[Fanfiction] Pokémon mutant - NON TERMINEE

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Sestren

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22 mars 2011, 12:01
Bonjour à tous (toutes ?),

voici un récit, qui va sûrement finir comme un court roman. Ce n'est que le premier jet (enfin, premier jet et demi...), j'ai pas mal de choses à modifier pour que ça me convienne, notamment des scènes à ajouter.
Pour le titre, j'en ai foutrement aucune idée  ??? Donc si vous avez des propositions (de titres...), ne vous gênez pas.

Spoiler
   Dans le noir, la télé brillait, rediffusant en boucle les combats de Pokémon que Cary connaissait déjà par coeur. Il connait l'exact déroulement de ces affrontements, il sait à quel moment l'Onix d'Aldo creusait une galerie souterraine pour prendre par surprise l'Insecateur de son adversaire lors de la demi-finale de la Ligue en 93, par exemple.
Ce qui le passionnait, c'était les combats « à l'ancienne ». Ceux de maintenant l'ennuyaient, il trouvait le tout trop plat ; ceux d'avant, interdits aujourd'hui, étaient bien plus palpitants car les dresseurs étaient tout aussi impliqués que leur Pokémon, ils devaient bouger sans cesse, rappeller et renvoyer au bon moment pour s'adapter à la situation et au terrain, et surtout éviter d'être pris pour cible par une des attaques, car il n'était pas rare qu'une Hypnose d'Ectoplasma endorme le dresseur, obligeant son Pokémon à combattre à l'aveuglette...
   Ce qu'il regardait en ce moment était une rediffusion d'un match de 95 opposant Marion, membre du Conseil des 4 de la région de Johto et spécialisée dans le type Ténèbres, à Marc, un jeune dresseur prodige de 16 ans qui avait survolé les Arènes en n'utilisant qu'un Airmure et un Aligatueur. Ce dernier, justement, était aux prises avec le Démolosse de la championne, choix pourtant discutable si l'on considère les types des deux bélligérants. Pourtant, Marion savait parfaitement ce qu'elle faisait, son sourire trahissant sa confiance en son Pokémon. Aligatueur lança une attaque Séisme afin d'être sur de couvrir le terrain, ce à quoi Démolosse répliqua par Feinte, disparaissant momentanément et esquivant la secousse ; alors que tout le monde essayait de deviner où le Pokémon allait surgir, la jeune femme hurla :
   « Attaque Crocs de Feu ! »
Passé un temps d'incompréhension vint la surprise : Démolosse réapparut non par pour attaquer Aligatueur, mais Marc lui-même ! Les crocs enflammés se plantèrent sans son bras gauche, le brulant à vif, lui arrachant un hurlement de douleur. Profitant de la confusion, Marion appella son Corboss qui lança une attaque Surpuissance dans le dos du Pokémon aquatique qui était trop distrait par l'état de son dresseur, mettant ainsi fin au match.
Pour spéctaculaire et enrichissant qu'il soit, cet incident eut de lourdes conséquences : les parents de Marc étaient les fondateurs des Centres Pokémon de Johto, et ont décidé de porter plainte contre la Ligue et Marion, menaçant retirer leur soutien financier de la région, et donc de démanteler tous les centres. Marion fut donc remerciée et forcée de payer les frais d 'hospitalisation, mais les autres membres du Conseil des 4 démissionnèrent à leur tour en signe de solidarité. Ceci déclencha un raz-de-marée aux conséquences majeures : les associations de Protection de la Moralité des Combats Pokémon saisissèrent l'occasion pour relancer le débat sur les affrontements trop violents qui devaient être selon eux contrôlés. Restés lettre morte jusque là, l'histoire du jeune dresseur virtuose fauché en pleine gloire apportant un argument de poids en leur faveur et remportèrent par là-même l'adhésion de la majorité. En moins de deux ans, les combats furent sécurisés, mis sous la juridiction d'arbitres, avec interdiction d'attaquer le Dresseur et de blesser gravement le Pokémon. Pour Cary comme pour une partie minoritaire de la population, l'âge d'or était révolu.
Il éteignit le mégnétoscope, rangea la vieille VHS et se mit au lit.

   Il régnait une ambiance à la fois survoltée et bonne enfant dans la cuisine au petit matin. La mère de Cary était tout sourire, et sa grande soeur récitait un discours d'intronisation, prenant des postures de souverain qu'elles pensait surement imposantes.
« Dis, Léonore, c'est ta nouvelle danse de plouc que tu répètes pour tes copines pouffiasses ou c'est ta nouvelle manière de me dire bonjour ? »
Cary, surveille ton langage ! S'exclama sa mère en apportant le petit déjeuner sur la table. « Essaie de te comporter convenablement, c'est un jour important pour toi aujourd'hui. De plus ta soeur sera ta supérieure alors parle-lui correctement, veux-tu ?
C'est vrai ça, rajouta Léonore, tu vas devoir l'appeler « Chef Admin » après ta mission ce midi, autant t'y habituer !
Justement, je profite de ces dernières heures de répit pour me payer ta tête une bonne fois pour toutes, rétorqua Cary en mangeant un bout de tarte aux pommes.

Sa mère leva les yeux au ciel puis repartit à la cuisine.

« Eh Cary, tu te souviens du topo de la mission, au moins ? Ca serait le comble que tu fasses caporter un coup pareil, demanda Léonore, moqueuse.
Contrairement à toi, j'ai un cerveau allumé et en état de marche.
Le jeune homme déglutit et récita :
«  Le but est l'acheminement de marchandises volées depuis le Centre Commercial jusqu'au Casino via un chemin passant par les égouts. Nous serons déguisés en magasiniers tout ce qu'il y a de plus banals, et faisant mine d'embarquer les boites, nous en chargerons de fausses dans le camion pendant qu'on fera passer les vraies en douce ».
C'est bien mon chéri, dit sa mère en revenant avec des bols de cacao et de café brulant. Ton père est occupé aujourd'hui, mais sois sur qu'il attend ton résultat avec impatience. Et n'oublie pas que nous sommes une famille respectable ici à Céladopole, hors de question que quelqu'un soit en mesure de t'identifier !
Oui maman, je ne vais pas non plus me balader avec un gros « R » sur mon T-shirt...Et après cette mission, je suis admis en tant que « sbire » dans l'escadron commandé par machin.
Fais le malin autant que tu peux, siffla sa soeur, mais il va bien falloir que que tu me respectes. Franchement, j'espères que tu serviras à quelque chose...

Cary n'écoutait déjà plus. Il pensait à son avenir.
Avenir tout tracé. C'était ça, vivre dans une famille membre de la Team Rocket.
La vie était simple : on vivait comme un écolier normal, à la maison on apprenait le fonctionnement et le but de l'organisaton, puis à l'âge de dix-huit ans, on participait à une opération, et si celle-ci réussissait, on était bombardé « Sbire » et on servait la Team Rocket jusqu'à la mort.
Cary avait été jaloux des dresseurs de dix ans qui débutaient leur voyage Pokémon, alors que lui usait les chaises de l'école. C'était à cette époque qu'il avait commencé à regarder les combats à la télé et ceux disponibles en VHS, ainsi que les magasines spécialisés qu'il feuilletait sur les étagères des boutiques. Sa naissance en avait décidé autrement, voilà tout.
Il remonta dans sa chambre se préparer.
Et au-delà du trac et de la peur de l'échec, il y avait l'hésitation.

   Midi, l'opération avait commencé. Cary, accompagné de cinq membres de la Team Rocket déguisés en magasiniers, portaient les fausses boites dans les camions et apportaient les vraies dans les égouts, à l'abri des regards. Cary ne se chargeait que d'entasser les marchandises dans les canalisations. Voilà en quoi consistait sa première opération visant à l'intégrer au sein de la glorieuse Team Rocket : être seul dans les égouts à peine éclairés, à poser des boites. Il imaginait déjà les conversations au diner du soir. Il pensait avec dégoût que son rêve de dresseur indépendant lui était passé sous le nez, qu'il était déjà trop vieux pour ça, et qu'il n'avait plus d'autre choix que de suivre la lignée familiale.
Un de ses acolytes lui tendit une autre boite qu'il tenta de saisir mais, trop absorbé par ses rêveries, elle tomba dans l'eau croupie.
« Fais gaffe gamin, c'est précieux là-dedans. Ramasse-là pendant que je vais en chercher une autre », dit l'homme d'une voix manquant totalement d'enthousiasme.
   Cary se pencha pour ramasser la boite. Celle-ci s'était cassé dans sa chute, révélant des Hyper-Potions et des Guérisons. Jetant un coup d'oeil vers la surface, il en mit quelques unes dans ses poches. « J'aurai au moins ça pour me consoler... », se dit-il.
   Il entendit soudain des clapotements visqueux à la surface de l'eau. Mal à l'aise, il chercha à localiser l'origine du bruit...quand une, deux, trois, dix, vingt paires d'yeux luisants dans l'obscurité. En voyant l'eau se soulever et une masse énorme émerger parmi les autres, Cary comprit, horrifié : dans sa maladresse, il avait renversé la boite sur le crâne d'un Grotadmorv ensomeillé. Celui-ci, furieux, à alerté les autres Tadmorv des environs !
Son sang ne fait qu'un tour. Il s'enfuit à toute vitesse, esquivant les mains moisies et les jets de poisons des Pokémon fous de rage. Il ne savait pas exactement où il allait et ça lui était bien égal, tant qu'il échappait à ses poursuivants empoisonnés bien décidés à lui faire la peau. Il courut et ne se retourna même pas au cri hargneux du Grotadmorv quand celui-ci lanca un Detricanon qui manqua de peu sa jambe, réduisant le mur à côté en bouillie. Trempé, lessivé et à bout de souffle, il détala pendant ce qui lui semblait être trois heures...puis il n'entendit plus rien. Plus de bruit des Tadmorv glissant sur le béton des égouts, plus de claquement sec des attaques de type Poison s'écrasant sur les parois, rien. Il s'adossa contre un mur et reprit son souffle lentement, par petites gorgées d'air. Il regarda sa montre qui lui prouva que seulement vinct-cinq minutes s'étaient écoulées depuis le début de sa course-poursuite.
Le problème qui se posa à lui était simple. Ayant provoqué un vacarme infernal qui a très probablement fait rater le convoi, l'opération dans son ensemble a surement du échouer, faisant de son intégration un fiasco. Une fois rentré chez lui, tout ce qu'il attendait serait la colère de son père dont la famille verrait sa réputation entachée. Quant à lui, il serait considéré comme un rebut pour la Team Rocket, qui statuerait sur son sort.



   Mais de l'autre côté, une idée avait commencé à germer dans son espritpendant la cavalcade, et au fur et à mesure que l'adrénaline redescendait, elle devint plus claire que de l'eau de roche.
   Dans la solitude des égoûts, il était libre.
   Jamais Cary n'avait ressenti une excitation pareille ! Cet échec lui avait ouvert une porte qu'il pensait trouver à jamais fermée : puisque tout ce qui l'attendait en rentrant ferait de lui un raté, il pouvait se débarasser de ses entraves familiales et commencer son voyage en solitaire ! Il avait même regretté de ne pas avoir de Pokéball sous la main pour tenter de capturer un des Tadmorv. Le souci reste son âge, qui interdirait d'avoir un certificat de dresseur, et donc d'accéder à la Ligue. Pas de rituel du Pokémon de départ Eau/Feu/Plante, et encore moins de Pokédex. Ca serait un voyage caché, non reconnu officiellement.
« ...go...mogo...go... »
   Cary sursauta quand il entendit une voix étranglée venant du chemin qui prenait sur sa gauche. Il s'assura de bien être seul, puis s'avança doucement à l'angle du couloir, et ce qu'il vit lui fit de la peine.
Un Smogogo gisait par terre, blessé, et essayait de rouler sur lui-même pour aller on ne sait où, mais sa trajectoire était génée par sa seconde tête, qui lui faisait faire des tours sur lui-même. Il semblait vraiment mal en point. Car s'approcha avec soin et murmura : « Hé...hé ! Smogogo ! Je vais t'aider, ne bouge pas. » Le Pokémon lui répondit en hurlant et en crachant un jet de fumée épaisse.
Le jeune homme attendit à bonne distance que la fumée se dissipe, puis sortit une des Hyper-Potions qu'il avait volé.
« Regarde, avec ça, je vais te soigner. Il faut que tu me laisses approcher pour que je l'utilise »
Nouveau hurlement de rage. Il dut attednre cinq bonnes minutes pour ne pas être intoxiqué par Gaz Toxik.
« Je suis sérieux, je vais quand même pas te laisser comme ça ! S'il te plait. »
« Go ? ». Il le regardait d'un air interdit.
« Je m'approche tout doucement pour te guérir, je ne te veux pas de mal. Tu vois, touuuuut douucement ».
Cary fit quelques pas prudents et rejoigna le Pokémon. Celui-ci était mal en point : il avait de multiples plaies, donc certaines avaient été causées par les attaques Croc Fatal des Rattatac en chasse dans le coin. Acculé par la meute, il avait du tout juste réussir à les repousser, mais les blessures étaient déjà graves.
Il approcha l'Hyper-Potion et appuya sur la gâchette, pulvérisant un spray frais sur la peau du Pokémon. Celui-ci sursauta de surprise. Cary crut d'abord avoir gaffé, mais le soupir de soulagement de Smogogo le convaincut de continuer. Il recommença jusqu'à vider le spray.
   Il savait qu'une Hyper-Potion était efficace, mais il n'avait jamais vu de lui-même le résultat. C'était stupéfiant : alors qu'il gémissait comme un mourant il y a quelques minutes, le Pokémon souriait et avait recommencer léviter en crachant des gaz de satisfaction.
   « Eh bien, ça t'a remis sur pied on dirait ! Enfin, façon de parler, t'as pas de pieds, mais je me comprends... »
Smogogo se frotta contre lui par affection, tout sourire. Sa peau était rêche et puait le poison, mais Cary remarqua quelque chose d'inhabituel : la seconde tête, plus petite, n'était pas mauve comme la tête principale, mais bleue claire. Il n'avait jamais vu ça auparavant...
   « Ah c'est ici que tu te caches, sale merdeux ! T'as tout fait foirer, tu vas le payer cher ! »
Il se retourna comme si il avait pris un coup à l'arrière du crâne. Ses acolytes de la Team Rocket l'avaient retrouvé : trop occupé par la guérison, il ne les avait pas entendu arriver.
   « Toute l'opé est par terre par ta faute avec le foutoir que t'as causé. On va te ramener par la peau des fesses, tu vas prendre pour tout le monde. »
Visiblement, deux d'entre eux s'étaient fait prendre ou avaient réussi à s'échapper. Quoi qu'il en soit, il en restait trois en face de lui, aucune chance de s'échapper de ces voleurs furieux qui le rattraperait en deux temps, trois mouvements. Sans voix, il voyait déjà son rêve s'envoler.
   Smogogo s'avança.
   « C'est quoi c'te mocheté ? Il est tout difforme en plus, dégage ! »
   La tête bleue ouvrir doucement la bouche, et fit apparaître une sphère bleue lumineuse qui se transforma d'un coup en rayon, qu'elle lança en direction des assaillants. Ceux-ci n'eurent pas le temps de réagir qu'il furent frappés par la vague glacée, les congelant sur place. Ils essayèrent en vain de mettre la main à leur Pokéballs, le froid les ralentissant, puis les stoppant net. La tête bleue cracha un petit jet de fumée blanche, puis ricana.
   Cary n'en croyait pas ses yeux, il était bouche bée .
   « Tu...tu...c'était une attaque Onde Boréale ??? »
   Le Pokémon se tourna vers lui et acquiesca.
   « Ca alors...un Smogogo qui lance une attaque Glace... »
Il fixa le Smogogo qui était visiblement fier de sa prestation, et un sourire se dessina sur son visage. Il ne put s'empêcher d'éclater de rire. Entre lui, jeune homme reclus et trempé jusqu'au os, et ce Pokémon mutant, il faisaient une sacré paire ! Smogogo dansait autour de lui en crachant tour à tour des gaz violets et bleus. Cary se dit que ce genre de rencontre était trop rare pour passer à côté, il n'aurait peut-être pas d'autre occasion comme celle-ci. Il s'éclaircit la gorge et tenta sa chance.
   « Ecoute Smogogo, je vais m'échapper et commencer mon voyage pour devenir dresseur. Ca va pas être facile, je vais devoir me cacher et improviser, mais je suis prêt maintenant. Est-ce que tu acceptes d'être mon partenaire ? »
Smogogo écarquilla les yeux de surprise, et un voile sombre passa sur son visage. La tête bleue tourna les yeux vers la tête mauve et lui murmura quelque chose. Cette dernière lui répondit, s'ensuivit un dialogue entre les deux têtes qui semblaient diverger sur un point, sans que le jeune homme puisse savoir quoi exactement. Puis le Pokémon lui fit face, et acquiesca, tout sourire.
   « C'est vrai ? Génial ! Allez, tope-là ! »
Cary avait dit ça, emporté par l'excitation, oubliant totalement qu'un Smogogo n'a ni bras ni jambes. Ce dernier ne parut pas s'en offusquer, bien au contraire : il rit, puis donna un petit coup de tête dans la main du jeune homme.
   « Une vhose quand même : je t'appelerai Fumo. »
Le Pokémon se pencha sur le côté, interrogateur.
   « Il faut bien que je te donne un surnom ! Vu que tu fais beaucoup de fumée, ça sera « Fumo ». C'est court, facile à retenir, et ça fait de toi mon pote ! »
Fumo balança de la fumée de partout pour célébrer ça.
Le voyage avait commencé.



