[DOSSIER] L'impact culturel de Pokémon dans le monde et dans les jeux-vidéos, LA SUITE

Le 29/10/2018

Suite de la PARTIE 1 - Anime, produit dérivé par excellence

Précédemment dans Pokémon

Pokémon, ça existe depuis 1996 et putain ça fait plus de 20 ans que ça dure, je me sens vieille. 

Jusqu'aux années 2000 c'était la Poké-Mania, qui incluait l'ambiance de folie dans les cours de récré et l'ascenseur émotionnel dans les salles de cinéma. Bref, c'était la meilleure période de l'Histoire de l'Humanité et si vous l'avez manqué parce que trop jeunes/même pas nés, fallait faire le nécessaire les morveux. 

Vu que Pokémon c'est japonais (non, les Chinois n'ont pas fait les sushis), ben ça a mis du temps pour traverser l'Océan Pacifique (mon cul Pacifique, c'est l'étendue de mer la plus dangereuse du système solaire) et arriver aux States. Une fois arrivée aux United-States of America (yeah), ben une gontille compagnie qui distribue des zolis dessins animés asiatiques et pas asiatiques portant le doux nom de 4Kids (le level de pureté atteint les Cinnamon Rolls facile) a sauvagement assassiné l'adaptation occidentale de la série. 

Mais on s'en fout tous (ou presque) parce que Pokémon doit en grande partie son succès en Occident à la 4Kids, je suis désolée mais l'Opening 1 est le meilleur truc que l'Homme ait inventé après l'écriture.


*Instrumental playing in the distance* 
Allez, je suis une meuf sympa, jvous balance la version CD

Et ensuite on s'était dit au revoir sur ça :


Mais ils changent vite d’avis (et de Kleenex) après ce type d’épisode 
(je promets d’arrêter de mettre des images tristes)

Et là je me suis rendue compte que je n'aurais pas dû poster cette image, mais on s'en fout parce qu'aujourd'hui c'est "Diversification des produits Pokémon"-time.


All board the Pokémon Hype Plane !!!

La diversification des produits Pokémon

Les supports papiers

La licence, par son originalité (non, le concept est encore différent des Tamagotchi) parvient à se diversifier en une multitude de produits dérivés, mais les premiers à naître n’étaient pas les tasses à café à l’effigie de Pikachu mais bien les mangas.

En effet, Nintendo, après avoir fait un virage à 360+180° sur le potentiel vendeur de la série, fait un arrangement avec Shogakukan, maison d'édition propriétaire du célèbre CoroCoro Comics, pour y publier des bandes dessinées adaptées des jeux.

Pour mémoire, CoroCoro Comics est le médaillé bronze dans la catégorie nombre de vente moyen sur le territoire nippon (la médaille d'or revenant au légendaire Weekly Shonen Jump), mais avant tout, est le magazine mensuel qui a pré-publié une super série se terminant en -mon, je veux parler bien sûr de Doraemon (le monde ne gravite pas encore autour de la souris électrique).

Les deux partis étaient gagnants : Nintendo touchait une grosse partie de son public cible et CoroCoro gagnait en vente. C’est ainsi que les Pokémon en version papier sont apparus et que la mode d'adaptation de Jeux-Vidéos en manga a été lancée : Legend of Zelda, Mario, Megaman, Sonic, etc., avaient eu aussi une déclination papier.

Aux USA, c'était le Nintendo Power Magazine qui jouait le rôle du CoroCoro Comics afin de préparer le terrain : en faisant des reviews des jeux et de la série animée en Avril 1998. En Août 1998, le site pokemon.com ouvre enfin ses portes et complète ainsi le système de promotion, le début de la démocratisation d'internet étant là, histoire de les préparer psychologiquement à Novembre 1999.

Le choix de Pikachu en mascotte principale et les autres

Le choix de Pikachu en tant que mascotte en a surpris plus d’un, mais a été le fruit d’une longue réflexion. Pikachu était à l'origine une simple créature parmi 150 autres, bien qu'il soit le premier Pokémon de type Électrique créé, inspiré d’une souris qui libère de l’électricité (pour les incrédules, Pika- désigne le bruit de l’électricité tandis que –Chu est le couinement d’une souris).

