Il y a quelques semaines, à l'occasion d'un vide grenier dans ma ville, j'ai acheté quelques cartes à un aimable collectionneur (le bro est retraité et complète tous les sets japonais pour pas manquer les exclus). La plupart de mes acquisitions ont été illustrées par un certain Mitsuhiro Arita et se sont ajoutées à ma collection dédiée – qui en compte 115. Car Mitsuhiro Arita est de loin mon artiste préféré du TCG Pokémon, un avis que je sais partagé par beaucoup tant son travail est devenu incontournable dans l'imaginaire de la licence.
Quelques-unes de mes cartes signées Mitsuhiro Arita
Illustrateur depuis la Première Édition en 1996 et reconnu pour son indéboulonnable Dracaufeu, il est le seul avec Ken Sugimori à dessiner encore pour le TCG Pokémon. Mais qui est donc monsieur Arita ? Comment peut-on définir son style reconnaissable au premier coup d'œil ? Quelle est la pointure de ses pieds ? Vous trouverez ici plusieurs éléments de réponse sur lesquels nous reviendrons en nous appuyant directement sur son travail : c'est pourquoi j'ai dû endurer un intense déchirement et sélectionner quelques cartes qu'il a illustrées, de 1996 à aujourd'hui. Ça vaut le détour, venez-là.
Les bases
En quelques mots, Mitsuhiro Arita est né en 1970 à Fukuoka sur l’île de Kyûshû, au sud du Japon. Il vit depuis 1986 à Tokyo en tant qu’artiste freelance pour différentes licences et supports, des jeux de cartes (Magic) aux animés (Berserk) en passant par les jeux vidéo (Final Fantasy XI). Il n'avait pourtant aucune expérience dans le domaine artistique avec son diplôme en ingénierie logicielle. L'idée de reprendre l'entreprise de son père ne l'ayant pas enchanté, il a appris à dessiner par une pratique régulière jusqu'à rejoindre l'équipe de conception du TCG Pokémon dont il est maintenant un pilier du haut des plus de 600 cartes qu'il a réalisées.
Arita en 2019 lors de la sortie du set Harmonie des Esprits
Il s’agira ici de nous intéresser particulièrement à son travail pour Pokémon afin d'éviter que cet article ne devienne un fleuve inbuvable. Je vous glisse donc ici le lien de son site internet et de son compte Twitter si vous voulez en savoir davantage sur son implantation plus large dans la pop culture.
Pikachu : aux origines du style Arita
Difficile d'aborder les débuts de Mitsuhiro Arita sans évoquer ses illustrations les plus célèbres. Le Pikachu de gauche provient du Set de Base, la première série de cartes Pokémon sortie en 1996 au Japon et en 1999 en France. C’est la première apparition du Pokémon dans le TCG à l’époque. L’illustrateur n’a alors pas conscience du phénomène que va connaître la licence, portée par une mascotte dont il a démocratisé l’apparence. Le Pikachu de droite date du set “Célébrations” de 2021 où l'artiste étend son premier dessin pour les 25 ans de la licence. Quelques détails ont été remaniés mais cette réédition témoigne surtout du statut culte qu’elle a acquis.
Hésitez pas à cliquer sur les images pour les voir en meilleure qualité
Tout est déjà là. La créature apparaît au centre, avec les formes rondelettes qu'on lui connaissait à l’époque et un sourire léger qui n’est pas sans sérieusement concurrencer celui de Mona Lisa. La scène autant que le trait sont doux pour rendre notre Pikachu aussi mignon que possible. On remarquera également qu’il est pleinement intégré dans son environnement, à savoir la Forêt de Jade où on pouvait le trouver dans les versions Rouge et Vert. La lumière est faible (entretenant le mystère qui l’entoure) malgré les quelques rayons qui percent les arbres pour le mettre en valeur (rappelant le privilège d'une telle rencontre). Il semble enfin sur le point d'utiliser ses attaques Électrik : va-t-il s’en prendre à un Chenipan sauvage ? S’apprête-t-il à combattre un dresseur venu le capturer ? Est-il en train de chill comme jamais ? Tant de questions véhiculées par une simple image de 5 cm sur 3,5.
Il nous faut reconnaître qu’à l’époque du Set de Base, les autres dessinateurs faisaient bien plus sobre. Je pense notamment à Ken Sugimori, concepteur des premières créatures aux côtés de Satoshi Tajiri, qui se contente pour le TCG de représenter les Pokémon dans des postures neutres et sans décor, une conception en accord avec la dimension encyclopédique des cartes mais ayant quand même moins de charme.