Tout à son enthousiasme, Cary avait oublié un détail : il était trempé et puait les ordures jusqu'aux os. Il lui fallait trouver de nouveaux vêtements, les types congelés devant lui avaient forcément prévu des sacs de rechange pour ranger leur tenue de magasinier, il espérait que les vêtemets à l'intérieur avaient été épargnés par l'attaque Onde Boréale. Il réussit à enlever du gel l'un des trois sacs et trouva un T-Shirt et un pantalon à sa taille, enfin, à peu près...ça ferait l'affaire quand même, bien qu'il ne tenait pas à garder un vêtement issu de la vie qu'il venait de rejeter. Il en achèterait de nouveaux dès que possible. Ca ne corrigeait pas son odeur (il se forçait à respirer avec la bouche pour éviter un haut-le-coeur), mais ça lui donnerait un aspect plus présentable. En revanche, pas de matériel de dresseur, ce qui allait poser un souci car Cary savait déjà que Fumo allait attirer l'attention, chose qu'il voulait naturellement éviter pour le moment.
   « Fumo, tu as vu un plan des égoûts dans les environs ? »

Le Pokémon acquiesca et partit devant, faisant signe au jeune homme de le suivre. Ils arrivèrent devant une petite carte à moitié effacée et encastrée dans le mur, mais suffisamment lisible pour se repérer.
Quand des colons s'installent sur une terre pour la première fois, le mot d'ordre est de parer au plus pressé. On construit les habitats, on délimite et cultive les pâturages, puis les routes. Parmi les autres, le système de traitement des déchets se fait plus tard, sur le tas, et souvent dans la confusion, ce qui explique que la plupart des égoûts accusent une architecture involontairement labyrinthique. Céladopole faisait exception à cette règle : la ville avait été prévue dès le départ pour être une terre d'accueil d'un peuple aisé et fortuné, hors de question de laisser une telle population vivre dans ses déjections ! Les cours d'architecture que Cary avait pris il y a quelques années prenaient forme devant lui : ces égoûts avaient été dessinés à la règle par quelqu'un de très minutieux. Il y avait en tout douze sorties, si on ne compte pas les simples grilles d'évacuation. Cary voulait éviter à tout prix les endroits trop exposés, il chercha les bouches situées près des sorties de la ville. Celle située à l'ouest, à l'écart des bureaux informatiques ferait l'affaire : il mémorisa le trajet et se mit en route.
   Il ramassa au passage un grand tissu noir. « Il va falloir qu'on reste discrets, Fumo. Je n'ai pas encore de Pokeball pour t'abriter, alors je te recouvrirai de ça et je te ferai passer pour un gros colis quelconque ». Cary mit le tissu sur Smogogo : d'abord, surpris, ce dernier finit par trouver ça très amusant, et imita un Fantominus en en imitant le grondement. Cary hurla de rire qu'il essaya en  vain de retenir, malgré l'écho inquiétant qu'il répercutait dans les égoûts. Même si c'était risqué, ça lui faisait du bien d'avoir un moment de détente au milieu de tout ce chamboulement. Après s'être assuré qu'il n'y avait personne dans les environs, il poussa la plaque, sortit avec son « colis » sous le bras, et se dirigea vers la sortie de la ville.
Pendant son escapade, un plan avait germé dans l'esprit de Cary. Enfin, une ébauche de plan, mais ça lui permettait au moins de savoir quoi faire précisément par la suite. Il consistait « tout simplement » à se diriger vers Parmanie, et se rendre chez Koga pour lui demander conseil et guidance. Ce dernier, après sa démission, s'était retiré chez lui et avait laissé la gestion de l'Arène à sa fille Jeannine. Ceci évitait que les dresseurs fuient le combat par peur d'affronter un champion « violent », et laissait à Koga une retraire anticipée, bien qu'involontaire.
Il fallait juste qu'il sorte de la ville et atteigne la Piste Cyclable sans encombres. Il était quatre heures de l'après-midi, le ciel s'était assombri et la pluie commençait à tomber, forçant les quidams à rentrer chez eux. Ca restait Céladopole, une ville surpeuplée, mais le climat semblait lui faire une faveur, il n'allait pas cracher dessus. « Parfait, pas besoin d'être sous le feu des projecteurs », pensa Cary, tandis qu'il sortait de la ville et entama la route 16.
Cette route, de nuit ou par mauvais temps, était peu fréquentée et surtout peu fréquentable : régulièrement, la police devait intervenir pour faire cesser des combats illégaux et des traffics d'objets volés au Centre Commercial. Cary se surprit à rêver qu'un dresseur vienne le défier dans un combat à l'ancienne, son premier combat se déroulerait sous la pluie battante, la nature déchainée encouragerait une rixe violente dans laquelle les adversaires feraient tout pour avoir le dessus, tout en reconnaissant à l'autre la force et la fierté nécessaire à tout dresseur qui se respecte. Le gagnant relèverait le perdant d'une poigne de main virile, aucune parole prononcée, tout dans le regard...C'était une représentation qu'il avait choyé pendant toute son enfance et qu'il avait envie d'incarner. Cependant, il savait bien que sa priorité était de mettre le cap sur sa prochaine destination, en ne restant pas dans les parages. Il entendit soudain des bruits de pas dans les bois à côté. Trois hommes, l'air narquois et mauvais, en sortirent accompagné de Persians. Ils ricanèrent à mesure qu'ils s'approchaient de Cary.
Oh regardez-moi ça, un pauvre gosse paumé sous la flotte. Ca vous file pas le cafard, les gars ?, dit le plus grand d'entre eux.
Si, grave. Ca m'fend le coeur, mais faut appliquer la règle quand même !, lui répondit le plus petit.
Ah mais il est p't'être pas au courant !, ajouta le troisième à la coupe punk.

Cary reculait pour ne pas être encerclé. Sa vue commençait à se voiler d'un rideau jaunâtre, celui de la peur.

Ouaip, alors c'est le principe d'Aide au Développement de la Communauté des Dresseurs qu'on a crée, gamin. Etre dresseur, tu sais, c'est pas facile, on a besoin de fonds. Alors, par générosité, on demande un don aux voyageurs. Ca tisse des liens, tu vois ?
Sans compter que ça...euh...renforce la communauté dans son ensemble, nan ?

Ils rigolaient, content de leur blague. Il était évident que ce n'était que de simples voleurs venus lui piquer le peu qu'il avait, ce qui mettrait fin prématurément à sa carrière si étrangement commencée. Ainsi donc, ces voyous était des dresseurs Pokémon...peu à peu, le voile de peur se stria, laissant apparaître un long fil rouge, celui de la colère et de l'envie d'en découdre avec cette bande de guignols. Le fil ne cessait de recouvrir le voile, faisant bouillir le sang de Cary. Il ne s'était jamais senti comme ça, il ne savait même pas ce qui lui arrivait, mais ça lui faisait un bien fou. Il respira un bon coup et rétorqua :

Ecoutez, c'est bien normal de s'entraider. Je vous propose un accord de principe : vous me laissez passer, et en échange, je vous laisse repartir sur vos deux jambes. Sans vous dénoncer à la police. Ca me semble équitable.
« Mais qu'est-ce qui t'a pris ??? », lui murmura sa raison. Il ne se serait jamais senti capable de répondre de manière aussi osée, aussi méprisante à quelqu'un. En plus, techniquement, il n'avait pas la moindre chance à trois contre un. Mais il s'en fichait, le voile était entièrement rouge, il était temps de l'ouvrir.
Tu te rends compte qu'avec ta merde, on va être obligés d'être méchants ?, répondit le grand chauve. Les mecs, on va corriger ce connard.
 Vous êtes surs de votre coup ?, répondit Cary dans un sourire mauvais. Je ne voudrais pas que cet incident jette un froid sur notre relation...

Il enleva le tissu noir, révélant Fumo. Celui-ci ne laissât pas le temps aux voyous de réagir qu'il avait déjà lancé une attaque Laser Glace qui frappa de plein fouet le Persian du punk, le congelant sur place. Mort de trouille, il décampa en vitesse, sans prêter la moindre attention à son Pokémon prisonnier de la glace. Et d'un.
Le plus petit hurla « Persy, attaque Tran... »
Il ne put finir de donner son ordre, Cary avait bondi instinctivement et lui avait décoché un coup de poing en pleine machoire. Sa tête rebondit sur le tronc d'un arbre, l'assomant sur le coup. Son Pokémon, furieux, se jeta sur le jeune homme dans l'espoir de la mordre à la gorge, mais il ne put finir son assaut : Fumo effectua une attaque Bélier qui le coupa net dans son élan et le projeta contre un arbre et le mit K.O. Et de deux.
Le grand chauve hurla de rage et se lança en compagnie de son Persian à toute vitesse sur Cary. Ce dernier cria : « Fumo, attaque Bomb'Beurk sur le dresseur ! ». Fumo cracha un jet de poison massif et fumant en plein visage de la victime, qui tomba à la renverse et chercha vainement à gratter la substance. Le Persian ne fut cependant pas découragé et sauta sur le Pokémon, et accroché à lui, l'attaqua sans répit à coups de Combo-Griffe.
   « Fumo, non, dégage-toi, vite ! »
   Mais Fumo resta immobile, impassible. Cary réalisa alors qu'il ne subissait pas les attaques : en fait il ne sentait tout simplement rien. Il lui sembla même distinguer un sourire railleur...puis la tête bleue cracha un Vent Glace : le Persian, surpris, s'arrêta peu à peu, puis totalement, incapable de bouger ses griffes ni de maintenir sa prise sur Fumo, puis tomba à terre, transi par le froid.

Cary haletait, l'esprit confus. L'adrénaline s'amenuisant, ses jambes flageollaient et il se laissa tomber par terre. Fumo, lui, cracha un petit jet noir sur le Persian gelé par Laser Glace et ricana, fier de lui. Il avait gagné. C'est le chaos, c'était contre de simples voyous, c'était rude et sans la moindre distinction, mais l'idée faisait son chemin dans son esprit : il venait de gagner son premier combat Pokémon. Trempé par la flotte des égoûts et le crachin, réalisant tout juste ce qu'il venait de faire, Cary éclata de rire, le rire d'un homme qui venait de vaincre. A trois contre un, à six contre deux, il avait réussi à gagner sans avoir subi de blessure ni de perte. La fierté, la joie et la surprise alimentaient son fou rire, Fumo se joigna à son hilarité en propulsant des jets de fumée de partout. Pour son premier vrai combat, cette victoire sans appel renforça encore plus sa détermination.
Au bout de quelques minutes, il se releva et décida de se servir dans les possessions des voyous. Le résultat fut fructueux : huit Pokéballs, des baies Maron et Pêcha dans une boite (ces dernières semblaient plaire à Fumo, il lui en laissa quelques unes de bonne grâce), ainsi que l'imperméable en cuir et le vélo du chauve. « Je vous en filerai, moi, de l'entraide, bande de cakes », murmura Cary en enjambant le Persian assomé. Il pouvait maintenant prendre la Piste Cyclable en direction de Parmanie en raccourcissant la durée du trajet. Mais tout d'abord, il saisit une Pokéball et s'adressa à Fumo :
   « Je suis vraiment fier de toi mon vieux, t'as assuré jusqu'au bout ! T'as pas volé tes baies en tous cas...mais maintenant, ça serait mieux que tu te mettes à l'abri à l'intérieur de...enfin, je sais pas si tu sais ce que c'est, mais... »
Il réalisa qu'il ne savait absolument pas comment s'y prendre pour convaincre un Pokémon de rentrer dans une Pokéball. Il avait vu de nombreux dresseurs les forcer à l'intérieur, mais connaissant le sien que depuis aujourd 'hui, il désapprouva une méthode aussi brutale.
Fumo lui fit un signe et donna un petit coup de tête dans la Ball.
   « Décidément, tu n'arrêtes pas de me surprendre... »
Il activa le mécanisme qui réduisit Fumo à la taille adéquate pour le faire rentrer. Une fois à l'intérieur, ils échangèrent un clin d'oeil complice.
   « Allez, assez perdu de temps, en route ! »
Il enfila la capuche de l'imper et commença à rouler.

Spoiler
Au bout de quelques minutes, il se releva et décida de se servir dans les possessions des voyous. Le résultat fut fructueux : huit Pokéballs, des baies Maron et Pêcha dans une boite (ces dernières semblaient plaire à Fumo, il lui en laissa quelques unes de bonne grâce), ainsi que l'imperméable en cuir et le vélo du chauve. « Je vous en filerai, moi, de l'entraide, bande de cakes », murmura Cary en enjambant le Persian assomé. Il pouvait maintenant prendre la Piste Cyclable en direction de Parmanie en raccourcissant la durée du trajet. Mais tout d'abord, il saisit une Pokéball et s'adressa à Fumo :
   « Je suis vraiment fier de toi mon vieux, t'as assuré jusqu'au bout ! T'as pas volé tes baies en tous cas...mais maintenant, ça serait mieux que tu te mettes à l'abri à l'intérieur de...enfin, je sais pas si tu sais ce que c'est, mais... »
Il réalisa qu'il ne savait absolument pas comment s'y prendre pour convaincre un Pokémon de rentrer dans une Pokéball. Il avait vu de nombreux dresseurs les forcer à l'intérieur, mais connaissant le sien que depuis aujourd 'hui, il désapprouva une méthode aussi brutale.
Fumo lui fit un signe et donna un petit coup de tête dans la Ball.
   « Décidément, tu n'arrêtes pas de me surprendre... »
Il activa le mécanisme qui réduisit Fumo à la taille adéquate pour le faire rentrer. Une fois à l'intérieur, ils échangèrent un clin d'oeil complice.
   « Allez, assez perdu de temps, en route ! »
Il enfila la capuche de l'imper et commença à rouler.


