Review LGA chapitre 1 : Le bon, la brute et la voleuse
Tout le monde connaît le jeu vidéo Pokémon (si c’est pas le cas qu’est ce que vous foutez ici ?). On connaît tous aussi le dessin animé. Sacha et compagnie, on en a tous bouffé, jusqu’à outrance par moments. Et qu’en est-il du format papier ? Parce que oui le papier existe encore, on s’envoie encore des lettres et on lit encore des livres, même à l’ère du numérique. Eh bien il y a le manga. Attention pas les mangas adaptés des films qui sont à réserver à des gosses de 6 ans (si ils jouent pas encore à Friday the 13th ou GTA) ou à un aîné à qui vous voulez faire un bonne blague. Nan nan, ici je vais vous parler du vrai manga. Parce que oui, on parle pas assez du manga et j'ai décidé de réparer cette injustice !
Un peu d'histoire
On va revenir un peu en arrière. Plus précisément en 2001. Les Daft Punk font fureur avec Discovery. Le monde se tourne vers New York suite à un attentat sans précédent. Internet commence à étendre sa toile dans le monde au sortir de la « bulle d’Internet », et les mangas et animes ne sont pas encore aussi présent dans notre culture qu’aujourd’hui. Mais un dessin animé connaît un énorme succès chez nous : Pokémon. L’éditeur Glénat saute sur l’occasion et publie le manga en France.
Des couvertures comme on en fait plus.
L’éditeur choisit de publier le manga dans le sens de lecture français, et change les noms pour être plus en raccord avec l’anime. Red devient donc Sacha et Blue se transforme en Régis pour ne citer qu’eux. La publication démarre en Juillet 2001. Sauf que voilà, deux problèmes arrivent : Le premier c’est que le manga ne rencontre pas les ventes escomptées. Le second, c’est que, comme souvent à l’époque, un quiproquo entre anime et manga s’est produit. Glénat avait acheté les droits aux ayants-droits de l’anime et pas du manga. De ce fait interruption de la série en 2002, à un tome de la fin de l’arc Jaune. Tout ça à cause d’une connerie.
La renaissance
Il aura fallu attendre 2014 pour que les lecteurs de l’époque découvrent enfin la conclusion de l’arc Jaune. L’éditeur Kurokawa, publiant déjà le manga Pokémon Noir et Blanc, annonce la publication d’une nouvelle édition de ce manga. Edition se présentant sous forme de 3 tomes d’environ 500 pages, regroupant les 7 tomes originaux. Tout ceci pour le prix de 10€ par tomes, ce qui équivaut à 2€ les 100 pages. En bref, une très belle offre. Pour l’occasion, le logo est revu et la traduction est entièrement refaite en collaboration avec l’éditeur japonais, dans un souci de détail et pour ne pas reproduire la même erreur que Glénat à l’époque.
C'est quand même plus joli hein.
Et cette fois ci, le succès est au rendez-vous. Kurokawa rempile avec l’arc Rubis et Saphir pour la sortie de ROSA puis revient à la chronologie normale avec OAC, RFVF, Emeraude, DPPt et HGSS.
« Oui bon eh, je suis pas là pour faire de l’histoire moi »
Bon, j’ai dû en perdre deux trois en route là. Certes c’était un peu emmerdant, mais c’était essentiel de parler de l’historique de la série en France. On va passer au vif du sujet pas d’inquiétude. Je vais donc essayer de vous présenter tout ça sans trop vous spoiler. On va commencer par les personnages importants puis on se focalisera plus sur l’histoire. Je précise que pour des raisons évidentes, je vais utiliser les noms issus de la traduction française de l’édition Kurokawa.
Le bon, la brute et la voleuse (+1)
Commençons par le bon
- Rouge
Tu m'étonnes qu'ils l'aient appelé Sacha chez Glénat
Rouge a tout du garçon que tout le monde aime. Energique, courageux et sympathique, il se portera toujours volontaire lorsqu’il s’agit d’aider les autres. Mais comme on dit, trop bon trop con. Rouge peut se montrer assez naïf par moments. Son premier Pokémon N’EST PAS Pikachu contrairement à ce que l’on peut penser. C’est un Têtarte qu’il a attrapé étant petit. Je vous l’ai dit, l’anime vous l’oubliez là. Son starter attitré est Bulbizarre.
Vient ensuite la brute
- Bleu
Vu le look, je vous laisse imaginer le nombre de fanfics yaoi entre ces deux mecs
Bleu, c’est l’anti Rouge par excellence. Froid, renfrogné, sombre et orgueilleux. Normalement, c’est le genre de perso qu’on adore détester. Eh bien, pas là. L’évolution du personnage Bleu fait qu’on en vient à l’apprécier et on finit même par le trouver très sympa (oui oui j’vous jure même moi j’étais surpris). Le petit fils du Professeur Chen s’est vu offrir un Salamèche de la part de son grand père.
Et enfin la voleuse
- Verte
Ils l'avaient appelée Olga chez Glénat, pourtant elle est loin d'être froide
Verte a une vraie bouille d’ange. Elle est mignonne et elle le sait. C’est pour ça qu’elle ne va pas se comporter comme une parfaite connasse (contrairement à beaucoup). Elle va plutôt utiliser ses talents pour voler. Du plus petit larcin au vol de Pokémon, Verte n’a peur de rien ni de personne. Elle mettra tout en œuvre pour parvenir à son but. Sa détermination l’a menée et la mènera loin. Mais derrière cette forte personnalité, se cache une fille tourmentée par son passé. Elle a acquis son Carapuce en se « servant » chez le Professeur Chen.
HERE COMES A NEW CHALLENGER !
