[HS Fic] The Lonely Centurion

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Slowpoke

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09 décembre 2011, 22:35
  Bon, il est vendredi soir et j'avais rien à faire, alors je me suis dis qu'écrire une fic serait pas mal, au moins le premier chapitre. Comme certains le savent, je suis un fan inconditionnel de Doctor Who, série de SF très populaire chez nos voisins qui roulent à gauche.
Un premier spoiler à ouvrir si vous voulez connaître le contexte du premier chapitre, bien que j'ai essayé de faire en sorte de m'en passer et de laisser votre imagination prendre le pas sur mon intention.
A vos risques et périls.
Spoiler
 L'intrigue de la saison tourne autour d'Amy Pond, une jeune femme que le Docteur (extraterrestre voyageant dans le temps et l'espace) a "recruté". Elle en profite pour emporter dans la danse son future mari Rory Williams, qui sera supprimé de la réalité après quelques épisodes (parce que la mort c'est trop mainstream). Toutefois, on le retrouve en centurion romain à l'époque de César lors du final, il s'est avéré être une marionnette de plastique possédant la conscience de son modèle. Il blessera mortellement Amy avec un canon laser implanté dans son bras, ce qui permettra à sa conscience de refaire définitivement surface. Le Docteur et lui placeront Amy dans la prison ultime, la Pandorica, pour l'empêcher de mourir, où elle dormira jusqu'en 2010.
  Alors que le Docteur choisi de se rendre directement au XXIème siècle, Rory, désormais immortel, décide de passer 2000 ans à veiller nuit et jours sur sa rouquine.
  Si le scénario vous donne l'impression d'avoir été écrit par un gosse de 11 ans c'est parfaitement normal (et je vous encourage à regarder un ou deux épisodes de cette série pour vous faire votre propre avis).

IMPORTANT: Cette fic ne suit pas la chronologie supposée de la Pandorica à travers les âges.


  Let's enjoy le chapitre 1:


Chapitre 1 : vers 50 avant J-C
Spoiler
  Inspire, vingt-deux mille neuf-cent quatre-vingt-dix-huit, expire.  Inspire, vingt-deux mille neuf-cent quatre-vingt-dix-neuf, expire. Inspire, vingt-trois mille, expire. Ca y est, une autre journée s’est écoulée. Un être humain respire en moyenne Vingt-trois mille fois par jour. Je m’en rappelle bien, j’avais lu ça dans un livre, lorsque j’étudiais la médecine.  Je me demande quel jour on est. Peut-être mardi. Il fait toujours bon le mardi, j’ai laissé le rocher entr’ouvert pour laisser passer un léger courant d’air. On ne sait jamais, Elle pourrait le sentir. On est peut-être bien mercredi. Bah, quelle importance, je ne sais même pas si la semaine a déjà été inventée.

  Pas loin de trois mois que je suis ici, à tourner en rond dans cette grotte, le glaive à la main, en comptant mes respirations et en disposant de petits cailloux pour compter les jours. J’aurais aimé avoir pu dormir, au moins une fois. Après tout ce temps, j’aurais sans doute rêvé d’elle.  J’ai essayé, une ou deux fois. Je m’étais bien préparé pourtant, je m’étais confectionné un lit douillet avec les restes du camp romain, au cours d’une expédition. Quelques couvertures, un peu de bois pour faire du feu, et même un fauteuil. La caverne ressemble presque à un palace avec ça. Malgré tout, toute les fois où je me suis couché, je me suis retrouvé bêtement à fixer les formes dans le noir. Et pas de jolies formes. On dirait des boîtes de conserves géantes. Si on excepte l’épaisse couche de poussière qui les recouvrent, on pourrait croire qu’elles veillent sur Elle, bien au chaud dans sa boîte, à dormir tranquillement. Je devrais les considérer comme des collègues, mais elles m’effraient un peu.