La Piste Cyclable, que l'on avait arrêté d'appeler « Route 17 » depuis bien longtemps (et ce même dans les documents officiels !), était parfaitement plate, construite pour rendre le trajet le plus agréable possible. Longue de plus d'une dizaine de kilomètres, beaucoup utilisaient des vélos à batterie ou même les pousse-pousse pour y passer un bon moment de détente, et de ce fait elle était très prisée des familles venues faire une promenade, ainsi que des sportifs acharnés qui pédalaient avec vigueur par tous les temps. Au vu de la météo capricieuse, Cary ne croisa cet après-midi que la seconde catégorie d'usagers trop préoccupés par leur performance, ce qui l'arrangerait bien, il n'avait pas envie qu'on s'attarde sur lui.
Il fallait bien deux heures de route pour rejoindre Parmanie, ce qui lui permit de souffler un peu et de reprendre ses esprits. Son voyage avait commencé de la manière la plus chaotique qui soit : il avait trahi les attentes de ses parents, s'était mis à coup sur la Team Rocket, son ex-futur avenir, à dos, et quitté le foyer par la petite porte. Il avait attaqué (enfin, « répliqué ») des membres de l'équipe dont il était censé faire partie, volé des objets appartenant à un magasin et à des voleurs et pris le large pour un futur qu'il espérait palpitant mais qu'il devinait incertain. Il y avait bien des regrets en lui, des doutes, des « et si je me trompais ? », mais qui étaient voilés, reclus dans les ombres par la lumière aveuglante de la flamme de l'aventure. Elle brulait si fort en lui qu'il avait fait des choses dont il ne s'était jamais senti capable, et même carrément réprimandables. Certes, il n'avait jamais vraiment adhéré aux enseignements de la Team Rocket, mais le dicton « la fin justifie les moyens » rencontrait un écho profond et inquiétant en lui. Il réalisa qu'il avait une représentation du dresseur tout à fait singulière, à mi-chemin entre l'aventurier sans frontières et le mercenaire sans limites. Cette pensée lui arracha un sourire. Ca, et Fumo.
Le Pokémon n'en était pas à son premier combat, ça ne faisait aucun doute. Au moment où lui, jeune homme fougueux, s'était laissé emporter par la situation et l'adrénaline, Fumo était resté calme, sur de lui, s'était positionné avec soin par rapport à ses adversaires, et avait pris les bonnes décisions. Cary était même certain qu'il avait laissé le Persian l'attaquer volontairement, par pure provocation ou pour être sur de l'avoir à portée de tir, il ne savait pas. Il n'était même pas resté une plaie ou une trace sur sa peau.
Il regarda le Pokémon dormir paisiblement dans son nouvel abri.
   « En fait, je ne me suis pas battu, Fumo s'est battu pour nous deux »
Cette pensée traversa Cary comme une flèche, et même si le fossé entre lui et Fumo était large, il était fier d'avoir un allié si puissant pour son premier voyage.
   « Dire qu'il y en a qui commencent avec un Rattata ! »
Il sourit de toutes ses dents. Tout n'était pas rose, mais il avait quand même quelques cartes puissantes à abattre.

Il arrêta de pédaler pour prendre le temps de regarder le paysage en laissant l'inertie de vélo le porter. De Céladopole, on avait du mal à distinguer la mer ; de la Piste, c'était une autre histoire. L'eau s'étendait à perte de vue. Il pouvait aperçevoir le port de Carmin-sur-Mer au loin, et même le gratte-ciel de la Sylphe Sarl dans la mégalopole de Safrania. Mais ce qui l'impressionnait le plus était le paysage marin. De loin, il distingua les Iles Ecumes, bien que l'horizon soit déformé par les vents violents. C'était une terre de légende dont on disait que l'écosystème était unique et impossible à reproduire ailleurs. Le climat y était rude, ce qui permettait aux Pokémon Glace d'y naitre et grandir sans complications. A l'inverse, les hommes n'avaient pu explorer qu'une partie infime des cavernes qui composaient les îles, à cause du froid mordant et des dédales qui, dit-on, défiaient toute logique. Et bien entendu, la légende veut que le mythique Artikodin y ait élu domicile. Cary leva les yeux dans l'espoir d'y voir des ailes bleutées par courir le ciel et y semer des fins cristaux de glace, mais rien à l'horizon. C'était le rêve (tout du moins, un des rêves) de tout dresseur que de croiser la route d'un Pokémon légendaire, et ceux qui racontaient avoir aperçu Electhor un soir d'orage ou Suicune courir sur l'eau semblaient avoir un regard différent des autres, comme si une étoile brillait pour toujours au fond de leurs yeux, comme si leur âme était en partie restée à l'époque où leurs pupilles ont été éblouies par leur majesté. Cary espérait que lui aussi, un jour, pourrait les contempler.

   Le soir commençait à se dessiner quand il atteignit le poste de rangement des vélos de location de Parmanie. Il descendit du véhicule et entra dans le poste frontière. C'était l'heure où les touristes repartaient chez eux après avoir visité le Parc Safari, ce qui expliqua la fréquentation inhabituelle de l'endroit ; il enleva sa capuche, s'ébouriffa et alla s'asseoir sur un banc pour regarder les infos qui passaient sur le grand écran.
Comme d'habitude, les différents troupeaux étaient passés en revue, et la météo annonçait des pluies diluviennes pour les prochains jours. Cary manqua un battement de coeur en entendant la présentatrice évoquer l'arrestation de plusieurs membres de la Team Rocket aux abords du Centre Commercial de Céladopole. Fort heureusement, il n'était pas fait mention de sa présence sur les lieux.
Bien évidemment qu'il n'est pas fait mention de sa présence, ses acolytes ne l'avaient pas balancé pour la simple raison que la Team Rocket fait rouler ses Voltorbe dans le bon sens. Une expression originale et champêtre que son père lui avait apprise pour dire que dans l'organisation, on règle ses problèmes soi-même. De plus, balancer un membre revient à révéler une partie de la hiérarchie de la Team, problème qu'ils voulaient éviter à tout prix.
Et par faire rouler dans le bon sens, il fallait entendre ils vont te retrouver, te passer à tabac et balancer ton corps dans le Chenal 19. Cette déduction réveilla en Cary une marée d'interrogations jusque là endormie par le rush de l'aventure.
Il avait fugué. Il avait abandonné sa famille sur un coup de tête. Il avait attaqué (enfin, Fumo avait attaqué) des membres de la Team pendant une opération qui aurait du consacrer son entrée au sein de l'organisation. Il avait frappé (pour le coup, c'était bien lui) un homme en plein visage en combat Pokémon. Il leur avait même volé leurs possessions.
   « Ce que j'ai fait, c'est comme ça que les dresseurs font...où c'est comme ça que la Team Rocket fait ? »
Cette question explosa littéralement dans son esprit. L'entrainement intensif au sein de la Team Rocket aurait-il autant porté ses fruits ? C'est vrai, qu'en y repensant, il avait toujours les meilleurs résultats en combats : on lui avait appris depuis tout jeune à frapper dans les points faibles, dans le dos, les yeux, les parties même, et ce que ce soit du dresseur ou du Pokémon. Il ne se rendait compte que maintenant, son corps et son esprit avaient parfaitement intégré cette manière de faire, car sur le coup, il ne s'est pas posé la question de savoir si balancer son poing dans la figure d'un voyou était la bonne méthode à adopter. Pour lui, un affrontement était et se devait être total...mais cela ne le rapprochait-il pas justement d'un voyou ?
   « Hey, monsieur, ça va ? »
Cary sursauta de surprise. Absorbé dans ses pensées, il n'avait pas remarqué qu'une jeune fille s'était approchée et lui adressait la parole. Coi de stupéfaction, il ne put rien répondre sur le moment.
   « En plus, vous parlez tout seul, et vous semblez être en plein débat intérieur, hein ? J'ai juste, hein ? »
Il rougit de honte. Sa mauvaise manie de parler à voix haute quand il réfléchit à des choses importantes avait repris le dessus. Merde !
Euh, eh bien...oui, tu as raison..
Héhé, je sais ! Je suis très fortiche pour lire les gens !
Elle passa son index sur son nez en arborant un large sourire. Cary la détailla : mince, svelte même, elle ne devait pas avoir plus de quatorze ans à en juger par ses traits. Elle portait un yukata, très prisé des gens du Kanto proches des traditions. Alors qu'il regardait son visage (brune, les cheveux noués en un chignon un peu lâche), elle l'interrompit :
   « J'ai quelque chose sur le visage ? »
Mais quel boulet je fais ! A croire que cette épopée additionnée à la surprise lui avait fait oublier sa discrétion et ses bonnes manières. Cary se prenait mentalement la tête dans les mains, se jurant de faire plus attention.
La jeune fille passa sa main sous son menton et plissa les yeux dans une parodie pour le moins convaincante du détective ayant flairé un gros coup.
   « Vous êtes trempé, vous ne sentez pas bon. Vous avez du vous aventurer dans des endroits peu fréquentables...je sens le vague relent d'ordures, je pencherais pour les égouts !
Cary déglutit. Mais c'est qui cette fille ?
   « DE PLUS (elle l'avait appuyé volontairement comme si elle présentait des preuves irréfutables à un jury imaginaire), malgré la fatigue qui vous gagne, identifiable par votre souffle court et les cernes qui se dessinent sous vos yeux, vous ne pouvez vous empêcher de sourire en coin, preuve que vous avez la sensation d'avoir accompli un acte d'une grande importance ! »
Il écarquilla carrément les yeux. Non mais stop, c'est une flic sous couverture ou quoi ??
   « DE PLUS, vous n'avez qu'une seule Pokéball remplie à votre ceinture, ce qui indique que vous devez avoir commencé votre voyage Pokémon ! Les autres étant vides, elles me prouvent que vous n'êtes pas tombé sur des voleurs, ce qui aurait pu être possible vu votre état !
Euh, elle va s'arrêter, le moulin à paroles ?? Encore un peu et elle me devine mon signe astrologique !
   « J'AJOUTE que les petites cicatrices et la légère trace de sang dans votre cou tendent à montrer que ce voyage n'a pas commencé sous les meilleures auspices. Vous avez du vous battre...
Vite mon petit Cary, arrêter le tir. Maintenant, par exemple !
   - « Excuse-moi petite, mais... »
« ...contre des bandits voulant vous voler votre Pokémon Partenaire, ce qui est IMPARDONNABLE ! S'ensuivit un combat que vous avez livré âprement, animé par la flamme de la JUSTICE et de la PASSION...
Comment tu t'appelles ?
...et ces blessures témoignent de votre bravoure héroïque et sauvage à la fois, et votre Pokémon peut...hein ?
Eh bien, on discute (enfin, elle parle et je flippe, pensa t-il pour lui), mais je te connais pas. Comprends-moi, me faire aborder par une jeune fille qui joue les divinatrices sans autre forme de présentation, c'est perturbant.

Surprise à son tour, elle mima un coup de poing sur son crâne et tira la langue.
Désolée, c'est plus fort que moi, Papa me reproche souvent d'être enthousiaste et d'en faire des tonnes ! Navrée si je t'ai blessé, hein !
Hum...mieux vaut ça que l'inverse, on va dire. Moi, c'est Cary, et toi ?
'M'sieur Cary' donc ?
Tu peux t'épargner le « M'sieur » hein, je suis pas si vieux...
Tatata, la politesse avant tout, M'sieur Cary !, rétorqua t-elle dans un sourire. Moi, j'ai pas l'âge pour qu'on m'appelle « M'dame », mais Papa dit que ça viendra, et...
...et effectivement, tu en fais des tonnes, l'interrompit Cary dans une tentative d'ironie qui avait pour but de l'empêcher de retomber dans ses délires.
OUPS ! Ralala ! Oui donc, M'sieur Cary, je me présente, je m'appelle Jeannine, et...
Pour le coup, c'est à Cary de perdre ses manières.
Jeannine, LA Jeannine, de l'Arène de Parmanie ?
OUAIIIIIS ! T'as devant toi la Championne de Parmanie, Jeannine, la seule et l'unique !
Oh génial, j'ai vraiment du bol, t'imagines pas à quel point !
Le jeune homme n'arrivait pas à croire qu'il était en train de parler à la fille de Koga. Avec elle, il pourrait le rencontrer à coup sur.
Waouh, c'est vrai qu'on m'aime bien, mais je suis tombé sur un de mes fans on dirait ! Tu veux que je te signe un autog...
S'il te plait, tu peux me présenter à ton père ??
Hein ?
Il faut que je le voie, c'est vraiment important !
Un voile de déception passa sur le visage de la jeune fille. Il l'avait de toute évidence blessée, mais il ne s'en rendait pas compte, l'excitation lui avait fait perdre le sens de l'observation ainsi que sa bonne conduite. Mais bien vite, le sourire revint sur son visage.
Tu veux voir Papa ? Je peux t'amener à lui, mais je te garantis pas qu'il voudra de la visite...tu sais, depuis son départ de la Ligue, il aime pas trop se montrer...
Oui, c'est vrai. Mais je serai pas encombrant ni long.
Bah, si t'as l'air aussi décidé, je peux pas refuser ! Allez, debout, fier dresseur, en route !

Ils sortirent du poste frontière et rentrèrent dans la ville même.
Habitué à Céladopole, le contact avec Parmanie choqua Cary. On disait bien souvent de cette ville qu'elle vit dans un espace-temps différent des autres : il avait toujours trouvé ça exagéré et considéré ces on-dit comme des ragôts de citadins qui poussent des cris de joie dès que trois brins d'herbes se courent après. Maintenant qu'il pouvait voir de ses yeux, il n'en revenait pas.
Non pas que Parmanie soit un campagne à proprement parler, mais il lui semblait que ses habitants avaient mis un point d'honneur à conjuguer tradition et modernité dans un fragile et néanmoins stable équilibre. Les bâtiments étaient plus petits, et la moitié d'entre eux étaient construits avec du bois dont on avait recouvert les parois avec du miel d'Apitrini, une technique apportée par les artisans de Sinnoh qui isolait à merveille les baraques, avec autant d'efficacité que du béton, mais en moins cher. Toutes les routes étaient pavées et la circulation par véhicules à moteur était strictement interdite. Il flottait dans l'air une odeur de plante médicinale, ce qui n'était guère étonnant puisque la ville se targuait d'être précurseur en matière de médecine alternative dans tout Kanto. Que ce soit les magasins ou même le Centre Pokémon, tout le monde était soigné via des herbes et des décoctions qui arrachaient toujours un lever de narines à ceux qui n'étaient pas habitués à l'odeur très forte des mélanges, mais qui rencontraient un certain succès.
Tout ceci était bien entendu expliqué à Cary par une Jeannine qui semblait avoir pratiqué la fonction de guide touristique toute sa vie. Les gens s'arrêtaient pour la saluer et dévisager avec intérêt le jeune homme à ses côtés, certaines femmes ne manquaient pas d'ajouter des remarques explicites, que la jeune fille rejeta avec humour mais fermeté « Non ce n'est pas mon petit ami ! ».
Un peu jeune pour moi, la petite, pensa Cary avec un sourire. Non pas qu'il ne soit pas habitué à être regardé de la gent féminine, il avait reçu suffisamment de lettres d'amour dans son casier et de déclaration à la sortie du lycée pour savoir qu'il semblait plaire aux filles. Simplement, la situation très particulière faisait qu'il se sentait plus gêné que d'habitude.
Tu veux demander quelque chose à mon père ?
Oui. J'ai besoin de ses conseils pour mon voyage, puisque que, comme tu as semblé le deviner, il a commencé assez brutalement. J'ai pensé qu'il pourrait m'aider...
Tu sais, si je t'ai dit qu'il voudra peut-être pas de visite, c'est vrai. Il m'a confié l'Arène parce qu'il m'a jugé assez forte pour ça, pour pas avoir de soucis, et surtout pour plus voir « ces dresseurs de pacotille ».
Il doit l'avoir vraiment mauvaise, j'imagine...
T'imagines même pas ! Mais peut-être que toi, il acceptera.
Ah bon, tu crois ?
Ouais. Plus je te regarde, et plus je pense que Papa voudra bien te rencontrer. Mais je te préviens, il est vieux jeu et un peu ronchon. Il faut le prendre avec des pincettes !
Je n'attendais pas moins de Maitre Koga, tu sais !