C'est pas non plus à se rouler par terre
Ce Pikachu issu de Jungle, le set suivant, montre la différence de traitement et selon moi la vision novatrice d'Arita puisqu'établir un lien entre un Pokémon et son décor est par la suite devenu la norme. Le Balignon c'est juste pour vous montrer que Sugimori ne dessine pas les arrière-plans.
Au passage, Arita explique que les proportions généreuses de Pikachu étaient moins adaptées au mouvement, ce qui a conduit à moderniser son design en allongeant son dos et son cou. Le statut de mascotte qu’il a adopté a aussi dû jouer, préférant des formes plus sveltes pour promouvoir la licence.
Un Pikachu en mouvement d'Arita en 2016 où sa diète est évidente
Malgré tout, l'illustrateur affectionne encore sa première apparence et déclare s’y référer lorsqu'il doit le représenter dans une posture immobile.
« Je préfère les Pikachu plus ronds. »
Mitsuhiro Arita, Gamespot.com, 2020
La citation était indispensable. Il explique ensuite qu’on peut difficilement atteindre la rondeur parfaite de Pikachu en dessinant numériquement, et qu’il est beaucoup plus facile de revenir aux méthodes traditionnelles pour retrouver cette sensation de douceur.
Dracaufeu : un phénomène inattendu
Au début de cet article, si Arita vous semblait inconnu au bataillon, vous avez forcément compris à qui vous aviez affaire en sachant qu’il était derrière le Dracaufeu du Set de Base. Dans plusieurs interviews il a admis avec plus ou moins de second degré que, s’il avait su quel impact allaient recevoir ses cartes, il aurait exigé un cachet plus important lors de leur conception. Disons qu’il aurait simplement pu demander quelques exemplaires de la carte en question vu sa valeur actuelle.
La belle bête
Le succès d’une telle carte tient d’abord du Pokémon qu’elle dépeint, mais la posture en mouvement choisie par Arita y participe inévitablement. L'aspect "artisanal" de ses illustrations au trait clairement visible est une constante chez Arita bien que ses techniques aient beaucoup évolué entre les années 1990 et aujourd'hui. La part des dessins au stylo (à plume ou non) et à l'aquarelle a progressivement diminuée au profit des outils numériques, même s'il réalise encore ses brouillons sur papier. Arita a toujours utilisé des PC pour la colorisation de ses dessins du TCG mais il admet s'en servir bien plus aujourd’hui.
« La puissance des ordinateurs était si faible à l’époque que si j’avais une illustration de la taille d’une affiche, je devais la diviser en sections et en colorer une en gardant à l’esprit les autres. C’était vraiment pénible d’utiliser des ordinateurs. Les évolutions technologiques ont rendu les choses beaucoup plus faciles. »
Mitsuhiro Arita, Pokémon.com, 2018
Les références sur lesquelles il pouvait s'appuyer étaient aussi rudimentaires. Les premières versions du jeu vidéo étant limitées techniquement, seuls les pixel arts des Pokémon en noir et blanc lui servaient de base. Apporter sa vision d’artiste sur les créatures était donc indispensable et Arita a contribué à fixer l’apparence de nombre d’entre-elles. Pour une partie des enfants japonais c’était peut-être la première fois qu’ils voyaient leurs Pokémon en couleur, l’animé étant sorti là-bas en 1997. D’où leur succès considérable et la popularité des premières cartes d’Arita.
« J’ai toujours pensé que je n’arriverais probablement jamais à dessiner des cartes que les gens apprécieraient autant que ces deux-là [Pikachu et Dracaufeu du Set de Base]. »
Mitsuhiro Arita, Pokémon.com, 2018
Et pourtant il serait terrriblement regrettable de résumer son travail à ces seules cartes car, et je l'affirme sans l'ombre d'un doute, le meilleur est à venir.
Chelours : un processus créatif complexe
Je me permets d’avertir les plus pointilleux, les cartes que j’ai choisies n'apparaîtront pas dans l’ordre chronologique de leur sortie mais dans un ordre thématique établi par mes soins. Notre ami Chelours va ici nous permettre de jeter un œil au rôle des illustrateurs dans le circuit de conception d’une carte du TCG. Parce que même si Mitsuhiro Arita bénéficie d’une confiance importante de la part des décideurs de Creatures, il ne fait pas ce qu’il veut.
