[DOSSIER] L'impact culturel de Pokémon dans le monde et dans les jeux-vidéos
Chose promise, chose due, voici la première moitié de la première partie du dossier "L'Impact culturel de Pokémon dans le monde et dans le jeu-vidéo". Un projet de longue haleine, où des larmes, Un Passant Ordinaire (1) et des milliers de rédacteurs ont été versés/sacrifiés pour les étapes de contrôle-qualité.
(1) (Passant est encore en vie, il est coincé dans un temple chaoline selon les rumeurs).
Sans vouloir m'auto-paraphraser, c'est pas évident d'aller en profondeur dans tous les aspects du sujet que nous allons aborder ensemble : j'ai peut-être simplifié parfois certains points, grossi d'autres, ommis des aspects... D'avance, je m'en excuse, et parce que j'aime m'améliorer, si vous avez des conseils à donner, je suis ouverte et assez disponible (sur le Discord, le forum, ou même dans les commentaires). Et pour ceux qui trouvent que mon écrit est trop scolaire, je préfère suivre une méthode qui marche que faire de la grosse merde, on est Trash pas de la fiente décomposée au 15ème degré. (Ok, là j'ai copié-collé mais j'invoque le droit à l'auto-plagiat)
Pokémon, ou Pocket Monsters pour les aficionados, fruit de l'union du travail de Satoshi Tajiri (Game Freak) et de Tsunekazu Ishihara (Creatures), vit le jour dans les bacs japonais le 27 Février 1996 après six longues années de gestation parsemées d’embûches : Nintendo qui était pas chaud pour vendre, problèmes d’argent, licenciement et baisse de salaire… Bref, de quoi inspirer un journaliste qui veut faire un documentaire sur Pokémon.
Ce pavé dossier ne se veut pas complet mais j'espère qu'il sera à vos goûts et que surtout, il vous titillera la fibre nostalgique et les neurones !
La fibre nostalgique mon gars.
Introduction de la PARTIE I : L'anime, le produit dérivé par excellence, à l'origine de la fièvre Pokémon
Si vous avez grandi dans les années 90 (comme moi), c’était sans doute pour vous les meilleures années de vos vies : tout le monde jouait Pokémon, discutait Pokémon, des amitiés se nouaient autour d’échanges de cartes et de visionnage de partie sur console, on rentrait vite à la maison s’installer devant l’épisode Pokémon du jour, le magnétoscope était régulièrement abusé pour enregistrer tous les épisodes diffusés, et même si c’était la 126ème diffusion, vous restiez ébahi devant votre écran comme si vous redécouvriez l’intrigue de l’épisode du jour.
Putain, je pleure toujours autant devant cet épisode...
A chaque fin d’épisode, un bout du Pokérap se lançait et vous défiiez vos potes pour savoir qui connaissait le mieux son Pokérap, et plus largement ses 150 Pokémon.
Je veux être le meilleur
De tous les dresseurs !
Sans aucun répit,
Je relèverai les défis !ELECTRODE, TAUPIQUEUR, NIDORAN, FEROSINGE, FLORIZARRE, RATTATA, RAPASDEPIC, ROUCOOL,POISSOROY, VOLTALI,-
Allez, on continue maintenant que vous l’avez dans la tête !
Tout ce que je décris, c’est la fièvre nostalgique Pokémon, c’est la PokéMania, qui n’aura duré que peu de temps, mais assez pour marquer des générations : la mienne, mais aussi celles de nos parents et grands-parents. Qui n’a jamais demandé à Noël ou pour son anniversaire un cadeau en lien direct avec Pokémon : des figurines, des peluches et pour les plus chanceux, une Game Boy avec un jeu Pokémon ?
Mais comme toutes les séries phares des années 1990, comme Dragon Ball, Sailor Moon, Yu-Gi-Oh ! ou même Beyblade, la hype Pokémon est devenue un vestige du passé, au point que les vieux aigris rêvant encore de la gloire de la Première Génération sont communément désignés par le terme « Nostalgia-fags ».