Sa première apparition « officielle » est papier dans Pocket Monsters, le tout premier manga Pokémon pré-publié dans CoroCoro, qui narre les aventures de Red accompagné de son fidèle Pikachu ainsi que de son immonde Mélofée combattant la Team Rocket. Le manga Pocket Monsters (non, pas Pocket Monsters Special) est, en incluant les sequels, le plus long manga encore en publication dans le CoroCoro.


L'esprit Trash existait dès les premières gloires de la licence

Bien que dans cette version comique (assez éloignée de l'esprit des jeux-vidéos) Pikachu ait un rôle plus secondaire, grâce au succès (en termes de vente) du manga il a pu être mis en avant et sélectionné pour rester l'éternel compagnon de Red.

Et c'est ainsi qu'il a été choisi par la chefferie pour être le premier Pokémon de Satoshi, le héros de la série animée qui a littéralement explosé les ventes de ces jeux.

Même si Pikachu a pas le style d'un Dracaufeu ou d'un Tortank, il présente l'avantage d'être petit, ce qui est bien pratique pour rester sur l'épaule à longueur d'épisodes, et surtout est mignon, chose de première importance dans le pays du kawaii levant.
De plus, je tiens à préciser qu'une autre souris est aussi l'emblème d'un empire à l'influence mondiale donc c'est de bonne guerre pour les Japonais.

Mais on va aller plus loin dans la politique marketing. Comme vous le savez, tous les noms de Pokémon, à l’exception de quelques-uns tels que Pikachu, Raichu et la plupart des Légendaires, ont vu leurs noms traduits dans différentes langues afin de faire comprendre au public concerné les jeux de mots contenus dans chaque nom de Pokémon.
En effet, même si Pikachu est le Mickey japonais, il ne faut pas perdre de vue l’essentiel : chaque Pokémon, chaque nom est un élément vendeur de la licence, chaque Pokémon vend la franchise.


Qui a dit que Pikachu était le seul à vendre la licence ?

Les noms traduits se doivent d’être pertinents et accrocheurs ; faut dire qu’ils ont fait fort avec Canarticho : c’est comme ça que j’ai appris à distinguer le poireau de l’artichaut (les joies de la pédagogie inversée). Chaque élément de design d’un Pokémon doit lui permettre d’attirer le consommateur : certains sont mignons, d’autres sont classes, certains sont bons en combat ou alors sont Légendaires ou Mythiques ; même Magicarpe a des produits à son effigie…


Et même Keunotor, c'est dire !

Bref, chaque Pokémon a le potentiel d’être un mug, une peluche, un bol de ramen, un poster, un truc à bouffer dégueulasse, un stylo et avec 151 à l’époque et maintenant plus de 720, tout le monde peut s’y retrouver et avoir le choix en terme de produits dérivés, que les fans achètent dans des boutiques de jeux-vidéos aux Pokémon Centers (pour les plus chanceux, c’est-à-dire les japonais et quelques peuplades d’Amérique du Nord).

Les Pokémon Centers

Ah, les Pokémon Centers, ces lieux de pèlerinage aux étagères garnies de produits dérivés Pokémon, inspirés des bâtiments éponymes (pour les anglophobes, Pokémon Center signifie Centre Pokémon) qui au lieu de nous remettre l’équipe Pokémon en état nous ravage le portefeuille…


Coup critique et STAB après 3 Danse-Lames dans les économies

Ces temples de la franchise sont monnaie courante sur le sol du Pays du Solaroc Levant : Tokyo, Nagoya, Osaka (etc., on parle du Japon hein) qui proposent nombre de produits dérivés, de la peluche aux nouilles Pokémon et sont sous la direction de The Pokémon Company Japan avec à sa tête Tsunekazu Ishihara (petit rappel, c’est le patron de Creatures, co-auteur de Pokémon et aussi le père du jeu de cartes) s’occupant de tout ce qui concerne le Merchandising et le Marketing.

En Novembre 2001, le Pokémon Center de New York ouvre ses portes et vend une panoplie impressionnante de produits dérivés, du tee-shirt aux peluches et sur deux étages. Avec le « Pokémon Distributing Machine », dans lequel on insère son jeu et on reçoit l’Event du moment (ce système a été par la suite remplacé par les cartouches Event qu’on connait mieux) et un espace pourvu de tables afin de pouvoir jouer au TCG contre des fans voire les employés. Ce Pokémon Center a été remplacé par le Nintendo World Store le 14 mai 2005, où des produits dérivés des licences Nintendo autre que Pokémon y sont vendus.