Mais si vous me le permettez, je vais d’abord revenir quelques instants sur Creatures et sa place dans la galaxie Pokémon. The Pokémon Company est une société créée en 1998 pour gérer la marque Pokémon qui commençait à diversifier ses produits. Elle résulte de l’investissement de trois entreprises qui la détiennent à parts égales : Game Freak, Nintendo et Creatures. Cette dernière est responsable de la plupart des marchandises dérivées des jeux, le TCG en tête. Et au cas où vous vous demandiez, ses comptes sont pour le moins prospères avec les 9,2 milliards de cartes qui ont été produites durant l’année fiscale 2021-2022.
Ptit schéma ça me fait plaisir
Après leur conception, les cartes (occidentales) sont ensuite fabriquées par la filiale américaine de TPC : The Pokémon Company International. C’est pourquoi vous pourrez trouver derrière vos boosters le logo de TPCI et la mention “Fabriqué aux Etats-Unis” même si leur conception a lieu au Japon.
Mais revenons à Arita et Chelours.
Je sens le plaquage arriver
Cela ne vous aura pas échappé, Chelours paraît s’entraîner au centre de la place de Lili'i à Alola, où Pectorius vous affronte au début de l’aventure de Soleil et Lune. Pectorius qui possède justement un Chelours dans son équipe du Conseil 4. Cette carte est donc emplie de références aux jeux de la série principale que les fans auront plaisir à dénicher (EH G LA REF GNAGNAGNA). Cela renforce la cohérence de l’univers et le lien entre les différents médias de la licence.
Mais ce décor n’est pas une initiative d’Arita car Creatures détermine à l’avance quel artiste devra dessiner quel Pokémon et dans quel cadre. Ils exigent même parfois une action ou une pose particulière à représenter. En l'occurrence, on l’a chargé de mettre en valeur cette ville d’Alola. Après avoir esquissé trois brouillons, l’équipe de Creatures consacrée à l’illustration choisit l’un d’entre eux. Arita est ensuite passé à une version en noir et blanc puis à une version en couleur plus proche du résultat final. Chaque étape du processus nécessite une validation de la part de Creatures qui demande la plupart du temps plusieurs ajustements aux artistes. Arita estime que la réalisation d’un dessin pour le TCG prend environ 7 semaines, de la planification à la validation finale.
Trompignon : une recherche de réalisme
Ne posez pas de questions, vous vous doutez bien que, si j’ai choisi Trompignon, c’est parce qu’Arita le mentionne lui-même. Il vient de l’extension Tempête Plasma sortie en 2013, dans le bloc Noir et Blanc.
"Étonnement", c'est le mot
En effet, dans une interview pour le site officiel dont je vous ai déjà relaté quelques extraits, Arita sort ce Trompignon du classeur recensant toutes les cartes qu’il a dessinées. L’occasion pour lui d'expliquer à quel point il avait galéré pour cette illustration, ce qui, il faut le dire, ne saute pas directement aux yeux. Le Pokémon s’appuie contre un arbre, sans doute pour mettre en avant la symbiose de la nature. L’objectif était de se rapprocher de l’identité de la créature pour rendre la scène la plus vraisemblable possible. Le décor forestier s’inscrit aussi dans cette optique.
« J’ai toujours essayé d’observer la réalité et la nature pour essayer de refléter cela lorsque je dépeint les Pokémon comme s’ils pouvaient être des véritables créatures. »
Mitsuhiro Arita, Pokémon.com, 2018
À ce regard attentif porté à la nature s'ajoutent des heures dédiées au visionnage de documentaires animaliers ou de tableaux. Et j’ai envie de vous dire que ça se voit puisqu’on imagine aisément notre Trompignon prêt à nous sporer (néologisme de mon cru basé sur les spores) sur la gueule alors qu’on se penchait pour ramasser ce qui ressemblait à une Poké Ball.
Pour illustrer une fois de plus ce travail préparatoire qui vise le réalisme, je vous ai déniché une autre carte. Je ne la connaissais pas avant de faire mes recherches pour cet article parce qu'elle est sortie uniquement au Japon. Je me permets donc de vous mettre en garde : pensez à vous asseoir, elle envoie du pâté.
Ouais je zoome si j'ai envie
Je vous présente la version promotionnelle de Combine de Giovanni, sortie en 2016 dans une mallette en édition limitée dédiée à la Team Rocket, dont le prix est aujourd'hui tout-à-fait indécent. La carte est une full art, la première de cet article même si Arita en dessine depuis 2011.
