C'est un post psychologique et full gnangnan donc si vous êtes pas dans le mood, perdez pas votre temps.
Jusqu'à très récemment, j'ai toujours été un mec profondément solitaire : j'aime passer un max de temps tout seul, et pendant un moment j'ai été borderline autiste. Avant mes 13-14 ans j'arrivais pas encore à interpréter certaines émotions "complexes", comme l'attachement sur le long terme ou la pitié. Je comprenais pas le fondement de certaines règles sociales, en particulier celles de la morale et de l'éthique, j'étais incapable de respecter les sentiments des gens parce que je les perçois très peu (c'est toujours vrai, mais dans une moindre mesure).
En parallèle, j'ai très vite eu soif de réussir, d'être compétitif, de rester à ma place que quand je suis premier, et à travers mes modèles et mes lectures j'ai compris à quel point c'est essentiel d'être à l'aise socialement. Je suis un gros observateur, j'adore rechercher un domaine, alors j'ai passé beaucoup de temps à "étudier" les comportements des gens les plus à l'aise de mon environnement, et à lire des bouquins sur la psychologie du relationnel et le management. J'ai accepté ce que j'ai déduit et appris comme des règles, que j'ai appliquées mécaniquement dans toutes mes interactions avec autrui jusqu'à développer un bon relationnel.
Mais bon, c'est longtemps resté des mécanismes, que je devais toujours penser à enclencher, c'était fatiguant et au fond je préfère toujours être seul la plupart du temps. Cette nécessité de faire des trucs que j'aime pas m'a énormément frustré, et le rôle du mec ultra edgy s'est inscrit dans ma nature ; une nature difficile à combattre qui pesait sur ma frustration. Pendant un moment, j'en avais marre de tout, je lisais Cioran pour m'endormir et j'avais trop le seum d'être en vie le matin, de devoir respirer, boire et manger pour survivre, de sentir mon corps en mouvement, de réfléchir et penser, de voir et d'entendre : je voulais être un caillou, je rêvais de n'avoir aucune sensation et je vivais chaque seconde à contre-coeur. Ça a duré grosso-modo un an et demi, d'ailleurs c'était parti loin quand j'ai rencontré un de mes meilleurs potes qui est totalement dans ce délire-là.
Il y a quelques mois, j'ai eu une conversation assez deep avec mon père sur le sens de la vie, le rôle de l'individu, les notions de communauté et de progrès. Il a des points de vue très à lui sur ces questions, et en allant me coucher je l'ai pris pour un con et je ne voulais plus y penser. En fait cette conversation m'a fait interroger mes acquis, j'y ai beaucoup repensé, et le temps a complètement bouleversé mon paradigme sans que je m'en rende compte. J'ai recommencé à apprécier et m'émerveiller, accepté l'autre, et si je vois encore mon monde fait de chiffres, je m'explique enfin comment ils sont connectés. Depuis un petit moment, je me sens totalement à ma place chez l'être humain, j'ai un profond respect pour la vie à tel point que j'ai vraiment le seum de tuer un insecte, je comprends pourquoi patience et générosité font les plus grandes qualités, et toutes ces règles que j'appliquais dans la douleur sont devenues des habitudes qui dessinent ma personnalité.
Ces derniers mois ont été les plus brillants de ma vie, j'ai acquis une volonté en carbyne et mes ambitions s'étendent, mes relations me semblent beaucoup plus sincères, j'ai la banane et une pêche de ouf, je suis tellement prêt à retourner des montagnes.