Et l’unique Pokémon Center européen aura été le Pokémon Center Paris, un magasin éphémère n’ayant duré que 18 jours en juin 2014, qui bien qu’il ne soit pas aussi grandiose que celui de Tokyo et de New York, restera dans nos mémoires.


RIP Pokémon Center Paris 04 Juin 2014 - 21 Juin 2014 (au fait j'ai menti pour l'image)

Entre les événements interactifs, une expo sur les jeux Pokémon, des peluches originales, le Prismillon Poké Ball, c’est avec tristesse que je constate que presque 2 ans après ce succès incontesté, The Pokémon Company ne se soit pas sorti les doigts des orifices nasaux (je vous voyais venir, bande de Chenipan) pour nous fournir un centre Nintendo permanent dans une grande ville européenne touristique et swagg à souhait (style Paris, Londres, Berlin, la liste est longue) à défaut d’un Pokémon Center.

Au final, Pokémon est tellement “phenomenous” qu'on va le retrouver partout : sur un avion, sur une voiture, sur la peau d’un parfait inconnu…  A quand la fusée ?


On est prêt à envahir les Martiens de peluches Pikachu !

Et histoire de finir en beauté, on a même eu – enfin, on, plutôt les états-uniens – une place de choix sur la couverture du magazine Times en 1999 ainsi qu’au Live Action Show inspiré de l’anime « Pokémon Live ! » qui a fait sa tournée aux États-Unis à la fin de 2000.


May Arceus have mercy on us

Son impact sur la culture... Scientifique !

Il existe tant de produits culturels faisant une référence à Pokémon qu’il nous est impossible de tous les recenser. Je vais faire simple, Pokémon a changé la vision de notre monde et son influence se retrouve dans tous les produits culturels : de la musique aux œuvres cinématographiques (Docteur House, Simpson) en passant par les mangas (et même la politique !), ce sont des strates générationnelles qui ont été bercées et modelées à l'image de la souris électrique (vive la mondialisation).

Je pense qu’il ne sert à rien de vous faire un listing de ces références, la page Wikipédia le fera sans doute mieux que moi.
Mais je vais vous parler à la place d’un domaine « différent » de la culture, lui aussi touché par la grâce, auquel on ne pense pas souvent : la science (pis surtout que c'est mon domaine).


IT'S SCIENCE TIME, MOTHERFUCKERS

La Pikachurin (Pikachurine en français, mais dans le monde des sciences, on préfère rester authentique) est une protéine humaine codée par le gène EGFLAM que l'on trouve sur le chromosome 5.
Elle a été découverte et décrite par Shigeru Sato et son équipe en 2008, et présente un intérêt pour la recherche sur les maladies rétiniennes.
Mais vous vous demandez sans doute « Mais quel est le rapport entre une protéine et Pikachu » ?


Regardez, ils ont même colorié les feuillets beta en jaune Pikachu !

La Pikachurin est un « transmetteur à haute vitesse de l'information visuelle au cerveau ». Sa rapidité à transmettre l'influx électrique et le fait qu'elle a d'abord été découverte chez la souris (puis chez l'homme), ont conduit les chercheurs japonais à lui donner le nom de la chose la plus rapide électriquement parlant et en rapport avec une souris.
Pikachu est une souris électrique, rapide (suffit de jeter un coup d'œil à ses Base Stats pour voir que la Vitesse est son point fort), qui est capable d'envoyer et de recevoir des influx électriques. Pour la description, j'espère ne rien vous apprendre.

Mais maintenant que ça coule de source, vous vous demandez évidemment « Mais comment cette protéine fonctionne ? » (Et même si vous ne vous êtes pas posé la question, c'est pas grave, vous aurez de quoi discuter les week-ends en famille).

En réalité, cette protéine de la matrice extracellulaire rétinienne (la matrice extracellulaire est un composant du tissu conjonctif, le tissu de soutien qui permet à vos organes de rester en place et en forme) joue un rôle essentiel dans les interactions entre la synapse à ruban et la dendrite du neurone bipolaire.
Comme vous le savez sans doute, la mise en place des synapses, ces zones de contact permettant le passage des signaux électriques ou chimiques entre un neurone et une autre cellule (un neurone, une cellule musculaire, une cellule sécrétrice...), sont fondamentales dans la genèse du système nerveux central pour son bon fonctionnement.