*DZZT*

  Oh non, encore. A chaque fois que je relâche mon attention, cette chose en profite pour sortir. Je dois avouer que ça m’amusait un peu au début. Voir ma main se scinder en deux et un petit canon en sortir, j’avais l’impression de jouer à un jeu de gosse, où j’étais le gentil robot venu sauver la princesse. Sauf qu’au bout de milliers de fois à voir ma main s’ouvrir comme un boîtier, ça m’exaspère plus qu’autre chose. J’ai déjà eu envie de tirer avec le canon contre les fossiles dispersés dans toute la salle, mais je n’ose pas. Je pourrais avoir besoin de ce gadget plus tard. Et surtout, je n’ai aucune idée de comment ça marche. Manifestement, le fait d’être un organisme en plastique vivant immortel n’a pas amélioré mes facultés mentales. C’aurait été trop beau.

  Je n’ai pourtant pas à me plaindre. Avec une pierre bien pointue, j’ai commencé à dessiner sur un des murs du fond. Pas Son portrait ou quelque chose du genre, n’affolons pas plus les archéologues. C’est plutôt un truc abstrait, le genre de chose que l’on gribouille dans un coin de son cahier à son dernier cours de la journée. Je n’ai pas la prétention d’être un artiste, mais après avoir passé pas loin de quarante-neuf mille respirations, je peux dire que ça a de la gueule.

  Le plus dur à supporter ici, c’est le silence.  Un long, interminable silence. Pas âme qui vive en état de tenir une conversation avec moi depuis ce jour-là. Je n’ai même pas l’optimisme de me considérer comme vivant. Alors, pour lutter contre la déprime, je passe de longue heure adossé à la grosse boîte où Elle dort. J’y reste suffisamment longtemps pour entendre Sa respiration, parfois je l’entends au bout de quelques heures, d’autres fois je dois attendre des jours pour un simple soupir. Quelle importance ? Je ne bois pas, ne mange pas, ne dors pas, c’est à peine si je ressens une légère fatigue dans mes jambes au bout d’un ou deux jours de marche autour des pierres en dehors de la caverne. Et il me suffit de m’asseoir cinq minutes pour que cette sensation disparaisse. Je suis une sorte de super-héros, sans le costume et les supers-méchants. Pas avant deux mille ans, en tout cas.

  Inspire, dix-neuf mille cinq-cent-neuf, expire. Déjà si tard. C’est l’heure de mes exercices. L’avantage quand tout un lot d’histoire militaire antique vous rentre dans la tête, c’est qu’on en retient bien un ou deux. Je pratique des enchaînements rudimentaires au glaive, je me suis choisi une bonne pierre à l’extérieur, déjà bien rayée. On ne se posera pas de questions dans le futur. Je m’acharne contre le caillou jusqu’à ce que la nuit tombe, sans même sentir une goutte de sueur se former sur ma tempe. Je n’aime pas rester dehors à ce moment-là. Trop sombre. Toutes les étoiles ont disparues, à l’exception de notre bon vieux soleil.  Heureusement d’ailleurs, je doute de ma capacité à survivre au vide de l’espace. Mais au point où j’en suis, je ne pense pas qu’il puisse exister quelque chose sur cette planète susceptible de me tuer. A part un énorme feu.

  C’est complètement fou, je sais.  Attendre des milliers d’années pour une seule fille. Voir l’histoire se dérouler devant ses yeux et savoir qu’à aucun moment on a le droit d’interférer. Je pourrais empêcher la plupart des malheurs de l’humanité. Mais j’imagine que l’univers entier me tomberait dessus lorsqu’il sera réparé.
 
  Vingt-trois mille respirations. Au moins le temps passe vite.

Chapitre 2 : septième siècle
Spoiler
 Shane frissonnait dans l’obscurité. La nuit tombait vite dans cette région, et le bouillard commençait déjà à envahir la plaine. On distinguait encore les feux du campement, à un ou deux miles derrière lui. Il était inquiet. Le Druide avait envoyé son ami Aaron chercher des cailloux pour entourer les feux. Mais rien ne poussait dans ce paysage désolé, et les roches ne faisaient pas exception. Aaron s’était donc naturellement dirigé vers le Grand Cercle de Pierre, il y trouverait bien des galets à fourrer dans sa besace, et il aurait pu retourner au camp avant que le soleil ne se mette à décliner. Cela faisait longtemps qu’il était parti, trop longtemps pour qu’il se soit juste attardé pour admirer la vue de ces colosses d’un autres temps. Inquiet, le Druide avait envoyé Shane à la recherche de son ami.