Sur ces mots, Jeannine pointa un énorme batiment traditionnel, construit comme une auberge. Une très grande auberge, avec, sur ce qui semblait être une grande annexe, le signe de l'Arène de la ville.
   « Suis-moi, on va passer par l'entrée principale », dit la jeune fille.
Cary s'engagea dans le chemin et s'approcha de l'entrée de la demeure de la jeune fille et de Koga.

Spoiler
Que ce soit à l'extérieur comme à l'intérieur, le mot « traditionnel » semblait avoir été à l'ordre lors de la construction de la demeure. Aucune trace de béton, seulement le bois et le bambou traité à la main et poli dans les règles de l'art. La seule chose qui empêchait Cary de croire qu'il avait été victime d'un voyage dans le temps inopiné était la présence du téléphone sur un scriban dans l'entrée. La jeune fille lui intima de retirer ses chaussures (« je les mettrai à nettoyer, elles sont dégueulasses ! », avait-elle dit dans un rire cristallin) puis le guida parmi les couloirs de la maison, où Cary la suivit avec appréhension. Habitué à la largesse des demeures modernes des villes comme Céladopole, les maisons traditionnelles basées sur les modèles des ryokan lui laissaient l'impression de se perdre dans un labyrinthe fait de bois. Un labyrinthe agréable au toucher où les bruits des Roucool au dehors se mélangeait avec les senteurs d'automne dégagées par les Rafflesia, le perdant dans un dédale de sens, et dans lequel l'idée de se perdre paraissait de plus en plus alléchante. Une sensation étrange paraissait lui monter à la tête.
Ressaisis-toi, c'est LA que ça devient important, ce n'est pas le moment de te laisser distraire, pensa t-il, en essayant le plus possible de raffermir sa détermination.
« Voilà, assieds-toi confortablement pendant que je vais chercher Papa », dit Jeannine en faisant coulisser un shôji, et révélant ce qui semblait être une pièce dédiée à la réception des invités pour des repas. « Il doit être en train de s’entraîner avec son équipe, ça risque de prendre un peu de temps avant qu'il ne remarque ne serait-ce que ma présence, profites-en pour souffler un peu ! », ajouta t-elle en refermant la porte coulissante dans un sourire.

   Seul, Cary s'assit sur une chaise munie d'un gros coussin et souffla un coup. Il espéra que Koga ne mettrait pas trop de temps, l'impatience de rencontrer le Maitre qui avait en partie bercé son enfance et de prendre ses conseils le brûlait comme la mèche d'une bougie qui avait flambé trop longtemps et qui ne dégageait plus qu'une fumée malodorante.
Une demi-heure passa dans un silence quasi surnaturel. La lumière timide du soleil, qui semblait lutter contre les nuages et la pluie pour avoir droit à son content d'exposition, filtrait à travers le papier des portes, donnant un éclairage à la pièce que Cary avait peine à croire possible : il se sentait de plus en plus aspiré dans une des photos que ses parents lui montraient étant petit, ces clichés couleur sépia que sa mère aimait par-dessus tout au point d'exiger de son photographe qu'il appliqua systématiquement ce filtre. Son impatience partait peu à peu comme la saleté après une bonne douche, presque palpable dans l'air. Dans cette atmosphère qui ne laissait que la faible clarté de cette fin d'après-midi et la timide fragrance des parfums filtrer, dans ce calme qui interdisait le bruit aussi sûrement que la meilleure des pièces isolées, Cary sembla se croire fou quand il se figura que ses pensées s'échappèrent de sa tête, formant un volute blanc et noir de fumée devant lui qui l'entourait de plus en plus.
Sûrement la fatigue, ça va me passer...pensa t-il, mais ça ne passa pas du tout, bien au contraire, et il était de plus en plus ravi d'avoir la sensation de s'évaporer lui-même parmi les fils vaporeux de ses pensées, comme s'il rêvait éveillé.
Il nageait, enfin, nageait-volait désormais dans l'océan nuageux de ses souvenirs, trop opaque à son goût. Il ne distinguait rien de précis, seulement des bribes de souvenirs de son enfance.

Il voyait le building souterrain de la Team Rocket qu'il connaissait par cœur.
Mon père faisait passer ça pour un séjour à l'étranger pour ne pas attirer les soupçons, j'étais sans cesse obligé d'inventer des faux souvenirs de vacances à Unys ou Fiorre pour les copains.

Il se voyait en train de boxer avec méthode des rondins de bois, de plusieurs manières différentes.
L'instructeur nous faisait rester au-delà de la tombée de la nuit si on n'avait pas des plaies béantes aux poings, à force de taper dessus.

Il se voyait sur un ring circulaire, en train de se battre avec un autre jeune garçon de son âge.
Ce prof était vraiment con. Il nous disait de se taper jusqu'au sang, et que le perdant dormirait à la belle étoile et se demmerdait avec la trousse de secours. Je crois que je n'ai jamais perdu.

Il se voyait jouant à cache-cache avec sa sœur dans les bois.
Ce qu'elle était gentille il y a quelques années ! C'est Maman qui lui a monté le bourrichon à propos de cette histoire de devenir Admin, elle n'a plus jamais été la même ensuite. Elle a commencé à avoir ce sourire que je hais, et à me traiter comme un de ses laquais. Du gâchis.

Il voyait ses parents fiers de lui quand on lui annonçait en quoi consistait son épreuve d'initiation.
Là, on voit rien, mais c'était la première fois que je voyais mon père sourire comme ça. Au fond, j'en avais pas grand-chose à faire de ce plan, mais ça avait l'air de leur faire tellement plaisir...

Il se voyait à la Ligue Pokémon, se battre en duel avec son rival de toujours.
Que des conneries, je n'ai jamais foutu les pieds là-bas, l'accès y est interdit au grand public hors des jours de compétition. Pourtant, je suis sur qu'avec L..on s'était fait la promesse là-bas de...de...de quoi ?

Dans le silence serein de la pièce, où personne n'en voulait à sa peau, où rien ne le jugeait, Cary sentit une chape de plomb s'enlever de ses épaules. Il réalisa qu'il n'y avait que quelques heures seulement qu'il était parti de chez lui, qu'il lui était arrivé plein d’événements en un trop court laps de temps, et quelque chose en lui lui donna l'autorisation qu'il n'osait se donner lui-même.
Il s'autorisa à pleurer.
Des lourdes larmes coulaient à flots sur ses joues, embuaient sa vue et gonflèrent ses lèvres, mais il s'en fichait pas mal.
Non, je suis pas sur de bien faire ! Non, ce que j'ai fait, je l'ai fait n'importe comment ! Aucune classe et aucune grâce !, pensa t-il de plus en plus fort.
Mais je fais ce que je peux, merde. J'ai commencé n'importe comment, mais je finirai quand même,même n'importe comment,  parce que...
Les mots s'amassaient aux bords de sa langue, impatients de voir enfin la lumière de la réalité.
Parce que c'est ce que JE veux faire, c'est ce que je veux ÊTRE, et personne ne me le piquera ! J'ai nagé dans les égoûts, je baignerai dans la gadoue et dans le vomi d'Evoli si il le faut, mais j'irai jusqu'au bout ! Voilà !

   « C'était ce que je voulais entendre, jeune homme »

Cary sursauta dans un cri de frayeur. Il ne s'était pas aperçu qu'il avait débité la fin de son monologue à voix haute...et plus important, qu'un homme était entré dans la salle sans qu'il s'en aperçoive, et l'observait attentivement. Il lui semblait qu'il avait deux pierres incandescentes à la place des yeux, deux joyaux sévères et implacables qui demandaient une explication.
        - Je...
        - Navré, jeune homme. Ma fille m'a averti que quelqu'un qui venait de commencer son voyage et était attaché aux anciennes traditions avait besoin de conseils, et m'a également prévenu qu'il y avait de fortes chances pour que ce quelqu'un fasse partie du groupe de la Team Rocket qui a cambriolé le Centre Commercial tout à l'heure. Alors je me suis permis de t'observer pendant un moment. C'est important que je sache quel genre d'homme se permet de venir me voir, vois-tu ?

Cary reprenait tout juste ses esprits, quittait sa forme vaporeuse, se solidifiait afin de retrouver sa forme humaine afin d'être en mesure de répondre quelque chose qui ait du sens. De répondre quelque chose qui tienne la route aux deux pierres vives qui servaient de paire d'yeux à son interlocuteur.

        - Mai...Maitre Koga ? Vous m'observiez depuis que je suis entré ici ?
        - C'est exact. Mais cette donnée purement factuelle n'est pas ce qui devrait te frapper en cet instant.
        - Et...vous...vous savez que je faisais partie de la Team Rocket ??
        - Dans les tous cas, si j'avais encore des doutes, tu viens de les dissiper toi-même, fit-il dans un sourire.

Cary devint blanc comme un linge. Mais quelle gaffe ! C'est vraiment foutu pour moi. Mais alors pourquoi...

        - Mais attendez...vous savez...et...
        - « Et je ne fais rien », c'est ça ? Jeannine m'a dit que tu t'étais sûrement échappé de leur emprise en plein milieu du vol, ce qui t'a permis de commencer ton voyage « sur le tas », comme on dit aujourd'hui.
        - Jeannine ? Mais comment sait-elle ? Je ne lui ai absolument rien dit !
        - Inutile, jeune homme. Malgré son exubérance et sa fâcheuse manie de se mêler de ce qui ne la regarde pas (il dit ces mots en se tournant vivement vers la porte, chassant de son regard la jeune fille qui épiait par l'ouverture de la porte), elle est particulièrement douée pour lire les gens...Si seulement elle pouvait s'en servir de manière plus responsable...mais bon. En ce moment, c'est à toi que je m'adresse.

Il se pencha légèrement en avant sur son coussin, ses yeux n'en brillaient que davantage.

        "Jeune homme, raconte-moi. Avec tes mots, ces mêmes mots qui se sont échappées de tes pensées il y a quelques minutes. Que je sache qui tu es."

Le regard du vieil homme, qui d'abord l'effrayait carrément, ne perdit pas de sa sévérité, mais se fit plus insistant, comme si il l'invitait à raconter son histoire. Comme si ces pierres voulaient absorber mon histoire et la décortiquer.
En temps normal, il n'aurait jamais accepté de se livrer, surtout pas de raconter ça. Ça devait être la fatigue, l'exaspération, ou tout simplement la sensation d'avoir quelqu'un de confiance avec qui converser, mais Cary se livra. Il raconta tout, de son rêve puissant de devenir dresseur, son attachement aux valeurs des anciens dresseurs, son regret de voir le Conseil démissionner et les règles de combat changer (il crut déceler une lueur de regret au coeur des pierres à ce moment-là, mais il n'en était pas sur, et de toute façon, c'était lui qui était lu, pas l'inverse), son entraînement et son avenir au sein de la Team Rocket, son épreuve d'intégration loupée, sa rencontre avec son premier Pokémon, sa fuite, jusqu'à son arrivée ici. Il cracha tout son récit comme quelqu'un qui vomissait pendant une nausée, pour se débarrasser de son histoire qui agissait comme un poison. A bout de souffle, il inspira puis expira bruyamment.

        "Voilà, je n'ai rien oublié. Je suis venu ici pour vous demander conseil, notamment les lieux où aller, et aussi mon Pokémon. Je crois qu'il sort clairement de l'ordinaire."

Koga n'avait pas bougé d'un millimètre. Penché en avant, les deux mains croisées sous son menton, il parla de sa voix claire, de ses mots polis mais affûtés, de son accent du sud du Kanto que seuls les anciens portent encore.

        "Vois-tu Cary, je me retrouve devant un dilemme. Si je te livrais à la police, et je serais parfaitement en droit de le faire !", dit-il en dégainant un kunaï et le lançant de toutes ses forces.

Cary n'eut même pas le temps de réagir, et crût un instant qu'il allait se faire tuer. Mais il n'était pas la cible : le kunaï perça un faux plafond et Jeannine chuta sur le sol de la pièce. Elle lui sourit et présenta ses excuses à son père.

        - Hum, reprenons, dit Koga en s'éclaircissant la voix. Je pourrais te livrer à la police, ceux-ci seraient ravis de disposer d'informations de première main sur la Team Rocket, et tu purgerais ta peine pour vol caractérisé. Mais, comme je te le disais, c'est un dilemme : si j'avais déduit que tu n'étais qu'un vulgaire voyou indigne du titre de dresseur, le choix aurait coulé de source. Mais tu es sincère et déterminé à avancer dans ton idéal malgré ta maladresse, tes égarements, ta naïveté et ton manque d'expérience. Je ne puis m'empêcher de me dire que te livrer aux autorités constituerait un gâchis à la fois pour toi et pour les traditions.
        - Alors, qu'allez vous faire ?
        - Papa, on n'a qu'à l'engager dans le Parc pour un moment, ça tombe à pic en plus !, intervint Jeannine qui était restée silencieuse depuis sa tentative d'espionnage avortée.

Cary écarquilla les yeux, complètement perdu.

        - Excusez-moi, j'ai peur de ne pas comprendre...
        - Eh bien, pour une fois que ma fille a une bonne idée...Vois-tu, depuis ma retraite, j'ai pris la direction du Parc Safari. Les affaires marchent bien, mais ce n'est pas évident de gérer autant de Pokémon, sans compter le personnel sans cesse fluctuant. Et nous avons besoin de personnel depuis que l'un des employés à démissionné.
        - Aaaaah Papa, tu as eu la même idée que moi, hein ?

L'homme et sa fille sourirent de concert, ce qui donna à Cary une chair de poule inexplicable mais bien réelle.
La jeune fille se fit rassurante.
        - "En fait, on a eu une idée. Ca te dirait de bosser au Parc, pendant un petit mois ?"
        - Bosser...moi, employé au Parc Safari ???

Koga le reprit.

        - Soyons précis, Jeannine. Pour le moment, j'imagine que la Team Rocket te poursuit et ne manquera pas de te ramener avec eux si ils te mettent la main dessus. De plus, tu manques d'expérience, et travailler ici te permettrait de mieux connaître les Pokémon, de développer des réflexes qui...
        - Vous allez m'employer dans le Parc ? Pour de vrai ?? coupa Cary. Je vais aller m'occuper des Pokémon dans le Parc, les nourrir, apprendre tout ce que je dois savoir ???

Le jeune homme sortit de sa torpeur, et afficha un sourire qui remonta jusqu'aux oreilles. Maitre Koga lui proposait de travailler au Parc, c'était inespéré ! Jeannine se joignit à son enthousiasme et ria de bon cœur.
Koga leva le ton pour calmer les deux jeunes gens au calme.

