, tavernier.
Bonjour, monsieur. Que puis-je pour vous?
Je cherchais des aventuriers pour une quête. Vous sauriez où je peux en trouver?
Bien sûr, il y a une compagnie actuellement à la table sept qui s'est déclarée disponible. Je vous sers quelque chose?
Une bière blonde, si possible.
Bien sûr, pas de souci. »
Arkanius Noummensis était le stéréotype du personnage qui avait parfaitement le niveau de compétences requis pour effectuer un boulot mais qui déléguait ses tâches pour éviter de se mouiller. Parce que quand on est un mage de niveau dix-huit tri-spécialisé dans l'illusion, la nécromancie et la thermodynamique, on n'est pas censés avoir de problèmes majeurs dans une aventure. Âgé d'une cinquantaine d'années, il portait une barbe courte ainsi qu'une tenue mêlant le vert et le rouge de manière étrange, de sorte qu'on ne puisse vraiment définir son allure vestimentaire. La seule chose qu'on aurait pu remarquer de significatif sur sa position sociale, c'est qu'il avait un Romorfal 10000 attaché à sa droite mais le bâton avait été tellement utilisé qu'on n'aurait su à première vue faire la différence avec un simple bâton de mage. Le mage se dirigea donc en direction de la table que lui avait indiquée le tavernier et il constata que l'ambiance était à la fête, puisque même le nain s'était mis à chanter après que le groupe se soit mis à entamer une chanson parlant d'un nain qui se serait mis à creuser dans la forêt pour des raisons étranges, sachant que le milieu forestier n'est pas propice aux amas de carbone suffisants pour se condenser en mithril, mais bon, comme les nains ne vont que très rarement en forêt, ils n'ont jamais vraiment étudié le phénomène.
« Bonsoir, messieurs, lança poliment Arkanius.
Bonsoir, vous êtes venus pour le spectacle? Demanda Kaïnto
Non, en fait, je cherchais des aventuriers pour une mission.
Dans ce cas-là, vous êtes plus que bienvenu à notre table, nous cherchions du travail en ce moment. »
Le mage s'installa alors à la table avec un air plutôt réjoui.
« Donc, demanda Fumseck, vous avez quoi exactement à proposer?
En fait, je cherchais une compagnie fiable pour plusieurs missions, histoire de ne pas disperser mes informations. Pour votre première mission, ça serait du placement stratégique en milieu urbain.
Une mission d'espionnage, quoi, lança Aurelias.
Pas vraiment, là il s'agit plutôt d'une mission d'intérêt général qui doit rester secrète.
Expliquez-vous.
Le conseil d'administration de Waldorg m'a engagé pour résoudre le problème de l'entassement de déchets dans les égouts. J'ai donc mis une variété de blattes spéciales destinées à dévorer les déchets dans le réseau d'évacuation, sauf qu'il s'agit maintenant d'aller déposer discrètement le lot de blattes dans Waldorg et je n'ai pas vraiment les compétences pour ça, donc je cherchais des aventuriers pour m'aider.
En quoi le conseil d'administration peut-il être gêné de révéler officiellement cette opération de nettoyage? Demanda suspicieusement Dralnu.
Vous êtes déjà allés à Waldorg? » Les interrogea Arkanius.
Les membres du groupe durent malgré eux répondre par la négative, y compris Aurelias qui semblait vouloir garder certaines choses pour lui.