- Aaron, tu es là ? cria Shane alors qu’il s’approchait des Pierres, tout le monde t’attends au camp. Tu cherches toujours quelques roches ?

  Il eu beau tendre l’oreille et retenir son souffle,  seul le silence lui répondit. Il se mit à frissonner, les mères racontaient à leurs enfants que, s’ils s’aventuraient trop tard au milieu des Pierres, les Mânes des guerriers tombés sur cette plaine se mettraient à les pourchasser jusqu’à l’aube. Shane n’avait jamais cru à ces histoires, mais par précaution, il serra son amulette contre sa poitrine et s’avança entre les monolithes. Il vadrouilla pendant plusieurs minutes, à la recherche d’une quelconque trace de pas, mais il ne trouva rien qui suggérait que son ami avait fait une mauvaise rencontre.

  La nuit était tombée depuis longtemps, et Shane commençait à paniquer. Il pris la décision d’aller chercher les hommes du camp pour lancer une battue avec des torches, Aaron s’était peut-être aventuré dans les collines et s’était perdu. Il tourna sur lui-même, enjamba une roche, et s’étala de tout son long dans une cavité jusque-là masquée par les ombres.  Il se sentit tomber de plusieurs mètre et perdit connaissance.

  Il se réveilla allongé, la tête contre un rocher, dans le noir le plus total. Une main fébrile lui épongeait la tête avec de l’eau fraîche. Il ouvrit un œil et distingua une tignasse noire qui partait en vrille sur les côtés.

- Aaron! s’exclama-t-il, à la fois confus et soulagé.
- CHHHHHHTTTT ! lui répliqua l’intéressé en lui plaquant la main contre la bouche et en roulant des yeux terrifiés.  

  D’un doigt tremblant, Aaron lui montra un mince filet de lumière qui leur parvenait d’un trou situé à plusieurs mètres au-dessus d’eux. Shane comprit qu’il lui désignait la voie par laquelle ils étaient tout deux « entrés » involontairement.

- Où sommes-nous ? murmura-t-il.
- Pas la moindre idée, lui répondit Aaron, un peu calmé. Je suis tombé ici il y a des heures, par hasard.
- Pourquoi n’as-tu pas cherché une autre sortie ? s’étonna Shane.
- Écoute.

  En grimaçant, Shane se redressa et tendit l’oreille. Il comprit alors la raison pour laquelle Aaron lui avait ordonné de se taire.

  Clip. Clop. Clip. Clop. Clip. Clop. Clip. Clop. Clip. Clop. Clip. Clop.

  Quelqu’un marchait dans la caverne ! D’un pas lent, dont le son croissait et décroissait régulièrement, comme s’il faisait le tour de quelque chose, sans s’arrêter.

  Mais c’était impossible. Totalement impossible. La région était désertique, son camp ne la traversait que périodiquement, au début de l’hiver, pour migrer vers des terres plus chaudes. Jamais ils n’avaient croisés personne au cours de leurs voyages, et aucun colporteur n’avait rapporté la présence de nomades dans ces plaines. Mais quelqu’un marchait, c’était indéniable. Il ne pouvait pas voir qui c’était, recroquevillés comme ils étaient dans ce qui semblait être une alcôve. Mais ils n’y avait aucune issue.

  Puis Shane se souvint de tout ce que lui avait raconté sa mère. Les spectres. Les guerriers morts dont les mânes hantaient des tombeaux cachés. Les goules. De désespoir, il laissa échapper un léger gémissement.

  Très léger.

  Le bruit de pas s’arrêta.

  Les deux garçons retinrent leurs respirations.

  Le bruit de pas repris. Il se dirigeait vers eux. Aaron fixait la sortie de l’alcôve comme si le Diable allait en sortir.

  Clip. Clop. Clip. Clop. Clip. Clop. Clip. Clop. Clip. Clop.

  Une silhouette émergea du tunnel. C’était un homme. Un bon point.  Il portait une tenue étrange, faite de pièces de métal couvertes de poussière et de tissues usés. Il se tenait là. Sans bouger, sans piper mot. Il les regardait simplement, avec un air légèrement surpris.  Mais il avait l’air bien réel.