Malgré le renouveau apporté par Pokémon GO, cette PokéMania de 2016 n’a pas réussi à mobiliser autant que celle de fin des années 90, preuve flagrante étant que les deux premiers films Pokémon(1>2) restent jusqu’à maintenant dans les Tops des films d’animation à gros succès (lisez money).
C’est donc pour les vétérans comme pour les jeunes que j’écris ces mots, afin que vous appreniez la vie de cette licence que vous suivez, mais en moins chiant que le chapitre sur les poilus qu’on se tape en Histoire pendant tout notre cursus scolaire.
Right in the kokoro featuring Together Forever
Son impact dans le monde
Pokémon au Japon
Mew, le 151ème Pokémon qui devait rester secret, caché dans la matrice, a été révélé après la sortie en février 1996 des jeux. Il a été le premier Pokémon Event à avoir été distribué par le CoroCoro Comics sous forme de tirage au sort, où seuls 20 élus ont eu la chance de posséder la Sainte Bête.
Sa rareté a créé et alimenté les rumeurs qui ont participé au franc succès de la franchise au gameplay innovant pour l'époque ; au point qu'aujourd'hui, un jeu présentant des mécaniques similaires est qualifié de "Pokémon-like". L'anime a su achever le travail, et les jeux de la Première Génération sont les seuls dans la franchise à avoir explosé la barre des 10 millions de vente sur le sol nippon.
En exclusivité, un document révélant le choix cornélien dans le choix de la mascotte de la franchise
Fort de son succès, la frénésie nippone se calme avec le tristement célèbre épisode 38 de la première saison "Dennō Senshi Porigon" diffusé le 16/12/1997 qui a envoyé à l'hôpital 685 enfants japonais selon les pompiers (on n'a pas les chiffres des syndicats).
L'incident a été tel qu'on le qualifie de « Choc Pokémon » et l'anime est suspendu pendant 4 mois avec une prise de conscience des chaines de télévision et des staffs d'animation qui ont mis en place quelques règles afin de s'assurer que ce type d'incident ne se reproduirait plus.
Étant donné que Pokémon n'était pas arrivé aux USA à ce moment-là, il n'y a eu aucune conséquence directe à part une certaine méfiance de la part de la presse qui avait décrit l'événement, mais cela ne va pas empêcher la franchise d'arriver outre-mer.
Et c'est ainsi que nous vîmes plus jamais Porygon dans le paysage audio-visuel (le caméo du 5ème film ne compte pas)
Pokémon deux ans avant les US mais après le Japon (entre 1996 et 1998)
L’arrivée de Pokémon en Occident par les USA a pris deux années, dans lesquelles de nombreuses décisions et observations du phénomène au Japon et plus largement en Asie du Sud-Est sont faites. Avant l’Occident, les pays voisins du Japon comme Taïwan, la Corée du Sud ou la Chine ont eu accès plus rapidement au phénomène grâce à cette proximité culturelle qui favorise l’introduction des produits et modes culturels japonais.
Pendant ces deux ans, Pokémon existait aux USA sous forme de rumeurs et se propageait grâce au bouche-à-oreille. Un véritable trafic de produits Pokémon s’instaure alors : sans magasin officiel ou vendant des biens culturels Pokémon, des familles partaient au Japon et revenaient les bagages blindés de produits dérivés, des proches glissaient un Booster sous l'oreiller des jeunes américains après un voyage au Japon…
Bien que le japonais soit du chinois pour eux (et une blague de merde, une), les gamins s'extasiaient devant les artworks qui, il faut reconnaître, pouvaient être vachement badass.
Get on my level, motherf*cker
Cette atmosphère créée sans intervention de Nintendo, mêlant légende urbaine et hype, où les rares cartes TCG arrivant entre les mains d'une poignée d'élus suffisaient à rendre les copains de la cour de récré ébahis, suffit à convaincre la branche américaine à introduire la licence en Occident.
Et enfin, le temps des réjouissances était arrivé pour les américains.