« C'est bien ce que je pensais. Il faut que vous sachiez qu'à Waldorg, il existe de nombreux sujets tabous et la propreté est l'un d'entre eux. La ville fait depuis des années des campagnes de publicité pour faire croire à toute la terre de Fangh que la ville est un modèle de propreté, afin d'inciter les investisseurs potentiels à s'y installer. Sauf que le réseau d'évacuation des déchets n'a pas été révisé pour répondre à l'arrivée d'une nouvelle population donc il a fini par s'encombrer.
Et donc, continua Aurelias, ils ne veulent pas officiellement révéler qu'il y a eu des problèmes par peur d'avouer que leur slogan est en bois.
Voilà, vous avez compris le problème. Donc, vous seriez intéressés pour cette mission?
Ça paye bien comme mission? Demanda Fumseck par pur instinct vénal.
Normalement, en enlevant les taxes de la Caisse des Donjons sur les gains d'aventure et les taxes sur l'activité économique de Waldorg, vous devriez arriver à un salaire de 500 pièces d'or par personne.
Avec ou sans les frais de voyage? Demanda de nouveau Fumseck, parce que je ne pense pas que ce soit la ville à côté.
Je confirme ça, rajouta le demi-elfe ranger. D'après mon Atlas, il y a quand même un sacré chemin, ça représente au moins un tiers du pays à traverser à pied, et en plus, on va devoir passer par les grandes plaines sauvages, donc ça ne va pas être simple.
Il vous suffira de rester sur la route longeant la côté pour éviter 90 % des dangers, le reste étant constitué de troupes de brigands qui sillonnent l'axe.
De l'expérience en perspective donc, approuva le mage noir.
Mouais bon, fit le barbare avec une mine peu réjouie.
Ça ne vous fait pas plaisir de retourner chez vous? Lui demanda l'employeur.
Pas vraiment, non. Je n'ai pas gardé de bons souvenirs de là-bas.
J'en suis sincèrement navré, compatit le magicien. Donc, pour la mission en elle-même, j'ai l'habitude de donner 10% du salaire en guise de garantie, précisa le magicien en déposant 250 pièces d'or dans une bourse sur la table. Pour le lot de blattes, je vous les remettrais demain à la sortie sud de Glargh. Sur ce, je vous souhaite une bonne soirée.
A vous également, le remercia Kaïnto. »
Le magicien s'en alla finalement après avoir payé sa bière auprès du tavernier, avec un mystérieux sourire que personne n'eut le temps de voir.  Par la suite, la taverne avait commencé à se vider, puisque le groupe de musiciens était reparti sous les acclamations du public, et que peu de personnes avaient prévu de rester dans la taverne.
« Finalement, commença Fumseck, je crois que je dois m'excuser. Cette taverne est vraiment géniale, on a vraiment eu un excellent salaire pour cette mission.
C'est nouveau, ça, un nain qui sache s'excuser, je ne savais pas que ça arrivait, railla Aurelias.
Pour moi, nier une erreur est pire que d'en faire une, donc je ne vois pas où est le problème.
Le problème, c'est que tu viens de bafouer la dignité des nains en reconnaissant une erreur.
Le problème, c'est surtout ta présence, espèce d'enfoiré d'elfe, alors ne m'oblige pas à le régler.
Calmez-vous de suite ou c'est moi qui vous calme, menaça Dumlor, faisant ruminer les deux opposants.
Bon, je vais dormir, annonça Kaïnto, cette journée m'a vraiment épuisé.
Cette proposition fut rapidement suivie par l'ensemble du groupe qui alla prendre auprès du tavernier des clés pour leurs chambres, à l'exception de Fumseck qui préféra rester une heure supplémentaire dans le hall d'entrée pour réviser son livre de toujours. Il préféra à la fin de ce temps d'étude rejoindre une chambre afin de profiter des joies du sommeil.