  Puis Shane se rendit compte que l’inconnu ne respirait pas. Pas un souffle ne faisait bouger les plis de sa tenue, le seul bruit qu’on entendait dans la grotte était la respiration sifflante des deux enfants.

- Un fantôme, lui glissa Aaron à l’oreille. Il va nous emporter avec lui dans son palais et nous devrons le servir pour l’éternité.

  Comme s’il avait entendu –et compris- le murmure du garçon, le spectre leva son bras, calmement. Shane remarqua le scintillement d’une épée qui pendait à sa ceinture. « Il va nous tuer pour nous emmener avec lui » songea-t-il amèrement. Le fantôme ouvrit alors sa main, tendue vers les deux amis. Un sourire triste des dessina sur se lèvres. Shane se redressa en ahanant, pris Aaron par la main et contempla l’inconnu. Il savait qu’il n’avait aucune chance de victoire contre lui. Même si la créature était un homme de chair et de sang, il restait un adulte, capable de les assommer tout les deux.
 
- Faisons honneur à nos ancêtres, glissa-t-il à Aaron.
  Il ferma alors les yeux et prit alors la main de l’homme, bien décidé à mourir dignement.

  La main se referma sur lui, et l’entraîna en-dehors de l’alcôve. Les yeux semi-ouverts et encore sous le choc, Shane et Aaron ne se rappelèrent pas très bien de ce qu’ils virent dans la pièce centrale où l’homme les entraînait. Plus tard, ils évoquèrent entre eux des « statues recouvertes de poussières », des « fresques étranges », un « tombeau gravé ». Mais la lumière était trop faible, et l’homme avançait trop vite pour qu’ils aient le temps d’admirer les objets. Ils sentirent les marches d’un escalier sous leur pied. Un bruit étrange retentit, et le souffle du vent leur parvint sur leurs visages. Shane et Aaron ouvrirent pleinement les yeux.

  Ils étaient à l’air libre, et le fantôme, si c’en était bien un, avait lâché la main de Shane. Un dernier sourire,  un hochement de tête en direction des lumières du camp, et il disparut dans les profondeurs, scellant la roche derrière lui. Aaron et Shane regardèrent la roche. Puis eux-mêmes. Puis à nouveaux la roche. Ils se sentaient en vie, mais ils n’en étaient pas tout à fait sûrs.  D’un pas tremblants, ils se dirigèrent vers le camp, abandonnant là besaces et gourdes.

  La veille de leur départ vers le Sud, les deux amis retournèrent une derrière fois aux Pierres, en plein jour. Le trou par lesquels ils étaient tombés avait disparu. Bien des années plus tard, lorsqu’ils repassèrent, par là, désormais vieux et à la barbe grisonnante, ils firent allonger leurs petits-enfants sur l’herbe, au milieu des Pierres.

- Coutez. dirent-ils simplement.

  Sagement, les enfants écoutèrent, une oreille dans l’herbe, une autre vers le ciel.

Clip. Clop. Clip. Clop. Clip. Clop. Clip. Clop. Clip. Clop. Clip. Clop. Clip. Clop. Clip. Clop.


Chapitre 3 : An de grâce 1879
Spoiler
- Encore un compas cassé !

 William Matthew Flinders Petrie soupire en entendant le cri de son assistant. Cette expédition commençait à lui monter au nez.

  Tout avait si bien commencé pourtant. Envoyé au début de l’été dans la campagne anglaise, dans le but d’effectuer des mesures plus précises des pierres de Stonehenge. Petrie, d’abord récitent, avait finalement accepté lorsqu’il s’était dit que la chaleur d’Egypte en été serait bien au-dessus des températures qu’il pouvait supporter, habitué à sa froide brise de Londres. Il avait réuni une petite équipe compétente de quinze membres et s’était dirigé en direction du monument druidique.

  Alors qu’ils dinaient à la belle étoile, une montre posée en équilibre précaire sur un rocher était tombé dans un creux, hors de portée des bras de son propriétaire. En tant normal, Petrie n’aurait eu que faire d’une montre, et aurait suggéré à l’étourdi de lui en emprunter une pendant toute la durée du séjour. Mais l’homme avait refusé, arguant que cette montre, transmise dans sa famille depuis plus d’un siècle, ne finirait pas vulgairement coincé entre deux rochers. Bon gré mal gré, toute l’équipe s’était réunie pour écarter à main nue le plus petit rocher. Celui avait soudainement pivoté sur son axe, dévoilant un escalier rudimentaire.
 