Pokémon aux USA
Les ébauches de plans sont apparues début 1997 et des plans concrets sont faits dans les premiers mois de 1998 comme la traduction et l’interprétation du scénario (qui se devait être la plus proche de l’original), le choix des comédiens de doublage, la traduction des noms des personnages (avec Satoshi qui devient Ash/Sacha chez les francophones et son rival Shigeru qui devient Gary/Régis), la traduction des noms des Pokémon ainsi que la promotion des produits liés aux jeux.
Et pour éviter des conflits de propriétés intellectuelles, le nom de "Pocket Monsters" a été abrégé pour les États-Unis, et plus largement dans le reste du monde, en Pokémon.
Tout raconter serait fort long, mais ce qui est important à retenir c'est que Nintendo of America a investi énormément dans le marketing de Pocket Monsters aux USA, malgré la peur que la différence culturelle entre États-Unis et Japon puisse être un fossé infranchissable, et ça a été plus que payant.
L’adaptation de l’anime
La cible d’origine de la franchise en Amérique (donc pour généraliser en Occident) était les jeunes garçons entre 6 et 14 ans. Mais les filles n’étaient pas exclues non plus, car si on suit le phénomène au Japon, les filles appréciaient l’aspect « kawaii » de certains Pokémon (moi j'étais fan de Goupix, Rondoudou, Pyroli et Artikodin et je passais mon temps à les dessiner !) donc même si on considère qu’elles n’achetaient pas le jeu, l’anime et les produits dérivés étaient des produits de choix pour ce jeune public féminin.
De plus, Pokémon en tant que jeu-vidéo présente l’avantage d’être non violent (du moins, à ses débuts), où aucun Pokémon de l’équipe ne meurt et peut être guéri à tout instant (soit au Centre Pokémon, soit avec des Objets de Soin).
L'anime était, aux USA comme en Europe, la clé de voûte de la stratégie marketing : quand, au Japon, l'anime était introduit après les jeux (et donc est clairement un produit dérivé), en Occident l'anime était diffusé en première instance en tant que support promotionnel des jeux qui eux sortaient un peu plus tard.
Les jeux donnaient le cadre, de l'essence à l'univers de l'anime qui lui, venait enrichir et élargir l'expérience des joueurs : c’est une raison pour laquelle il fallait mettre le paquet pour avoir une adaptation digne de ce nom. Et qui s’est occupé de l’adaptation aux États-Unis de l’anime Pokémon déjà ?
La 4Kids, un « distributeur de produits télévisuels à destination des enfants » selon Wikipédia ou « les enfoirés qui ont violé l’essence de nombreux anime tels que One Piece, Yu-Gi-Oh !, Shaman King ou Tokyo Mew Mew » selon Internet.
Je vous rassure, Pokémon est (comparé aux massacres des animes que j’ai listé ci-dessus) une des plus authentiques adaptations (et donc proche de l’original). Je dirais presque que la 4Kids ont fait un excellent boulot pour Pokémon, surtout quand on sait que The Pokémon Compagny international (TCPi) a décidé en 2006 de changer de compagnie de doublage après la fin du contrat entre 4Kids et TPCi (au final, une bonne partie du casting de l’ère 4Kids a été réemployée, mais les dialogues ont malheureusement perdu de leur superbe).
Il faut reconnaitre que sans la 4Kids, on n’aurait pas de jeux de mots dans les titres des épisodes, à la fin de chaque épisode on n’aurait pas de Pokérap, de Jukebox de Pikachu ou de Karaokémon, pas de « Quel est ce Pokémon ? » (Who's That Pokémon ?), et surtout, surtout pas ce légendaire Opening (et encore, tout ça c’est en omettant la participation dans les premier et second films).
These very traditional and patriotic american donuts are great !
Malgré ces aspects positifs qui ont su propulser la franchise au rang de légende, il ne faut pas perdre de vue que l’adaptation est tout de même allée trop loin, là où la direction a décidé d’américaniser une série qui est clairement d’origine nippone. Pourtant, l'origine nippone du programme n'était pas perçue comme négative, au contraire, cela ajoutait une pincée d’exotisme dans le paysage audiovisuel américain, rendant ainsi l’anime plus attractif.