Pendant ce temps, Arkanius Noummensis était occupé à dériver à travers les rues jusqu'à arriver à l'Auberge de la Fourchette Vaillante, une vieille auberge tenue par une folle encore plus vieille qui était parfaite pour des discussions secrètes.  Arrivé à la porte, il décida de frapper par réflexe de sécurité :
« Les chiens aboient, lança une voix derrière la porte.
Et le bourrin fait la loi, répondit Arkanius.
C'est bon, tu peux rentrer.
Contrairement à ce que l'apparence extérieure aurait pu en laisser penser, l'intérieur de l'auberge était finalement suffisamment bien entretenue, notamment au niveau du sous-sol où Arkanius rejoignit ses quatre compagnons de toujours.
« Qu'est-ce que tu étais allé faire, Arkanius? On avait rendez-vous, je te rappelle.
Pas de souci, les nouvelles sont bonnes, j'ai enfin réussi à trouver un groupe qui ait accepté de livrer mon petit cadeau aux habitants de Waldorg.
Ah, ton projet de blattes dévoreuses de déchets à placer dans les souterrains. Je ne suis pas sûr que ça ait une grande utilité.
Ne t'inquiète pas, au bout d'un moment, elles seront tellement grandes qu'elles attirent obligatoirement l'attention du conseil. Franchement, je ne pensais que ces vieux insectes issus d'une expérience datant de vingt ans puissent enfin me servir.
Ah, ceux que tu avais créé avant de …
Voilà, c'est ça.
Eh bien, je crois qu'on va pouvoir fêter dignement le début du lancement du plan!
Oh toi, avec tes besoins d'alcool, tu nous lâches, on a d'autres trucs plus sérieux à faire.
La ferme, Clyde. Quand j'avais envie de picoler, je picole.
Le seul problème, Shunko, c'est que quand tu picoles, tu as une tendance proéminente à vouloir empaler les gens, ce qui n'est pas bon pour notre santé vu qu'on est à côté, pauvre conne.
On dirait une conversation de gamins.
Lance, simple conseil, ne commence pas à t'incruster dans cette conversation, ça va finir par bastonner.
Bon, pour une fois, Daïk, laisse-moi m'amuser un peu...
Vos gueules, hurla Arkanius. Vous commencez à me les hacher menu. Je vous rappelle qu'on a des trucs plus sérieux sur la planche. »