  Des battements d’excitation dans la poitrine, Petrie s’était précipité en bas des marches. Il était alors tombé dans une salle étrange, recouverte de motifs gravée à même le mur.  De vieilles statues à moitié désagrégé, représentants des personnages difformes,  formaient un cercle autour d’un énorme cube. En bon égyptologue qu’il était, Petrie avait l’habitude des tombes défiant toute proportion, aussi n’avait-il pas jugé irrecevable l’hypothèse qu’il venait de trouver la sépulture d’un ancien druide. A l’aide d’un savant procédé, les contemporains du défunt avaient sans doute appliqué un béton rudimentaire afin de masquer l’écart entre les pierres et faire apparaître le monument comme un seul bloc, en profitant pour dessiner un motif cabalistique sur les faces.

  Rendu euphorique par sa découverte, Petrie se précipita dans sa tente et envoya un messager au plus proche village pour avertir Londres qu’il aurait besoin d’une équipe complète de fouille dans les plus brefs délais.

  En deux mois de dur labeur, les statues et les tombes étaient sagement posées sur des socles, prêtes à être acheminées vers la capitale. Petrie, absorbé par la mesure des pierres, n’avait pas eu le temps de s’occuper du monolithe, et il comptait bien utiliser les escales de nuit pour écrire déjà une première ébauche sur la « Stonehenge’s Stone ». Une fois dans sa bibliothèque, il examinerait minutieusement l’historique de la région pour déterminer les cultes qui y avaient étés pratiqués et si on y faisait quelconque mention d’un tumulus.
 
  Mais pour l’heure, ce jour n’était pas encore arrivé. Roues cassées, chevaux apeurés, cordes rompues, instrument de mesures brisées… le sort s’acharnait sur l’expédition.

  Le sort ?

  La corde qui ne présentait aucun signe de faiblesse la veille, et retrouvée en deux parties le lendemain, c’était de la malchance ?

  Une des montures qui traînait les chariots, calme et posée, soudainement surexcitée et impossible à contrôler le lendemain, c’était les insectes ?

  Petrie n’y croyait pas. Cette nuit-là, il prit la décision de mettre en place des tours de garde durant la nuit. Qui que ce soit qui pouvait avoir une raison d’empêcher son expédition d’atteindre Londres, il ne tenterait rien avec autant d’hommes en patrouille. Mais il réalisa bien vite la stupidité de son idée. Un tel individu, qui possédait les capacités de s’infiltrer et de détruire le matériel dans un campement plein de vie et de discussions du soir au matin ne se laisserais pas apeurer par quelques scientifiques armés de bâtons.

  Mieux valait agir seul. Avec un soupir résigné, il dit à son assistant qu’il se sentait un peu faible et que, par conséquent, il allait se coucher. Installé dans son lit, il se mit à compter les minutes qui le séparaient du couvre-feu.

  Le moment où les bruits commencèrent à s’estomper vint enfin. Petrie attendit encore quelques heures, puis, lorsque tout les bruits se furent éteints depuis un moment déjà, il se leva, mis ses chaussures et empoigna son vieux pistolet. Il sortit du camp sans faire de bruit, et alla se poster près de la tente du matériel, que l’on gardait à l’écart à cause de la poudre à canon que certains barils contenaient.

  Les heures passèrent. Longues. Silencieuses. Pas un bruit ne venait trouver le silence de la lande, et Petrie commençait à dormir debout.

  Soudain, il entendit des pas. Étouffés à moitié par l’herbe, il serait passés inaperçu à n’importe quelle autre heure de la journée. L’égyptologue se cacha derrière un rocher. De là, il distingua la forme d’un homme entrer dans la tente. D’un pas feutré, il entra également. Il trouva l’inconnu occupé à farfouiller dans la caisse des cordes, dos à lui. Tenant son pistolet par le canon, il frappa sa tempe aussi fort qu’il le pouvait. L’homme tituba, mais ne s’affaissa pas et se retourna lentement. Pris de panique, Petrie lui tira trois balles dans l’épaule à bout portant. Les détonations furent étouffées par la cape que portait le saboteur. Sans paraître le moins du monde incommodé, ce dernier se redressa et flanqua à son adversaire un magistral coup de poing dans la mâchoire. Petrie tomba sur le sol. Il se sentit traîné sur quelques mètres, puis perdit connaissance.