Mewtwo et Mew : repousser les limites
Si vous suivez le TCG depuis quelques années, vous n'avez pas pu passer à côté des cartes Escouade rassemblant deux Pokémon sur une même carte. Cette forme de rareté est apparue en 2019 et reste encore aujourd’hui la meilleure créée à mon humble avis, et je ne dis pas ça parce que c’est Arita qui en a dessiné la plupart (je dis complètement ça parce que c’est Arita qui en a dessiné la plupart).
Non mais regardez-moi ça
Vous avez là une Escouade du set Harmonie des Esprits qui réunit les deux Pokémon mythiques Mew et Mewtwo, le deuxième étant au passage la créature préférée d’Arita. Une impression de puissance se dégage incontestablement de l’illustration et la main de Mewtwo semble prête à sortir de la carte pour nous torpiller la gueule. On visualise sans peine la scène se prolonger au-delà des limites de la carte, ce qui est l'objectif de l'artiste qui passe “du temps à réfléchir à ce qui sort du cadre”. Certains auront aussi noté les allusions à une carte sortie quelques années plus tôt où le décor était le même, bien que dans un tout autre état.
Vous ne rêvez pas c'est encore Arita
Le bras articulé, la capsule, le panneau d'affichage : la pièce est identique mais Mew est ensuite passé par là pour délivrer le prisonnier. La cohérence de ces détails n’avaient pas été exigée par Creatures, c’est un choix de l’artiste pour donner vie à la scène. Dès lors, les cartes Escouade ont représenté un véritable défi pour Arita. Il devait représenter au moins deux Pokémon sur une seule carte aux dimensions certes plus importantes permises par le full art mais devant conserver en réalisme et en lisibilité malgré la superposition du texte.
Parce que si le format et les outils numériques permettent de détailler davantage les illustrations, la profusion d’éléments peut aboutir à une perte d’impact de la carte. Le terme est régulièrement utilisé par Arita qui semble y prêter une attention particulière, si bien qu’il se base parfois sur ses premiers travaux plus “simples” pour en réaliser de nouveaux. Tout est donc une question d’équilibre, parfois plus difficile à trouver comme sur les Escouades où les premiers plans sont largement occupés.
Allez, on s'en fait une autre.
DETYPACI... je reprends
Cette carte d'Alliance Infaillible n'est pas forcément la plus belle mais elle montre très bien ce que je vous disais plus tôt quant à la complexité de tout faire rentrer, si vous me permettez l'expression.
« Tout le monde connaît Lucario, les gens savent à quoi il ressemble. Vous n’avez donc pas besoin de montrer l’intégralité de Lucario pour qu'ils aient l’idée. Avec Melmetal, même s’il est si énorme et vraiment difficile à intégrer sur la carte, j’ai pensé que je devais vraiment montrer autant que possible ce nouveau Pokémon ou tout le monde se dirait : "Qu’est-ce que c’est que ça ?". »
Mitsuhiro Arita, Gamespot.com, 2020
Une question à laquelle je n'ai toujours pas de réponse. Il a donc mis l’accent sur la tête de Melmetal pour que sa physionomie soit clairement identifiable.
Vous montrer deux Escouades d’Arita, c’est aussi l’occasion de rappeler qu’il en a dessinées 30 réparties sur 4 séries. À quelques exceptions près, il a réalisé l’intégralité des illustrations de cette rareté, et ça c’est fou. Habituellement, l’équipe d’illustration de Creatures confie aux artistes un maximum de 5 cartes par extension pour éviter qu’un style artistique en particulier ne s’impose plus que les autres. Comment vous dire que la règle a été balayée pour Arita puisqu’on n’a vu que lui pendant des mois.
Il était même sur les boosters
De même, alors que le directeur artistique de Creatures Satoru Nagaya n’interagit que rarement avec les dessinateurs (il se contente de décider des orientations générales), il a été en communication régulière avec Arita pendant l'année où il a travaillé directement dans leurs locaux pour réaliser les Escouades. Pour toutes ces raisons je considère ces cartes comme hors-normes.
Zapétrel : de l'eau et des sourires
Nous arrivons à la dernière section de cet article où j’ai un peu rassemblé tout ce qu’il me restait à vous dire. La carte ci-dessous date de l’année dernière, preuve de l’activité renouvelée d’Arita.