Autour de cette table étaient assis cinq personnages parmi les plus mystérieux mais tout aussi dangereux de la Terre de Fangh:
Clyde Straïfe, artilleur de niveau quatorze, connu pour avoir déclenché une série d'attentats à l'explosif dans Waldorg, il a été finalement été arrêté et emprisonné dans le pénitencier souterrain de la ville pour troubles graves à l'autorité, mais il a finalement réussi à s'évader grâce à l'aide d'Arkanius qui voyait en lui un excellent allié pour ses plans. C'est un homme d'une vingtaine d'années, roux aux yeux verts, mesurant près de 1,70 mètre, aussi impulsif que ses explosifs et toujours armé d'une arme de projection un peu bizarre de sa conception, qu'il a l'habitude de présenter sous le nom de « sarbacane à explosion », de part le tube surmontant le percuteur de l'arme, ce qui permet de mettre le feu à la poudre d'une étincelle et de projeter une balle de métal de petite taille à toute vitesse, ce qui a souvent des effets dévastateurs sur ses ennemis. Naturellement, cette arme est quasiment inconnue en Terre de Fangh.
Shunko, guerrière de niveau quatorze, surnommée la Faux Céleste de part son style de combat basée sur les armes de type hallebarde et surtout faux. Elle se balade d'ailleurs toujours avec sa légendaire faux en thritil qu'elle a fait forgé chez des artisans nains du monde souterrain. En elle-même, c'est une femme aux cheveux noirs de jais très longs, yeux bleu très clairs, mesurant 1,75 mètre, elle porte toujours sur elle une chemise en soie cachant une cotte de mailles très souple et résistante. Dans le fichier de la Caisse des Donjons sur son sujet, il est indiqué qu'elle est responsable d'une grosse tuerie à Glargh lors de la Fête de Khornettoh, où elle a tué près d'une centaine de cultistes avant de s'enfuir. Depuis, elle reste cachée dans Glargh où elle a fini par rejoindre Arkanius, motivée par les perspectives qui lui étaient proposées.
Lance Aoh, assassin de niveau quatorze, surnommé Ironic Death, surnom venant du fait qu'au moment où il révèle son véritable nom à sa victime, celle-ci a tendance à pouffer de rire, soubresaut qui lui est souvent fatal, car c'est à ce moment-là qu'elle se fait exécuter. Pour son apparence physique, on sait seulement qu'il est albinos, de part ses yeux rouge sang et sa peau très blanche, particularités physiques très peu facilement remarquables vu qu'il se cache en permanence derrière son équipement de combat, qui le recouvre d'ailleurs entièrement et est cousu en tissu noir non réfléchissant.
Daïk Odan, ranger de formation, actuellement niveau quatorze, âgé d'une quarantaine d'années, il existe une rumeur le concernant comme quoi il serait responsable de l'une des plus grosses opérations de désinformation ayant jamais eu lieu en Terre de Fangh : il avait livré de fausses informations à la Caisse des Donjons et à la Confession Réformée de Slanoush, ce qui a provoqué une baston généralisée entre les miliciens de la CDD et les forces armées de Slanoush. Peu après, les deux parties se sont décidées autour d'une table ronde à briser le secret des sources d'information et c'est là qu'on s'est aperçus de l'ampleur du désastre. Cela a sauvé la vie de Daïk, car la CDD ne pouvait pas intervenir directement à cause de la loi et les cultistes avaient trop honte de cette affaire pour oser admettre une quelconque véracité dans ce qui s'était passé. Depuis, Daïk est toujours en vie et son nom reste associé dans le monde souterrain à celui des trafiquants d'informations d'élite. Pour le personnage, il accumule les cheveux gris avec un regard bleu foncé perçant, il dépasse à peine les 1,60 mètre et est un peu développé. De plus, sa tenue ne présente pas de signe particulier vu qu'il ne tient pas à se faire remarquer. Son alliance avec Arkanius remonte au temps où celui-ci était encore membre de l'Ordre des Magiciens de Waldorg. On peut donc dire que les deux hommes sont des connaissances de longue date.