  Il se réveilla adossé contre un rocher, à l’air libre, quelques heures plus tard. Il faisait toujours aussi sombre, et on l’avait dépouillé de son arme. Retrouvant peu à peu sa vue, il distingua son adversaire, manifestement en pleine santé,  qui s’affairait autour de lui.

- Qui êtes-vous ? grommela-t-il, encore groggy.

  L’inconnu se retourna brusquement vers lui. Petrie distinguait mieux son visage maintenant, s’était un jeune homme, aux cheveux coupés court et sans barbe. Il ne lui rappelait aucun membre de son expédition. L’homme ouvrit la bouche, renâcla, et dit, avec un accent indéfinissable :

- Vous… me… comprenez ?

  Chaque mot venait difficilement à ses lèvres, comme s’il n’avait que très peu parlé dans sa vie.

- Je… rien… vous faire. Poursuivit-il, toujours ardûment. Veut juste… protéger Pandorica.

  Petrie n’y comprenait rien. Pandorica ? Etait-ce le nom de la tombe ? L’inconnu avait-il été engagé pour défendre la boîte des agressions ? Mais par qui ? Et de quelles agressions ?

- Pouvez-vous me dire votre nom ? Hasarda-t-il.

  L’inconnu afficha un grand sourire, ouvrit la bouche, prononça un bruit étrange et son sourire se figea.  Il réitéra l’essai plusieurs fois, mais rien ne sortit de ses lèvres. Les yeux emprunts d’une tristesse infinie, il leva des yeux embués de larmes vers Petrie.

- Oublié, murmura-t-il.

  Et il s’assit lentement, comme pris d’une fatigue immense. Petrie le regarda pendant quelques minutes, encore plus perdu qu’avant. L’inconnu se semblait pas dangereux, seulement un peu perdu. Un détail cependant lui échappait. L’homme portait une tenue étrange, que Petrie avait déjà l’impression d’avoir vue.

  Puis cela lui revint : une tenue romaine, l’homme se promenait déguisé en centurion romain ! Cette nuit était décidément éprouvante pour le pauvre égyptologue, qui ne parvenait pas à trouver une explication concrète à tout cela.

- Pourquoi faites-vous ça ? Pourquoi sabotez-vous mon expédition ? Demanda-t-il.

- Pour Elle. Répondit le fou.

  De plus en plus perdu, Petrie, la main tremblante, chercha dans sa poche une flasque de bourbon pour  mettre ses idées au clair. Il fit tomber un de ses carnets et un crayon avec ses tremblements. Comme pris d’un éclair de génie, le saboteur s’empara des deux et se mit à griffonner à toute vitesse sur les pages du petit cahier. L’égyptologue, intrigué, se plaça par-dessus son épaule pour observer ce qui prenait forme sur le papier.

  C’était un méli-mélo d’images sans queues ni tête. Une porte s’ouvrait dans un coin de la page, deux personnages en sortaient. L’un deux arborait un nœud papillon, l’autre avait les cheveux longs, Petrie supposa qu’il s’agissait d’une femme. Ils rencontrèrent un troisième personnage, aux cheveux longs lui aussi, assis sur ce qu’il semblait être un trône. Un autre bonhomme apparaissait alors, portant une cape. Petrie fixa son regard sur la cape que portait lui-même l’individu : il devait s’agir d’une manière de se représenter lui-même, l’homme lui « dessinait » sa propre histoire ! Puis, cela devenait confus. Des formes sombres apparaissaient et enfermaient « Nœud Papillon » dans une boîte sortit d’on ne sait où. Une des femmes disparaissait dans une porte au milieu de la page, ne restait plus que « Cape » et « Cheveux Longs », main dans la main. Mais, une ligne plus loin, on voyait « Cape » accroupi devant sa compagne allongée. « Nœud Papillon » était alors sorti par « Cape » de la boîte, et ils y mettaient « Cheveux Longs » à sa place. La dernière place, en bas à droite de la feuille, représentait « Cape », seul, assis à côté de la boîte.