Grâce à la Magie 4Kids, des onigiris peuvent se transformer magiquement (et même physiquement) en sandwich ou alors deviennent des donuts fourrés à la confiture, les textes japonais sont effacés, toutes les références japonaises (expressions, localisations, etc.) sont replacées dans un contexte américain.
Même les Américains savent qu'ils sont américano-centrés (Hetalia is ALWAYS revelant)
Des scènes entières sont effacées, soit pour censurer (seuls les petits japonais ont pu admirer la poitrine généreuse de James à la plage, ça explique pourquoi ils regardent/lisent autant d’ecchi) ou tout simplement pour rester dans le temps imparti du programme (20 minutes c’est pas 22 minutes).
Même les armes à feu sont censurée aux USA qui a pourtant la culture du gun
Et là où dans un anime (une production japonaise) il est normal que certaines scènes soient dépourvues de musique d’ambiance (parce qu’une ambiance n’a pas besoin de musique pour exister, cf. la vie réelle), ben d’un point de vue américain (et donc occidental, vive la mondialisation) toute chose projetée sur un écran se doit d’avoir une musique d’ambiance. Raison : parce que. Depuis la ligue de Johto jusqu’à Battle Frontier (et Pokémon Chronicles), toutes les musiques japonaises ont été remplacées et tous les silences ont été effacés. Et l’ending est en général la version raccourcie de l’opening ou bien l’instrumental.
Contrairement aux autres animes tirés de manga ou de novels qui suivent un développement progressif du scénario (avec quelques changements par rapport à l’œuvre d’origine, pour le plus grand plaisir ou déplaisir des téléspectateurs), l’anime est fait pour présenter les nouveautés apportés dans les jeux (des fonctionnalités comme les Concours Pokémon aux nouveaux Pokémon de la région).
Ainsi, on conserve le héros de départ et on change juste son environnement (ses compagnons, une nouvelle région à explorer…) mais l’anime est devenu kid-friendly en partie à cause de nous, fans internationaux : pour répondre à la demande à l’étranger, le staff de l’anime s’est adapté en essayant d’être le plus neutre possible : moins de références nippones, moins de violence, … Et l’anime est devenu à peu près ce qu'il a été depuis lors : propre, sûr, prévisible et kid-friendly pour le monde entier... Au prix de devenir stéréotypé et répétitif aux adultes, en particulier ceux qui savaient comment les épisodes pouvaient être mémorables : l'anime est devenu "for Kids" (non je n'ai pas honte).
Je vous ai brisés je pense
Maintenant que vous êtes déprimés (et que mon trait d'esprit n'a pas amélioré le tableau), je vais essayer de me racheter en vous disant que Pokémon était aussi fédérateur, et cet aspect-là est mis en avant dans le jeu-vidéo avec les échanges entre joueurs via un câble link (si ça c’est pas de la connexion) et toute l’ambiance qui est créée autour (les cartes, l’anime, la progression dans le jeu, etc.). L'anime, qui a permis de populariser à fond le jeu, transmet avec brio aux enfants les valeurs d'empathie, de persévérance et de dépassement de soi à travers le duo Satoshi-Pikachu ainsi que leur bande de potes (pour le reste de l'article, je vais coller globalement sur les noms japonais, surtout pour Satoshi vu que ça fait honneur à Satoshi Tajiri [pis qu'ils n'avaient pas d'idée pour le nom il paraît] donc fuck Sacha/Ash).
Ce sont des arguments de poids pour les parents, la cible indirecte de la franchise. Mais la phrase d’accroche « Attrapez-les tous ! » (Gotta catch'em all! pour les anglophones et Hazte con todos! pour les hispanophones) dégouline d’une politique marketing assez agressive (ça, couplé au Pokérap, et vous obtenez un chant satanique incitant à la consommation), et le temps investi dans Pokémon au lieu de jouer à d'autre chose aura chagriné plus d’un parent.
Mais ils changent vite d'avis (et de Kleenex) après ce type d'épisode (je promets d'arrêter de mettre des images tristes)
Alors, ça vous a plu ? La suite et fin de cette première partie, lundi prochain, où on parlera un peu manga, mascotte, Poké Centers et SCIENCE. StardustMelodia, OUT.