Même si les cinq individus avaient l'habitude de collaborer, cela ne signifiait pas pour autant que l'ambiance était toujours au beau fixe, loin de là. Il fallait avouer que les caractères de Clyde et de Shunko n'étaient pas du tout compatibles, de toute façon, mettre à côté un spécialiste du combat rapproché et un autre du combat à distance, lorsqu'il n'y a pas d'affinités, c'est souvent le gros bordel. Franchement, seuls Arkanius, Daïk et Lance parvenaient à s'entendre, notamment parce qu'ils avaient les mêmes conceptions dans la manière de travailler. Pour faire simple, Daïk avait quand même une forme d'autorité sur Clyde et Lance une autorité sur Shunko mais sur le fond, c'est comme repousser la date d'explosion d'une bombe, vous pouvez le faire pendant un certain temps mais pas indéfiniment, au bout d'un moment ça explose.
« Donc, commença Arkanius d'un ton autoritaire, comme j'allais vous l'expliquer, j'ai finalement réussi à organiser l'envoi de mes prototypes à Waldorg, avec toutes mes compliments aux habitants de la ville.
Phrase qui fut de quelques éclats de rire sournois du groupe.
Sachant qu'ils font le voyage à pied, s'ils partent demain, je m'attends à ce qu'ils arrivent dans les six jours donc on va rester au calme et entretenir nos affaires respectives pendant une dizaine de jours, le temps que les bactéries aient suffisamment proliféré de manière à attirer l'attention de la sécurité de Waldorg. Et là, ce sera sans doute le meilleur moment pour entrer dans Waldorg sans se faire remarquer.
Euh, remarqua Clyde, je ne veux pas me montrer vexant, mais d'habitude, dans le mot « bactérie », on parle en général de quelque chose de très petit.
Qui te parle de bactéries ordinaires? Comme Lance l'avait sous-entendu, ce sont des bactéries spéciales issues de l'une de mes anciennes expériences. A la base, je mettais simplement au point des bactéries pour dévorer les déchets. Une expérience tout à fait honorable.
Ah ah ah, ricana Shunko. Bizarrement, j'ai toujours du mal à t'imaginer dans le rôle de philanthrope, surtout que …
Je croyais avoir clairement sous-entendu que nous ne parlerions pas de ça maintenant, trancha Arkanius d'un ton exaspéré. Donc, concernant le projet Blattus Chaotis, à la base, je les avais enchanté pour qu'elles prolifèrent plus rapidement au contact de déchets afin que le traitement soit plus rapide. Sauf que …
… l'enchantement n'a pas eu les effets escomptés, c'est ça? Demanda Lance.
Ce n'est pas poli de couper la parole, Lance.
Désolé, l'habitude du métier.
Bref, donc l'enchantement a fait que les bactéries ont tellement dévoré de déchets qu'elles ont eu une croissance … exceptionnelle, si on peut dire.
Dans l'ordre de combien? Demanda Shunko.
Elles dépassaient les deux mètres de haut lorsque j'ai détruit le premier lot. Heureusement, j'ai eu le réflexe de conserver le second.
Deux mètres de haut? Fit Clyde effaré. Ben, franchement, chapeau.
Donc, pour conclure, termina Arkanius avec un mauvais sourire, je peux dire que nos plans tournent pour le mieux! »
Sur cette dernière parole, tout le groupe éclata du traditionnel rire sardonique de ceux qui pensent que leur plan marche parfaitement.