  Sur le verso de la feuille, l’homme se mit à dessiner un autre croquis, plus précis, d’une main, qui couvrait la moitié gauche de la page. Puis, sur la moitié droite, il représenta sa main, coupée en deux, d’où émergeait un cylindre lisse. Il pointa ensuite son doigt sur le dessin, puis sur lui-même, et répéta cela plusieurs fois de suite, en regardant fixement Petrie.

- Je ne comprends pas ce que vous essayez de me dire, bafouilla ce dernier.

  Poussant un soupir las, l’inconnu ferma les yeux, tendis son bras, et fit signe à l’égyptologue d’observer. Avec un hoquet de surprise, Petrie vit sa main se scinder lentement en deux, un tube en émergeant, exactement comme le dessin ! S’agissait-il d’une prothèse ? Ou l’individu lui-même était-i un automate ? Cela expliquerait sa résistance aux balles et aux coups. Mais c’était d’un niveau de science à mille lieux de son époque.

  Dans tout les cas, il était inutile d’essayer de séparer la boîte de son « gardien ». Il devenait évident que, si cette créature avait réussi à les suivre, sans se faire remarquer, pendant plusieurs mois, elle n’abandonnerait pas en entrant à Londres. Et nul ne pouvait savoir comment il allait réagir, plongé dans la grande ville.

- Voulez-vous venir avec moi ? Hasarda Petrie. Ce que vous gardez sera ramené à Londres et placé dans un des entrepôts les mieux gardé du pays une fois que j’aurais fini mes observations. Me comprenez-vous ?

  Visiblement surpris par cette proposition, l’individu acquiesça en silence.

  A pas feutrés, les deux compères retournèrent dans la tente de Petrie. Là, le chercheur donna à son nouveau compagnon de route des habits plus conventionnels. Il se fondrait dans la masse aisément, Petrie avait juste à le garder loin des équipes de travail. Mais il pensait bien que l’individu n’aurait aucun mal à les pister de jour, comme il l’avait toujours fait. Londres n’était plus très loin, il aviserait de la suite là-bas.


Epilogue – Deux ans plus tard.

- Es-tu vraiment sûr de vouloir rester ici ?

- Oui.

  Petrie soupira. En trois ans, il avait accompli un travail formidable avec ce jeune homme. En parallèle de ses études sur la Pandorica - puisque tel était le nom de la « Tombe » - il lui avait réappris à parler. Au bout de deux ans, Rory était passé du statut d’automates bégayant à celui de jeune homme en pleine possession de ces moyens, souffrant encore d’un léger accent indéfinissable. Les discussions avec le savant lui avait fait un bien fou, tant au niveau de sa mémoire qu'à son vocabulaire. Il lui avait raconté son histoire, et aussi folle qu’elle était, Petrie ne pouvait s’empêcher d’y croire, surtout lorsqu’il fixait son regard sur la main de son ami. Mais le devoir appelait l’égyptologue, et il était appelé sur un chantier de fouille à Gizeh, pour une période indéterminé. Mais il n’espérait pas revenir avant plusieurs années.

- Je ne comprends toujours pas, se plaignit encore une fois le savant. Pourquoi rester ? Qu’y-a-t-il de si important pour toi à l’intérieur de… ça ? Demanda-t-il en pointant du doigt le monolithe.

- C’est pas l’heure, répondit encore une fois le garçon. Tu es le seul ami que j’ai eu depuis longtemps, William. Mais il y a des choses que je me suis promis de ne jamais, JAMAIS révéler.
 
- Que vas-tu faire alors ? Continuer d’attendre indéfiniment un jour qui ne viendra peut-être jamais ?

- Oh, le jour viendra, je le sais de source sûre. Quant à attendre… j’ai fais ça pendant longtemps, je peux bien le faire encore un peu.

  Un long silence s’ensuivit. Petrie, résigné, lâcha un énorme soupir, leva les yeux vers Rory. Il n’y vit aucune hésitation, aucun compromis. Ce dernier continuera sa « mission » jusqu’à la toute fin. Il lui tendit la main.