Très aqueux tout ça
On y voit un Zapétrel, charmant oiseau marin de type Électrik, en train de plonger tout en produisant de l'électricité afin d’éliminer gaiement ses proies. Le Pokémon est entièrement immergé et les quatre coins de l’illustration présentent un milieu aquatique, si bien que la deuxième star de cette carte c’est la grosse mer elle-même.
« J’aime dessiner des gens, des animaux, des objets, etc., mais mon sujet préféré est l’eau. Il n’y a pas de façon correcte de l’exprimer. Les possibilités sont illimitées. »
Mitsuhiro Arita, Swaps4.com, 2022
Une véritable passion pour l’eau sous toutes ses formes (de l’écume mouvante au fond marin plus sombre) que l’on retrouve chez la principale source d’inspiration de notre artiste, qui n’est autre que ce cher Katsushika Hokusai. S’il est connu pour sa Grande Vague de Kanagawa peinte à 70 ans, Arita rappelle qu’Hokusai n’a cessé de dessiner des vagues. En effet, avant de réaliser en 1831 sa série d’estampes Trente-six vues du mont Fuji qui l’a rendu mondialement célèbre, son œuvre était déjà parcourue par une forte houle (parce que y avait beaucoup de vagues) (riez.)
Vue de Honmoku au large de Kanagawa, 1803
Bateaux cargo luttant contre les vagues, 1805
Il a perpétuellement essayé de renouveler et perfectionner son art au fil des années au point qu’il affirmait à la fin de sa vie : “J’ai tout peint dès l’âge de six ans, mais rien de ce que j’ai peint avant d’avoir 70 ans n’était bon”. Au-delà de la formule radicale, on retiendra qu’Hokusai préférait à un style particulier une observation constante pour transmettre au mieux au spectateur ce qu’il ressentait. De la même manière, Arita ne s’identifie à aucun style en particulier. Il partage cette fascination pour le changement que vous avez pu constater à travers ses différentes cartes et dont la représentation de l'eau est une super métaphore.
« J’ai choisi de ne pas choisir de genre, de style ou technique. »
Mitsuhiro Arita qui comme Hokusai est un adepte des énoncés cinglants, Swaps4.com, 2022
Certains me diront que ça remet en cause ce que j'ai établi plus tôt pour définir sa patte, mais ne pas choisir de style ça reste une forme de style et ça fait partie du sien. Laissez-moi finir maintenant.
Sourireniais.jpg
Les deux attaques de cette Escouade me font une belle transition : on retrouve d’abord une vaguelette – presque comme une manière d’assumer que cette carte n'essaie pas à égaler Hokusai – et des sourires. La carte cherche à vous rappeler vos après-midis d’été dont le dernier en date doit remonter à hier. Ramoloss et Psykokwak n’ont absolument rien de menaçant et bien qu’Arita ait eu l’idée de l’illustration (comme quoi il conserve une marge créative importante) des mois avant de la réaliser, il a voulu la dessiner rapidement, sans doute pour refléter la spontanéité du moment.
Ce côté ludique et joyeux se retrouve dans une bonne partie de ses illustrations pour le TCG Pokémon, depuis le Pikachu du Set de Base. Et c’est peut-être là tout ce qu’il faut retenir de la démarche d’Arita.
« J’ai l’impression que les Pokémon ne sont pas vraiment sombres, négatifs ou déprimants. Ils sont heureux, ils sont joyeux. Je pense donc que ce sentiment s’est en quelque sorte manifesté et s’est exprimé dans ces cartes. »
Mitsuhiro Arita, Gamespot.com, 2020
Conclusion
Manifestement, le Mitsuhiro Arita du TCG Pokémon est un artiste complexe. J'ai essayé de vous retranscrire ici quelques-unes de ses facettes mais je ne saurais trop vous conseiller d'aller voir par vous-même toutes ses cartes. Ça vaut le détour, vous les trouverez sur Serebii, Pokécardex ou Poképédia. Peut-être irez-vous aussi chercher dans votre collection celles qu'il a pu illustrer, voire débuter une collection dédiée. Si c'est le cas, notez qu'une bonne partie d’entre-elles est trouvable à des prix parfaitement raisonnables (Zapétrel est sur Vinted à quelques euros et il n’est pas non plus rare de tomber sur des Escouades à moins de 10 euros).
J'espère que cet article vous aura intéressé, n'hésitez pas à nous le faire savoir. Maintenant je retourne me convaincre que j'ai les moyens d'acheter ce Bruyverne.
Mais oui aller ça passe