De leur côté, notre groupe d'aventuriers se complaisait dans le monde des rêves, Fumseck rêvant de batailles et de pièces d'or, Dumlor d'un plan pour un vol, Kaïnto à de nouvelles idées pour cacher son secret sur ses origines et Dralnu d'un nouveau sortilège destructeur. Quant à Aurelias, ce n'était pas vraiment important d'en parler, car il était de toute façon toujours à moitié endormie, et qu'il pensait toujours à sa question : qu'est-ce que je ressens vraiment pour Alinéa, alias la prêtresse de Dlul de Fquiepou? Bref, dans l'ensemble, c'était ennuyeux et il n'y avait rien d'intéressant à signaler.

Au petit matin, Fumseck réveilla comme toujours, en grommelant une insulte envers sa famille et la fourberie dont ils avaient fait preuve. Après s'être sorti complètement du sommeil en s'aspergeant le visage d'eau, il décida de se revêtir son équipement militaire et de se brosser pendant une bonne demi-heure sa barbe. Ce fut seulement après être satisfait de cette activité qu'il descendit au rez-de-chaussée afin d'y prendre un bon petit-déjeuner composé d'une tartine beurrée et d'un bon pichet. Chez les nains, la rigueur dans l'alimentation des guerriers était importante, même quand personne n'était là pour lui faire des reproches, ce qui était en soi une excellente qualité puisque la capacité de se tenir à ses engagements était plutôt rare et souvent appréciée. Quelques minutes plus tard, il fut rejoint par Aurelias qui avait également soigné sa tenue avant de descendre et l'ambiance fut étrangement calme, sans doute parce que c'était le matin et que les deux individus étaient intelligents pour comprendre que la moindre parole allait être le départ d'une conversation interminable, ce qu'ils ne souhaitaient pas. Enfin, au bout d'un bon quart d'heure, l'intégralité du groupe fut réunie autour de la table, et le nain se décida enfin à lancer un sujet de conversation :
« On est censés se rendre à la sortie sud de Glargh pour la mission, c'est ça?
Euh, oui, confirma Dralnu, pourquoi?
Pour vérifier qu'on ne va pas vers le nord, il y a un proverbe nain qui dit « jamais vers le nord ».
Questionnement complètement irrationnel et débile donc, s'amusa Aurelias.
Est-ce qu'un de ces jours, tu pourrais faire preuve d'un peu de bon sens et arrêter de me contredire sans poser un minimum d'argumentation cohérente?
Chose complètement inutile, car ton proverbe est sans doute issu d'une superstition, donc il n'a pas de cohérence.
Qu'est-ce que tu en pensais qu'il n'y a aucune cohérence?
Dis-moi où elle est dans ce proverbe alors.
Simple : à chaque fois qu'un nain est parti vers le nord, il a eu systématiquement des ennuis. Donc, ce n'est pas incohérent si je dis ça.
Bon, tu me fatigues donc je me rendors.
Vraiment aucune classe pour abandonner un débat comme ça, hein.
Parce qu'on peut appeler cette conversation un « débat »? Laisse-moi rire, mais j'ai mieux à faire que de disserter avec un gars qui ne voudra pas de toute façon pas revenir sur ses convictions sous prétexte de traditions ancestrales. »
Cette dernière phrase eut pour effet de mettre un blanc de quelques secondes autour de la table, parce que Fumseck ne trouva finalement rien à répondre à ça.
« Sinon, vous en pensez quoi de cette mission? Demanda le barbare.
Ça a l'air peu risqué, mais ça paie bien donc ça en devient intéressant, nota Fumseck.
Peu risqué? Demanda Aurelias. Tu n'es jamais allé à Waldorg?
Ben non, pourquoi?
Euh, autant vous faire un dessin alors, parce que sinon, on est mal barrés.
Ce n'est pas censé être mon travail, ça? Intervint Kaïnto.
Sachant que ce que je vais dire n'a aucune chance d'être marqué dans un livre édité par des cartographes waldorgais.
Donc, on t'écoute, proposa le barbare.
Bien. Il faut que vous sachiez que Waldorg est une ville où seuls l'argent et les privilèges sont des choses importantes aux yeux des habitants. Cette ville est donc régie par un nombre incroyable de règles destinées à maintenir l'ordre et les avantages de ceux qui vivent à l'intérieur de la ville.
Comment ça? Pourquoi distinguer ceux qui vivent dedans et dehors?
Je viens justement à ce qui ne saurait être marqué dans un livre provenant de Waldorg. Officiellement, la cité est délimitée par la muraille principale de protection dans laquelle seule la partie aisée a le droit de vivre, à cause des coûts exorbitants d'installation, ce qui permet de négliger toute la population pauvre vivant autour de ces murailles, qui représente quand même 75% des habitants.
Et ça signifie quoi concrètement?
Qu'à la moindre incartade, on aura toute la Brigade d'Intervention Magique sur le dos, et là on sera très mal barrés, parce qu'ils sont réputés très dangereux et dépourvus d'états d'âme durant leur travail. Et justement, je ne pense pas que cette mission soit très légale aux yeux de Waldorg.
Tu vois le mal partout, on dirait, répliqua Dumlor.
Dans une ville comme celle-là, tu comprendras très vite comment on arrive à ce genre de situation. Waldorg ne dort jamais, elle est tout le temps en activité, ça me dégoûte.
Pas de chose non ennuyeuse à signaler donc.
Voilà, tu as tout compris.
En résumé, conclut Dralnu, tu penses qu'il y a quelque chose de pas net du tout dans cette mission.
Parce que ce genre de missions, on ne le confie pas à des gars de haut niveau et à excellente réputation mais plutôt à des « nouveaux » peu connus du métier dont la déchéance n'inquièterait personne.
Tu voulais dire quoi par là? Se hérissa Dralnu. Que cette compagnie est faible?
Affirme-moi à l'instant devant tout le monde qu'on serait dès maintenant capable ensemble de venir à bout d'un Golbargh et tu verras qu'il y aura un problème.
Ben, vu comme ça … hésita le mage de Tzinntch.
Voilà, tu commences à comprendre ce que j'essaie de vous dire, c'est qu'en cas d'échec de la mission, on nous fera porter le chapeau sans problème, contrairement à une compagnie de haut rang.
Tu t'inquiètes donc pour rien, rétorqua Fumseck. Toutes les compagnies de la Terre de Fangh ont commencé en bas de l'échelle, et c'est en enchaînant les missions qu'elles ont gagné en expérience et en réputation. Et tant qu'à faire, c'est bien de commencer par une mission dangereuse, ça nous fera décoller plus rapidement. »
Sur cette dernière parole du nain qui fut étrangement acceptée par l'ensemble du groupe, le groupe décida de terminer le petit-déjeuner et de se diriger comme convenu vers la porte sud de Glargh, là où leur commanditaire devait les rejoindre pour leur remettre le colis à « livrer » à Waldorg.