        - Huhum...je suis ravi de vous voir si enthousiastes, mais il convient de ne pas te tromper sur ta situation, jeune homme. Je te prends à l'essai pour le moment, mais si il s'avère que je me suis trompé à ton sujet, je t'expédie entre les mains de la police aussi sec. Me suis-je bien fait comprendre ?

Cary n'avait rien perdu de son enthousiasme, mais se reprit néanmoins. Il se mit à genoux, la tête près du sol, et déclara :

        - Sachez, Maitre Koga, que je suis sensible à votre gentillesse et que je comprends votre méfiance à mon égard. Je ne vous ferai pas regretter de m'engager au Parc, laissez-moi l'occasion de vous prouver ma détermination, j'accomplirai toutes les tâches que vous me confierez, même les plus ingrates.

Koga le fixa un moment, puis les pierres précieuses qui lui servaient d'yeux brillaient d'un éclat nouveau.
        - Très bien. Tu commences demain à six heures précises, et le petit-déjeuner est à cinq heures trente, donc lever aux aurores à cinq heures. Déjeuner à midi trente, pause d'une heure. Tu arrêtes à dix-huit heures, soit une heure après la fermeture. Je me chargerai moi-même de superviser ton travail. D'autant que ça te permettra de préparer ton voyage...
        - « Me préparer », dans le sens où il me faudra apprendre un maximum au contact des Pokémon ?
        - Entre autres, oui..., dit Koga d'un air évasif, un petit sourire en coin. Vois-tu, si tu veux devenir dresseur en respectant les anciennes traditions, je crains que tu ne puisses rester à Kanto bien longtemps. Il te faudra des fonds pour entamer ton voyage, mais ça, nous en reparlerons en temps voulu. Nous nous reverrons ce soir pour le souper. Jeannine, si tu veux bien ?

La jeune fille prit Cary par le bras et l'emmena dehors dans le couloir.
   « Tu vas crécher dans une des nombreuses chambres d'amis de la résidence », dit elle. « Pour la petite histoire, c'était l'auberge privée d'un ancien damyo corrompu que mon arrière-arrière-arrière grand-père, chef du clan Koga de l'époque, à repris de force. Il en a fait un lieu de repos et d'affrontements à la fois, et il se transmet par héritage de génération en génération. D'ailleurs, si tu regardes bien, tu verras des petits trous par terre : il y avait des piques acérées qui en sortaient d'un coup et transperçaient les assaillants ! Et les minuscules meurtrières entre les bambous ? De Arbok étaient postés ici et crachaient leur Dard-Venin ! »
Cary déglutit : « Mais aujourd'hui c'est sans danger, hein ? »
« Mais oui », répondit la jeune fille d'un air espiègle, « tu penses bien qu'avec tous les résidents, on a désactivé les pièges ! Alors arrête de fixer ces meurtrières et suis-moi ! »
   Ils montèrent deux escaliers, traversèrent un couloir puis entrèrent dans une petite chambre isolée au fond du troisième étage.
   « Voilà, c'est là ! Ça sera suffisant pour une seule personne. »
Cary se sentait à la fois perdu et chez lui. La pièce était d'une simplicité à toute épreuve : une armoire, un bureau, une bibliothèque et un futon constituaient le mobilier. En comparaison du confort de son ancienne chambre, cela semblait vétuste...Mais il était absorbé par l'agencement de la pièce, il lui semblait que chaque meuble était placé de manière idéale pour que le résident se sente parfaitement à l'aise. De plus, l'éclairage que produisait l'extérieur à travers le papier avait quelque chose de définitivement apaisant...
   « Plus important maintenant, dit Jeannine, tu vas aller prendre un bain en bas ! Tu laisseras tes fringues à l'entrée de la salle de bains, histoire qu'on les lave pour demain, je t'en filerai des nouvelles. Une fois frais, tu nous retrouves dans le salon pour le repas. La grande pièce au rez-de-chaussée, tu te souviens ? »
Cary acquiesça et suivit la jeune fille en direction de la salle de bains. Une fois arrivé, il dut admettre à haute voix qu'il n'avait jamais vu ça : il était habitué aux baignoires et aux douches chères aux habitants des grandes villes, et...
   « Ouais, on a conservé les anciennes salles de bains !, dit Jeannine qui ne fut pas surprise de voir Cary écarquiller les yeux. Papa dit toujours que ces baignoires sont d'un glauque...Enfin, tu as largement la place ! Allez, à la flotte, tu sens vraiment les égouts ! A toute à l'heure ! »
La jeune fille le laissa seul dans les bains de proportions gigantesques. Cary n'avait le souvenir d'avoir pénétré dans les bains traditionnels qu'une seule fois dans sa vie, lors d'un voyage d'agrément à Cramois'ïle, mais ça restait suffisamment vague pour avoir l'impression de pénétrer un monde nouveau, fait de vapeurs, de senteurs de jasmin et de savon. Il se déshabilla, mis ses habits (franchement dégueulasses, pensa t-il maintenant qu'il les avait enlevés !) dans un bac et les laissa dans les vestiaires. Il fit sortir Fumo de sa Pokéball, et bien que celui-ci soit des plus enthousiastes à l'idée de sortir, Cary ne sembla pas très indiqué de le faire tremper dans l'eau...en fait, il n'avait aucune idée de la manière de s'occuper des Pokémon Poison !
   « Tu veux que je te dise, Fumo ? Ca fait beaucoup de choses à encaisser en un seul coup. Un coup de trempette me fera du bien ».
Il s'immergea dans l'eau chaude dans un soupir de soulagement, heureux de pouvoir enfin se laver et de sentir autre chose que les ordures et les Tadmorv. Il se savonna vigoureusement, afin d'être plus présentable et de ne pas faire attendre ses hôtes. Fumo faisait le tour de la salle, puis se posa sur le bord du bain et poussa lui aussi un soupir de soulagement.
Une fois lavé et reposé, il pensa, la tête à moitié dans l'eau, que cette résidence semblait bien vide ; pourtant, Jeannine lui avait dit qu'il y avait de nombreuses personnes y habitant. Ou était-elles toutes parties ?
Il lui semblait également bizarre que cette proposition de travail au Parc Safari soit venue sur le tapis aussi vite : Koga devait avoir une idée précise en tête pour engager un fugueur et ancien membre de la Team Rocket sur la simple base qu'il lui paraissait « sincère ». Il fixa Fumo qui s'amusait à faire des ronds de fumée mélangées à la vapeur.
   « Quoi qu'il en soit, je vais en apprendre plus sur toi, et je vais pouvoir me demmerder correctement. Il va falloir bosser dur... »
La tête bleue se tourna vers lui et lui propulsa un petit jet glacé sur le visage. Le contraste entre le froid glacial et la chaleur des bains le surprit, il se leva d'un coup et manqua de se prendre les pieds dans le bord du bain. Fumo rigola, et Cary, une fois les yeux dégagés des particules de glace, se joignit à lui. Ils sortirent, le jeune homme enfila les habits posés à la sortie des vestiaires et ils se dirigèrent vers le salon.
Les effluves qui se dégageaient du salon déclenchèrent un appétit monstrueux chez Cary dès qu'il ouvrit la porte. Seul Jeannine l'accueillit, lui expliquant que Koga ne mangerait pas avec eux, trop occupé par « les affaires ».
Elle ouvrit les yeux en grand en apercevant Fumo flotter aux côtés de Cary.
   - « Tu me présentes ? C'est ton Pokémon, non ? »
        - Oui, donc Fumo, je te présente Jeannine, qui va nous accueillir avec son père. Jeannine, voici Fumo, mon Smogogo que j'ai rencontré aujourd'hui même.
Fumo fit une petite explosion avec ses gaz, ce qui surprit Cary, mais la jeune fille le rassura. « C'est comme ça que les Smogogo disent bonjour. Les gens ont tendance à mal réagir, mais il n'y a rien à craindre ! Par contre... »
Jeannine s'approcha de Fumo et reprit son air de détective, les doigts sous le menton. La tête bleue lui cracha un jet de glace qu'elle esquiva facilement.
        - Un mutant.
        - Un muquoi ?
        - Viens, on va se mettre à table, je t'expliquerai. Tu manges aussi, Fumo ? J'ai prévu le coup !

Fumo acquiesça et se mit à côté de Cary, tandis que Jeannine servait les plats. Pendant qu'ils mangeait, la jeune fille expliqua à Cary que les mutations chez les Pokémon étaient monnaie courante, mais que toutes n'étaient pas aussi voyantes.
        - Tu vois, pour évoluer, les Smogo absorbent en partie un autre Smogo battu en duel, c'est comme ça qu'ils deviennent Smogogo. Mais d'après ce que m'a dit Papa, les arrangements génétiques qui se font lors de cette absorption ne se passent pas toujours comme prévu, et il arrive dans le pire des cas qu'un des Smogo meurt lors de l'évolution. Par contre, Fumo a l'air d'avoir subi une mutation unique, je crois que Papa en saura plus sur le sujet...mais les deux Smogo qui le composent ont du muter.
        - Donc, au contact du Smogo vaincu, le vainqueur, en l'absorbant, aurait muté ?
Jeannine se gratta la tête. « Oui, probablement. Ou le vainqueur aurait absorbé un mutant, le faisant muter aussi...Enfin bref, mange ! C'est du kimchi, spécialité de Hoenn, j'adore les aliments exotiques ; celui-ci est composé de flancs de Lumineon avec du chou, sucre et gingembre, tu m'en diras des nouvelles ! Toi aussi Fumo ! »
Cary, voyant Fumo se régaler avec le plat, goûta une bouchée...et manqua de s'étouffer.
   « Arrr...tu n'aurais...pfou...pas oublié un truc...dans ta...argh...recette ??? »
La jeune fille leva les yeux, cherchant ce qu'elle a pu oublier. Puis elle poussa une exclamation et frappa sa paume avec son poing : « Ah oui, le piment ! Tu savais pas que la nourriture de Hoenn était très épicée ? »
        - Ourf...une nouvelle découverte...vas-y rigole Fumo, tu ne crains pas les piments ?
Fumo fit un signe de dénégation de la tête en riant. Il avait déjà fini les trois-quarts de son assiette et se léchait les babines. Cary sentit le piment se dissiper un peu, laissant place au goût légèrement sucré du chou et de la viande.
        - Hmmm, mais c'est super bon en fait !
C'est moi qui l'ai cuisiné, bien sur qu'il est bon !, dit Jeannine visiblement fier d'elle. Ce genre de cuisine est très subtil, le goût arrive après un certain temps, comme si le plat voulait tester celui qui le goûte, afin de s'assurer d'être en de bonnes mains, enfin de bonnes papilles, et d'ailleurs je préfère ça à la bouffe toute prête qui...
        - Jeannine, t'en fais encore trop !
        - Aaah, désolée ! Bon, parlons vite fait du travail pour demain, il faut que je te briefe un minimum, même si Papa le fera de lui-même.
Cary écoutait attentivement. « En gros, tu vas devoir t'occuper d'une parcelle précise. Tu devras non seulement nourrir les Pokémon aux heures précisées, mais aussi s'assurer qu'ils ne se battent pas, que l'environnement ne soit pas dégradé – auquel cas il faudra que tu répares du mieux que tu peux -, répertorier les nouvelles naissances, etc. Et à mon avis, tu devras aussi t'occuper de..." Jeannine baissa le ton. "Lui"
        - Qui ça, lui ? Cary était intrigué. Jeannine avait mentionné ce « lui » tout bas, comme si elle avait peur qu'on l'entende.
        - C'est...un pensionnaire difficile. Papa t'expliquera, mais ça va être coton. Mais de toute façon, si tu veux devenir dresseur, il faudra aussi que tu gères les situations de crise ; ça sera en quelque sorte ton baptême du feu ! Sauf que ce n'est pas Sulfura...
        - Tu sais, je suis parti de chez moi, j'ai le Team Rocket aux fesses, j'ai parcouru les égouts, battu contre des voyous, et ce le premier jour de mon voyage. Je crois que pour le baptême du feu, je suis...
        - Oh non, tu n'es pas pas paré...pas avec « lui » en tous cas. Mais je sais pas pourquoi, je crois que tu réussiras. Donne tout ce que tu as, ok ?
        - C'était bien mon intention, et ce dès le départ.
A cause de toutes ces émotions et cette course folle, il se sentait de plus en plus fatigué. Il aida Jeannine à faire la vaisselle, lui souhaita bonne nuit et alla se coucher.
Pendant le court laps de temps précédant le sommeil, Cary eut juste le temps de repenser à tout ce qui était arrivé aujourd'hui, et à ce qui arrivera demain. Jeannine perdait un peu de son enthousiasme en mentionnant ce pensionnaire dont il devrait s'occuper demain, mais il était tout de même confiant. Sûrement parce que l'atmosphère de la chambre était reposante à souhait. Et aussi parce qu'il avait confiance en Fumo. Et aussi parce que c'était la seule voie possible pour lui, hors de question de chuter maintenant. Il ferma les yeux et glissa dans un profond sommeil.



Je mettrai la suite dès que je l'aurai tapée : en effet, j'écris sur papier au stylo-plume, et retaper sur OpenOffice derrière est assez pénible, mais je n'y arrive que comme ça !

Autre chose : je me suis clairement inspiré du manga, vous verrez pourquoi.
« Modifié: 18 janvier 2012, 11:13 par Trailokiavijaya »

Eteam

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24 mars 2011, 18:59
je te proposerai les souvenir d'un dresseur

Cocktail monotone

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25 mars 2011, 17:15
C'est tres bien quoique je trouve la fin un peu trop rapide

Sestren

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25 mars 2011, 17:36
Précision : ce n'est pas la fin, loin de là et heureusement ! Je suis en train d'écrire la suite, mais ça demande pas mal de temps...

Aksss

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25 mars 2011, 17:39
c'est super!
y en a d'autres?

Jaroda yellow

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28 mars 2011, 04:54
Ouais,il vient de dire que c'est pas la fin,alors il y en a d'autres.Sinon Sestren,j'aime bien,c'est su bon par contre pour le titre,je suis un peu comme toi:aucune idée

Sestren

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29 mars 2011, 00:53
Oui, j'ai précisé au début que ça allait être long, et que je posterais les suites au fur et à mesure.
Pour le titre, je ferai comme avec mes persos de JdR : je trouverai quand j'aurai fini !
Donc, la suite. J'ai ajouté en italique les dernières lignes du dernier passage, histoire de ne pas trop vous larguer :

Spoiler
Au bout de quelques minutes, il se releva et décida de se servir dans les possessions des voyous. Le résultat fut fructueux : huit Pokéballs, des baies Maron et Pêcha dans une boite (ces dernières semblaient plaire à Fumo, il lui en laissa quelques unes de bonne grâce), ainsi que l'imperméable en cuir et le vélo du chauve. « Je vous en filerai, moi, de l'entraide, bande de cakes », murmura Cary en enjambant le Persian assomé. Il pouvait maintenant prendre la Piste Cyclable en direction de Parmanie en raccourcissant la durée du trajet. Mais tout d'abord, il saisit une Pokéball et s'adressa à Fumo :
   « Je suis vraiment fier de toi mon vieux, t'as assuré jusqu'au bout ! T'as pas volé tes baies en tous cas...mais maintenant, ça serait mieux que tu te mettes à l'abri à l'intérieur de...enfin, je sais pas si tu sais ce que c'est, mais... »
Il réalisa qu'il ne savait absolument pas comment s'y prendre pour convaincre un Pokémon de rentrer dans une Pokéball. Il avait vu de nombreux dresseurs les forcer à l'intérieur, mais connaissant le sien que depuis aujourd 'hui, il désapprouva une méthode aussi brutale.
Fumo lui fit un signe et donna un petit coup de tête dans la Ball.
   « Décidément, tu n'arrêtes pas de me surprendre... »
Il activa le mécanisme qui réduisit Fumo à la taille adéquate pour le faire rentrer. Une fois à l'intérieur, ils échangèrent un clin d'oeil complice.
   « Allez, assez perdu de temps, en route ! »
Il enfila la capuche de l'imper et commença à rouler.