Ainsi, il existe un type très particulier de synapses qu'on appelle synapse à ruban. On les retrouve dans les organes sensoriels comme l'œil et permettent de connecter une cellule photoréceptrice (bâtonnet ou cône) à 3 éléments post-synaptiques : une dendrite de cellule bipolaire au centre et 2 dendrites ou axones de cellules horizontales de chaque côté.
Un grand nombre de vésicules contenant les neurotransmetteurs (ces substances chimiques permettant la transmission de l'information) se retrouvent de part et d'autre du ruban, qui doit sa forme aux 3 terminaisons qu'il lie.

En particulier, les synapses à ruban au niveau de l'œil sont localisées dans la couche plexiforme externe de la rétine.

C'est dans cet environnement qu'est exprimée et agit la Pikachurin : localisée dans la fente synaptique entre la synapse à ruban et la cellule photoréceptrice, elle est capable d'interagir avec d'autres molécules de la matrice extracellulaire pour permettre le bon alignement (et donc la bonne interaction) entre les acteurs de la fente synaptique.
Ainsi, même si elle n'a pas de rôle à proprement parlé dans le mécanisme pur de vision, elle participe grandement à la perception visuelle et à la vision cinétique.

En effet, chez des souris Knock-Out, dont le gène de la Pikachurin a été éteint, la fente synaptique n'était pas correctement alignée. En conséquence, il leur faut 3 à 4 fois plus de temps pour que les signaux visuels soient transmis au cerveau car il y a une altération dans la transmission du message synaptique (pour faire une image, si la fente est mal faite, les signaux ne peuvent plus passer). De plus, ces souris présentaient moins de mouvements oculaires lui permettant de suivre des objets en mouvement que la normale.

Voilà, c'est tout pour la Pikachurin mais pour finir sur une note assez marrante, il faut savoir que le gène oncogène (susceptible d'induire un cancer) "POK erythroid myeloid ontogenic factor" découvert en 2005 par le généticien Pier Paolo Pandolfi, a été abrégé en Pokemon.
The Pokémon Company, qui n'a pas trop apprécié qu'on compare la franchise au cancer, a menacé de poursuivre judiciairement le centre de recherche la même année, et le gène Pokemon est devenu Zbtb7, FIN.


Dans le prochain épisode, on va étudier la protéine Sonic hedgehog et son rôle dans l'embryogenèse

Et c'est tout pour aujourd'hui et en espérant que cela vous a plu ! La prochaine fois, ça sera une sorte de partie intermédiaire, où je ne vais parler que des deux dernières séries animées Pokémon (XY/Z et Sun&Moon).

Par votre dévouée StardustMelodia.

Par Melodia
Edité par Goupelin
  • c0mpu73rguy 30/10/2018 à 11:15
    Mmouais, j'ai quand même ma petite préférence pour l'opening original par rapport à celui de... Vous-savez-quelle-compagnie. Rien que pour ces triomphales trompettes tonnant dès les premiers instants: www*youtube*com/watch?v=d-lEahV5Q_o
    Le générique de [censuré] reste cool, me faites pas dire ce que je n'ai pas dit mais il fait un peu daté maintenant alors que l'op japonais a gardé un aspect assez intemporel.
  • Un lecteur qui aime les maths 30/10/2018 à 10:51
    Plutôt que de mettre un virage à 360+180°, tu aurais pu mettre un virage à pi [2pi] rad. Au passage, je me demande : quelle était l'attaque lancée par le Pokémon Center après les trois danse-lames?

    J'ai bien aimé ce dossier, nottamment le passage sur la Pikachurine, et la comparaison de choix d'une sourie en mascotte avec l'envoi des bombes nucléaires.
  • Ezveus 30/10/2018 à 09:57
    Très sympathique ce dossier.
    PS : Le paragraphe sur la pikachurin fait gagner +3 en intelligence, au moins !
  • pikapika 30/10/2018 à 01:36
    << pour les incrédules, Pika- désigne le bruit de l’électricité >>
    C'est plutôt l'onomatopée de la lumière momentanée : clignotement, scintillement, étincellement, etc.