Une heure plus tard, la compagnie qui n'avait pas encore sélectionné de nom de présentation, parvint à la porte sud de Glargh, où Arkanius avait décidé de les attendre auprès d'un comptoir à l'entrée de la ville.
« Bonjour messieurs, lança-t-il, je suis content de voir que vous êtes à l'heure.
C'est tout naturel, assura Fumseck, nous sommes des professionnels.
Eh ben tant mieux, c'est le genre de personnes que je cherchais. Donc, voici le colis que vous devez installer dans les égouts de Waldorg, donc faites attention.
Pas de souci. »
Fumseck s'empara alors avec finesse de la boîte et la rangea de manière stable dans un coffret de son sac, ce qui surprit l'ensemble du groupe.
« Vous avez l'air bien soucieux, maître nain, pour prendre autant de soins avec cette boîte, lui dit Arkanius avec un regard étonné.
Conscience professionnelle, répondit Fumseck. Cette boîte représente notre gagne-pain alors pas question de l'abimer.
Je comprends. Donc, normalement, vous devriez arriver en six jours à Waldorg si vous empruntez un véhicule, 10 jours si vous y allez à pied.
Nous allons donc aller jusqu'à la prochaine ville sur la côte, décida Fumseck puis on prendra un véhicule pour la suite du voyage.
Pourquoi ne pas faire l'intégralité du voyage en diligence? Répliqua le ranger. Ça nous serait bien plus facile.
Il nous faut de l'entraînement, tout simplement. Les voyages en diligence ont tendance à rendre mollasson donc c'est inutile. Et encore si c'est un besoin de vitesse, c'est la zone la plus dangereuse qu'il faut traverser vite, donc la côte, pas la campagne pour s'y rendre.
D'où tenez-vous ces informations, maître nain? Demanda Arkanius surpris.
Une question de logique. C'est au bord de l'eau qu'on trouve les commerces humains, donc c'est au même endroit que se trouveront les brigands.
Bien remarqué, approuva Arkanius. Franchement, on m'a toujours raconté que les guerriers étaient des bourrins sans éducation, eh bien je suis content de voir qu'il s'agit d'une erreur. Donc, je dois vous laisser, des affaires m'appellent, une négociation avec un marchand de matériel magique qui m'attend. »
Le magicien s'en alla assez rapidement et il fut rapidement hors du champ de vision des aventuriers à cause de la foule passant par cette porte, ce qui lui permit de se rendre à l'entrée d'une échoppe où l'attendait une guerrière avec une bière à la main.
« Alors, demanda Shunko, c'est bon?
Je dirais même mieux : c'est parfait. J'ai tiré le gros lot avec ces aventuriers : plutôt naïfs mais dotés d'une grande conscience professionnelle, même si je me méfie un peu du nain, je sens qu'il a l'air nettement plus futé que ce qu'il laisse penser, malgré son appât évident pour l'or.
Dans ce cas-là, pas de souci à se faire, il suffira de lui graisser correctement la patte et le tour sera joué. »
De leur côté, après avoir des provisions pour la route auprès d'un marchand ambulant honnête du point de vue du barbare, c'est-à-dire qu'il n'essayait pas systématiquement d'arnaquer le client et qu'il affichait des paix corrects, le groupe décida de prendre la route vers la ville de Kjaniouf, guidés par un Kaïnto assez sûr de lui de part la possession d'un atlas. L'aventure de nos cinq compères ne faisait que commencer...
« Modifié: 05 décembre 2011, 21:06 par Phénix »

Trailokiavijaya

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06 décembre 2011, 13:43
J'suis pas trop fan de tout ce qui touche aux nains elfes et autres bestioles, mais j'vais quand même lire, parce que y'a une bonne qualité d'écriture.

Trailokiavijaya

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06 décembre 2011, 13:57
Fin du chapitre 1, quelques incohérences je trouve, beaucoup de répétitions de certains mots dans les mêmes phrases, faut faire gaffe à ça en se relisant ça devarit passer. Certaines phrases sont trop longues aussi.
Et puis j'suis toujours pas fan, notamment les histoires de niveau et tout, c'est bon pour le donjon de Naheultruc.

Maître Renard

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11 octobre 2015, 04:03
Et le dragon en fit allègrement les frais
oui

l'autre

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11 octobre 2015, 10:32
Tu as quel âge ?

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