La Piste Cyclable, que l'on avait arrêté d'appeler « Route 17 » depuis bien longtemps (et ce même dans les documents officiels !), était parfaitement plate, construite pour rendre le trajet le plus agréable possible. Longue de plus d'une dizaine de kilomètres, beaucoup utilisaient des vélos à batterie ou même les pousse-pousse pour y passer un bon moment de détente, et de ce fait elle était très prisée des familles venues faire une promenade, ainsi que des sportifs acharnés qui pédalaient avec vigueur par tous les temps. Au vu de la météo capricieuse, Cary ne croisa cet après-midi que la seconde catégorie d'usagers trop préoccupés par leur performance, ce qui l'arrangerait bien, il n'avait pas envie qu'on s'attarde sur lui.
Il fallait bien deux heures de route pour rejoindre Parmanie, ce qui lui permit de souffler un peu et de reprendre ses esprits. Son voyage avait commencé de la manière la plus chaotique qui soit : il avait trahi les attentes de ses parents, s'était mis à coup sur la Team Rocket, son ex-futur avenir, à dos, et quitté le foyer par la petite porte. Il avait attaqué (enfin, « répliqué ») des membres de l'équipe dont il était censé faire partie, volé des objets appartenant à un magasin et à des voleurs et pris le large pour un futur qu'il espérait palpitant mais qu'il devinait incertain. Il y avait bien des regrets en lui, des doutes, des « et si je me trompais ? », mais qui étaient voilés, reclus dans les ombres par la lumière aveuglante de la flamme de l'aventure. Elle brulait si fort en lui qu'il avait fait des choses dont il ne s'était jamais senti capable, et même carrément réprimandables. Certes, il n'avait jamais vraiment adhéré aux enseignements de la Team Rocket, mais le dicton « la fin justifie les moyens » rencontrait un écho profond et inquiétant en lui. Il réalisa qu'il avait une représentation du dresseur tout à fait singulière, à mi-chemin entre l'aventurier sans frontières et le mercenaire sans limites. Cette pensée lui arracha un sourire. Ca, et Fumo.
Le Pokémon n'en était pas à son premier combat, ça ne faisait aucun doute. Au moment où lui, jeune homme fougueux, s'était laissé emporter par la situation et l'adrénaline, Fumo était resté calme, sur de lui, s'était positionné avec soin par rapport à ses adversaires, et avait pris les bonnes décisions. Cary était même certain qu'il avait laissé le Persian l'attaquer volontairement, par pure provocation ou pour être sur de l'avoir à portée de tir, il ne savait pas. Il n'était même pas resté une plaie ou une trace sur sa peau.
Il regarda le Pokémon dormir paisiblement dans son nouvel abri.
   « En fait, je ne me suis pas battu, Fumo s'est battu pour nous deux »
Cette pensée traversa Cary comme une flèche, et même si le fossé entre lui et Fumo était large, il était fier d'avoir un allié si puissant pour son premier voyage.
   « Dire qu'il y en a qui commencent avec un Rattata ! »
Il sourit de toutes ses dents. Tout n'était pas rose, mais il avait quand même quelques cartes puissantes à abattre.

Il arrêta de pédaler pour prendre le temps de regarder le paysage en laissant l'inertie de vélo le porter. De Céladopole, on avait du mal à distinguer la mer ; de la Piste, c'était une autre histoire. L'eau s'étendait à perte de vue. Il pouvait aperçevoir le port de Carmin-sur-Mer au loin, et même le gratte-ciel de la Sylphe Sarl dans la mégalopole de Safrania. Mais ce qui l'impressionnait le plus était le paysage marin. De loin, il distingua les Iles Ecumes, bien que l'horizon soit déformé par les vents violents. C'était une terre de légende dont on disait que l'écosystème était unique et impossible à reproduire ailleurs. Le climat y était rude, ce qui permettait aux Pokémon Glace d'y naitre et grandir sans complications. A l'inverse, les hommes n'avaient pu explorer qu'une partie infime des cavernes qui composaient les îles, à cause du froid mordant et des dédales qui, dit-on, défiaient toute logique. Et bien entendu, la légende veut que le mythique Artikodin y ait élu domicile. Cary leva les yeux dans l'espoir d'y voir des ailes bleutées par courir le ciel et y semer des fins cristaux de glace, mais rien à l'horizon. C'était le rêve (tout du moins, un des rêves) de tout dresseur que de croiser la route d'un Pokémon légendaire, et ceux qui racontaient avoir aperçu Electhor un soir d'orage ou Suicune courir sur l'eau semblaient avoir un regard différent des autres, comme si une étoile brillait pour toujours au fond de leurs yeux, comme si leur âme était en partie restée à l'époque où leurs pupilles ont été éblouies par leur majesté. Cary espérait que lui aussi, un jour, pourrait les contempler.

   Le soir commençait à se dessiner quand il atteignit le poste de rangement des vélos de location de Parmanie. Il descendit du véhicule et entra dans le poste frontière. C'était l'heure où les touristes repartaient chez eux après avoir visité le Parc Safari, ce qui expliqua la fréquentation inhabituelle de l'endroit ; il enleva sa capuche, s'ébouriffa et alla s'asseoir sur un banc pour regarder les infos qui passaient sur le grand écran.
Comme d'habitude, les différents troupeaux étaient passés en revue, et la météo annonçait des pluies diluviennes pour les prochains jours. Cary manqua un battement de coeur en entendant la présentatrice évoquer l'arrestation de plusieurs membres de la Team Rocket aux abords du Centre Commercial de Céladopole. Fort heureusement, il n'était pas fait mention de sa présence sur les lieux.
Bien évidemment qu'il n'est pas fait mention de sa présence, ses acolytes ne l'avaient pas balancé pour la simple raison que la Team Rocket fait rouler ses Voltorbe dans le bon sens. Une expression originale et champêtre que son père lui avait apprise pour dire que dans l'organisation, on règle ses problèmes soi-même. De plus, balancer un membre revient à révéler une partie de la hiérarchie de la Team, problème qu'ils voulaient éviter à tout prix.
Et par faire rouler dans le bon sens, il fallait entendre ils vont te retrouver, te passer à tabac et balancer ton corps dans le Chenal 19. Cette déduction réveilla en Cary une marée d'interrogations jusque là endormie par le rush de l'aventure.
Il avait fugué. Il avait abandonné sa famille sur un coup de tête. Il avait attaqué (enfin, Fumo avait attaqué) des membres de la Team pendant une opération qui aurait du consacrer son entrée au sein de l'organisation. Il avait frappé (pour le coup, c'était bien lui) un homme en plein visage en combat Pokémon. Il leur avait même volé leurs possessions.
   « Ce que j'ai fait, c'est comme ça que les dresseurs font...où c'est comme ça que la Team Rocket fait ? »
Cette question explosa littéralement dans son esprit. L'entrainement intensif au sein de la Team Rocket aurait-il autant porté ses fruits ? C'est vrai, qu'en y repensant, il avait toujours les meilleurs résultats en combats : on lui avait appris depuis tout jeune à frapper dans les points faibles, dans le dos, les yeux, les parties même, et ce que ce soit du dresseur ou du Pokémon. Il ne se rendait compte que maintenant, son corps et son esprit avaient parfaitement intégré cette manière de faire, car sur le coup, il ne s'est pas posé la question de savoir si balancer son poing dans la figure d'un voyou était la bonne méthode à adopter. Pour lui, un affrontement était et se devait être total...mais cela ne le rapprochait-il pas justement d'un voyou ?
   « Hey, monsieur, ça va ? »
Cary sursauta de surprise. Absorbé dans ses pensées, il n'avait pas remarqué qu'une jeune fille s'était approchée et lui adressait la parole. Coi de stupéfaction, il ne put rien répondre sur le moment.
   « En plus, vous parlez tout seul, et vous semblez être en plein débat intérieur, hein ? J'ai juste, hein ? »
Il rougit de honte. Sa mauvaise manie de parler à voix haute quand il réfléchit à des choses importantes avait repris le dessus. Merde !
Euh, eh bien...oui, tu as raison..
Héhé, je sais ! Je suis très fortiche pour lire les gens !
Elle passa son index sur son nez en arborant un large sourire. Cary la détailla : mince, svelte même, elle ne devait pas avoir plus de quatorze ans à en juger par ses traits. Elle portait un yukata, très prisé des gens du Kanto proches des traditions. Alors qu'il regardait son visage (brune, les cheveux noués en un chignon un peu lâche), elle l'interrompit :
   « J'ai quelque chose sur le visage ? »
Mais quel boulet je fais ! A croire que cette épopée additionnée à la surprise lui avait fait oublier sa discrétion et ses bonnes manières. Cary se prenait mentalement la tête dans les mains, se jurant de faire plus attention.
La jeune fille passa sa main sous son menton et plissa les yeux dans une parodie pour le moins convaincante du détective ayant flairé un gros coup.
   « Vous êtes trempé, vous ne sentez pas bon. Vous avez du vous aventurer dans des endroits peu fréquentables...je sens le vague relent d'ordures, je pencherais pour les égouts !
Cary déglutit. Mais c'est qui cette fille ?
   « DE PLUS (elle l'avait appuyé volontairement comme si elle présentait des preuves irréfutables à un jury imaginaire), malgré la fatigue qui vous gagne, identifiable par votre souffle court et les cernes qui se dessinent sous vos yeux, vous ne pouvez vous empêcher de sourire en coin, preuve que vous avez la sensation d'avoir accompli un acte d'une grande importance ! »
Il écarquilla carrément les yeux. Non mais stop, c'est une flic sous couverture ou quoi ??
   « DE PLUS, vous n'avez qu'une seule Pokéball remplie à votre ceinture, ce qui indique que vous devez avoir commencé votre voyage Pokémon ! Les autres étant vides, elles me prouvent que vous n'êtes pas tombé sur des voleurs, ce qui aurait pu être possible vu votre état !
Euh, elle va s'arrêter, le moulin à paroles ?? Encore un peu et elle me devine mon signe astrologique !
   « J'AJOUTE que les petites cicatrices et la légère trace de sang dans votre cou tendent à montrer que ce voyage n'a pas commencé sous les meilleures auspices. Vous avez du vous battre...
Vite mon petit Cary, arrêter le tir. Maintenant, par exemple !
   - « Excuse-moi petite, mais... »
« ...contre des bandits voulant vous voler votre Pokémon Partenaire, ce qui est IMPARDONNABLE ! S'ensuivit un combat que vous avez livré âprement, animé par la flamme de la JUSTICE et de la PASSION...
Comment tu t'appelles ?
...et ces blessures témoignent de votre bravoure héroïque et sauvage à la fois, et votre Pokémon peut...hein ?
Eh bien, on discute (enfin, elle parle et je flippe, pensa t-il pour lui), mais je te connais pas. Comprends-moi, me faire aborder par une jeune fille qui joue les divinatrices sans autre forme de présentation, c'est perturbant.

Surprise à son tour, elle mima un coup de poing sur son crâne et tira la langue.
Désolée, c'est plus fort que moi, Papa me reproche souvent d'être enthousiaste et d'en faire des tonnes ! Navrée si je t'ai blessé, hein !
Hum...mieux vaut ça que l'inverse, on va dire. Moi, c'est Cary, et toi ?
'M'sieur Cary' donc ?
Tu peux t'épargner le « M'sieur » hein, je suis pas si vieux...
Tatata, la politesse avant tout, M'sieur Cary !, rétorqua t-elle dans un sourire. Moi, j'ai pas l'âge pour qu'on m'appelle « M'dame », mais Papa dit que ça viendra, et...
...et effectivement, tu en fais des tonnes, l'interrompit Cary dans une tentative d'ironie qui avait pour but de l'empêcher de retomber dans ses délires.
OUPS ! Ralala ! Oui donc, M'sieur Cary, je me présente, je m'appelle Jeannine, et...
Pour le coup, c'est à Cary de perdre ses manières.
Jeannine, LA Jeannine, de l'Arène de Parmanie ?
OUAIIIIIS ! T'as devant toi la Championne de Parmanie, Jeannine, la seule et l'unique !
Oh génial, j'ai vraiment du bol, t'imagines pas à quel point !
Le jeune homme n'arrivait pas à croire qu'il était en train de parler à la fille de Koga. Avec elle, il pourrait le rencontrer à coup sur.
Waouh, c'est vrai qu'on m'aime bien, mais je suis tombé sur un de mes fans on dirait ! Tu veux que je te signe un autog...
S'il te plait, tu peux me présenter à ton père ??
Hein ?
Il faut que je le voie, c'est vraiment important !
Un voile de déception passa sur le visage de la jeune fille. Il l'avait de toute évidence blessée, mais il ne s'en rendait pas compte, l'excitation lui avait fait perdre le sens de l'observation ainsi que sa bonne conduite. Mais bien vite, le sourire revint sur son visage.
Tu veux voir Papa ? Je peux t'amener à lui, mais je te garantis pas qu'il voudra de la visite...tu sais, depuis son départ de la Ligue, il aime pas trop se montrer...
Oui, c'est vrai. Mais je serai pas encombrant ni long.
Bah, si t'as l'air aussi décidé, je peux pas refuser ! Allez, debout, fier dresseur, en route !

Ils sortirent du poste frontière et rentrèrent dans la ville même.
Habitué à Céladopole, le contact avec Parmanie choqua Cary. On disait bien souvent de cette ville qu'elle vit dans un espace-temps différent des autres : il avait toujours trouvé ça exagéré et considéré ces on-dit comme des ragôts de citadins qui poussent des cris de joie dès que trois brins d'herbes se courent après. Maintenant qu'il pouvait voir de ses yeux, il n'en revenait pas.
Non pas que Parmanie soit un campagne à proprement parler, mais il lui semblait que ses habitants avaient mis un point d'honneur à conjuguer tradition et modernité dans un fragile et néanmoins stable équilibre. Les bâtiments étaient plus petits, et la moitié d'entre eux étaient construits avec du bois dont on avait recouvert les parois avec du miel d'Apitrini, une technique apportée par les artisans de Sinnoh qui isolait à merveille les baraques, avec autant d'efficacité que du béton, mais en moins cher. Toutes les routes étaient pavées et la circulation par véhicules à moteur était strictement interdite. Il flottait dans l'air une odeur de plante médicinale, ce qui n'était guère étonnant puisque la ville se targuait d'être précurseur en matière de médecine alternative dans tout Kanto. Que ce soit les magasins ou même le Centre Pokémon, tout le monde était soigné via des herbes et des décoctions qui arrachaient toujours un lever de narines à ceux qui n'étaient pas habitués à l'odeur très forte des mélanges, mais qui rencontraient un certain succès.
Tout ceci était bien entendu expliqué à Cary par une Jeannine qui semblait avoir pratiqué la fonction de guide touristique toute sa vie. Les gens s'arrêtaient pour la saluer et dévisager avec intérêt le jeune homme à ses côtés, certaines femmes ne manquaient pas d'ajouter des remarques explicites, que la jeune fille rejeta avec humour mais fermeté « Non ce n'est pas mon petit ami ! ».
Un peu jeune pour moi, la petite, pensa Cary avec un sourire. Non pas qu'il ne soit pas habitué à être regardé de la gent féminine, il avait reçu suffisamment de lettres d'amour dans son casier et de déclaration à la sortie du lycée pour savoir qu'il semblait plaire aux filles. Simplement, la situation très particulière faisait qu'il se sentait plus gêné que d'habitude.
Tu veux demander quelque chose à mon père ?
Oui. J'ai besoin de ses conseils pour mon voyage, puisque que, comme tu as semblé le deviner, il a commencé assez brutalement. J'ai pensé qu'il pourrait m'aider...
Tu sais, si je t'ai dit qu'il voudra peut-être pas de visite, c'est vrai. Il m'a confié l'Arène parce qu'il m'a jugé assez forte pour ça, pour pas avoir de soucis, et surtout pour plus voir « ces dresseurs de pacotille ».
Il doit l'avoir vraiment mauvaise, j'imagine...
T'imagines même pas ! Mais peut-être que toi, il acceptera.
Ah bon, tu crois ?
Ouais. Plus je te regarde, et plus je pense que Papa voudra bien te rencontrer. Mais je te préviens, il est vieux jeu et un peu ronchon. Il faut le prendre avec des pincettes !
Je n'attendais pas moins de Maitre Koga, tu sais !

