28 septembre 2013, 15:04
Toutes les théories économiques ont été formalisées à travers des observations empiriques, conjoncturelles, politiques des pays. En général, la politique économique a une visée de court a moyen terme quand il s'agit de se stabiliser donc on a pas vraiment d'utilisation de l'histoire dans ces cas la. Mais quand il s'agit d'étudier les paramètres structurels, on a besoin de remonter énormément dans le passé (et notamment dans les dynamiques de croissance) pour comprendre comment la politique au sens large a pu influencer le futur. Pour aboutir à un certain niveau d'accumulation de capital (et donc de richesse), la plupart des études essaient de se baser sur le niveau de capital initial du pays (certains modèles vont même jusqu'à dire que ton état final est déterminé entièrement par ton état initial, notamment le modèle de Solow). Ce capital initial est influencé par l'histoire : la colonisation a par exemple réduit le "capital initial" des pays africains, ce qui explique la difficulté de la dynamique de croissance.
Il y a également la théorie des cycles économiques qui cherche à expliquer l'alternance entre croissance, crise, dépression et reprise à l'aide des paramètres conjoncturels et historiques. Avant d'imaginer de telles théories, il est forcément nécessaire de jeter un oeil à l'histoire pour corréler les phases avec les innovations, réformes structurelles, guerres... Par ailleurs, la théorie des cycles stipule que les crises sont inévitables, mais que l'observation des séries économiques dans l'histoire permet de prédire quelques temps à l'avance son irruption. Pour 2008, tout le monde savait que ça allait venir, c'est juste que les décideurs n'ont pas pris les bonnes décisions pour lisser son effet.
Un exemple épistémologique à plus petites échelle, le concept du prix de proportion (assez proche du prix d'équilibre) a été introduite au 18e siècle par Boisguilbert qui observait les ravages mercantilistes (mesures prise au moyen âge) sur l'économie française sur la période où il était en vigueur. A partir de l'observation de l'histoire (famines, gâchis), il a déduit que le mercantilisme était à jeter à la poubelle. A plus grande échelle, cette analyse de l'histoire pour infirmer/confirmer des théories économiques est primordiale afin d'assurer la crédibilité et le réalisme des résultats. La notion de taux d'intérêt existe depuis des temps immémoriaux et sa conception actuelle a été "forgée" par les mesures antiques (notamment celles de Mésopotamie où le prêt à intérêt était très encadré).
L'importance de l'histoire en économie est d'autant plus soulignée par la présence d'une UE historique chaque semestre de licence et de master. C'est surtout pour le côté épistémologique au départ, mais ça s'étend à l'empirique par la suite. Bien entendu, ce n'est pas de l'histoire très générale, mais plutôt orientée, mais je n'ai pas encore eu assez de cours d'économie publique et de politiques budgétaires pour donner d'autres exemples sur comment l'histoire d'un pays importe en économie.
Du côté de l'économétrie, c'est à peu prêt pareil, observation de séries historiques pour estimer des modèles et vérifier leur validité économique. On y peut rien, c'est une science en partie sociale, l'histoire a forcément à dire malgré toute la rigueur mathématique que l'économétrie impose
« Modifié: 28 septembre 2013, 15:06 par Ordairu »