- Adieu, mon ami, et bonne continuation, lui souhaita-t-il, des tremblements dans la voix.

- Adieu, répondit simplement le « jeune » homme.

  Puis, sans un autre mot, il disparut dans l’ombre.

  Petrie resta encore quelques instants seuls, guettant ses bruits de pas, mais c’était inutile. Personne ne pouvait entendre cet homme lorsqu’il s’en souciait. Un autre soupir encore, et il se dirigea vers la sortie de l’entrepôt.

« Modifié: 20 décembre 2011, 20:52 par Answer »

Slowpoke

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12 décembre 2011, 20:47
  Epic vent is epic.  :roumi:

yurisses

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12 décembre 2011, 20:49
juste énorme, gg

Castho

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12 décembre 2011, 20:51
J'ai pas vu mon nom dedans donc j'ai pas lu.

Slowpoke

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12 décembre 2011, 20:54
J'ai pas vu mon nom dedans donc j'ai pas lu.

27ème ligne, chien.  :chat:

Maniak: :boogyfr:

Castho

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Slowpoke

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12 décembre 2011, 21:45
  :boogyno:

Soon chapitre 2 sinon. Ramenez-vous enfin.  :black:

yurisses

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12 décembre 2011, 21:46
envoie le chapitre 2 vite

Slowpoke

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12 décembre 2011, 21:52
10 comz de personnes différents et je lenvoie lol

Twilight

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12 décembre 2011, 21:53
10 comz de personnes différents et je lenvoie lol

Je signe.

Slowpoke

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Slowpoke

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12 décembre 2011, 22:11
  Oui mais non, je ne suis pas un péteux du 15-18 qui demande trois pages d'éloges avant de daigner écrire dix nouvelles lignes. Enjoy yourselves pour le chapitre deux, disponible dans le premier post.

Castho

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12 décembre 2011, 22:22
MAIS POURQUOI TOUJOURS AARON DANS VOS FANFICS PUTAIN ?

Slowpoke

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12 décembre 2011, 22:26
MAIS POURQUOI TOUJOURS AARON DANS VOS FANFICS PUTAIN ?
Prénom saxon avec une bonne connotation, c'est les autres qui ont piqués l'idée que j'avais pas encore eue.     
« Modifié: 12 décembre 2011, 22:27 par Answer »

The Miz

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12 décembre 2011, 23:41
J'ai pas lu, mais ça à l'air épique.

Maître Renard

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13 décembre 2011, 00:17
Oue
Je lirais demain.

Weby

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13 décembre 2011, 00:32
Sympa, mais je peine encore à voir le rapport entre le chapitre 1 et le chapitre 2...

On verra au chapitre 3.

GG sinon, bon style d'écriture, mis à part quelques fautes par-ci par-là (exemple : mettre au lieu de mètre, j'aurais sans doute rêvée d'elle, ...).

Slowpoke

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13 décembre 2011, 17:47
Sympa, mais je peine encore à voir le rapport entre le chapitre 1 et le chapitre 2...

Le premier Spoiler devrait t'éclairer.  :roumi:

Et thx pour les fautes.

Weby

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13 décembre 2011, 18:54
Ouais, du coup je comprends mieux, j'avais pas lu le spoiler parce que ça commencait par "l'intrigue" et que j'voulais pas connaitre la fin avant le début :j

Slowpoke

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13 décembre 2011, 19:02
  J'ai exprès pas mis la fin.  :wat:

Enfin, étant donné que c'est une fic inspirée d'une série télé, ceux qui ont vu la saison 5 de Doctor Who connaissent déjà le dénouement. De toute façon j'avais pas dans l'idée d'écrire une fic "à suspens", plus une exploration sur une des ellipses de la série.   

Slowpoke

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14 décembre 2011, 19:45
  J'm'ennuie à crever alors le chapitre 3 arrive ce soir. Et vous connaissez tous mon légendaire sens de la ponctualité.

Slowpoke

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20 décembre 2011, 20:53
  Chapitre 3 écrit et disponible dans le premier post. Ouais, ça m'a pris plus de temps que prévu, mais il est plus long que les deux autres et j'avais le syndrome de la feuille blanche.

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