Sur ces mots, Jeannine pointa un énorme batiment traditionnel, construit comme une auberge. Une très grande auberge, avec, sur ce qui semblait être une grande annexe, le signe de l'Arène de la ville.
   « Suis-moi, on va passer par l'entrée principale », dit la jeune fille.
Cary s'engagea dans le chemin et s'approcha de l'entrée de la demeure de la jeune fille et de Koga.

Un passage volontairement plus calme, qui me permet de bien poser le décor avant un événement important. La suite arrive dans quelques jours.

Cocktail monotone

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29 mars 2011, 17:42
Cool!
Devoir fini -> je le lis!

-S@M-

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29 mars 2011, 20:55
Putain c'est bon! franchement, j'adore :) au pire si tu as un scanner? comme ca tu tapes quand tu veux mais on sait lire au fur et à mesure :)

Sestren

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29 mars 2011, 23:16
Le scanner, j'y ai pensé mais c'est surtout mon écriture qui me fait hésiter. Pas que j'écrive "mal", mais j'ai parfois du mal à me relire moi-même, d'autant que j'écris certaines lettres de manières différentes selon la phrase (les "s" par exemple)...
Je ferai un essai pour le prochain post si tu veux, mais je ne garantis rien. En attendant, le plus confortable serait pour vous, lecteurs, d'imprimer  ;)
« Modifié: 29 mars 2011, 23:44 par Sestren »

Cocktail monotone

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30 mars 2011, 14:03
Moi, lecteur, me l'auto envoie par mail sur mon portable et le lit en allant au bahut.

La suite! Vite!
Pitié!

Aksss

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30 mars 2011, 20:53
c'est super :you:

Sestren

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06 avril 2011, 23:47
Navré, mais mon scanner est mort, donc on va revenir à l'ancienne méthode. Lourdingue parce que ça m'oblige à chaque fois à modifier la mise en page, mais bon.

La suite, donc ?
Spoiler
Que ce soit à l'extérieur comme à l'intérieur, le mot « traditionnel » semblait avoir été à l'ordre lors de la construction de la demeure. Aucune trace de béton, seulement le bois et le bambou traité à la main et poli dans les règles de l'art. La seule chose qui empêchait Cary de croire qu'il avait été victime d'un voyage dans le temps inopiné était la présence du téléphone sur un scriban dans l'entrée. La jeune fille lui intima de retirer ses chaussures (« je les mettrai à nettoyer, elles sont dégueulasses ! », avait-elle dit dans un rire cristallin) puis le guida parmi les couloirs de la maison, où Cary la suivit avec appréhension. Habitué à la largesse des demeures modernes des villes comme Céladopole, les maisons traditionnelles basées sur les modèles des ryokan lui laissaient l'impression de se perdre dans un labyrinthe fait de bois. Un labyrinthe agréable au toucher où les bruits des Roucool au dehors se mélangeait avec les senteurs d'automne dégagées par les Rafflesia, le perdant dans un dédale de sens, et dans lequel l'idée de se perdre paraissait de plus en plus alléchante. Une sensation étrange paraissait lui monter à la tête.
Ressaisis-toi, c'est LA que ça devient important, ce n'est pas le moment de te laisser distraire, pensa t-il, en essayant le plus possible de raffermir sa détermination.
« Voilà, assieds-toi confortablement pendant que je vais chercher Papa », dit Jeannine en faisant coulisser un shôji, et révélant ce qui semblait être une pièce dédiée à la réception des invités pour des repas. « Il doit être en train de s’entraîner avec son équipe, ça risque de prendre un peu de temps avant qu'il ne remarque ne serait-ce que ma présence, profites-en pour souffler un peu ! », ajouta t-elle en refermant la porte coulissante dans un sourire.

   Seul, Cary s'assit sur une chaise munie d'un gros coussin et souffla un coup. Il espéra que Koga ne mettrait pas trop de temps, l'impatience de rencontrer le Maitre qui avait en partie bercé son enfance et de prendre ses conseils le brûlait comme la mèche d'une bougie qui avait flambé trop longtemps et qui ne dégageait plus qu'une fumée malodorante.
Une demi-heure passa dans un silence quasi surnaturel. La lumière timide du soleil, qui semblait lutter contre les nuages et la pluie pour avoir droit à son content d'exposition, filtrait à travers le papier des portes, donnant un éclairage à la pièce que Cary avait peine à croire possible : il se sentait de plus en plus aspiré dans une des photos que ses parents lui montraient étant petit, ces clichés couleur sépia que sa mère aimait par-dessus tout au point d'exiger de son photographe qu'il appliqua systématiquement ce filtre. Son impatience partait peu à peu comme la saleté après une bonne douche, presque palpable dans l'air. Dans cette atmosphère qui ne laissait que la faible clarté de cette fin d'après-midi et la timide fragrance des parfums filtrer, dans ce calme qui interdisait le bruit aussi sûrement que la meilleure des pièces isolées, Cary sembla se croire fou quand il se figura que ses pensées s'échappèrent de sa tête, formant un volute blanc et noir de fumée devant lui qui l'entourait de plus en plus.
Sûrement la fatigue, ça va me passer...pensa t-il, mais ça ne passa pas du tout, bien au contraire, et il était de plus en plus ravi d'avoir la sensation de s'évaporer lui-même parmi les fils vaporeux de ses pensées, comme s'il rêvait éveillé.
Il nageait, enfin, nageait-volait désormais dans l'océan nuageux de ses souvenirs, trop opaque à son goût. Il ne distinguait rien de précis, seulement des bribes de souvenirs de son enfance.

Il voyait le building souterrain de la Team Rocket qu'il connaissait par cœur.
Mon père faisait passer ça pour un séjour à l'étranger pour ne pas attirer les soupçons, j'étais sans cesse obligé d'inventer des faux souvenirs de vacances à Unys ou Fiorre pour les copains.

Il se voyait en train de boxer avec méthode des rondins de bois, de plusieurs manières différentes.
L'instructeur nous faisait rester au-delà de la tombée de la nuit si on n'avait pas des plaies béantes aux poings, à force de taper dessus.

Il se voyait sur un ring circulaire, en train de se battre avec un autre jeune garçon de son âge.
Ce prof était vraiment con. Il nous disait de se taper jusqu'au sang, et que le perdant dormirait à la belle étoile et se demmerdait avec la trousse de secours. Je crois que je n'ai jamais perdu.

Il se voyait jouant à cache-cache avec sa sœur dans les bois.
Ce qu'elle était gentille il y a quelques années ! C'est Maman qui lui a monté le bourrichon à propos de cette histoire de devenir Admin, elle n'a plus jamais été la même ensuite. Elle a commencé à avoir ce sourire que je hais, et à me traiter comme un de ses laquais. Du gâchis.

Il voyait ses parents fiers de lui quand on lui annonçait en quoi consistait son épreuve d'initiation.
Là, on voit rien, mais c'était la première fois que je voyais mon père sourire comme ça. Au fond, j'en avais pas grand-chose à faire de ce plan, mais ça avait l'air de leur faire tellement plaisir...

Il se voyait à la Ligue Pokémon, se battre en duel avec son rival de toujours.
Que des conneries, je n'ai jamais foutu les pieds là-bas, l'accès y est interdit au grand public hors des jours de compétition. Pourtant, je suis sur qu'avec L..on s'était fait la promesse là-bas de...de...de quoi ?

Dans le silence serein de la pièce, où personne n'en voulait à sa peau, où rien ne le jugeait, Cary sentit une chape de plomb s'enlever de ses épaules. Il réalisa qu'il n'y avait que quelques heures seulement qu'il était parti de chez lui, qu'il lui était arrivé plein d’événements en un trop court laps de temps, et quelque chose en lui lui donna l'autorisation qu'il n'osait se donner lui-même.
Il s'autorisa à pleurer.
Des lourdes larmes coulaient à flots sur ses joues, embuaient sa vue et gonflèrent ses lèvres, mais il s'en fichait pas mal.
Non, je suis pas sur de bien faire ! Non, ce que j'ai fait, je l'ai fait n'importe comment ! Aucune classe et aucune grâce !, pensa t-il de plus en plus fort.
Mais je fais ce que je peux, merde. J'ai commencé n'importe comment, mais je finirai quand même,même n'importe comment,  parce que...
Les mots s'amassaient aux bords de sa langue, impatients de voir enfin la lumière de la réalité.
Parce que c'est ce que JE veux faire, c'est ce que je veux ÊTRE, et personne ne me le piquera ! J'ai nagé dans les égoûts, je baignerai dans la gadoue et dans le vomi d'Evoli si il le faut, mais j'irai jusqu'au bout ! Voilà !

   « C'était ce que je voulais entendre, jeune homme »

Cary sursauta dans un cri de frayeur. Il ne s'était pas aperçu qu'il avait débité la fin de son monologue à voix haute...et plus important, qu'un homme était entré dans la salle sans qu'il s'en aperçoive, et l'observait attentivement. Il lui semblait qu'il avait deux pierres incandescentes à la place des yeux, deux joyaux sévères et implacables qui demandaient une explication.
        - Je...
        - Navré, jeune homme. Ma fille m'a averti que quelqu'un qui venait de commencer son voyage et était attaché aux anciennes traditions avait besoin de conseils, et m'a également prévenu qu'il y avait de fortes chances pour que ce quelqu'un fasse partie du groupe de la Team Rocket qui a cambriolé le Centre Commercial tout à l'heure. Alors je me suis permis de t'observer pendant un moment. C'est important que je sache quel genre d'homme se permet de venir me voir, vois-tu ?

Cary reprenait tout juste ses esprits, quittait sa forme vaporeuse, se solidifiait afin de retrouver sa forme humaine afin d'être en mesure de répondre quelque chose qui ait du sens. De répondre quelque chose qui tienne la route aux deux pierres vives qui servaient de paire d'yeux à son interlocuteur.

        - Mai...Maitre Koga ? Vous m'observiez depuis que je suis entré ici ?
        - C'est exact. Mais cette donnée purement factuelle n'est pas ce qui devrait te frapper en cet instant.
        - Et...vous...vous savez que je faisais partie de la Team Rocket ??
        - Dans les tous cas, si j'avais encore des doutes, tu viens de les dissiper toi-même, fit-il dans un sourire.

Cary devint blanc comme un linge. Mais quelle gaffe ! C'est vraiment foutu pour moi. Mais alors pourquoi...

        - Mais attendez...vous savez...et...
        - « Et je ne fais rien », c'est ça ? Jeannine m'a dit que tu t'étais sûrement échappé de leur emprise en plein milieu du vol, ce qui t'a permis de commencer ton voyage « sur le tas », comme on dit aujourd'hui.
        - Jeannine ? Mais comment sait-elle ? Je ne lui ai absolument rien dit !
        - Inutile, jeune homme. Malgré son exubérance et sa fâcheuse manie de se mêler de ce qui ne la regarde pas (il dit ces mots en se tournant vivement vers la porte, chassant de son regard la jeune fille qui épiait par l'ouverture de la porte), elle est particulièrement douée pour lire les gens...Si seulement elle pouvait s'en servir de manière plus responsable...mais bon. En ce moment, c'est à toi que je m'adresse.

Il se pencha légèrement en avant sur son coussin, ses yeux n'en brillaient que davantage.

        "Jeune homme, raconte-moi. Avec tes mots, ces mêmes mots qui se sont échappées de tes pensées il y a quelques minutes. Que je sache qui tu es."

Le regard du vieil homme, qui d'abord l'effrayait carrément, ne perdit pas de sa sévérité, mais se fit plus insistant, comme si il l'invitait à raconter son histoire. Comme si ces pierres voulaient absorber mon histoire et la décortiquer.
En temps normal, il n'aurait jamais accepté de se livrer, surtout pas de raconter ça. Ça devait être la fatigue, l'exaspération, ou tout simplement la sensation d'avoir quelqu'un de confiance avec qui converser, mais Cary se livra. Il raconta tout, de son rêve puissant de devenir dresseur, son attachement aux valeurs des anciens dresseurs, son regret de voir le Conseil démissionner et les règles de combat changer (il crut déceler une lueur de regret au coeur des pierres à ce moment-là, mais il n'en était pas sur, et de toute façon, c'était lui qui était lu, pas l'inverse), son entraînement et son avenir au sein de la Team Rocket, son épreuve d'intégration loupée, sa rencontre avec son premier Pokémon, sa fuite, jusqu'à son arrivée ici. Il cracha tout son récit comme quelqu'un qui vomissait pendant une nausée, pour se débarrasser de son histoire qui agissait comme un poison. A bout de souffle, il inspira puis expira bruyamment.

        "Voilà, je n'ai rien oublié. Je suis venu ici pour vous demander conseil, notamment les lieux où aller, et aussi mon Pokémon. Je crois qu'il sort clairement de l'ordinaire."

Koga n'avait pas bougé d'un millimètre. Penché en avant, les deux mains croisées sous son menton, il parla de sa voix claire, de ses mots polis mais affûtés, de son accent du sud du Kanto que seuls les anciens portent encore.

        "Vois-tu Cary, je me retrouve devant un dilemme. Si je te livrais à la police, et je serais parfaitement en droit de le faire !", dit-il en dégainant un kunaï et le lançant de toutes ses forces.

Cary n'eut même pas le temps de réagir, et crût un instant qu'il allait se faire tuer. Mais il n'était pas la cible : le kunaï perça un faux plafond et Jeannine chuta sur le sol de la pièce. Elle lui sourit et présenta ses excuses à son père.

        - Hum, reprenons, dit Koga en s'éclaircissant la voix. Je pourrais te livrer à la police, ceux-ci seraient ravis de disposer d'informations de première main sur la Team Rocket, et tu purgerais ta peine pour vol caractérisé. Mais, comme je te le disais, c'est un dilemme : si j'avais déduit que tu n'étais qu'un vulgaire voyou indigne du titre de dresseur, le choix aurait coulé de source. Mais tu es sincère et déterminé à avancer dans ton idéal malgré ta maladresse, tes égarements, ta naïveté et ton manque d'expérience. Je ne puis m'empêcher de me dire que te livrer aux autorités constituerait un gâchis à la fois pour toi et pour les traditions.
        - Alors, qu'allez vous faire ?
        - Papa, on n'a qu'à l'engager dans le Parc pour un moment, ça tombe à pic en plus !, intervint Jeannine qui était restée silencieuse depuis sa tentative d'espionnage avortée.