- Jaune
TAAAATA YOYO KESKYA SOUS TON GRAND CHAPEAU
Jaune apparaît à partir de l’arc Jaune (sans déc). Il apparaît au départ sous le surnom d’Ambroise du Bosquet Verdoyant, mais son vrai nom se révèlera être Jaune de la Forêt de Jade. Il est envoyé à la recherche de Rouge suite à sa disparition. Pour ce faire, il est aidé par Pika, le Pikachu de Rouge. Voyageant à dos de Doduo, Jaune est un dresseur spécial. Il n’aime pas faire évoluer ses Pokémon et son arme secrète est une canne à pêche. Oui cet arc est très spécial.
Badges, Rocket et Conseil des 4
Bon maintenant, on va parler du scénario. Comme dit précédemment, en évitant de vous spoiler (en fait ils meurent tous à la fin).
- Arc Rouge, Bleu et Vert
Alors c’est l’histoire d’un mec, il s’appelle Rouge. Bon cette histoire on la connaît tous. Rouge part sur les routes de Kanto pour défaire les champions et obtenir leurs badges, pour affronter le défi de la ligue Pokémon, et devenir maître Pokémon. Ce qui change par rapport aux jeux qu’on connaît, c’est le ton abordé et certains événements. On se retrouve par exemple avec trois champions membres de la Team Rocket (je ne donnerais pas de noms, à vous de deviner ou de lire).
Au départ on pourrait s’attendre à un simple copier-coller de l’histoire du jeu, avec juste un personnage qui parle pour de vrai. Au final, le scénariste Hidenori Kusaka s’est permis beaucoup de libertés par rapport aux jeux, sans pour autant trop s’en éloigner. Intégration de personnages inédits, événements tout aussi inédits et surprenants et maturité de certains passages. Le juste milieu est ici atteint et c’est un vrai régal à la lecture. L’histoire est même parfois plus sombre, abordant la mort ou l’éthique à certains moments. Et pis sans déc, c’est le seul média officiel de Pokémon où vous verrez un Arbok coupé en deux, ou des Magmar congelés puis brisés en milles morceaux.
Bah quoi, vous avez jamais vu de viande rouge ?
Non merci, j'aime pas trop le surgelé. Si ça se trouve c'est de la viande de Ponyta en plus.
Malgré ce côté un peu sombre par moments, l’humour reste présent et les gags foisonnent dans certains chapitres. La preuve en images.
C'est ici que la capacité "Gare au Ronflex" prend tout son sens.
- Arc Jaune
C’est là que ça devient sérieux. Oubliez tout ce que vous savez ou pensez savoir, rien ne sera comme vous le pensez.
L’arc débute quelques mois après les événements du précédent. Tout se passe bien jusqu’à ce que Rouge reçoive une mystérieuse lettre de défi. Avide de combats, il y répond et se dirige vers l’endroit indiqué. Quelques jours plus tard, le jeune dresseur a disparu. Le Professeur Chen reçoit la visite de Pika, le Pikachu de Rouge. Très mal en point et blessé il s’effondre. Arrive alors un jeune garçon à dos de Doduo. Ne prenant même pas la peine de se présenter, il soigne Pika et explique la situation au Professeur. Le Professeur le provoque en combat pour tester sa puissance et après avoir observé son lien avec Pika, les laissent partir à la recherche de Rouge, après leur avoir confié le Pokédex de ce dernier. Avant de partir, il lui révèle se nommer Ambroise du Bosquet Verdoyant.
Un énorme "Ferme ta gueule, c'est magique" pour le Prof Chen
Dans cet arc, on s’éloigne de l’histoire de base pour quelque chose d’original. Et une fois de plus ça marche. Le lore interne au manga se développe, dévoilant les prémices d’un lore qui s’étendra sur toutes les générations. Le personnage de Jaune est étrangement attachant, même si parfois un peu lourd (en même temps, il est encore très jeune, on peut pas lui en vouloir). Ce personnage cache d’ailleurs quelques secrets assez amusants, je vous laisse découvrir par vous-mêmes. Bon ça peut paraître un peu trop gentillet par moments (merci Jaune et sa gentillesse débordante), on reste quand même sur quelque chose de sérieux et sombre par rapport au reste des médias Pokémon. Et je ne vous parle même pas du Conseil 4 qui est tout simplement génial (je peux pas en dire plus sous peine de spoil). Et les combats sont épiques, mais ça vous n’en doutiez pas hein ?
Une bouille d'ange mais toujours là quand il faut l'être. Et il surf avec Pika, que demander de plus ?
Une conclusion pas si conclusive
En bref, le manga Pokémon n’est pas un média comme les autres. De par son format papier pour commencer, puisque les deux autres sont sous des formats plus digitaux. Et ensuite par sa prise de liberté par rapport à ces médias. Des thèmes sombres, des scènes pouvant paraître violentes pour certains (jusqu’à provoquer quelques débats par moments) et la présence de la mort, toujours surprenante dans un média officiel de Pokémon. Néanmoins, il reste objectivement un très bon manga. Ces deux premiers arcs, constituant la première partie de LGA, plantent un décor déjà très varié des personnages attachants qui deviendront récurrents par la suite. Le premier arc sait rester en lien avec l’histoire originale tout en s’en démarquant. Quant au deuxième, on peut voir la puissance scénaristique de Kusaka dans une histoire ne venant pas du tout des jeux vidéo. Une puissance que l’on retrouvera par la suite dans les arcs suivants. Mais ça c’est une autre histoire.
Allez je vous laisse, je vais aller refuser des étrangers aux frontières de l’Arstotzka. On se retrouve pour le prochain chapitre, en attendant (re)lisez cette partie.
