J'ai beau avoir vu la filiation possible dostoievski/existentialisme en lisant Les Démons, j'me dis que c'était quand même une belle méprise. J'ai peut-être pas lu le bon.
en effet la filiation est famélique puisque si l'on considère les textes de fédor comme échantillons des prolégomènes à la pensée existentialiste (sur les notions de Stirner, justement, j'y viendrai Skarm), Sartre en est (en quelque sorte) un des aboutissements -que ça plaise ou non-, mais c'est clair qu'il ne faut pas oublier les cent ans qui séparent leurs études (il faut comprendre que la propédeutique de Sartre a cet usage a été mille fois plus conséquente), mais au final tout repose sur les pionniers tels que fédor, et là est le lien.
Senoses j'exige que tu t'exprimes à propos de cet élan de subversivité anarcho-individualiste non moins élégamment affiché en avatar. C'est un de tes maîtres à penser (ça m'intéresse j'attaque sa lecture prochainement) ?
"maître à penser" peut-être pas, mais il est un pionnier dans les exercices de la confrontation moralité/immoralité qui m'a beaucoup intéressée à une époque; en fait ce qui me plaît beaucoup chez cet homme c'est son opposition à hegel, je fus bien heureux lorsque enfin sur les railles d'un cénacle littéraire qui se dressait contre les hégéliens qui aiment trop interpréter les choses comme ça les arrange.
mais en dehors de ça, son oeuvre est en quelque sorte une historiosophie de la pensée à contre-courant (plutôt qu'à contre courant, parlons en fait d'une pensée non-consentie dans la crainte de soi), c'est presque une éloge des vices, ou en tout cas leur admission complu face au reste du monde (la société en fait).
alors c'est vrai qu'on peut retrouver cette franchise chez bien des autres, mais pas dans les filets d'une éristique aussi absconse : ce type travaillait ses textes tel un génie comme on n'en voit qu'un par siècle, tu as vraiment l'impression de lire n'importe quoi avant de te rendre compte que finalement, il raison sur toute la ligne, et alors que tu commences à composer une thèse antinomique à la sienne, il t'a déjà écrasé.
sa doctrine en quelques mots :
l'égoïsme n'est pas quelque chose à propos de quoi on a un choix, ou quelque chose que l'on peut attaquer; l'égoïsme (présent en chacun) est une part de nous qui lors des options que l'on PEUT choisir se transfigure en péroraisons quant à la valeur des choses et à la priorité des impératifs, si tu crois autrement (influencé par la morale et les pré-établissement d'idées de choses que tu n'as pas vu ou vécu par exemple), tu ne crois pas de la bonne façon : la morale n'a pas de force impérative et est de toute façon fallacieuse.
je ne sais pas ce que tu recherches chez lui, mais il a essentiellement parlé de la l'impertinence de la morale et des édits de la raison, en les refoulant puisque si on admettait ces principes il n'y aurait pas matière à débattre d'autres choses desquelles nous ne saurions estimer d'exacte valeur (nous ne cessons jamais de construire nos valeurs impératives).
tu seras plus à l'aise avec lui si tu as déjà mené une étude de ce qu'est la moralité puisque son oeuvre suppose que tu as déjà les acquis notionnels nécessaires, mais je me fais pas de souci pour toi, je suppose que tu as déjà ton idée là-dessus