Cary écarquilla les yeux, complètement perdu.

        - Excusez-moi, j'ai peur de ne pas comprendre...
        - Eh bien, pour une fois que ma fille a une bonne idée...Vois-tu, depuis ma retraite, j'ai pris la direction du Parc Safari. Les affaires marchent bien, mais ce n'est pas évident de gérer autant de Pokémon, sans compter le personnel sans cesse fluctuant. Et nous avons besoin de personnel depuis que l'un des employés à démissionné.
        - Aaaaah Papa, tu as eu la même idée que moi, hein ?

L'homme et sa fille sourirent de concert, ce qui donna à Cary une chair de poule inexplicable mais bien réelle.
La jeune fille se fit rassurante.
        - "En fait, on a eu une idée. Ca te dirait de bosser au Parc, pendant un petit mois ?"
        - Bosser...moi, employé au Parc Safari ???

Koga le reprit.

        - Soyons précis, Jeannine. Pour le moment, j'imagine que la Team Rocket te poursuit et ne manquera pas de te ramener avec eux si ils te mettent la main dessus. De plus, tu manques d'expérience, et travailler ici te permettrait de mieux connaître les Pokémon, de développer des réflexes qui...
        - Vous allez m'employer dans le Parc ? Pour de vrai ?? coupa Cary. Je vais aller m'occuper des Pokémon dans le Parc, les nourrir, apprendre tout ce que je dois savoir ???

Le jeune homme sortit de sa torpeur, et afficha un sourire qui remonta jusqu'aux oreilles. Maitre Koga lui proposait de travailler au Parc, c'était inespéré ! Jeannine se joignit à son enthousiasme et ria de bon cœur.
Koga leva le ton pour calmer les deux jeunes gens au calme.

        - Huhum...je suis ravi de vous voir si enthousiastes, mais il convient de ne pas te tromper sur ta situation, jeune homme. Je te prends à l'essai pour le moment, mais si il s'avère que je me suis trompé à ton sujet, je t'expédie entre les mains de la police aussi sec. Me suis-je bien fait comprendre ?

Cary n'avait rien perdu de son enthousiasme, mais se reprit néanmoins. Il se mit à genoux, la tête près du sol, et déclara :

        - Sachez, Maitre Koga, que je suis sensible à votre gentillesse et que je comprends votre méfiance à mon égard. Je ne vous ferai pas regretter de m'engager au Parc, laissez-moi l'occasion de vous prouver ma détermination, j'accomplirai toutes les tâches que vous me confierez, même les plus ingrates.

Koga le fixa un moment, puis les pierres précieuses qui lui servaient d'yeux brillaient d'un éclat nouveau.
        - Très bien. Tu commences demain à six heures précises, et le petit-déjeuner est à cinq heures trente, donc lever aux aurores à cinq heures. Déjeuner à midi trente, pause d'une heure. Tu arrêtes à dix-huit heures, soit une heure après la fermeture. Je me chargerai moi-même de superviser ton travail. D'autant que ça te permettra de préparer ton voyage...
        - « Me préparer », dans le sens où il me faudra apprendre un maximum au contact des Pokémon ?
        - Entre autres, oui..., dit Koga d'un air évasif, un petit sourire en coin. Vois-tu, si tu veux devenir dresseur en respectant les anciennes traditions, je crains que tu ne puisses rester à Kanto bien longtemps. Il te faudra des fonds pour entamer ton voyage, mais ça, nous en reparlerons en temps voulu. Nous nous reverrons ce soir pour le souper. Jeannine, si tu veux bien ?

La jeune fille prit Cary par le bras et l'emmena dehors dans le couloir.
   « Tu vas crécher dans une des nombreuses chambres d'amis de la résidence », dit elle. « Pour la petite histoire, c'était l'auberge privée d'un ancien damyo corrompu que mon arrière-arrière-arrière grand-père, chef du clan Koga de l'époque, à repris de force. Il en a fait un lieu de repos et d'affrontements à la fois, et il se transmet par héritage de génération en génération. D'ailleurs, si tu regardes bien, tu verras des petits trous par terre : il y avait des piques acérées qui en sortaient d'un coup et transperçaient les assaillants ! Et les minuscules meurtrières entre les bambous ? De Arbok étaient postés ici et crachaient leur Dard-Venin ! »
Cary déglutit : « Mais aujourd'hui c'est sans danger, hein ? »
« Mais oui », répondit la jeune fille d'un air espiègle, « tu penses bien qu'avec tous les résidents, on a désactivé les pièges ! Alors arrête de fixer ces meurtrières et suis-moi ! »
   Ils montèrent deux escaliers, traversèrent un couloir puis entrèrent dans une petite chambre isolée au fond du troisième étage.
   « Voilà, c'est là ! Ça sera suffisant pour une seule personne. »
Cary se sentait à la fois perdu et chez lui. La pièce était d'une simplicité à toute épreuve : une armoire, un bureau, une bibliothèque et un futon constituaient le mobilier. En comparaison du confort de son ancienne chambre, cela semblait vétuste...Mais il était absorbé par l'agencement de la pièce, il lui semblait que chaque meuble était placé de manière idéale pour que le résident se sente parfaitement à l'aise. De plus, l'éclairage que produisait l'extérieur à travers le papier avait quelque chose de définitivement apaisant...
   « Plus important maintenant, dit Jeannine, tu vas aller prendre un bain en bas ! Tu laisseras tes fringues à l'entrée de la salle de bains, histoire qu'on les lave pour demain, je t'en filerai des nouvelles. Une fois frais, tu nous retrouves dans le salon pour le repas. La grande pièce au rez-de-chaussée, tu te souviens ? »
Cary acquiesça et suivit la jeune fille en direction de la salle de bains. Une fois arrivé, il dut admettre à haute voix qu'il n'avait jamais vu ça : il était habitué aux baignoires et aux douches chères aux habitants des grandes villes, et...
   « Ouais, on a conservé les anciennes salles de bains !, dit Jeannine qui ne fut pas surprise de voir Cary écarquiller les yeux. Papa dit toujours que ces baignoires sont d'un glauque...Enfin, tu as largement la place ! Allez, à la flotte, tu sens vraiment les égouts ! A toute à l'heure ! »
La jeune fille le laissa seul dans les bains de proportions gigantesques. Cary n'avait le souvenir d'avoir pénétré dans les bains traditionnels qu'une seule fois dans sa vie, lors d'un voyage d'agrément à Cramois'ïle, mais ça restait suffisamment vague pour avoir l'impression de pénétrer un monde nouveau, fait de vapeurs, de senteurs de jasmin et de savon. Il se déshabilla, mis ses habits (franchement dégueulasses, pensa t-il maintenant qu'il les avait enlevés !) dans un bac et les laissa dans les vestiaires. Il fit sortir Fumo de sa Pokéball, et bien que celui-ci soit des plus enthousiastes à l'idée de sortir, Cary ne sembla pas très indiqué de le faire tremper dans l'eau...en fait, il n'avait aucune idée de la manière de s'occuper des Pokémon Poison !
   « Tu veux que je te dise, Fumo ? Ca fait beaucoup de choses à encaisser en un seul coup. Un coup de trempette me fera du bien ».
Il s'immergea dans l'eau chaude dans un soupir de soulagement, heureux de pouvoir enfin se laver et de sentir autre chose que les ordures et les Tadmorv. Il se savonna vigoureusement, afin d'être plus présentable et de ne pas faire attendre ses hôtes. Fumo faisait le tour de la salle, puis se posa sur le bord du bain et poussa lui aussi un soupir de soulagement.
Une fois lavé et reposé, il pensa, la tête à moitié dans l'eau, que cette résidence semblait bien vide ; pourtant, Jeannine lui avait dit qu'il y avait de nombreuses personnes y habitant. Ou était-elles toutes parties ?
Il lui semblait également bizarre que cette proposition de travail au Parc Safari soit venue sur le tapis aussi vite : Koga devait avoir une idée précise en tête pour engager un fugueur et ancien membre de la Team Rocket sur la simple base qu'il lui paraissait « sincère ». Il fixa Fumo qui s'amusait à faire des ronds de fumée mélangées à la vapeur.
   « Quoi qu'il en soit, je vais en apprendre plus sur toi, et je vais pouvoir me demmerder correctement. Il va falloir bosser dur... »
La tête bleue se tourna vers lui et lui propulsa un petit jet glacé sur le visage. Le contraste entre le froid glacial et la chaleur des bains le surprit, il se leva d'un coup et manqua de se prendre les pieds dans le bord du bain. Fumo rigola, et Cary, une fois les yeux dégagés des particules de glace, se joignit à lui. Ils sortirent, le jeune homme enfila les habits posés à la sortie des vestiaires et ils se dirigèrent vers le salon.
Les effluves qui se dégageaient du salon déclenchèrent un appétit monstrueux chez Cary dès qu'il ouvrit la porte. Seul Jeannine l'accueillit, lui expliquant que Koga ne mangerait pas avec eux, trop occupé par « les affaires ».
Elle ouvrit les yeux en grand en apercevant Fumo flotter aux côtés de Cary.
   - « Tu me présentes ? C'est ton Pokémon, non ? »
        - Oui, donc Fumo, je te présente Jeannine, qui va nous accueillir avec son père. Jeannine, voici Fumo, mon Smogogo que j'ai rencontré aujourd'hui même.
Fumo fit une petite explosion avec ses gaz, ce qui surprit Cary, mais la jeune fille le rassura. « C'est comme ça que les Smogogo disent bonjour. Les gens ont tendance à mal réagir, mais il n'y a rien à craindre ! Par contre... »
Jeannine s'approcha de Fumo et reprit son air de détective, les doigts sous le menton. La tête bleue lui cracha un jet de glace qu'elle esquiva facilement.
        - Un mutant. 
        - Un muquoi ?
        - Viens, on va se mettre à table, je t'expliquerai. Tu manges aussi, Fumo ? J'ai prévu le coup !

Fumo acquiesça et se mit à côté de Cary, tandis que Jeannine servait les plats. Pendant qu'ils mangeait, la jeune fille expliqua à Cary que les mutations chez les Pokémon étaient monnaie courante, mais que toutes n'étaient pas aussi voyantes.
        - Tu vois, pour évoluer, les Smogo absorbent en partie un autre Smogo battu en duel, c'est comme ça qu'ils deviennent Smogogo. Mais d'après ce que m'a dit Papa, les arrangements génétiques qui se font lors de cette absorption ne se passent pas toujours comme prévu, et il arrive dans le pire des cas qu'un des Smogo meurt lors de l'évolution. Par contre, Fumo a l'air d'avoir subi une mutation unique, je crois que Papa en saura plus sur le sujet...mais les deux Smogo qui le composent ont du muter.
        - Donc, au contact du Smogo vaincu, le vainqueur, en l'absorbant, aurait muté ?
Jeannine se gratta la tête. « Oui, probablement. Ou le vainqueur aurait absorbé un mutant, le faisant muter aussi...Enfin bref, mange ! C'est du kimchi, spécialité de Hoenn, j'adore les aliments exotiques ; celui-ci est composé de flancs de Lumineon avec du chou, sucre et gingembre, tu m'en diras des nouvelles ! Toi aussi Fumo ! »
Cary, voyant Fumo se régaler avec le plat, goûta une bouchée...et manqua de s'étouffer.
   « Arrr...tu n'aurais...pfou...pas oublié un truc...dans ta...argh...recette ??? »
La jeune fille leva les yeux, cherchant ce qu'elle a pu oublier. Puis elle poussa une exclamation et frappa sa paume avec son poing : « Ah oui, le piment ! Tu savais pas que la nourriture de Hoenn était très épicée ? »
        - Ourf...une nouvelle découverte...vas-y rigole Fumo, tu ne crains pas les piments ?
Fumo fit un signe de dénégation de la tête en riant. Il avait déjà fini les trois-quarts de son assiette et se léchait les babines. Cary sentit le piment se dissiper un peu, laissant place au goût légèrement sucré du chou et de la viande.
        - Hmmm, mais c'est super bon en fait !
C'est moi qui l'ai cuisiné, bien sur qu'il est bon !, dit Jeannine visiblement fier d'elle. Ce genre de cuisine est très subtil, le goût arrive après un certain temps, comme si le plat voulait tester celui qui le goûte, afin de s'assurer d'être en de bonnes mains, enfin de bonnes papilles, et d'ailleurs je préfère ça à la bouffe toute prête qui...
        - Jeannine, t'en fais encore trop !
        - Aaah, désolée ! Bon, parlons vite fait du travail pour demain, il faut que je te briefe un minimum, même si Papa le fera de lui-même.
Cary écoutait attentivement. « En gros, tu vas devoir t'occuper d'une parcelle précise. Tu devras non seulement nourrir les Pokémon aux heures précisées, mais aussi s'assurer qu'ils ne se battent pas, que l'environnement ne soit pas dégradé – auquel cas il faudra que tu répares du mieux que tu peux -, répertorier les nouvelles naissances, etc. Et à mon avis, tu devras aussi t'occuper de..." Jeannine baissa le ton. "Lui"
        - Qui ça, lui ? Cary était intrigué. Jeannine avait mentionné ce « lui » tout bas, comme si elle avait peur qu'on l'entende.
        - C'est...un pensionnaire difficile. Papa t'expliquera, mais ça va être coton. Mais de toute façon, si tu veux devenir dresseur, il faudra aussi que tu gères les situations de crise ; ça sera en quelque sorte ton baptême du feu ! Sauf que ce n'est pas Sulfura...
        - Tu sais, je suis parti de chez moi, j'ai le Team Rocket aux fesses, j'ai parcouru les égouts, battu contre des voyous, et ce le premier jour de mon voyage. Je crois que pour le baptême du feu, je suis...
        - Oh non, tu n'es pas pas paré...pas avec « lui » en tous cas. Mais je sais pas pourquoi, je crois que tu réussiras. Donne tout ce que tu as, ok ?
        - C'était bien mon intention, et ce dès le départ.
A cause de toutes ces émotions et cette course folle, il se sentait de plus en plus fatigué. Il aida Jeannine à faire la vaisselle, lui souhaita bonne nuit et alla se coucher.
Pendant le court laps de temps précédant le sommeil, Cary eut juste le temps de repenser à tout ce qui était arrivé aujourd'hui, et à ce qui arrivera demain. Jeannine perdait un peu de son enthousiasme en mentionnant ce pensionnaire dont il devrait s'occuper demain, mais il était tout de même confiant. Sûrement parce que l'atmosphère de la chambre était reposante à souhait. Et aussi parce qu'il avait confiance en Fumo. Et aussi parce que c'était la seule voie possible pour lui, hors de question de chuter maintenant. Il ferma les yeux et glissa dans un profond sommeil.
Promis, pour la prochaine fois j'essaie de découper en morceaux plus courts.

Trailokiavijaya

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27 juillet 2011, 11:09
J'VEUX LA SSSSSSSSSSSUUUUUUUUUUUUUIIIIIIIIITTTTTTTTTTEEEEEEE

Boumbibthebob

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27 juillet 2011, 14:58
Je viens de lire, c'est juste énorme !

Sestren

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06 août 2011, 10:45
Oulà, ça m'était complètement sorti de l'esprit de publier la suite ici  :-\
Elle arrive d'ici demain soir, je vous demande encore oune poco de patience !

Kona

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06 août 2011, 21:33
C'est Juste Enorme.
Ça ferai une super hack-rom.
Des pokemon mutant bave.

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